Rencontre avec Philippe Montillier auteur d’Himalaya, avec les porteurs du Népal

Rencontre avec le photographe Philippe Montillier. A l'occasion de la sortie de ses deux derniers ouvrages sur le Népal ("Hautes vallées du Népal" et "Himalaya, avec les porteurs du Népal") où il se rend depuis 20 ans, I-Trekkings a voulu percer l'univers du photographe.

Vous venez de publier deux ouvrages en 2009 consacrés au Népal : Himalaya, hautes vallées du Népal (Editions Georama) et Himalaya avec les porteurs du Népal (éditions Olizane). Pouvez-vous nous présenter l’un et l’autre ?

“Hautes vallées du Népal”

Ce livre album présente les principales plus hautes vallées du pays en s’attachant à faire transparaître les conditions de vie, les portraits de gens habitant là-haut, les couleurs et panoramas extraordinaires de ces vallées différentes et complémentaires. Traditions ancestrales et religion autour des monastères sont aussi mises en avant dans un patchwork représentatif de mes vingt deux dernières années de voyage et expédition au Népal, pays attachant à plus d’un titre.

Crédit photo : Philippe Montillier

Himalaya, avec les porteurs du Népal

Cet ouvrage est le fruit d’un important travail résultant d’une étude et de contacts avec les porteurs de l’Himalaya népalais, cheville ouvrière incontournable des hautes vallées de ce petit pays qui se visite à pied. Dans ces pages, j’ai voulu rendre une vraie dignité, apporter une vraie lumière sur ces hommes et ces femmes qui acheminent à la force de leur dos et de leurs jambes les denrées de première nécessité dans toutes les vallées les plus altières du pays, et ce, tout au long de l’année et quelles que soient les saisons. Emu depuis mon premier voyage là-bas, je n’ai eu de cesse de penser à eux, de parler avec eux, de les observer, de les accompagner, de les côtoyer et je rends hommage à leur travail incroyablement dur.

Crédit photo : Philippe Montillier
Pensez-vous que les porteurs népalais ne sont pas considérés à leur juste valeur ?

Pour les occidentaux, les tâches du portage au Népal peuvent revêtir un aspect ingrat, un caractère de bassesse de la besogne parfois. Sur place, les porteurs sont pourtant le seul lien d’une vallée à l’autre, ils colportent non seulement les charges mais aussi les nouvelles, les informations. Leur rôle est primordial dans l’économie du pays et, même si leur travail est très dur physiquement, ils ont besoin d’une vraie reconnaissance. A ce titre ils ne sont effectivement pas considérés à leur juste valeur – trop peu en tout cas – non seulement au niveau de leurs revenus mais aussi de l’image qu’ils ont. Il nous faut cesser de les voir comme de pauvres diables mais plutôt comme des êtres humains dotés d’une endurance extraordinaire au service des autres.

Selon vous, comment les porteurs népalais pourraient être mieux reconnus ?

Les porteurs sont la cheville ouvrière du pays et, pour leur action incomparable sur l’économie du haut pays, ils méritent une vraie reconnaissance. Le simple fait de parler d’eux déjà est une reconnaissance de leur rôle.
Si je pense tout d’abord à leur travail de tous les jours, les porteurs pourraient être mieux reconnus en n’étant pas systématiquement “cloisonnés” pour le gîte et les repas comme des pestiférés comme c’est le cas bien souvent dans les régions les plus fréquentées. J’ai visité par plusieurs fois les auberges réservées aux porteurs et, bien que les conditions d’hygiène et de couvert s’y améliorent de plus en plus, cela réserve de stupéfiantes surprises!

Le problème de la réglementation et du contrôle du poids de la charge par les naike (supérieurs hiérarchiques et apporteurs de travail) doit être plus vigilant et plus draconien: pour information, le record de charge supportée par un homme plutôt fluet et trapu que je connais (région du Kumbu) est à ce jour de 122 kilos!! Etant donné qu’un kilo de charge est payé 15 roupies en moyenne, le calcul est vite fait et certains d’entre eux n’hésitent pas à se surcharger – le mot est faible – pour gagner plus encore… mais à quel prix! L’association locale Porter’s Progress oeuvre entre autres pour cela et je compte leur apporter une aide que j’espère utile avec d’autres. A chaque voyage là-bas, je rencontre des personnes et des améliorations perceptibles se font sentir.

Crédit photo : Philippe Montillier

Ensuite, pour ce qui est du portage de trekking, les choses sont ici plus claires et mieux établies. La charge est désormais réglementées à 35 kilos par personne + effets personnels d’où la cherté des places disponibles. On assiste encore à quelques abus mais dans l’ensemble, c’est beaucoup mieux que chez leurs collègues dont nous avons parlé auparavant.

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Enfin, je me permets de rêver mieux pour ces hommes et ces femmes qui, encore une fois, sont indispensables pour le ravitaillement des vallées. Je pense qu’il est encore possible d’améliorer leur sort par le simple fait de sensibiliser l’occident (et toutes les personnes qui, chaque année, sillonnent par milliers les sentiers du Népal) en parlant d’eux, d’où l’ouvrage que je viens de publier et qui leur est dédié. J’ajoute qu’une partie des droits d’auteur seront reversés à Porter’s Progress avec contrôle des actions entreprises sur le terrain bien sûr.
Je suis en pourparler aussi pour une large exposition sur les porteurs au Népal, directement à Katmandou et sur des itinéraires de trek célèbres.

