20 jours – 410 km – +6.800/-5.900m
Dés le lendemain de cette ascension, nous nous lançons sur le plus grand désert de sel du monde, le Salar de Uyuni. Nous partons pour une traversée de 85 kilomètres en trois jours, d’île en île. Plus sec que le précédent, Uyuni s’annonce plus facile. Au premier jour, nous rejoignions l’île Incahuasi à 40 kilomètres. Mais avec un soleil de plomb, qui se réverbère sur un blanc impeccable et infini, nous cramons littéralement. Nous apercevons l’île au loin, encore minuscule dans cette immensité. Elle ne grossit guère au fil des heures. Une nouvelle fois, c’est une ambiance unique et merveilleuse qui domine la journée. Mais c’est aussi une journée longue, éreintante, interminable… C’est Alfredo qui nous accueille avec un maté de Coca sur son île, la seule habitée du salar. Il a l’habitude de recevoir des « fous » qui se lancent sur cette infernale traversée. Mais le plus souvent, ils sont à vélo. Pour venir à pied, il faut être un « fou » parmi « les fous ».
Au chaud dans le petit refuge, nous reprenons la route tardivement ce matin là. La distance à parcourir pour rejoindre l’île de Phia Phia est plus courte, seulement 15 kilomètres. Sur celle-ci, nous bivouaquons en compagnie des viscaches, une sorte de gros chinchillas, seuls habitants de ce petit bout de terre.
C’est au troisième jour, après avoir traversé quelques exploitations de sel, que nous atteignons la terre ferme. Mais au hameau de Chuvica, nous ne nous dessalons pas encore complètement, car nous passons la nuit dans un bel hôtel entièrement construit en bloc de sel, du sol au plafond !
Au hameau de Colcha-K, nous délaissons notre itinéraire pour une dizaine de jours. Nous gagnons en bus la ville d’Uyuni, puis de Sucre, la petite et belle capitale Bolivienne. A une altitude plus basse, le climat est plus agréable. Elle est parfaite pour se reposer. L’Altiplano nous a épuisés, nous avons besoin de reprendre des forces, mais aussi de dérougir. Les déserts blancs nous ont brulés le visage… Notre matériel souffre également. Il a besoin d’une remise en état.
Mais surtout, nous devons organiser la suite et fin de notre traversée de la Bolivie. Il nous reste 12 jours de désert à travers le Sud Lípez ! Afin de le franchir plus aisément, nous mettons en place une petite logistique. Nous préparons trois colis de nourriture qui seront déposés à des refuges. Pour cela, nous achetons 16,3 kilogrammes qui seront complétés par deux ou trois soupers pris à ces refuges. Au total, nous avons prévu :
- 1,9 kg de nouilles chinoises 3,3 kg de céréales
- 4,5 kg de biscuits sucrés 3,2 kg de biscuits salés
- 1,8 kg de mixtes cacahuètes, raisins secs… 0,6 kg de bonbons
- 0,7 kg de barres énergétiques 0,3 kg de jus en poudre
De retour à Colcha-K, nous partons pour 280 kilomètres désertiques à travers la région du Sud Lípez à plus de 4000 mètres d’altitude. En deux jours de marche nous arrivons au petit Salar de Chiguana. Ici se trouve un poste militaire d’avant-garde qui surveille la frontière avec le Chili. Dans ce poste aujourd’hui à moitié vide, nous passons la nuit dans l’ancienne salle des opérations. Au petit matin, nous faisons le plein d’eau pour les 70 prochains kilomètres et entrons dans un paysage marqué par de magnifiques volcans, culminant à plus de 5000 mètres d’altitude. Le Luxor, l’Ollagüe, le Tomasamil et le Chiguana nous encerclent et ils ne sont que le début d’une longue série.
