Nous partons en raid avec mes amis Danaelle, Pascal, Djé et Laurent pour faire du splitboard entre Arolla et Zermatt dans les Alpes valaisannes.
J1. Arolla – Cabane des vignettes
+ 1080 m / – 0 m 5 kmNous avons laissé notre voiture à Visp, et sommes montés en bus jusqu’à la toute petite station d’Arolla. De là commence notre randonnée en splitboard, d’abord en longeant la remontée mécanique des Fontanesses 2 sur 200 mètres de dénivelé. La suite de notre itinéraire sera à peine plus sauvage, car nous traversons un hors-piste bien connu de la station.
Au bout d’une heure, nous arrivons enfin dans un univers plus sauvage, au décor de haute montagne ! Une succession de bosses et de replats jusqu’au glacier de Pièce, tantôt au soleil, tantôt à l’ombre, nous conduit de plus en plus proche de notre objectif du jour.
Aujourd’hui, uniquement de la montée, et nous arrivons enfin à la Cabane des vignettes à 3 190 mètres d’altitude, un magnifique refuge haut perché au col éponyme. Le vent souffle fort, mais de l’intérieur nous pouvons admirer de superbes vues ! Petite info pour les français qui ne connaissent pas la Suisse, les « cabanes » sont l’équivalent de nos refuges, donc avec un bon confort, et leurs « refuges » sont l’équivalent de nos cabanes, donc au confort assez sommaire.
Au refuge, nous sommes seulement avec deux autres personnes, un splitboardeur et un skieur qui vit à Copenhague, et qui se trouve être le compagnon d’escalade et très bon ami d’un des co-fondateurs de l’application Whympr ! J’ai justement écrit un article sur cette application il y a à peine quelques semaines, les discussions vont donc bon train toute la soirée !
J2. Cabane des Vignettes – Refuge des bouquetins
+ 640 m / – 775 m 9,5 kmAu matin, la visibilité est très réduite. Nous attendons que les nuages se lèvent. La matinée est déjà bien entamée, puis quelques trouées nous donnent l’espoir que ça ira pour la suite de la journée. Nous tentons un départ pour une ascension proche du refuge, comme ça nous pourrons y revenir facilement si jamais nous nous retrouvons dans le blanc. C’est parti pour le Pigne d’Arolla ! En chemin, nous voyons bien que la météo s’éclaircit bien, nous abandonnons donc notre ascension pour rallier notre refuge suivant.
Nous passons rapidement au Col de Charmotane, et plus la journée avance plus la météo est radieuse. Une première descente, un par un car la pente semble chargée, puis nous nous retrouvons sur le glacier d’Arolla.
La seconde montée vers le Col de l’Évêque, qui semble pourtant proche, est interminable. J’ai beau faire de nombreux raids en splitboard, à chaque fois que je me retrouve sur glacier en haute montagne, je fais la même erreur. Je sous-estime l’immensité du décor et les distances !
Au Col de l’Évêque, nous repassons encore nos splitboards en mode descente. Il n’y a aucune trace, nous sommes seuls. La neige est moins bonne à cet endroit, et nous devons chevaucher entre les crevasses et les seracs.
Une fois en bas, le Haut glacier d’Arolla se traverse rapidement et une dernière courte montée nous mène au Refuge des Bouquetins. Cette cabane, pour parler en terme français, est très bien aménagée. Le poêle chauffe rapidement la petite pièce hexagonale, et aidés de nos fioles, nous refaisons le monde du matériel d’alpinisme : le confort du lourd vs les compromis du light. Tout un débat !
J3. Refuge des bouquetins – Zermatt
+ 750 m / – 2035 m 22,5 kmUne très courte descente pour reprendre pied sur le Haut glacier d’Arolla, puis nous montons en peaux jusqu’au pied d’un couloir que nous franchirons en crampons. Nous nous relayons avec Djé pour y faire la trace, nous brassons bien !
Ce couloir débouche au Col du Mont brûlé, où d’autres vues s’offrent à nous. Nous prenons le temps de faire pas de nombreuses photos avant de plonger en descente du côté italien. Descente très courte avant de remettre les peaux et de poursuivre cette brève incursion italienne jusqu’au Col de Valpelline par le glacier de Tsa de Tsan.
