Pendant 4 jours j’ai randonné sur le GR®34 de Brest à Douarnenez en Bretagne en utilisant des variantes au tracé habituel. Retour sur ces instants de randonnée.
Mon retour sur le GR®34
J’ai un amour inconditionnel pour le GR®34 depuis que j’en arpente les chemins depuis un certain nombre d’années, par petit bout.
Régulièrement, je reviens sur le sentier des douaniers pour poursuivre ce tour de la Bretagne à pied qui relie le Mont-Saint-Michel à Saint-Nazaire sur plus de 2000 km.
Pour en savoir plus sur le GR34, lisez notre guide pratique et lisez nos autres récits de randonnée sur le sentier des douaniers breton.
J1 : Brest – Daoulas
+ 393 m / – 441 m 26,8 km Chambre d’hôtes La Maison Chicorée25 avril. J’arrive à Brest par le TGV. A peine suis-je sorti du train qu’une légère brise marine me remplit les narines. Ces embruns bretons sont le signe que le voyage commence déjà. Je m’installe à l’hôtel et pars dîner à la Maison de l’Océan, un spécialiste du poisson et des fruits de mer qui fait face au port maritime d’où embarque les voyageurs pour l’île d’Ouessant.
Le lendemain, il est 8h00 lorsque je démarre mon GR®34. Le début de l’itinéraire longe la gare maritime et le port de commerce. Ambiance industrielle à souhait. A petite dose, j’adore ça. Sur le GR®34, cette ambiance est assez unique et offre de jolis panoramas.
Le chemin rejoint Océanopolis et la capitainerie qui s’ouvrent sur l’anse du Moulin Blanc. A partir d’ici, on quitte le paysage industriel pour un paysage urbain entrecoupé de poches de verdure et de points de vue sur l’océan. Au détour du sentier, une chapelle romane, le chant d’une fauvette à tête noire…
Après un peu plus de deux heures de marche, je traverse la rade de Brest par le pont Albert Louppe qui enfourche l’embouchure de l’Élorn. Achevé en 1930, le pont en arc n’est maintenant ouvert qu’aux deux roues en raison de dégradation constatée. Il longe le pont de l’Iroise emprunté par les voitures et les camions.
Une fois le pont traversé, le GR®34 quitte pour cette journée le bord de côte et s’enfonce dans les terres en direction de Plougastel-Daoulas. Dans un bois, une balançoire installée le long du sentier m’appelle pour une courte pause.
Me voilà à Plougastel-Daoulas, une bourgade d’un peu plus de 13 000 habitants. C’est une petite ville tranquille avec un centre assez dynamique. Je suis sûr qu’on y vit bien. A mon arrivée, l’Eglise Saint-Pierre sonne et cela rythme mes pas jusqu’à son entrée. Il y a un enterrement. Je laisse donc les personnes se recueillir et fait le tour de l’Eglise pour découvrir le calvaire bâti au début du XVIIème siècle en tant qu’ex-voto pour la cessation de l’épidémie de peste de 1598. Il est classé monument historique depuis 1889.
La suite de ma journée est plus champêtre. Le sentier longe des champs, traverse de petits villages et des hameaux. Je croise des vaches. On se parle. Car oui, quand je marche seul, je parle aux vaches 🙂
Je pique-nique sur le bord d’un champ après le moulin de Kergoff et son petit lac où j’ai vu un tadorne de Belon. Puis j’atteins le bout de l’anse de Penfoul. C’est beau ce petit coin de campagne.
Il est un peu plus de 14h30 quand j’entre dans Daoulas. Situé au confluent de deux rivières, la Mignonne et le Lézuzan, le village est charmant. Il est intégré au parc naturel régional d’Armorique. Il est surtout connu pour son abbaye fondée au XIIe siècle par les chanoines réguliers de l’ordre de Saint-Augustin. L’abbaye de Daoulas se visite autant pour l’architecture de ses bâtiments (cloître, église, fontaine…) et l’Histoire des lieux que pour ses jardins de plantes médicinales et ses expositions (il y avait une exposition de Maïmouna Guerresi, une artiste italo-sénégalaise, lors de mon passage).