Qu’avez-vous trouvé au Népal que vous n’avez pas rencontré ailleurs ?

Plus que partout ailleurs en montagne, la montagne est ici habitée par des paysans. Une véritable vie s’opère à des altitudes comparables à celle du Mont Blanc par le simple décalage de la latitude (1500km plus au sud que les Alpes).
Ceci change totalement l’approche de la montagne au Népal car y cheminent des enfants, des femmes, des hommes, des vieux, des jeunes, des religieux, des porteurs… Le panorama, bien qu’exceptionnel, laisse alors place aux contacts humains, forts et colorés, irremplaçables. L’accueil dans ces hautes vallées du Népal est un accueil hors norme, il démontre lune capacité d’hospitalité et d’humilité que jamais je n’ai trouvée ailleurs.

Crédit photo : Philippe Montillier

Votre petit paradis au Népal ?

Le Népal des hautes vallées est un paradis pour moi puisque la marche y permet un accès à pas mesuré, à l’écoute de la lumière des sommets, des vallons, des villages et de leurs habitants. Trois endroits demeurent pour moi particulièrement forts:
– les villages du Dolpo – et celui de Saldang en particulier – par l’envoûtement qu’ils provoquent sur moi à leur approche. C’est pour moi une immersion dans une simplicité et une authenticité rares, au rythme immuable depuis des siècles. Une très grande sérénité règne sur ces lieux et cet impact est majeur.
– certains sommets du haut desquels l’horizon flotte comme les drapeaux de prières. Au terme de longues et froides ascensions – et je ne suis qu’un alpiniste amateur -, le monde himalayen se condense dans mon esprit et fait ressurgir les images d’en bas avec force, avec beaucoup d’émotions. A chaque fois que je me suis trouvé sur une arête sommitale, j’ai eu une pensée pour mes amis népalais restés en contrebas. Le caractère éthéré de ces espaces de non vie donne furieusement l’envie de retrouver la chaleur des villages à l’hospitalité inégalée du Népal.
– le village tibétain de Samdö, dans la région du Manaslu. Ici, sur un long itinéraire de printemps, je me suis fait surprendre par des chutes de neige tardives très importantes avant de passer le col du Larkya La. Obligé de rebrousser chemin, ce repli fût pour moi l’occasion de rester dans une maison, hébergé dans une famille à l’hospitalité touchante, et de côtoyer plusieurs jours durant dans la plus grande promiscuité des êtres empreints d’une douceur, d’un calme, d’une sérénité, d’un altruisme hors norme. La maîtresse de maison, Dolma, y faisait régner l’ordre et le bien être par une température intérieure n’excédant pas 4° avec un humour corrosif. Le moment du départ fût assez déchirant, rythmé par une longue bataille de boules de neige avec une bonne partie de femmes du village. Ce souvenir est un des plus forts restant dans ma mémoire.

Crédit photo : Philippe Montillier

 

Votre travail photographique vous amène aussi sur d’autres terrains, notamment le désert. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

Le désert ou la montagne interpellent curieusement les mêmes sensations chez moi. De la dimension verticale des montagnes à celle horizontale du désert, le corps et l’esprit se retrouvent confrontés à eux-mêmes, dans le silence minéral, face à une nature qui ne pardonne pas si on ne la respecte pas. Je puise dans les lumières des déserts autant de plaisir et d’émotions que dans les montagnes.
Les longues marches itinérantes sont l’occasion de magnifiques résurgences de sensations, de recueil, de rêves.

Crédit photo : Philippe Montillier
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

J’ai toujours mille projets en tête. Trois sujets m’occupent plus particulièrement cependant:

  • la ferveur des bouddhistes de l’Himalaya au travers de leurs déplacements et rituels
  • les femmes commerçantes d’Asie
  • le sel dans le monde

Bibliographie sélective :

  • « Rencontres » de Philippe Montillier – 216 pages, 100 photos couleur revernies et légendées, reliure rigide cousue, format 20 x 20 cm, ISBN n° 2-9525991-1-4, prix TTC 25 euros
  • « Sérénité » de Philippe Montillier – 216 pages, 100 photos couleur revernies et légendées, reliure rigide cousue, format 20 x 20 cm, ISBN n° 2-9525991-0-6, prix TTC 25.00 euros.
  • « Himalaya avec les porteurs du népal » Préface de Jamling Tensing Norgay – 164 pages, 100 photos couleur, relié, paru aux Editions Olizane, prix TTC 32.00 euros.
  • « Hautes Vallées du Népal » Préface de Christine Janin, 120 pages, 150 photos couleur, relié, paru aux Editions Géorama, prix TTC 24.00 euros.

Retrouvez tous les ouvrages de Philippe Montillier sur Amazon.fr ou sur son site internet : www.comptoirdimages.com. Vous y trouverez aussi des affiches et des cartes postales.

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