Aux confins du désert : le silence
Nous commençons enfin notre trek après le repas. Mes pieds fourmillaient déjà à l’idée de fouler ses contrées arides. L’après-midi se consacre à la découverte d’oueds asséchés, de canyons et de petites dunes accrochées aux falaises érodées par le temps.
Découverte de l’étroit canyon de Tilabadine qui lors des rares fortes pluies forment une guelta. Sur le sol, des fonds craquelés indiquent qu’il a plu autrefois. La dernière forte pluie remonte à un an. Quand l’eau retombera t-elle ? Nul ne le sait. Les Touaregs sont dans l’attente de cette eau, source d’une vie plus clémente.



Nous installons notre bivouac sur le site de Ouanahar.
21 décembre : Les rires de l’équipe Touareg m’extirpe de mon sommeil. Le soleil se lève à peine. Il fait froid ce matin. Après être sorti du sac de couchage avec difficulté, je rejoins le feu. Il me réchauffe rapidement. Je prend conscience que le confort des civilisations occidentales ne permet pas aux gens socialement intégrés d’avoir froid ou chaud. Beaucoup de chose est tiède dans notre civilisation et sans saveur. Je prends plaisir à avoir froid, puis chaud et froid ensuite en m’éloignant ou m’approchant du feu. Cette sensation est synonyme de vie…mais c'est aussi un luxe de pouvoir choisir ces sensations, qui plus est au milieu du désert !

7h00 de marche nous attendent aujourd’hui. Nous cheminons à travers de larges canyons où émergent ici et là quelques dunes accrochées aux parois des roches de gré.
Quelques arrêts pour découvrir des sites de gravures rupestres qui ponctuent la marche. Pique-nique à Tehi tahosseit sous un acacia, l’arbre du désert.


Je commence réellement à m'imprégner des lieux, à le sentir, à l'envisager comme un tout avec moi. Le désert m'intrigue et m'attire avec délectation.
L’après-midi le paysage se fait encore plus grandiose. L’alchimie magique des dunes encastrées dans la roche accompagne notre avancée. A chaque pas, je m’exalte un peu plus…


Après 3h00 de marche, nous atteignons l’oued de Moulnaga, lieu de notre bivouac. Le cadre est somptueux. Le soleil se couche dans ce ciel avide de nuages. Il se meurt dans un linceul de dunes et de roches jaunies par son action. Comment résister à ce paysage ? Le silence m’envahit. « Tout était nu moi y compris » (Edmond Jabès).


A notre arrivée le thé nous y attend. Traditionnellement, trois thés sont servis : Le premier thé est amer comme la vie, le second est fort comme l'amour et le dernier est doux comme la mort.
"On éprouve du respect pour ses paysages intacts, qui ne nous ont rien demandé, qui se passeraient bien de notre présence et qui sont là quand même, simplement majestueux." (Théodore Monod)
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