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L’oued Taghit : gazelle, zéribas et taguella

L’oued Taghit : gazelle, zéribas et taguella - Randonnée chamelière dans l'adrar Ahnet

Focus Rando :L’oued Taghit : gazelle, zéribas et taguella

Jour 2

L’oued Taghit, bien encaissé dans le plateau du même nom, jouit d’une surprenante verdure. Deux gazelles détalent au loin devant nous. Ce mammifère herbivore est encore présent en quantité non négligeable dans l’Ahnet, mais pour combien de temps ? La chasse à la gazelle est une activité très prisée des autochtones. Pièges, fusil, mais aussi poursuite en 4X4 : la gazelle est coursée jusqu’à épuisement, pour être égorgée à bout de force, avec le rituel « Allah Alkbar ». Fine et persillée la viande de gazelle est particulièrement appréciée des touareg.

Nous trouvons quelques Zéribas abandonnées, Sakmar notre guide Touarègue nous apprend qu’il a passé l’été dernier ici même dans une de ces huttes de paille. Nous pénétrons en sa demeure, idéal pour se protéger du soleil ou du vent, que demander de plus ? Habitations vides d’habitants faute de pluies donc de pâturage nécessaire aux troupeaux camelin, ovin et caprin. Certes nous croisons ça et là des traces de guelta asséchées depuis peu, résultats des précipitations de septembre, bienvenues mais peu abondantes. Rien à voir avec ce qui est tombé plus au sud, dans la région de la guelta d’In Ziza, où des pluies conséquentes ont fait sortir un opulent pâturage ; Aubaine pour les touareg, l’ensemble des familles nomades de l’Ahnet ont de ce fait rejoint cette région historique. In Ziza ne fait pas parti de l’Ahnet, elle se trouve au porte de la Tanezrouft ; région immensément et monotonement plate. Monod dira en parlant de la Tanezrouft : «Le Tanezrouft, désert intégral, ignoré des indigènes eux-mêmes. Il faut pourtant se décider à aller voir ce qu’il y a dedans, et, s’il n’y a rien, à aller voir qu’il n’y a rien, de façon à en être sûr. » Il lui faudra deux traversées en un parcours monotones et inhospitalier pour s’en convaincre définitivement. In Ziza, rare point d’eau de ce Tanezrouft tant redouté était un point de passage obligatoire des caravanes dans la traversée d’In Salah à Tombouctou.
Les nomades ayant rejoint cette région historique pour faire pâturer leur troupeau , nous ne croiserons personne au cours de notre périple.


Nous ramassons du bois car ce soir c’est taguella ! Plat essentiel de la cuisine Touarègue. recette : semoule très fine, eau, sel. Pétrie dans un tobsi (saladier) jusqu’à obtention d’une boule de pâte lisse et ferme qui une fois aplatie en galette sera placée sous le sable et recouvert de braise. 30 min avec un retournement à mi-cuisson et la galette est cuite. Il faut ensuite l’émietter ( aie ! c’est chaud). Mélangée délicatement à un bouillon de légumes (courgette, oignons, carottes) et de viande (mouton séché), la taguella est prête ! A table ! Nous la dégustons à la touarègue à même plat avec notre équipe chamelière, près du feu.
Après le repas, Ghali, un de nos jeunes chameliers touarègue, prend un bidon en guise de jembé. A peine audible, un chant tamahak naît de sa bouche dissimilée par un chèche. chant lent et monotone. Agenna, que pourrait évoquer d’autre un chant touarègue que la pluie ? Touhami, notre second et tout aussi jeune chamelier, originaire de la Tidikelt chante en arabe. Le chant parle d’amour, de Fatima qui a quittée In Salah. Chanson du chanteur local Toumi. Devenu fou à la suite du départ de sa femme Fatima, des rumeurs disent qu’il aurait été vu travaillant comme gardien d’hôtel à In Salah.

A la lueur des frontales, chacun rejoint son lieu de couchage, pas de tentes, (nous les emmenons uniquement en cas de mauvais temps), pour profiter de la magie du ciel étoilé. Le risque est de ne pas retrouver sa « chambre » une fois l'obscurité venue.

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