Je m’installe à la chambre d’hôtes La Maison Chicorée. Dominique et Jean-Alain m’accueillent avec un sourire qui fait plaisir. Nous passons un moment à discuter de tout dans le jardin autour d’un verre de cidre. La maison était une ancienne usine à Chicorée. Les chambres d’hôtes sont vastes, joliment décorées et confortables. Il n’y a pas de table d’hôtes mais il y a des restaurants à Daoulas ou la possibilité de se faire livrer par un traiteur du coin. Une très belle adresse pour se reposer avant de redémarrer sa journée de randonnée.
J2 : Daoulas – Hôpital-Camfrout – Le Faou par la presqu’île de Logonna-Daoulas
Section Daoulas – Hôpital-Camfrout : + 485 m / – 489 m 33,6 km
Section Hôpital-Camfrout – Le Faou : + 177 m / – 176 m 11,6 km Relais de la Place
La journée de randonnée étant très longue, je quitte la chambre d’hôtes alors que le soleil n’est pas levé. J’ai néanmoins pu prendre un petit-déjeuner, varié, complet et excellent. Je suis d’attaque pour les 45 km au programme.
Le GR®34 longe la rivière de Daoulas jusqu’à l’entrée de Pouligou. Ici commence ma première variante. Je quitte le GR®34 pour faire le tour de la presqu’île de Logonna-Daoulas par des PR® et le sentier côtier. L’itinéraire poursuit donc le long de la rivière de Daoulas. Ce que j’aime en partant tôt comme ce matin, c’est qu’on assiste au réveil de la nature. J’assiste à la pêche du héron cendré, j’observe des courlis et des bécasseaux sur la grève et regarde avec attention la lumière changer. Lorsque j’arrive sur la pointe de Rosmélec, le soleil vient à peine de se lever.
A la pointe du Bindy qu’on voit aussi écrit « Bendy », je fais face d’un côté à la baie de Daoulas et de l’autre à la presqu’île de Crozon. Je fais la connaissance d’Athina, photographe culinaire et créatrice de contenu food sur Du Voyage à l’Assiette. Elle est accompagnée d’Eline. Nous discutons tout en marchant. C’est que depuis la journée d’hier, elles sont les premières randonneuses que je croise. Elles m’accompagnent jusque Porzisquin où elles récupèrent leur voiture.
A l’anse du Bourg, je profite d’une des tables de pique-nique pour prendre un casse croute. J’ai déjà marché 23 km et je commence à le sentir. Le ventre plein, je redémarre ma randonnée et gagne Moulin Mer dont j’aurais bien vu un album de Tintin façon Breizh. Un peu plus loin, je longe le château de Rosmorduc et la chapelle Sainte-Marguerite.
Une vieille tendinite refait surface depuis cet après-midi, je décide donc d’arrêter ma journée de marche à Hôpital-Camfrout. Jean-Alain de la Maison Chicorée me récupère en voiture face à l’église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle et me dépose à Le Faou.
Je ne sors même pas de l’hôtel. Je masse mes pieds et mon tendon, me repose et dîne comme un ogre. Je crois que j’étais couché à 21h00 ce jour là 🙂
Mon conseil pour cette étape : 45 km, c’est long, très long. Je conseille de couper cette étape en deux. Il y a la possibilité de dormir à Logonna-Daoulas à la chambre d’hôtes du domaine de Moulin Mer. Il y a bien aussi le camping du Roz mais la seconde étape serait encore un peu longue. Autre possibilité : dormir deux nuits à la Maison de la Chicorée à Daoulas. Jean-Alain ou Dominique se feront un plaisir de vous récupérer et de vous déposer au même endroit le lendemain. Ce découpage vous permettra de réaliser deux très belles étapes et vos pieds seront ravis de ne pas faire ce bout de chemin sur une seule journée de marche.
J3 : Le Faou – Pentrez
+ 688 m / – 679 m 30,5 km chambre d’hôtes chez mme Renée Gouriten (02 98 26 50 38) – Autre option chambre d’hôtes KerklodyLe gros des douleurs est parti ce matin. Tant mieux. Mais je traîne quand même un peu les pieds. Je ressens encore l’étape de la veille. Je tire un peu d’argent à Le Faou. Ancien port de la rade de Brest, le village accueille la maison du parc naturel régional d’Armorique. Sa création remonte au Moyen-âge et il est très agréable de marcher dans les rues où le bâti ancien tient encore une belle place. Le ciel est gris, c’est dommage.
