La nuit a été très mauvaise. Je suis bien dans mon sac de couchage, mais l’air qui s’infiltre par la porte de la tente laissée ouverte me refroidit. L’intérieur de notre maison de toile est humide. A 6h30, lorsqu’on nous sert le thé quotidien, je suis donc réveillé depuis longtemps. Le soleil ne tarde pas à enjamber le barrage que constituent les montagnes exposées à l’est. A 9h15 nous amorçons la longue remontée progressive de la vallée, et de la rivière que nous longeons à contre courant. Tout d’abord verte et rayonnante, la seconde partie de la vallée devient plus caillouteuse.
Un pierrier nous permet finalement de déboucher sur un col. Vers le sud on peut apercevoir le lac Tsomoriri, vers lequel nous nous dirigerons bientôt. Sur l’ouest, de magnifiques sommets arrondis, coiffés d’un chapeau de neige, se succèdent comme les dunes d’un désert. Le panorama est surprenant, et des photos clichées de la région, aux connotations des vastes espaces tibétains, me viennent à l’esprit. Le paysage est doux dans ses formes, vaste. Nous sommes à 5250 mètres environ. Il faut dire qu’il n’existe pas ou peu de cartes précises de la région, et chaque source d’information référencie une altitude légèrement différente. Nous recoupons ces données à celle que nous fournit l’altimètre de Vincent. Il faut régulièrement étalonner ce dernier, ce qui là encore rend les mesures approximatives. Comme souvent au passage d’un col, des drapeaux à prières marquent le lieu. C’est un endroit qui présente la particularité d’être exposé aux vents, emportant au loin les prières. Nous poursuivons notre marche qui doit nous emmener 800 à 1000 mètres plus bas. La longue descente s’amorce, plus raide que sur le versant duquel nous venons. C’est durant le parcours de ce dénivelé négatif que nous croisons la première caravane depuis le départ. Il s’agit d’une équipe Népalaise.
C’est un grand désert de pierres que nous atteignons par la suite, dont la traversée parait ne jamais finir. Les abords sont rayonnants, mais le plateau d’altitude est infini à l’échelle de nos pas minuscules. Tout au fond, nous apercevons des points figés sur une peinture teintée de vert. Lentement les points grossissent et prennent des formes vivantes, jusqu’à prendre l’apparence de dzos et de chevaux qui paissent dans une verte prairie. C’est l’endroit que nous choisissons pour faire la pause de midi. La dernière partie du tracé nous fait longer une étroite et verte vallée au cœur de laquelle serpente une magnifique rivière. Le paysage semble sorti de nos albums photos des Pyrénées. Enfin nous apercevons un immense drapeau à prières qui surplombe la vallée, à plusieurs dizaines de mètres de haut. Il annonce le village de Korzog, premier et dernier village que nous rencontrerons au cours de la traversée. Korzog, situé sur les berges du Tsomoriri, est le point de départ de nombreuses promenades autour du lac. Un seul bus par semaine fait la liaison entre ce petit village isolé, et Leh. Ce soir la solitude est rompue. L’emplacement sur lequel nous nous installons est cerné par le torrent et des dérives qui font de notre campement un petit îlot. Subitement, le niveau de l’eau monte d’une cinquantaine de centimètres, à priori à cause de la fonte des glaciers. Nous sommes en milieu d’après-midi, mais le réchauffement de la glace, sa fonte et les conséquences en terme d’élévation du débit des lits ne sont pas synchrones.
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C’est ainsi, seulement un long moment plus tard, que le constat devient apparent. Les minutes s’écoulent, et l’eau commence à s’infiltrer. Il faut démonter une des deux tentes dont le fond commence à baigner dans l’herbe détrempée. L’eau nous cerne de toute part. Le niveau arrive à la limite du muret de pierres de protection avec une grande violence. Que devons nous faire ? Nous patientons encore, attendant le niveau maximal que la rivière ne franchira pas. L’eau lèche depuis un long moment le pourtour de la tente, mais ne passera pas cette limite. Vers 20 heures, tandis que la langue de glace a redurcit sur les sommets, le niveau de la rivière redescend et se stabilise, avec un débit qui redevient normal. Sur la route en terre qui longe le cours d’eau, des troupeaux de dzos descendent des pâtures où ils ont passés la journée, menés par leurs propriétaires. Ces animaux au poil long sont impressionnants, et évoquent un semblant de préhistoire.
Il y a deux jours que Parkash prévoyait une partie à Korzog. Surement que c’est un moyen de célébrer la première partie du trek bien négociée. En cas de problème lié à l’altitude, il eut été possible de renoncer à poursuivre, et d’attendre le prochain bus pour se faire rapatrier. Au-delà, il n’y aura plus possibilité de s’échapper. Nos organismes se sont bien comportés jusqu’ici, ce qui traduit une bonne acclimatation. Il n’y a à priori aucune raison pour que de sérieux problèmes apparaissent dans le futur. Sous la tente cuisine, Parkash sort une bouteille de rhum kashmiri. Bientôt l’ambiance devient festive, et nous alternons chants indiens et français.
Nous mangeons, puis leur laissons la place car l’heure avance, et nos guides ont toujours l’estomac vide, leur religion ne leur permettant pas de manger en présence d’étrangers. Nous sortons, à moitié ivres, chanter sous les étoiles quelques chants de nos racines françaises. Nous nous endormons, bercés par le clapotis de l’eau, serrés dans nos duvets.
Enseignant en sciences physiques, je profite de mon temps libre pour m’envoler vers de nouvelles destinations…Amoureux de voyages, passionnés par les rencontres, mon sac à dos n’est jamais bien loin…