Nos réserves d’eau arrivent à sec un peu avant d’arriver dans un secteur composé de cinq lagunes. Malheureusement, il est impossible d’y remplir nos bouteilles. Elles contiennent des substances toxiques… Bien que le Sud Lípez soit un désert, la région est fréquentée par un tourisme voyageant en 4×4, souvent accompagné d’un guide, d’un chauffeur et d’une cuisinière. Ils effectuent en 4 jours ce que nous allons faire en 12. Régulièrement des voitures passent au loin, dégageant des nuages de poussières impressionnants. Au bord de la lagune Cañapa, par chance pour nous, un groupe est à l’arrêt, en panne. Les Boliviens, qui savent à quel point cette partie de l’Altiplano est hostile, nous offrent à boire et à manger. A une telle altitude, il est important pour nous d’avoir une bonne hydratation.
Sur les rives de la lagune suivante se trouve un des deux hôtels de luxe du circuit. A 130 dollars la chambre double, elle n’est pas dans nos moyens. Par contre, le dortoir des chauffeurs est plus à notre portée. Il faut dire qu’il est implanté dans un cadre exceptionnel. En léger surplomb, il offre un panorama sur la lagune Hedionda, une eau turquoise encerclée de vert, de jaune et de blanc, où pataugent des centaines de flamants roses face au volcan Cañapa, culminant à 5882 mètres d’altitude.
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Les sacs à dos remplis de nourriture avec le premier colis que nous venons de récupérer, nous pénétrons dans le désert de sable de Siloli. Il va nous demander trois longues journées d’effort dans des immenses étendues. Encore une fois c’est un spectacle de couleurs explosives qui baigne ce lieu. Il y a une telle variété de nuances à tous les étages qu’il est difficile de les décrire. Les teintes des montagnes qui se dressent de chaque coté changent au rythme du soleil.
Au luxueux hôtel suivant, tenu par des jeunes saisonniers Boliviens, nous sommes accueillis comme des héros. Impressionnés de voir débarquer à pied, ici au milieu de rien, deux personnes, deux fous, ils sont aux petits soins pour nous. Ils nous donnent accès à la cuisine, au buffet du quatre-heure, à celui du petit-déjeuner… Dans le dortoir des chauffeurs, notre voisin de lit n’est autre que le mari de la femme qui nous avait offert l’hospitalité à la sortie du Salar de Coipasa. Même perdus au milieu de nulle part, nous nous sentons encadrés, protégés par cette grande famille de l’Altiplano.
Nous faisons notre entrée dans la Réserve National Eduardo Avaroa, grande de 7000 kilomètres carrés. Elle protège la faune et la flore de l’Altiplano. L’une des choses les plus difficiles à supporter dans cette région, c’est le vent. Il souffle tellement fort et en permanence, dès la fin de matinée jusqu’à la tombée de la nuit, qu’il nous épuise. Chaque jour, c’est une lutte sans fin et parfois même, nous devons faire face à des mini-tornades. Il sculpte même la roche ! A l’« Árbol de Piedra », une formation rocheuse dans une désolation sableuse, un des gros blocs rocheux a été façonné en forme d’arbre.
La lagune Colorada, l’une des merveilles du parc, apparaît petit à petit. Avec à peine 35 centimètres de profondeur, elle a la particularité de changer de couleur au cours de la journée. Chaque matin, le vent diffuse une belle teinte rouge sur l’ensemble de la surface qui est dûe à la pigmentation d’algues et de sédiments se trouvant sur les pourtours. Trois espèces de flamants roses, constituées de milliers d’individus, embellissent ce lieu magique. Nous passons l’après-midi à l’admirer, depuis le mini-musée situé sur la rive, depuis la banquise de sel blanche qui tranche avec le rouge de l’eau ou encore depuis les hauteurs d’une colline. Nous récupérons notre deuxième colis et passons la nuit dans une des auberges sommaires qui font face à la Colorada.
