Axel Kahn a été le grand témoin de la 14ème édition du Grand Bivouac qui s’est tenu du 15 au 18 octobre dernier à Albertville. On le connaissait généticien de renommée mondiale, essayiste et humaniste. On l’a découvert randonneur au long cours. Il a en effet tenu une conférence sur ses deux grandes marches à travers la France. De ses deux grandes itinérances réalisées en 2013 et 2014, des Ardennes à la Côte Basque puis de la pointe du Raz en Bretagne à Menton, Axel Kahn raconte la France. Il a d’ailleurs publié deux ouvrages de ses deux diagonales : Pensées en chemin : ma France des Ardennes au Pays basque et Entre deux mers que je vous recommande chaudement. Voici le best of de cette conférence au Grand Bivouac en 7 thématiques. Retrouvez également à la fin des propos la retranscription complète de la conférence au format audio.
Axel Kahn lors de sa conférence au Grand Bivouac en présence d’Anass Yakine et Guy Chaumereuil, le Président du festival.
Je ne peux pas vivre sans marcher
Marcheur depuis tout petit
Oui. Pour moi marcher est une manière d’être. J’ai commencé à marcher comme tous les bébés vers 11 mois même si je n’en garde pas un souvenir très vif. En tout cas, j’ai été élevé les 5 premières années de ma vie dans une petit village en campagne sous la garde d’une paysanne extrêmement pauvre pour laquelle mettre un pied devant l’autre et recommencer était bien le seul moyen de locomotion dont elle disposait. J’imagine que quand j’étais petit, j’étais dans une poussette mais après je trottinais à côté des adultes et je ne me rappelle pas n’être jamais monté ne serait-ce qu’une seule fois sur les épaules de ces adultes.
Et puis ensuite, quand mes parents m’ont repris à l’âge de 5 ans, ils m’ont mis chez les louveteaux puis chez les scouts. Je ne peux pas vivre sans marcher.
Photo tirée du blog d’Axel Kahn © Axel Kahn
La France de long en large
J’ai parcouru la France en long et en large depuis maintenant 60 ans. Je suis sorti de France mais j’ai beaucoup marché en France et dans les pays limitrophes. De fait, en plus des 4000 kilomètres que j’ai fait à pied durant ces deux dernières années, j’ai une connaissance de ce pays qui est très singulière. Ce pays envers lequel j’ai des sentiments forts parce que c’est le mien. Mais si j’étais allemand, j’aimerais autant l’Allemagne et si j’étais espagnol, j’aimerais aussi bien l’Espagne. Il se trouve que je suis né dans ce beau pays de France et que je l’aime profondément.
Carte tirée du blog d’Avel Kahn
Marcher c’est prendre le temps de penser
Le sens de la marche
Il n’est pas possible de donner une définition ou de donner des objectifs précis à la marche. Car la marche c’est la vie et qu’il y a une très grande diversité de vie. Il n’y a pas 3 ou 4 personnes qui vont vous indiquer la même raison qu’ils ont de marcher. Il y a le pèlerin qui veut aller à Jérusalem, il ya celui qui veut tout oublier, il y a celui qui veut se concentrer sur lui-même, il y a celui qui veut voir de belles choses ou être heureux en marchant. Tout cela est absolument vrai. Pour un vrai marcheur, le but du chemin c’est le chemin lui-même et l’on emmène avec soi son univers dans le chemin. La marche, c’est la vie.
Photo tirée du blog d’Axel Kahn © Axel Kahn
Le déclic des marches d’Axel Kahn à travers la France
Pour un grand arpenteur de chemins, il y a deux moments difficiles : démarrer et s’arrêter. C’est difficile de démarrer car il faut passer d’une forme d’existence à une autre. Il faut quitter sa famille, ses habitudes, son travail, ses distractions, ses amours. Il suffit d’un pas pour passer d’une existence à une autre. C’est cela qui est extraordinaire dans cette activité. Certains ont par contre des difficultés à s’arrêter.
Outre le fait que j’avais un vœu que je voulais exhaussé qui était de mettre mes pas dans ceux de Jacques Lacarrière. Quand j’ai lu son livre sur sa petite traversée de la France de Saverne aux Corbières, vous imaginez bien qu’il m’a enthousiasmé.
Autrement, le déclic, il s’est fait simplement. Je finissais mon mandat de Président à l’université Paris Descartes et j’étais en train d’énumérer ce que je pouvais faire après. Est-ce que je me représente ? Est-ce que je fais de la politique ? A mesure que je les énumérais, j’écartais les possibilités. Tout me ramenait à prendre le chemin. C’est ce que je fis.
