Route pour l’oasis d’Oulad Idriss
Nous quittons Ouarzazate au petit matin laissant derrière nous les magnifiques paysages sur les contreforts de l’Atlas enneigés.
Le bus transporte les 15 randonneurs et Mohamed, le guide de La Balaguère, jusqu’à l’oasis d’Oulad Idriss.
Nous traversons le décor pré-saharien du Djebel Saghro et de la vallée du Draa. Plus nous roulons, plus le paysage se désertifie.
A Oulad Idriss, nous faisons la connaissance du cuisinier, des chameliers et de leurs dromadaires.
Cette randonnée “Dunes et Oasis du sud marocain” a été réalisée avec La Balaguère, spécialiste des randonnées dans les Pyrénées et des voyages à pieds dans le monde.
La Balaguère propose plus de 20 voyages au Maroc, accompagnés ou en liberté. Haut-Atlas, Côte Atlantique, Moyen-Atlas, massifs pré-sahariens, désert. Toute la palette du Maroc à portée de chaussures.
Petite marche jusqu’au premières dunes
- Temps de marche : 45 mn
Après le déjeuner, la caravane se met en route dans la direction des premières dunes qui partent vers l’est, attirées peut-être par le lever du soleil. Sept dromadaires portent la logistique et les bagages des voyageurs. J’ai rarement vu autant de mouches tournés autour des camélidés. Les mouches ne connaissent pas la crise ! Ce n’est pas le cas de la randonnée au Maroc. Depuis le printemps arabe, les randonneurs français sont bien moins nombreux à venir fouler le sol marocain. Question de budget ? Une randonnée au Maroc est à peine plus chère qu’en France. Question de sécurité ? Le pays est aussi sûr qu’un pays occidental. Un amalgame « pays arabe » « terrorisme » ? J’avoue ne pas comprendre. Je ferme la parenthèse.
Nous ne tardons pas à zigzaguer entre les premières dunes et les tamaris préférant le sol dur des dépressions au sable mou. Après seulement 45 minutes de marche, l’équipe chamelière installe les Khaïmas, la première pour la cuisine et la seconde pour la salle à manger.
Pendant ce temps, les randonneurs montent leur tente. Le soleil se couche déjà derrière les dunes et teinte l’horizon de couleurs chaudes et chatoyantes jusqu’au plateau rocailleux du Djebel Bani et le col de Tagounit. A la nuit tombée, les chameliers se sont regroupés autour du feu tandis que j’observe le ballet des étoiles. La magie de mes précédents voyages sahariens est là. Le voyage a bien démarré !
Le long du Djebel Bani
- Temps de marche : 6h30
Se réveiller à l’aube avant le lever du soleil, déplier la tente pendant que l’équipe saharienne prépare le petit-déjeuner. Il ne fait pas froid. Cette nuit, j’ai pu relever une température de 10°C dans la tente. Je teste la MSR Hoop. J’ai eu un peu de mal à la monter hier soir dans le noir. Il faut dire que je ne l’avais fait qu’une fois auparavant lors de la randonnée sur la Lycian Way. La démonter en plein jour s’avère nettement plus facile.
Nous quittons le campement aux alentours de 8h00. Nous longeons la chaîne de montagne du Djebel Bani, frontière naturelle entre l’Atlas et le Sahara. Petit jeu de slalom à travers le petit cordon dunaire. Tout le monde s’arrête et s’extasie devant une petite fleur violette, peut-être de la famille des tulipes (liliacées) tandis qu’un momo n’tghoulit, le traquet du désert en berbère, batifole autour du groupe.
Plus loin, nous quittons les dunes pour un large plateau caillouteux et dénudé. Sur notre droite, le Djebel Bani domine l’horizon. Les mouches ont trouvé leurs taxis. Posés sur les sacs à dos, elles voyagent et se goinfrent à nos frais. Dans un bosquet orphelin de voisinage, un criquet pèlerin a élu domicile. D’allure inoffensive, il est un véritable ravageur de culture dès qu’il est en bande avec ses copains.
Le midi, nous nous posons sous un tamaris. Repas et petite sieste avant de poursuivre sur le reg dénudé d’arbres parsemé de petites barkhanes en formation. Ces dunes en forme de croissant allongé donne une bonne indication des vents dominants qui les poussent parfois de plusieurs dizaine de mètres par an.