J’arrive le premier au col, et le vent souffle très fort ! Nous mangeons rapidement un bout en admirant la vue sur le Matterhorn. Que de souvenirs de notre ascension du Cervin avec Pascal et Djé présents aujourd’hui, car nous l’avions gravi il y a 3 ans à peine.
La descente est vierge de trace ! Et la poudreuse est excellente ! Cet itinéraire, très parcouru au printemps, est un havre de paix en hiver. Ce ride restera dans ma mémoire comme l’un des plus beaux ! La pente est certes douce, mais elle est continue, et elle est surtout surplombée d’une des plus belles montagnes du monde ! Le Matterhorn, nom suisse du Cervin, est si proche et si imposant qu’on croirait qu’on peut le toucher !
Mais toute chose a une fin, et la fin de notre journée se passe entre roche et glace, à déchausser pour rechausser. Si l’enneigement est plutôt bon en haute altitude, il est très déficitaire sous 2500 mètres. Mais nous finissons pas arriver à Zermatt où une bonne bière nous attend !
J4. Zermatt, montres de luxe et autres burgers
Notre 4ème jour de splitboard devait être entre Zermatt et la cabane Britannia Hütte, mais la météo n’étant vraiment pas favorable, nous restons donc nous reposer à Zermatt. Nous visitons ce village / station de sport d’hiver où les boutiques de luxe se marient avec les shops de montagnards, où les pubs à burgers jouxtent les stèles en mémoires des grands alpinistes du Cervin.
Nous passons une belle journée, et en profitons pour préparer notre ascension du lendemain : au lieu d’aller à Saas Fee comme nous l’avions initialement prévu, nous partirons sur l’ascension d’un 4 000 facile, le Breithorn !
J5. Ascension du Breithorn en bonus
+ 345 m / – 2530 m 18,5 kmLe Breithorn est un sommet facile de plus de 4 000 mètres : courte approche, peu de dénivelé, pente peu raide ; qui se fait depuis le haut de la remontée mécanique du Klein Matterhorn.
La météo n’est pas encore favorable, et le haut des remontées mécaniques est fermé. Mais, nous avons bon espoir : selon les prévisions, le beau temps devrait arriver en cours de matinée. Nous patientons donc devant les caisses, et sympathisons avec l’hôtesse. L’ouverture est imminente, nous prenons un forfait one way et une trentaine de minutes plus tard, nous voilà au départ de notre ascension du jour.
Notre itinéraire commence avec la traversée du glacier d’Aventina o di Ventina. Nous ne sommes pas nombreux malgré l’accessibilité du sommet, une seule autre cordée de trois personnes. Nous la doublons rapidement pour nous retrouver au bas de la pente.
Nous progressons en peaux de phoque au début de l’ascension, puis nous devons rapidement mettre les couteaux, car la fine couche de poudreuse est posée sur une neige dure. Nous poursuivons, mais nous ne faisons finalement qu’une très courte distance en couteaux, la neige se transformant en glace, nous sommes contraint de poursuivre en crampons. Comme quoi, me dit mon ami Pascal, il n’y a pas de 4 000 facile.
Puis, nous arrivons finalement au sommet, à 4 164 mètres d’altitude, avec une vue magnifique à 360° sur les 4 000 suisses ! Et, notamment sur Castor et Pollux, deux sommets qui me font de l’œil depuis longtemps par leur nom évocateur de mon enfance.
Nous profitons un petit moment du sommet, et nous nous posons la question de descendre en crampons ou en snowboard. Le passage en glace étant assez court et peu exposé, nous choisissons la descente en snowboard !
Nous envisagions une descente par le glacier du Théodule, mais vu les informations collectées auprès d’un guide, celui-ci n’est pas en condition. Il y a beaucoup de rochers et nous ne serions pas au bout de notre peine. Nous redescendons donc à Zermatt par les pistes de la station. Une fois en bas, je peux ajouter ce 4 000 à ma liste personnelle des 82 4000 des Alpes. 82, mon année de naissance…
Photo-reporter outdoor, c’est dans les Alpes autour d’Annecy que je passe mon hiver en splitboard ; l’été mon côté globe-trotter m’amène à pratiquer la plongée sous-marine à travers le monde. Aux inter-saisons, trekking, VTT, bikepacking, paddle, alpinisme et via ferrata viennent compléter ma passion pour les grands espaces !