Le début du sentier est commun au GR®34 et au GR®37 Cœur de Bretagne qui relie le Mont-Saint-Michel à Camaret-sur-Mer sur la presqu’île de Crozon. Il est champêtre et rural et alterne de petits sentiers forestiers, des pistes et de petites routes de campagne. Quel contraste avec le sentier côtier !
Après 11 km et 2h30 de marche, je rejoins le pont de Térénez qui enjambe l’Aulne et qui a permis de désenclaver la presqu’île de Crozon. Après le pont, dont l’édifice actuel date de 2011, le GR®34 et le GR®37 se séparent. Le premier prend la direction de Landévennec et de la presqu’île de Crozon alors que le second part rejoindre le Menez Hom. Je laisse de côté le GR®34 et poursuis dans les terres par le GR®37 jusqu’à la plage de Pentrez. Cette fin d’étape est aussi sur le GRP du tour de la presqu’île de Crozon.
Je reste donc sur des portions champêtres. C’est plaisant mais pas autant que sur le sentier côtier. J’ai le sentiment d’être partout et nulle part à la fois. Je ne retrouve pas les marqueurs de la Bretagne. Tout change à mon arrivée au Menez Hom, l’un des points culminants de la Bretagne avec ses 330 mètres d’altitude. Par temps clair, il offre un panorama unique sur la rade de Brest, la presqu’île de Crozon, la baie de Douarnenez et la pointe du Raz. J’y pique-nique au milieu de la lande et j’y fais même une courte sieste. A mon réveil, j’aperçois deux randonneurs dans la montée. A leur arrivée, nous discutons randonnée. Jean-François et Claude s’entraînent pour le GR®20 qu’ils vont réaliser cet été. Ils m’apprennent que le Menez Hom était autrefois un site stratégique pour surveiller la région et qu’il a même servi de lieu de sacrifice à l’époque Celtes. Aujourd’hui, c’est un lieu de balade et un site protégé, classé Natura 2000.
Ensemble, nous finissons l’étape jusqu’au village de St-Nic et la plage de Pentrez. En cours de route, nous ferons un petit détour pour aller voir la fontaine de la chapelle Neuve. A St-Nic, je m’installe à la chambre d’hôtes. J’ai le temps de prendre mon dîner à la chambre d’hôtes (livré par un traiteur) et de me rendre sur la plage de Pentrez pour regarder le coucher de soleil. Il est admirable. Si vous venez ici, ne le ratez pas !
J4 : Pentrez – Douarnenez
+ 411 m / – 394 m 23,2 kmC’est déjà la dernière étape de cette portion du GR®34 de Brest à Douarnenez. Aujourd’hui, le GR®34 suit le littoral toute la journée. L’étape est très différente des jours précédents. Le chemin commence par rejoindre la plage de Pentrez et longe la lieue de Grève sur plus de 3 km et débouche sur la pointe de Tal ar Grip dont le nom m’emmène tout de suite bien plus loin dans des univers de science-fiction propres à Franck Herbert, Azimov et autres auteurs de SF. Allez savoir pourquoi !
Un couple et leur chien me sortent de ma rêverie. On se dit « bonjour » et on échange rapidement. Nolwenn et Olivier tiennent l’Entrepote à Plomodiern. C’est une cave à boire et à manger qui fait la part belle aux produits du terroir et artisanaux. Ils se baladent ici avant de démarrer leur journée de travail. En même temps, je comprends pourquoi, c’est tellement beau cette pointe surplombée par une ancienne maison de douanier aujourd’hui privée.
La côte reste acérée encore un temps puis rejoint l’anse de Kervijen où un pêcheur s’est posté pour tapoter le poisson ; puis la plage Sainte-Anne s’offre à moi sur plus de 2 km. Je marche un petit bout sur la plage et me pose sur un banc face à l’anse d’où se jette la rivière Lapic. Je grignote un peu et rencontre un couple de sexagénaire qui pratique la vanlife dans leur fourgon. On discute de mon dernier roadtrip en Namibie et du sentiment de liberté que procure les roadtrips en fourgon comme la randonnée. C’est dingue ce qu’on fait comme rencontre quand on randonne seul.
