Etait-ce bien raisonnable ? Et contrairement à une pensée gaullienne les chemins escarpés ne sont pas toujours les moins fréquentés.
Nous avions prévu de partir à 5h finalement nous partons à 6h. Je suis réveillé depuis 3h30, mais j'ai laissé dormir la petite marmotte qui est à mes côtés, et les préparatifs sont longs. Pour notre deuxième nuit au-dessus de 7000m ça ne se passe pas trop mal… Toujours cette angoisse d'entrer dans la « dead zone » (c'est plus impressionnant en anglais), mais finalement nous n'utilisons pas l'oxygène qui était prévue pendant la nuit.
Par contre à l'effort au delà des 7200m, c'est une autre paire de manches. J'ai parlé avant du poisson hors du bocal dans la zone des 5/6000, ici c'est le supplicié à qui l'on fourre un mouchoir dans la bouche tandis qu'on lui pince le nez ! La sensation d'étouffement et d'une respiration haletante qui ne suffit plus aux besoins arrive immédiatement comme une détresse.
Au début seule AG porte le masque (il faut porter la bouteille qui pèse 4kg dans son sac) et je grimpe sans, puis très vite je comprends que je ne suis pas venu faire un Everest sans oxygène et que tant qu'à porter une bouteille autant l'utiliser. Et l'Everest sans oxygène c'est une chose à prendre très au sérieux d'ailleurs tous les sherpas l'utilisent à partir du col sud, et même la nuit. Au début, le réglage du débit nous a posé quelque problèmes : il faut donner assez de débit pendant l'effort sinon on a envie d'arracher le masque pour reprendre sa respiration (il y a 4 niveaux avec les intermédiaires, 2 à 3 pendant l'effort c'est un bon compromis)
On démarre, il y a un monde fou, on est en plein paradoxe : un des endroits au monde dans les plus difficiles, les plus sauvages, les plus violents, les plus dangereux et les plus chers, avoir comme ça des représentants du monde entier à la queue leu leu sur les cordes fixes dans cette raide face du Lhotse, il y a de quoi se poser des questions sur la nature humaine. Difficulté et affrontement nous attirent, ici on arrive vite au moment où la moindre force s'échappe de votre corps on s'assied au milieu du chemin et l'on s'endort; est-ce cet accès au corps simplifié que l'on vient chercher ici ?
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On est là avec nos groins et il ne fait pourtant pas un temps de cochon, à marcher vers le même but, le fameux col sud. La pente soutenue (35/40°) est en glace vive ce qui rend difficile la pose des pieds nous oppose une forte résistance et plus l'air s'allège plus le corps s'alourdit. Je vois encore cette étrange caravane de bibendums multicolores méconnaissables et silencieux, dont émane de temps à autre quelques souffles rauques de yaks à travers le masque, s'étirer lentement, pendue à son fil d'Ariane en contre jour sur les arêtes aplaties du Lhotse. A gauche peut-être un peu de répit, la traversée du grand couloir au bout de laquelle on aborde la bande de rochers ocre.
Pendant cette montée, pris de remords, je me dis que je ne dirai presque (restons prudent) plus jamais de mal des sherpas de l'Everest. Eux n'utilise l'oxygène qu'à partir de 8000, et portent le matériel collectif, tentes, réchauds, vivres, oxygène, des sacs de 30kg dans l'oxygène rare, chapeau ! En ce sens notre "exploit" est subordonné à la présence de ces "hommes de bât" je ne l'oublie pas… Et les grands himalayistes s'étendent assez peu sur le sujet : la part d'autonomie. Il est certain que s'il n'y avait pas cet énorme service : fil d'Ariane du camp de base au sommet, camp de base avancé avec cuisine, portage, oxygène etc. nous n'en serions pas à 3000 ascensions et 300 de plus chaque année. Cela dit, même dans ces conditions optimales, cela reste à la limite des possibilités physiques d'un sportif de bon niveau.
Nos sherpas Nima et Ang Tsering ont tout préparé eau chaude, soupes, etc… Il nous reste 3h avant de partir pour le sommet, 1h est consacrée à se réhydrater et à se restaurer, les 2 autres à dormir sous oxygène. Bien qu'étant à 8000, ça a été un moment très agréable, l'oxygène en effort c'est indispensable et au repos c'est régénérateur, cela provoque un sommeil léger peuplé de doux rêves.
Nous sommes tous les 4 pèle-mêle dans la tente, nous tenant chaud, bienheureux, l'air naturel manquant, de respirer notre air en bouteilles. Merci à nos sherpas d'avoir porté 14 bouteilles à 8000m. Moment agréable et trop court… à 21h encore à mes rêves je saute sur mes crampons dans un état second toujours le masque sur le nez, le ciel est clair, la lune est pleine et il ne fait pas très froid. Et c'est à nouveau la longue caravane de lucioles muettes qui, groin sur le nez et poignée branchée, remonte dans la nuit claire et douce les cordes qui mènent au sommet, tout d'abord dans la raide face sud plutôt caillouteuse cette année. Ensuite, par une traversée ascendante à droite, on rejoint la superbe et aérienne arête sud a l'endroit nommé "Balcony" par les sherpas.
Je marche, plutôt endormi, dans les pas d'Anne Garance que nous avons "coincée "entre Ang Tsering et moi. Un peu avant nous avons regardé au manomètre et avons considéré que ma réserve devait être suffisante mais peu avant le Balcony j'éprouve soudain une immense difficulté à suivre. La source est tarie, la bouteille est vide, c'est l'étouffement insupportable, plus de jambes. C'est le propre du précieux gaz quand on le respire au-delà de 8000m, rien ne paraît luxueux, mais si l'on en est tout à coup privé il faut cesser tout effort au risque de le payer cher. Heureusement, la "station service" du Balcony arrive, les sherpas sortent de leurs sacs des bouteilles pleines et nous les échangent. Et ce n'est que" pfuuiit"t qui fusent dans la nuit claire et douce et nous ramènent aux réalités, nous sommes bien sur l'arête sud de l'Everest à 8250m et il est minuit et la fête continue…
- Tps : 11h53 pour le C4 et 3h avant minuit pour le "Balcony"
- M : 847m-120m/h sous o2