Au réveil, le ciel est littéralement plombé d'un noir profond aussi sombre que le basalte. Mais alors que cette ambiance aurait pu être pesante, elle prend un caractère divin grâce à une lumière irréelle.
Sur le chemin pour Jökulsárlón, nous traversons les sables de Skeiðarársandur. Jusque dans les années 70, la rivière Skeiðará coupait l'Islande en deux et isolait l'est de l'île du reste du pays. Aujourd'hui, d'énormes ponts permettent de relier l'est à l'ouest. En 1996, l'inondation provoquée par l'éruption dans le glacier Vatnajökull créa une crue glaciaire sans précédent et emporta l'extrémité est du pont de Skeiðará et détruisit les 376 mètres de long de celui de Gígjukvísl.
Entre Skaftafell et Höfn, le lagon glacier de Jökulsárlón est une des plus belles merveilles naturelles du monde. Paysage emblématique de l'Islande, Jökulsárlón a été maintes fois photographié et ses images circulent partout sur le net puisque c'est un des sites les plus visités du pays. Ce qui n'a pas été vécu n'est pas pourrait-on dire. Le panorama est hallucinant. Imaginez les blocs de glace qui se détachent de la langue du Breiðamerkurjökull par la rencontre du sel et du glacier. Les icebergs à la dérive, bleus turquoises, blancs, transparents ou noirs selon la densité de la glace et la présence de poussière volcanique, s'échouent fréquemment sur la plage après avoir passé le chenal.
Un phoque sort de temps à autre sa tête de l'eau entre deux icebergs. Quelle ambiance avec cette pluie battante qui vient nous lécher les babines ! Je comprends mieux pourquoi les publicitaires et les cinéastes utilisent fréquemment Jökulsárlón comme décor naturel. Deux James Bond, Dangereusement vôtre et Meurs un autre jour, ont des scènes issues d'ici comme Batman Begins de Christopher Nolan. Incontournable en Islande !
Au pied du Hvannadalshnúku, le point culminant d'Islande (2110 m), nous faisons une petite incursion dans le parc national de Skaftafell. Depuis 2008, il est regroupé au sein d'un parc national plus vaste qui porte le nom du glacier Vatnajökull. Mais, les usages prenant souvent le pas sur la réalité, sur place, tout le monde parle encore du parc national de Skaftafell.
Sur un bon sentier balisé, nous grimpons une petite colline à travers les bouleaux puis les myrtilles aux parures automnales pour tomber sur la cascade de Svarifoss et ses étonnants orgues basaltiques ; puis les chutes d'Eystrilœkur avant d'arriver au point de vue de Snónarnípa qui offre un excellent panorama sur la langue glaciaire du Skaftafellsjökull. Et dire que ce glacier n'est qu'un petit bout du Vatnajökull, le plus grand glacier d'Europe (8400 km²), grosso-modo aussi grand que la Corse. Là, au cœur du colosse, la glace peut atteindre 1 km d'épaisseur. Sous le glacier, le magma éclate régulièrement à la surface à cause des fréquentes éruptions du Grímsvötn. Au XXe siècle, la moyenne est d'une éruption tous les dix ans. La dernière en date s'est déroulée du 21 au 28 mai 2011. Il s'agit de la plus puissante depuis 100 ans. Mais, celle dont se souviennent tous les islandais remonte à 1996 lorsqu'elle provoqua les inondations sur la route 1.
Sur le retour, petite halte par la typique ferme de Núpsstaður. Isolée au pied de la falaise de Lómagnúpur et surmontée par deux chutes d'eau, l'ancienne ferme du XVIIIe XIXe siècle est composée d'une bâtisse blanche et de dépendances aux toits herbus. A côté, la chapelle, plus vieille d'un siècle, apporte une petite touche encore plus pittoresque au site. Le dernier fermier est mort en 2010 à l'âge de 99 ans.
Nouvelle nuit à l'auberge de jeunesse de Hvoll.
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