Pyrénées : Du col de la Pierre Saint Martin au col du Somport en 3 jours

3 jours de randonnée dans les Pyrénées du col de la Pierre Saint Martin au col du Somport, surtout côté espagnol. Un itinéraire sportif et technique. Trace GPS.


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Focus Rando :Pyrénées : Du col de la Pierre Saint Martin au col du Somport en 3 jours
3 jours +4292 m/-4429 m 55 km 4
Randonnée Ligne Bivouac
Europe Pyrénées Pas de transport en commun
Montagne Juillet, Août, et Septembre

Mon été fut consacré à une découverte approfondie des Pyrénées. Je me suis rendue à vélo depuis le Jura jusqu’à côté de Perpignan, j’y ai troqué mes sacoches et mes deux roues contre deux chaussures, deux bâtons et un sac à dos. De là, à pied, je suis allée jusqu’à Hendaye par un savant mélange de GR10, de Haute Route Pyrénéenne (HRP), de GR11 (côté espagnol), de sentiers non balisés voire de sections en hors sentiers, que j’appelle le “mode sanglier”. A Hendaye j’ai fait demi-tour et suis revenue à la Méditerranée, toujours à pied, toujours suivant la même recette, et arrivée à Banyuls suis retournée jusqu’au Canigou pour boucler la boucle, avant de récupérer ma bicyclette et de rentrer dans le Jura à vélo. Je vous propose de partager quelques épisodes de cette virée solitaire en autonomie totale. Tous font partie de mon parcours “retour” donc d’Ouest en Est.

MISE EN GARDE
Je dois tout d’abord faire une “mise en garde”. Ce que je vais décrire ici comporte des sections techniques qui nécessitent un entraînement ET une bonne expérience de la montagne, du tout-terrain, de la météo ainsi qu’une bonne maîtrise de la navigation/orientation. Chaussures semelles vibram et tige montante fortement conseillées. Les conditions peuvent changer vite, cet itinéraire est sauvage, je n’y ai pas croisé grand monde. A ne faire que par beau temps. Accès routier au départ et à l’arrivée de l’itinéraire.
Col de la Pierre Saint Martin
A proximité du col de la Pierre Saint Martin

Jour 1 : Du col de la Pierre Saint Martin à la cabane de Pédain

+ 1340 m / – 1560 m 17 km Assez difficile. Terrain technique. Pierriers, chaos rocheux, un ou deux passages en varappe (aide des mains), lapiaz.

Après un ravitaillement la veille à la Pierre Saint Martin, je suis allée planter mon bivouac  à proximité du col éponyme. Au matin, la limite de la mer de nuages et de brouillard humide sont 20 mètres sous moi, gros coup de bol, ma tente est sèche, la journée s’annonce belle sur les hauteurs, je remballe et pars.

En montant au pic d'Anie par le Pourtet
En montant au pic d’Anie par le Pourtet

Je passe tout d’abord à la fontaine Fuente Contienda Norte, qui en cette période caniculaire, coule toujours. Me voici rassurée, je complète mes réserves et dispose ainsi de 3.5 litres pour la journée. Je ne trouverai pas d’autre point d’eau sur cette étape. Le brouillard monte, aussi, je ne traîne pas pour ne pas me retrouver happée. Après le col de Pescamou, deux options s’offrent à moi pour atteindre le Pic d’Anie, je prends par celui qui me semble le moins couru, à savoir par le Pourtet. L’itinéraire et le sentier cairné sinuent entre ou sur les lapiaz, la progression nécessite de l’attention mais le plaisir est total dans ce vaste secteur karstique dépaysant. Je rejoins plus haut l’itinéraire qui vient du col des Anies et atteins le sommet à 2504 m. La vue sur la mer de nuages et les sommets qui émergent me laisse rêveuse. Du sommet, je scrute dans les caillasses un semblant de sentier qui me permettrait de rejoindre en direct la Table des Trois Rois.

Jour 1, Des lapiazs et du karst à gogo
Des lapiazs et du karst à gogo

Je descends jusqu’au col situé sur la ligne de crête entre le Pic d’Anie et le Péné de Castetné puis trouve des cairns que je suis jusqu’à arriver sur le sentier qui monte au col de l’Insole.De ce croisement, je coupe à travers comme je peux pour rejoindre le col de Lhurs. Les dalles de calcaire bien lisses et inclinées, faciles à la montée par temps sec, m’amènent jusqu’au pied de la Table des Trois Rois. Vue sidérante une fois de plus sur la mer de nuages tenace qui envahit toutes les vallées françaises jusqu’à environ 2000 m d’altitude. Côté espagnol c’est le grand bleu. Je serais volontiers restée en crête mais il me faut penser à trouver de l’eau pour mon bivouac et pour ça je n’ai qu’une solution : descendre par le col d’Esqueste, aussi appelé Port d’Ansabère. Je rentre ensuite rapidement dans le brouillard qui mouille et effectue la totalité de la descente (pas facile) jusqu’à la cabane de Pédain. Belle discussion avec la bergère, je prends de l’eau et dors à proximité.