Entre les dunes, nous croisons de petits bosquets d’alfas appréciés des dromadaires et des calotropis, aussi appelé pommiers de Sodome, que même les camélidés ne mangent pas pour leur toxicité. De Sodome à la sodomie, il n’y a qu’un pas que l’esprit franchit aisément. Et pourtant, le terme Sodome trouve son origine ailleurs. Il semble faire référence à une phrase écrite par Flavius Josèphe dans l’ouvrage Bellum judaicum (IV-8.4), qui évoque les fruits poussant sur le territoire de l’ancienne Sodome.
Lorsque nous arrivons à l’emplacement du bivouac, les chameliers montent le camp. Nous restons quelques instants à laisser le soleil déposer ses rayons chauds sur nos corps au repos. Puis, je rejoins le puits distant de quelques centaines de mètres. Les chameaux se sont rassasiés en eau et les bidons se remplissent un à un. Offert par le Dakar, le puits est l’un des rares bienfaits de la course pour les populations locales si j’’en crois les paroles de Mohamed. J’avais déjà entendu les mêmes propos en Mauritanie.
Le soleil se couche vite. Il est plus que temps d’installer la tente pour éviter de la monter comme la veille dans la nuit noire.
Impressions sahariennes
- Temps de marche : 5h15
Comme hier après-midi, la randonnée se poursuit sur le plateau rocailleux du Djebel Bani. Nombreux sont ceux qui n’aiment pas les regs. Moins esthétiques que les dunes de sable, ils sont toutefois propices aux pensées vagabondes.
S’enivrer de sable , de sel et de poussière
S’abandonner au désert comme on se perd en amour
Oublier sa soif pour avancer vers je ne sais où
Se perdre en chemin pour mieux savoir d’où l’on vient
Vivre le présent pour mieux toucher l’éternel
Les nomades vivaient ici autrefois mais on ne les y voir guère depuis dix ou quinze ans. Il reste de leur présence de petits monticules de cailloux qui marquent les anciens campements.
Au milieu du reg, un pommier de sodome mesurant deux fois notre taille a élu domicile au milieu de ce rien. Un solitaire ou un marginal ?
A midi, la caravane se pose au pied de petites dunes. A l’ombre d’un tamaris, une fois encore, nous mangeons avec appétit la salade composée accompagnée de pâtes et de lentilles et préparée par Mohamed, le cuisinier.
Nous retrouvons le sable l’après-midi et c’est avec une certaine délectation enfantine que chaque membre du groupe dévale les pentes d’une dune.
Le ciel s’est couvert de nuages lorsque nous arrivons au bivouac au pied de la grande dune de Bougarne. Une partie du groupe part l’escalader, l’autre reste au camp. A défaut de soleil couchant, nous assistons à un ciel crépusculaire kaléidoscopique parsemé de petits nuages multicolores.
Un peu avant le repas, nous fêtons l’anniversaire de Catherine et un concert s’improvise autour du feu. Qui ne danse pas n’est pas…
Jusqu’à l’erg d’Aït Oumir
- Temps de marche : 5h30
Le ciel est toujours couvert au réveil. Inutile d’escalader la dune de Bougarne pour voir le lever de soleil. C’est l’occasion de traîner un peu la patte et de flâner au petit-déjeuner pris depuis le haut d’une petite dune.
Nous quittons le campement vers l’est par l’erg Bougarne en suivant les crêtes ou en dévalant les pentes en courant comme on l’a déjà fait hier. Nous nous enfonçons parfois jusqu’au genou. Il faut ensuite retirer le sable des chaussures et secouer les chaussettes pour qui n’a pas mis ses sandales.
Peu à peu, les dunes se font plus petites et laissent la place à un plateau poussiéreux qui nous conduit jusqu’à un ancien poste militaire. Occupé jusqu’au début des années 2000, il surveillait les trafics avec l’Algérie non loin.
L’après-midi, c’est la chaleur qui nous cueille. En moins de deux heures, les chameliers stoppent la caravane au milieu des dunes d’Aït Oumir. Comme tous les soirs, Mohamed prépare un thé qu’il nous sert sur une petite dune. Sirotant le breuvage sacrément sucré, nous laissons le soleil déposer ses derniers rayons sur l’horizon.
