Alaska : Le Parc National Denali à pied

Trek de 5 jours en bivouac dans le parc national Denali en Alaska. Récit et trace GPS de cette aventure hors sentier pas comme les autres.


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Focus Rando :Alaska : Le Parc National Denali à pied
5 jours +1100 m/-1300 m 65 km 5
Randonnée Demi-boucle Bivouac
Etats-Unis Avion et Bus
Montagne Août et Septembre

Aventure de 5 jours en bivouac dans le parc National Denali à pied. Retour aux sources des premiers explorateurs, sans GPS.

Ce récit est la deuxième étape de notre voyage en Alaska.

A la suite de notre randonnée glaciaire dans le Parc National Wrangell–Saint-Élie, nous prenons notre voiture de location et partons plein nord vers Denali Park. Le temps est beau et la route tranquille. Cependant, au fur et à mesure de notre approche, les nuages ont tendance à se former.

Nous arrivons vers 20H et campons. La pluie a démarré dans la nuit et se poursuit. Matin gris et pluvieux. Nous allons au Visitors Center pour choisir notre itinéraire de trek et obtenir le permis. Après discussion avec un ranger, nous choisissons notre terrain de jeux pour les 4 jours qui viennent : ce sera les parties 5 et 2, remontée de la vallée de Sanctuary River puis passage d’un col et retour par la vallée de Riley Creek. Une boucle. Nous profitons de l’après-midi pour nous balader autour du Visitors Center par des sentiers tracés. Il ne pleut plus, mais le plafond est bas. Dans les bois, il y a un nombre incroyable de champignons dont certains avec des formes et des couleurs très étranges.

La fin de l’après-midi et la soirée se passe sous la tente, car il s’est remis à pleuvoir.

 

Parc National Denali

J1 – Sanctuary river camp – Mi – Chemin de Sanctuary valley

+ 120 m / – 0 m 13 km Bivouac

Nous nous levons vers 5H30 du matin afin de préparer notre sac à dos, plier la tente et nous rendre au départ du bus qui passe à 7H. Nous embarquons et prenons la route qui nous amène à notre départ. Nous sommes une quinzaine dans le bus.

Le bus repart nous laissant seuls au bord de la route. Il ne pleut pas, mais le temps est gris et très humide après les dernières pluies. Nous recherchons un chemin, une sente, nous avançons dans quelque chose de nouveau pour nous : l’absence de chemin.

Le début est un peu erratique puis nous suivons le torrent au travers de sentes d’animaux ou d’humains. Nous avançons au travers de la végétation plus ou moins haute faite de sapins et de bush. Nous suivons le lit de la rivière quand nous le pouvons. Le ciel se découvre progressivement. Les paysages s’éclaircissent. Nous remontons une vallée très large et assez plate. Au fond, nous voyons des sommets qui émergent.

Cat aperçoit deux caribous à quelques centaines de mètres dans le bush. Je tente de m’approcher pour les photographier au plus près, mais ils sont particulièrement farouches et je tombe sur une zone humide où j’ai les pieds dans l’eau. Comme eux, je me replie.  J’arrive cependant à les prendre en photo. Nous continuons notre remontée et régulièrement nous voyons des lagopèdes qui s’envolent à notre approche.

Après environ 6 heures de marche, nous décidons de planter la tente près du torrent. Comme annoncé, le ciel recommence à se couvrir et la pluie reprend vers 22H.

J2 – Mi – Chemin de Sanctuary valley – Refuge Valley

+ 70 m / – 0 m 11 km Bivouac

La pluie ne s’arrête pas. Vers 5H du matin, nous entendons des lagopèdes glousser près de notre tente.

La pluie va nous poursuivre toute la journée. Elle n’est pas forte, mais elle mouille et nous empêche de bien profiter des paysages qui est une des composantes qui nous fait aimer le trekking. En fin d’après-midi, nous décidons d’établir notre camp à la base du chemin qui va nous amener au col. Nous sommes presque au fond de la vallée. Il y a une petite éclaircie et j’en profite pour tenter de faire sécher un peu nos vêtements. Notre camp est juste au-dessus d’un habitat de castor constitué d’un long barrage qui retient une grande quantité d’eau et au milieu la hutte dans laquelle ils doivent vivre. Nous ne les voyons pas.

J3 – Refuge Valley – Mi – Chemin de Riley creek

+ 650 m / – 650 m 12 km Bivouac

Cette nuit le vent s’est levé en plus de la pluie. Et comme je m’interroge sur la manière de passer le col, car c’est encore l’inconnue, le sommeil est haché.

Nous remettons nos vêtements humides et démarrons la remontée vers le col. Nous choisissons de suivre le torrent car cela évite de marcher dans le bush. Cependant, au fur et à mesure de notre progression, la vallée se rétrécit et se transforme en gorge qui semble difficile de poursuivre. Nous montons alors sur un versant raide avant d’atteindre un plateau en surplomb du torrent. Il n’y a plus que des cailloux avec une herbe rase. Le vent souffle fort, heureusement plutôt de dos. Les différents sommets se découpent autour de nous et la pluie continue.