Notre marche se poursuit entre pistes sableuses, canyons étroits et coupes improvisées à travers le néant. Nous prenons de l’altitude au fil des kilomètres pour atteindre le point le plus haut du parcours à 4860 mètres. Le site naturel « Sol de Mañana », Soleil du Matin, explose littéralement autour de nous. La terre boue, fume, éclate sous l’effet du magma. Nous installons la tente à quelques mètres des activités géothermiques où les fumerolles peuvent mesurer de 10 à 50 mètres de haut. Dans une ambiance surréaliste, nous passons la nuit avec nos doudounes, nos deux paires de chaussettes, nos bonnets… Pour l’une de nos nuits les plus froides.
De l’autre coté de la hauteur, en descendant en direction de la lagune Salada, nous rejoignons les bains thermaux de Polques. Apres neuf jours de marche intensive, c’est dans une eau à 38 degrés que nous nous délassons. Le restaurant qui reçoit normalement les groupes pour les repas, déménage ses tables pour accueillir une dizaine de personnes pour la nuit. Nous passons la soirée en compagnie d’une équipe de vulcanologues qui effectue des recherches sur le volcan Uturuncu à quelques kilomètres d’ici. Nous apprenons que toute la région est un super-volcan, tel que Yellowstone aux Etats-Unis. Des milliers de tonnes de magma sont prêts à exploser, à une vingtaine de kilomètres en dessous de nos pieds !
Nous entrons maintenant dans le désert de Salvador Dalí. Il tient son nom en raison de sa curieuse ressemble avec des paysages peints par l’artiste Espagnol. Une nouvelle fois, les couleurs resplendissent. Nous sommes entourés de tableaux naturels que nous contemplons à chacun de nos pas. Un à un, ces pas nous conduisent vers nos dernières lagunes, la Verde et la Blanca. Arrivés en milieu de matinée, avant que le vent ne pointe son nez, les couleurs ne sont pas au rendez-vous. La première est « verte caca-d’oie » et la deuxième est « bleuette »… Nous patientons devant les eaux les plus toxiques de l’Altiplano, gavées d’arsenic. En peu de temps, le vent se met à souffler comme chaque jour et la magie opère ! La lagune Verde se change en « vert-émeraude » et la lagune Blanca en « blanc-lait ». Nous passons le petit bout de terre qui les sépare, contournons la Blanca et atteignons le dernier refuge situé à quelques kilomètres du poste de douane et de la frontière Chilienne.
Nous sommes au bout de la Bolivie, mais il nous reste encore une chose à faire avant de partir, l’ascension du volcan Licancabur ! Un sommet conique, pointu culminant à 5916 mètres d’altitude. En compagnie de deux cyclo-voyageurs, qui ont effectué le même parcours que nous, nous rejoignions le point de départ en 4×4. Il est cinq heures du matin et la lumière du jour perce à peine le ciel. La pente est raide, toute en éboulis, très ennuyeux à grimper. Pendant les 1200 mètres de montée, nous marchons d’un pas lent et régulier. Mais les derniers dénivelés rendent notre souffle de plus en plus court… Puis enfin, vers dix heures, le cratère et son petit lac apparaissent. Mais nous lui tournons le dos. Le spectacle se trouve de l’autre coté. Un panorama unique sur les volcans du Sud Lípez s’expose à perte de vue. En contrebas, les lagunes Verde et Blanca sont resplendissantes et sont un véritable chef d’œuvre. Cette vue récompense et efface tous les efforts que nous avons dûs fournir durant ces 40 jours de marche à travers l’Altiplano !
Voici quelques années, je me suis échappé d’une vie qu’il faut souvent suivre au pas…
Aujourd’hui je déborde d’énergie que je dépense dans la marche afin de parcourir des milliers de kilomètres pour découvrir les merveilles de la nature. Mes terrains de jeux préférés étant les montagnes et les zones désertiques, là où poussent les cairns. Mais je suis ouvert à toute la planète.
Je n’ai ni l’âme d’un écrivain, ni d’un photographe, mais j’ai un grand plaisir à faire partager mes aventures par l’intermédiaire de mes sites afin d’offrir un peu d’évasion.
Simon Dubuis
Carnets d’aventures : www.dubuis.net