Je me remets en chemin, passe la pointe de Tréfeuntec et arrive à hauteur de l’anse d’Ar Véchen où se succèdent deux plages : celle de Kervel et de Trezmalaouen. Il y a de nombreux parkings et les vacanciers sont ici plus présents. Je profite d’une table de pique-nique pour manger un nouveau morceau. J’ai le sentiment que je veux profiter de chaque instant puisque c’est mon dernier jour sur le GR®34.
Douarnenez est en vue depuis déjà un petit moment. La ville est maintenant très proche. Je gagne la plage du Ry et m’enfonce dans le centre-ville en direction de l’office de tourisme afin de prendre les deux bus qui me permettront de rentrer sur Brest.
Kenavo GR®34. A l’an prochain j’espère pour la suite de l’aventure sur le sentier des douaniers breton…
Informations pratiques – GR®34 de Brest à Douarnenez
Comment se rendre à Brest ?
TGV jusque Brest.
De Douarnenez, bus ligne 51 jusque Quimper où vous trouverez une gare SNCF. Si vous devez revenir sur Brest comme moi, prenez ensuite la ligne 31 ou le TER. Plus d’informations sur breizhgo.bzh.
Quand marcher sur le GR®34 ?
On peut marcher toute l’année sur le GR®34 mais les périodes à privilégier sont le printemps et le début de l’automne. L’été, c’est aussi tout à fait envisageable mais il y aura plus de monde et moins de disponibilité dans les petits hébergements comme les chambres d’hôtes.
Difficulté de cette portion du GR®34 de Brest à Douarnenez
Si vous découpez ma seconde journée en deux journées de marche, l’itinéraire ne présente pas de difficulté hormis une troisième étape un peu longue.
Où dormir sur le bord du chemin ?
Dans le cas où les hébergements mentionnés dans ce récit seraient complets, vous pouvez trouver d’autres hébergements auprès des offices de tourisme locaux :
Bibliographie
Plus d’informations
Vous cherchez plus d’informations sur les possibilités de randonnée sur la Destination ? Rendez-vous sur brest-terres-oceanes.fr.
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.
A plusieurs reprises, j’ai séjourné dans cette région, en villégiature. La prochaine fois, ce sera en itinérance. Promis !
Ne jamais se croire plus invincible que l’on est vraiment. Les tendinites sont toujours là pour nous le rappeler 😉 La péninsule bretonne est une vraie terre de randonnées, entre argoat et armor !
Les tendinites, c’est la plaie en rando. Mais bien d’accord avec toi le littoral breton est superbe… et cette partie entre Brest et Douarnenez n’échappe pas à la règle.
Encore une fois, tu nous fais découvrir un petit coin de paradis. Ça donne envie de lasser les chaussures et de profiter de l’air marin ! Merci !
Un bien bel itinéraire ce GR 34 et j’adore tout particulièrement cette partie avant Douarnenez avec ses grandes étendues
Mais c’est dommage de manquer la presqu’île de Crozon qui mérite vraiment le détour: ce sera pour une autre fois je suppose
Disons que l’idée était plutôt ici de proposer une alternative à la presqu’île de Crozon mais il n’est pas impossible que je fasse le tour de la presqu’île de Crozon lors d’une autre virée en Bretagne.
Moi à chaque fois que j’essaie de parler aux vaches, elles ne me comprennent pas, je ne dois pas avoir le bon accent ^^
Mais faut leur dire des mots doux 🙂
Un superbe trait de côte, à découvrir en randonnée pédestre comme en kayak de mer (itinéraire pour public confirmé) pour un point de vue radicalement différent. Nous avons notamment un joli souvenir du phare du petit minou au ras des flots, à pagayer contre marée …
J’imagine parfaitement qu’en kayak de mer, ça doit être superbe aussi 🙂
Bonjour
Meilleurs vœux de belles ballades et d’aventures à tous
Merci beaucoup pour ce partage, il me tarde de partir bientôt.
Je n’arrive pas à ouvrir le tracé , avec quel outil dois-je le faire svp ?
Merci. Tu peux utiliser la trace GPS avec n’importe quel GPS ou applications GPS. Tu en trouveras quelques unes ici que nous avons testées https://www.i-trekkings.net/articles-outdoor/12-applications-gps-pour-randonner/ 🙂