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Je me casse le poignet la veille de mon départ. Un cycliste me percute et je constate que j’ai une typique fracture du pouteau colles. Je sais très bien que si je vais à l’hôpital pour faire une radio, on va me mettre un plâtre et me déconseiller de partir. Or, le désir de prendre le chemin avait pris un tel niveau à ce moment là que je ne pouvais pas envisager de reculer la date de départ. J’ai donc téléphoné à mes enfants pour leur annoncer que j’étais tombé et que j’avais une grosse entorse au poignet mais qu’heureusement il n’y avait rien de cassé.
Photo tirée du blog d’Axel Kahn © Axel Kahn
Vivre la beauté du monde
La beauté du monde
J’ai beaucoup écrit sur ce qui nous fait humain. Parmi les traits essentiels de l’épanouissement de notre humanité, j’ai identifié la sensibilité à l’émotion esthétique comme un premier marqueur du phénomène de l’humanisation et comme un amplificateur de l’humanisation. Par conséquent, j’ai toujours été intéressé par tout ce qui a été écrit sur la beauté. Or, j’ai notamment lu Oscar Wilde. L’idéal du dandysme pour Oscar Wilde est de faire du dandysme une œuvre d’art. Je sais très bien que cet idéal du dandysme est illusoire. Aucun homme ne peut faire de sa vie une œuvre d’art car notre vie est parfois médiocre, cynique et parfois fulgurante. Je me suis dis que j’allais avoir des ambitions moins élevées. Pendant 3 mois, je vais me comporter comme un dandy. Le but de ce chemin, ça sera la quête de la beauté et son partage.
La Mascotte – Photo tirée du blog d’Axel Kahn © Axel Kahn
Montrer ses fesses aux automobilistes
Tout le monde doit se le rappeler. Le printemps 2013 st le printemps pourri du siècle. La ville de Troyes connait sa plus importante inondation depuis 1907. Je ne peux pas prendre les chemins de randonnée car ils sont complètement impraticables. Je prends alors des routes blanches au maximum ou des petites routes jusqu’à Vézelay. Quand je pars, il pleut et il fait 20C. Quand j’arrive, il pleut et il fait 8°C. Je me suis tapé 4, 5, 6 orages de grêle. Je porte la totalité de mes couches isolantes sur le dos. Parfois, je regrette de ne pas avoir une 7ème couche. Je suis transi. Je me demande « Y a t-il des endroits où je serais mieux qu’à l’instant où je suis ? » Malgré le temps de chien, la réponse est « non ». J’ai vécu ce mois de pluie continue dans l’allégresse.
Des fois je lis des livres de marche où tout est bien et merveilleux. La réalité est toujours différente. Sur la route, dans la Meuse, il y avait des voitures qui quand elles s’approchaient de moi accéléraient pour que la gerbe de boue soit plus importante. J’avais fini par trouver une parade. Entendant une voiture arrivée par l’arrière, je me décalais d’un pas vers la route parce que les automobilistes savent très bien que ça leur créerait des ennuis s’ils m’écrasaient. ça les amène à s’écarter vers la droite, puis moi-même je me rabattais sur le bas-côté et je leur montrais mes fesses, non pas pour leur montrer mon mépris mais pour qu’ils éclaboussent mes fesses plutôt que le bout de mon nez.
Photo tirée du blog d’Axel Kahn © Axel Kahn
Dans mon amour de la vie, il y a l’amour de la beauté mais aussi un vrai goût des gens
Avancer vers les gens
Dans mon amour de la vie, il y a l’amour de la beauté mais aussi un vrai goût des gens. Des fois, on prétend que je suis humaniste, je ne sais pas si c’est vrai mais ce qui est sûr c’est que j’aime profondément les gens. Il est rare que je les considère comme insignifiants, ne pouvant m’apporter quelque chose. J’ai une gourmandise, une appétence à aller vers les gens. Ça c’est un premier point.
Lorsque l’objet principal de ma marche était d’éprouver la beauté, j’avais décidé également pour ne pas faire du développement personnel nombriliste d’essayer de partager au mieux mes sensations. J’avais donc organisé des rencontres de manière à ce que je puisse vraiment faire partager aux gens de tout ce que j’avais réellement ressenti.
Retrouvez l’intégralité de la conférence d’Axel Kahn au Grand Bivouac dans ce fichier audio :
Plus d’informations : le blog d’Axel Kahn
Ses deux ouvrages sur ses diagonales en France
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.