Donc c’est parti pour ce que je pense être la bonne grosse journée de m… de mon voyage. Il faut que je me mette en mode marche sans cerveau, en espèce de zombie décérébré.
Pour récupérer le pont de la Skaftà, je dois marcher sur la f208 pendant 20 km. Il s’agit peut être de la piste intérieure la plus empruntée d’Islande par les 4*4, celle qui mène au Landmannalaugar. Si je trouve les moyens de passer ailleurs, je ne m’en priverai pas. Certaines cartes indiquent des alternatives.
Mais déjà, il faut marcher jusqu’à cette piste et poursuivre sur ce magnifique chemin du strutivegur. Immédiatement à la sortie du vallon où se trouve le refuge, on rentre dans une superbe gorge où l’on a successivement deux gués à franchir, un sur le torrent déversoir du lac d’Alftavotnkrokur et l’autre évidemment sur la Syðri Ofaera que l’on doit forcément traverser à un moment ou l’autre.
J’appréhende d’ailleurs ce gué depuis que j’ai vu le débit et la profondeur de la rivière au niveau du petit pont de pierre.
Le premier
Celui de la Syðri Ofaera à cinq mètres en amont de la cascade. Faut donc pas se louper
Le premier que je trouve rigolo cette année. L’eau est claire. On voit où on pose les pieds. Le fond n’est pas accidenté. Profond jusqu’à mi-cuisses avec un courant modéré.
Ah… enfin, je m’amuse sur ces obstacles. Une belle pelouse pour se rhabiller. Rien qu’en une heure, je sais déjà que la journée ne sera pas totalement noire. C’est un passage magnifique.
Cette gorge ne dure qu’un petit kilomètre avant de laisser place à la plaine balafrée par une ligne électrique (je lis Marc Lévy).
Au loin, premier aperçu sur ma Némésis (je lis Homère aussi), la Skafta et l’abominable volcan Leiðolsfell que je vais avoir en ligne de mire pendant les trois prochains jours.
La piste (sur la photo) suit la ligne électrique et d’après la carte va longer la f208 sur quasiment les 3/4 de sa longueur. La voilà mon alternative à l’abomination gravillonnée.
sauf que… c’est pas plat, mais alors pas du tout du tout. Les montagnes (collines) russes. je marche un bon moment et je retombe de nouveau sur la Syðri Ofaera qui passe dans un ravin profond et très encaissé que je domine d’une cinquantaine de mètres. Et là, je perds la piste… Faut le faire, hein? A moins qu’elle s’arrête sur cette rive pour redémarrer sous la ligne de l’autre côté (c’est plus un chemin de service de l’EDF locale qu’une vraie piste de la DDE).
Bon, et bien, j’ai pas envie d’aller touuuut en bas, traverser la rivière qui a maintenant un tout autre aspect beaucoup plus menaçant que tout à l’heure dans sa gorge encaissée et de remonter touuuuuuuuuuut en haut pour reprendre mes montagnes russes.
Donc, je vais essayer de longer la Syðri Ofaera du mieux que je peux vers l’est jusqu’à récupérer la f208 que vraiment on veut que j’y aille (qui c’est "on", hein?, que j’ai deux mots à lui dire)
Ma foi, l’idée est d’un point de vue esthétique loin d’être saugrenue.
Magnifique même et j’arrive juste sur le refuge d’Holaskjol sur la f208. Il est pas fort le mec?
Superbe cascade surnomée Litla-Gulfoss un peu avant où je m’arrête pour le p’tit déj (m…, jai oublié ma fourchette à Alftavötnkrokur). Et je me rends compte seulement à ce moment de mon erreur de réveil.
Ah oui, ça change. Ce n’est plus la même ambiance. Je ne m’arrête pas et je suis enfin sur l’abominable autoroute.
Ironie du sort. C’est la journée la plus moche du voyage mais j’ai super beau temps. pffff… je suis sûr que c’est de la faute de "on".
Au moins pour traverser la Syðri Ofaera et la mettre définitivement derrière moi (3 jours, ça suffit), il y’a un pont. Pas que des inconvénients finalement.
Comme il est tôt, le début se fait en absence totale de circulation. Par contre, vers 10h00, je suis sur le périph comme je le redoutais (exactement comme sur le laugavegur, piétons automobilistes, même combat.; y’a que moi qui suis si matinal? faut dire aussi qu’avec mes erreurs de réveil…). Et les types roulent à une vitesse de malade.
Je comprends maintenant le tarif des locations. Les bagnoles doivent être rendues dans un de ces états. Je promets dans deux semaines quand j’aurai un véhicule moi aussi de rouler avec attention.
Ce qui m’énerve d’autant plus, c’est que les types passent à ma hauteur sans ralentir et par moments m’éclaboussent en roulant comme des connards dans les flaques.