Alors que la tajine est sur le feu, Mohamed y ajoute ses petites pincées d’épices pour la sublimer. Un peu d’harissa par ci, un peu de cumin par là… Avec le bois mort récolté autour du campement, un feu est allumé. Les braises serviront à cuire le tanegoult, le pain du désert, que Mohamed avait préalablement préparé sous la khaïma. Le feu attire. Tout le monde se retrouve vite autour. Les bidons vides d’eau se transforment en percussion et les chants s’enchaînent sous l’impulsion de Salah. Comme toujours, c’est plus difficile pour les français de pousser la chansonnette.
Ce soir, beaucoup de tentes sont restées dans leur sac de rangement. Les étoiles s’offrent à nos yeux de grands enfants.
Palmeraie de M’Hamid
Le long de l’oued Draa
- Temps de marche 5h30
Première nuit à la belle étoile. Plutôt bonne, sans trop de coupure malgré le froid qui s’est installé à la fin de la nuit. Sur le coup de 4h00, j’ai ajouté un bonnet et une paire de chaussettes sans toutefois fermer le sac de couchage à fond, préférant laisser le visage à l’air libre. Les +2°C confort du sac de couchage Deuter Neosphere se sont avérés suffisants. Il faut dire que la température n’a pas été sous les 5°C.
Nous mettons le cap vers la palmeraie de M’Hamid par l’oued Draa. Ici et là, quelques poches d’eau se maintiennent dans le lit de la rivière. Pas de quoi alimenter les palmeraies qui la longent. Le phénomène d’assèchement est perceptible depuis la construction du barrage El Mansour Eddahbi. Construit en 1971 pour irriguer les cultures des habitants des alentours, il taris les territoires en aval du Draa.
La nappe phréatique dispose néanmoins encore d’eau et nous pouvons refaire le plein d’eau et faire boire les chameaux à un puits que nous croisons sur le chemin.
Le soir, la caravane stoppe en bordure de la palmeraie de M’Hamid où l’on trouve encore les vestiges de l’ancien village. Pour finir le voyage en beauté, les chameliers font monter tous ceux qui le souhaitent sur les dromadaires pour une petite balade entre les dunes.
M’Hamid : fin de la randonnée
- Temps de marche : 45 mn
La nouvelle ville, située à un ou deux kilomètres du bivouac, était autrefois une étape dans le commerce transsaharien. Elle est devenue un point de départ d’excursions dans le désert. Pour nous, elle marquera la fin de notre randonnée saharienne et le début de notre retour à Ouarzazate.
Informations pratiques
L’oasis de M’Hamid est l’une des portes d’entrée du Sahara marocain. Au delà de la palmeraie, ergs et regs se succèdent. Un environnement idéal pour découvrir le Sahara.
Comment y aller ?
Le plus pratique est de prendre un vol aller/retour jusqu’à Ouarzazate. Direct depuis Paris, il vous faudra cependant faire une escale à Casablanca si vous souhaitez partir de province.
Les tarifs aériens jusqu’à Marrakech sont moins onéreux mais le transfert pour rejoindre les oasis du Draa sont plus long de 5h00.
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Quand s’y rendre ?
La période idéale pour découvrir le Sahara marocain s’étend de mi-novembre à fin février. A partir de mars, il y fait plus chaud et des vents de sable peuvent apparaître.
Avec qui partir ?
Cette randonnée chamelière a été réalisée avec La Balaguère, spécialiste des randonnées et voyages à pied à travers le monde.
Comment s’habiller ?
Je vous invite à lire l’article sur l’équipement du trekkeur au Sahara.
Difficultés de la randonnée
Randonnée sans difficulté technique et physique. Il faut juste être à l’aise pour marcher 5h00 par jour.
Bibliographie
- Guide du Routard Maroc
- Petit Futé Grand sud Marocain
- Au désert : Une anthropologie du tourisme dans le Sud marocain
- Charles de Foucauld : Explorateur au Maroc, ermite au Sahara
- Index synonymique de la flore d’Afrique du Nord : volume 1 – volume 2
- Un Désert Plein de Vie, Carnets de Voyages Naturalistes au Maroc Saharien
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.