Sur le Jour 1, que de caillou !
Que du caillou !

Jour 2 : de la cabane de Pédain à la cabane de Secus

+ 1615 m / – 1215 m 20 km Terrain peu difficile

Je remballe la tente trempée et démarre dans le brouillard dont la limite se situe bien au dessus de moi. Je pars en direction des cabanes d’Ansabère puis remonte le vallon jusqu’au lac du même nom, motivée par quelques trouées de ciel bleu à travers la brume.

Vue sur le pic d'Ansabère au dessus des nuages
Vue sur le pic d’Ansabère au dessus des nuages

Il me faudra cependant atteindre le col à 1991 m pour être émerveillée. La mer de nuages est 20 mètres sous mes pieds, le pic d’Ansabère et ses voisins en sortent comme un mirage, je suis seule et profite de cette minute magique, prends à la hâte quelques photos en voyant la brume remonter et me fait engloutir… Moment éphémère… Côté espagnol c’est le bleu en plein et je rejoins le lac d’Acherito le coeur plein d’allégresse.

Lac Ibon de Acherito
Lac Ibon de Acherito

Dans la descente jusqu’à la Mina, je croise trop de monde à mon goût, c’est week-end, tout le monde monte au lac d’Acherito. Quant à moi je poursuis en remontant le vallon par le côté opposé à la route, puis traverse le ruisseau par une passerelle qu’il ne faut pas manquer et m’engage sur le sentier non indiqué qui longe et remonte tout le Barranco Barcal. A partir de là et jusqu’à la fin de la journée, je n’ai vu absolument personne. Le terrain est facile, je suis la sente puis les cairns. Le castillo d’Acher et ses couleurs explosives rend cet itinéraire  hors des sentiers battus absolument magnifique et inédit. Ce que je ne sais pas encore, c’est que le plus beau reste à venir. Je poursuis vers le Puerto d’Acher, puis par un col non nommé sur ma carte mais en suivant les cairns et la sente, je me dirige vers l’Achar de Secus. Des baignoires naturelles à profusion me permettent ce soir là un interminable bain absolument exquis. Et je préfère monter ma tente et bivouaquer sur le très vaste terrain herbeux tondu raz par les moutons plutôt que d’aller à la cabane de Secus, pourtant toute proche. Dans la soirée, un troupeau de plusieurs centaines de moutons ont débarqué, ont fait le tour du secteur puis sont repartis. Bivouac solitaire idyllique.

Les couleurs du Castillo d'Acher
Les couleurs du Castillo d’Acher

Jour 3 : De la cabane de Secus au col du Somport

+ 1325 m / – 1535 m 21 km Terrain peu difficile

Je suis tirée de ma tente par une multitude de cris et je sais avant d’ouvrir que ce sont des vautours. En effet, une petite trentaine de ces charognards se situe à une cinquantaine de mètres de ma tente, autour d’une carcasse de brebis, probablement une de celles que j’ai vu boiter hier soir et qui avait du mal à suivre ses congénères. Je remballe et enfile mes chaussures, prends une sente de vaches à flanc en direction du collado del Foraton, que je quitte pour rejoindre en mode sanglier, le sentier très raide qui monte au sommet du Bisaurin, 2670 m, que je gravis. Je vois au loin la mer de nuages toujours très hauts qui couvrent les vallées françaises et me réjouis une nouvelle fois d’être en Espagne, sous un grand ciel bleu. La descente jusqu’au Collada Bastes est assez facile bien qu’il faille faire attention où poser les pieds et c’est ensuite que le terrain devient plus raide et plus technique. Atteindre le Circo de Bernera est alors chronophage, difficile, long et raide. Heureusement, la suite de l’itinéraire est débonnaire mais aussi plus fréquentée. Par le col de Bernera je rejoins le lac Ibon de Estanes. Après le col d’Estanes, je  prends le sentier sur la droite qui fait le tour du cirque sous le Pas d’Aspe et rejoins le col du Somport par le col de Bessata.

Ibon de Estanes
Ibon de Estanes

Ces trois jours sont une magnifique alternative, certes plus longue et plus technique à la HRP en cas de brouillard sur le versant français. De plus, la HRP sur ce tronçon est commune avec d’autres itinéraires très parcourus.

Ne laissez aucune trace de votre passage dans la nature et soyez discrets en montagne, rien n’est plus déplaisant que de poser son bivouac dans un bel endroit, où arrivent par la suite des gens qui prennent l’endroit pour un parc d’attractions… Merci.

1 réflexion au sujet de « Pyrénées : Du col de la Pierre Saint Martin au col du Somport en 3 jours »

  1. Les arres d’Anie et les “couleurs du Castillo d’Acher” par grand beau temps, vue dégagée et depuis le sommet du Bisaurin restent quand-même quelque chose qu’on n’oublie jamais ! Le reste aussi est enivrant…
    Très jolie et séduisante carte postale. Merci.

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