Déjà que je suis d’humeur plus que moyenne à marcher sur cette route de merde, fallait pas ça pour alimenter ma rogne. A un qui m’éclabousse, je lui fais de grands gestes lui signifiant ce que je pense de lui. Il est pas content et freine pour me demander une explication. Enfin , je pense, parce que comme je jette mon sac par terre et cours vers lui avec mes bâtons pour lui expliquer mon vif mécontentement, il redémarre dans un magnifique dérapage incontrôlé. Ah oui, je suis vraiment énervé. Au moins, ça me motive pour accélérer et m’échapper de cette abomination.
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Très belle vue sur le Myrdalsjökull qui se découvre maintenant que j’ai quitté son secteur, le fourbe.
Une grosse averse me tombe dessus un peu avant la fin de la f208. L’eau s’évapore en me tombant dessus tellement je suis bouillant. La pluie me suit jusqu’à Buland, le hameau que je guette depuis des heures, signifiant la fin de mon calvaire.
Grosse pause même sous la pluie en haut de la dernière côte.
Tel à Tatiana Ok. Pour la première fois, le portable passe. Z’ont flippé because ma balise semble avoir cessé d’émettre pendant un moment. Problème de cette balise quand on la suit en direct et qu’on s’habitue à voir des messages réguliers.
J’arrive enfin aux fermes sous un grand soleil. L’herbe est déjà sèche.
Les vaches ont une curieuse façon de brouter l’herbe. Elles doivent avoir subi un enseignement militaire très strict pour en arriver à cette discipline extraordinaire.
Sous la ferme la plus éloignée, je m’effondre par terre. Qu’est ce que j’ai mal aux pieds. Jamais comme ça. Ca fait deux heures que je serre les dents. Je n’en peux plus sous la plante des pieds. Chaussures et chaussettes toujours mouillées, un sol très dur et une marche ultra-rapide (selon mes critères) pour the great escape m’ont fait sortir des ampoules douloureuses. Pourtant, je suis pas sujet à ce genre de problèmes.
Longue pause. Je soigne les pieds en appliquant des bandes Comfeel là où ça fait mal, donc sous le pied et sur les petits doigts. Bon quatre heures et en avant pour le pont de la rivière Kwaî sur la Skaftà.
Toujours de la route. Pas de voitures mais un con de chien de berger qui fait son taf en regroupant tous les moutons du département derrière lui. Il est fort le type. super efficace sauf qu’il est gonflant avec ces aboiements. A force de faire c… son monde, y’a un mouton qui l’attaque et qui lui court après (en lui disant"mais tu vas fermer ta gueule, bordel?")
Merci mouton.
Enfin, THE bridge au-dessus de deux bras de la rivière en plein milieu d’un champ de lave.
La skaftà enfin seule avec moi qui me chuchotte avec la douceur qui lui est si caractéristique…
Traduction pour les non familiers avec le langage des rivières islandaises: "alors jeune impertinent, on veux toujours me franchir à gué?"
L’endroit est marquant. La puissance dégagée par le fleuve (car c’est un fleuve, je l’oubliais) est inouie. Loin de ressembler à la modeste rigole qui coule mollement entre les piliers du pont de Kirkjubaejarklaustur sur la route n°1.
Maintenant, il faut sortir des zones habitées et cultivées pour trouver un endroit où dormir du sommeil du juste. Reun m’a bien expliqué comment retrouver la piste qui monte sur le plateau au-dessus. Mais j’ai envie de marcher dans la les champs après une telle journée sur les pistes poussiéreuses et je préfère partir plein nord tout de suite dans les vallons au-dessus de la Skafta.
C’est marécageux, ça sent bon, il fait un bon soleil bien doux. C’est plein de fleurs. Que de douceur.
Et j’arrive sur le premier affluent bien important: la miðlansà. Et là,je tombe sur le cul tellement c’est beau.
Succession de méandres (les cingles de la dordogne en miniature), des petites chutes et une eau d’une clarté…
Je stoppe un peu plus en amont après avoir réussi à franchir sans me mouiller les pieds la rivière. Un endroit bien sympa pour dormir. De toute façon trop fatigué pour aller plus loin après 13 heures de marche.
Lessive et récurage du gars avant de redescendre dans la partie sublime du torrent dans la soirée.
Mais qu’ouis je au loin? Un bruit terrible de cataracte? Moi, vous me connaissez… Dès qu’il y’a une cascade dans le quartier, tel un papillon énamouré par les phéromones de sa meuf, je ne peux résister à son appel. Même si là elle est un peu loin. Mais pas de regrets. Trop beau, particulier. La Miðlansà se jette exactement à hauteur de la cascade. Mélange de son eau limpide avec celle grise de la Skaftà.
La cascade de la Skafta se divise en trois parties. Haute d’environ cinq mètres, deux pans formes une chute brutale, le troisième coule en un plan incliné. Super super. Ca rattrappe toutes les galères depuis le début du voyage.
Retour à la tente. Super repas.
Un peu trop… indigestion avec mes fruits séchés (mélange ananas papaye).
Nuit anxieuse malgré le calme total (ni pluie ni vent).