Jeudi 12 octobre : coincés à Lukla
Décidément le temps joue contre nous. Nous sommes partis ce matin de Ghat sous un soleil voilé, qui s’est transformé à notre arrivée à Lukla en un véritable déluge. Du coup, nos porteurs (10 en tout) ont pu finaliser leur équipement, mais il est impossible de partir cet après-midi comme prévu.
Nous passons donc la journée à Lukla à tourner en rond comme des ours en cage. Même la « bakery » est fermée et nous ne pouvons pas tuer le temps devant une viennoiserie et un chocolat chaud ou un « milk tea »…
J’ai pu envoyer un mail aux amis et à la famille en France, ils ont reçu celui que j’avais envoyé depuis Katmandu. J’y raconte nos déboires météorologiques.
A ne pas louper, la visite du centre de défense et de progrès pour les porteurs à Lukla « porter progress ». On y apprend la difficile condition de ces travailleurs de force. Non seulement ils portent nos charges pour des salaires souvent misérables, mais en plus ils restent souriants, accueillants, polis, respectueux.
C’est une femme docteur américaine ou anglaise, je ne sais pas, qui se bat pour faire prendre conscience de cette situation et changer les mentalités. Par exemple, il est incompréhensible que les porteurs soient interdits de séjour dans la majorité des lodges. Ils doivent alors dormir dans des grottes ou au pied des rochers… J’aurai l’occasion plus tard de voir de mes yeux ces habitats de fortune dans des zones glaciales… Ils mangent le tsampa, mélange de farine d’orge et d’eau, dorment sur de la paille sans sac de couchage, avec pour seule protection leurs habits misérables de la journée, là où même les trekkeurs se gèlent à l’intérieur des lodges dans des sacs de couchage « grand froid ».
Il y a d'excellentes occasions de faire de bonnes affaires voire même de très bonnes affaires pendant cette période de soldes (8 janvier au 4 février 2025). Afin de ne pas céder aux tentations déraisonnables des soldes, voici quelques règles à suivre pour acheter responsable :
- Acheter des produits et des vêtements dont vous avez besoin
- Acheter des produits et des vêtements qui durent
- Préférer les marques qui s’engagent pour l’environnement
- Préférer les produits et les vêtements qui favorisent les circuits courts de production (made in France, made in Europe)
Voici quelques offres de nos partenaires :
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Leurs conditions de vie se sont encore dégradées ces dernières années avec l’augmentation de la concurrence entre les agences de trek, et la lutte acharnée qu’elles se livrent pour obtenir les « marchés ». Les agences cassent alors les prix, mais ne rognent pas sur leurs marges (les personnes les plus fortunées de Katmandu sont les propriétaires d’agences de trekkings, ils en possèdent parfois une dizaine !). Pour l’attribution d’un trek, c’est la loi du marché pure et dure : l’agence contacte un guide et lui dit par exemple : voilà, j’ai 5 français qui veulent aller au camp de base de l’Everest à partir du 5 novembre, est-ce que vous prenez pour 1200€ ? Si c’est non, elle fera appel à un autre guide jusqu’à trouver celui qui a vraiment besoin de cet argent. Le guide devra alors composer lui-même avec cette somme pour se payer, rémunérer ses porteurs, payer les lodges, repas et taxes d’entrée dans les parcs. Comme les porteurs sont environ 100.000, l’offre est plus importante que la demande et certains sont prêts à travailler pour une misère (parfois moins de 200 Roupies –Rs– par jour, ce qui correspond à environ 2,5€) ou à porter des charges qui mettent leur santé en péril.
Un autre mode de rémunération des porteurs se fait en dehors des treks, c’est le portage dit « commercial ». On propose à des porteurs de convoyer des marchandises d’un point à un autre, et ils sont ensuite payés au kg transporté en fonction du parcours effectué. Par exemple, entre Lukla (point d’atterrissage des avions pour la vallée de l’Everest) et Namche Bazar (haut lieu de marché entre les népalais au sud et les tibétains au nord), les porteurs reçoivent 15 Rs par kilo transporté. Donc, plus ils portent, plus ils gagnent, mais ils se détruisent les genoux, les chevilles, le dos, les cervicales… nous avons calculé avec Gérard qu’un porteur qui transporte 60 kg entre Lukla et Namche, gagnait 900 Rs pour 2 jours de marche aller et un jour retour (à vide), soit environ 3,5 € par jour pour un travail de forçat, et encore il doit payer le logement pour 2 nuits (100 Rs ?) s’il ne veut pas dormir sous un rocher. Dure condition… Aussi on comprend pourquoi certains s’efforcent à porter des charges inhumaines de 80 à 90 kg, on a même vu des porteurs capables de prendre jusqu’à 105 – 110 kg, mais pendant combien d’années avant de se retrouver totalement arthrosés au niveau des genoux sans aucune possibilité de soins ?
La responsable de « porter progress » estime que la charge maxi pour ne pas nuire à leur santé se situe à 30-35 kg, et un salaire décent autour de 700 Rs par jour. (~8€).
En travaillant directement avec Janbu, nous avons interrogés nos porteurs qui nous ont certifié être très bien payés, et on sait qu’aucun d’entre eux (sauf le plus costaud, Harsum, qui exceptionnellement a porté nos 3 sacs de 20kg + ses affaires la première ½ journée, soit 70 kg) ne portait plus de 35 kg pendant le trek. Quand à leur rému, nous les avons payé 2400€ en tout pour le trek de 20 jours maxi, soit en enlevant les frais de lodge, nourriture et taxes diverses, plus de 2000€ à se partager à 10, on peut estimer que tous ont touché au moins 6 à 7 € par jour, ce qui est bien mieux que ce qu’ils auraient touché si on était passé par une agence, et leur assure un salaire tout à fait décent.
Notre condition, à nous trekkeurs occidentaux, est plus qu’enviable dans ce contexte : nous avons 9 porteurs, un cook, un aide-guide (shirfa) et un guide ( Sirdar) à notre disposition pendant toute la durée du trek, ils nous sont entièrement dévoués jour et nuit, ici pas de notion de 35 heures ou autre prime d’intempérie…
Notre préoccupation pour l’instant est de bien profiter des plats tout simples mais succulents (riz au curry avec légumes, pommes de terre vapeur avec sauce épicée, soupes chaudes et fumantes, bananes ou clémentines pelées puis ébouillantées, etc…) que nous prépare notre « cook » Mingma. Voilà la redécouverte de plaisirs essentiels simples, qui sont finalement les seules vraies raisons que nous ayons de nous inquiéter : que vais-je manger ce soir, où vais-je dormir, et non pas : est-ce que mes mèches sont bien de la bonne couleur, mon sac à main est-il bien assorti à mon rouge à lèvres, ma voiture a-t-elle les jantes suffisamment larges, la sonnerie de mon portable est elle assez « fun », vais-je avoir le RER de 7h12….