A l’approche du col, nous prenons une sente d’animaux qui nous facilite le chemin. Nous atteignons le col peu avant midi dans les nuages. Les 800m de dénivelé positif ont été absorbés en 3H. Nous descendons rapidement. La pelouse alpine prend la place des pierres et de la terre. Nous faisons détaler six caribous qui traversent majestueusement le torrent pour aller sur l’autre versant et disparaitre. À la pelouse se substitue progressivement le bush, mais aussi lichen ou pierriers.

Vers 16H30, bien mouillés, nous plantons la tente. L’humidité est partout. Heureusement que nous avons des vêtements secs et chauds. Il nous faut faire attention, car dans cet environnement confiné, nos vêtements mouillés sont suspendus et s’égouttent dans le fond de la tente.

J4 – Mi – Chemin de Riley creek – Fin de Riley creek

+ 0 m / – 320 m 20 km Bivouac

La nuit est agitée par la pluie et des bourrasques. Au matin, la pluie s’est calmée, mais les sommets sont légèrement couverts de neige ce qui explique aussi la fraicheur du matin. Pas question cependant de mettre les gants, ils sont trop humides. Nous enfilons nos vêtements encore remplis d’eau, mais il ne pleut plus, ils sècheront sur nos corps. Nous démarrons vers 7H30 car il y a du chemin et nous avons prévu d’arriver tôt.

Nous continuons à suivre le torrent en fonction du relief et de la végétation qui devient de plus en plus prégnante. La vallée ne s’élargit pas comme pouvait l’être la précédente et nous contraint à absorber ce relief par des montées et des descentes toujours sans chemin tracé. Nous ne pouvons rester dans le lit de la rivière.

Les premiers sapins arrivent. On se dit que nous ne sommes plus très loin. Les rives sont de plus en plus abruptes qu’il nous faut escalader, traverser des bois où il faut trouver un passage. C’est éprouvant.

Vers 18H, au travers d’une trouée dans les arbres nous voyons au loin notre point d’arrivée. Nous continuons. Nous marchons dans l’eau, nous traversons des gués, nous remontons sur des rives instables, nous escaladons et marchons à travers cette forêt dense. L’eau commence à manquer. A 21H30 les réserves d’eau sont vides. Nous décidons de redescendre vers le torrent pour s’approvisionner. La pente est particulièrement abrupte et j’y fais même une chute sans gravité. Peu avant, j’ai perdu mes lunettes. Nous sommes épuisés.

Heureusement, il y a une plage herbeuse de quelques mètres carrés le long du torrent entre deux falaises. L’eau du torrent est noire, chargée de sédiments avec les pluies de ces derniers jours. Nous installons notre bivouac. Les vêtements sont encore humides et nous doutons de notre position et de la façon de sortir de cette situation. En plus, nous avons rendez-vous demain à 19H à Seward pour notre dernier trek. A 6 heures de voiture.

Le repas du soir est frugal car nous n’avions pas prévu de rester une nuit de plus. Je ne dors pratiquement pas de la nuit, réfléchissant à la manière de trouver une issue positive à ce trek dans le Parc National Denali. Cat a été formidable sur cette aventure. Nous nous sommes fait confiance et nous avons bien géré pour le moment la situation, sans affolement. Mon erreur a été de penser que le lit de la rivière allait s’ouvrir et nous permettre d’atteindre l’arrivée plus facilement. Nous aurions dû rester sur les hauteurs et longer de plus loin le torrent. Une carte plus précise et son étude nous aurait permis probablement d’éviter cette galère. Et puis partir sans téléphone satellite était également une erreur. Il pouvait nous arriver n’importe quoi pendant ces 4 jours et il aurait été impossible de nous signaler sauf à marcher.

Cela permet d’acquérir de l’expérience.

J5 – Fin de Riley creek – Visitor center

+ 0 m / – 100 m 7 km

Au petit matin, je dis à Cat que nous allons remonter tout droit jusqu’à trouver un sentier balisé car il y en a un sur la fin. Nous remontons la pente que nous avons descendu la veille. Il nous faut nous aider des branches, des arbustes pour remonter. Après 45 mn, je dis à Cat qui est en contrebas que je vois au-dessus une plateforme et que je l’y attends.

En fait, il s’agit du chemin balisé. Cela signifie que hier nous étions juste en dessous. Nous retrouvons nos sourires et nous nous sentons soulagés. Nous le suivons et redescendons près du torrent. Je me retourne et je vois à 300 m la plage derrière la dernière falaise sur laquelle nous avons passé la nuit. Nous étions proches du but.

Prochaine étape : le parc national de Kenai Fjords en kayak.

Parc National Denali
Denali / Mckinley

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