Lourdes / Aucun

Dès 10 heures, le ventre creux, je m'éloignai de la gare de Lourdes pour rejoindre le point de départ du GR 101. Je devais combler deux heures de retard ; fallait-il en conséquence accomplir une marche forcée, avec le minimum de pause. Pour cause, cette étape fut très difficile et périlleuse. J'étais malgré tout armé d'un topoguide de la FFRandonnée et d'une carte de randonnées au 50000ème. Un ciel ensoleillé me talonnait le pas.

Focus Rando :Lourdes / Aucun

Je traversai le gave sur le pont de la Cité Saint-Pierre, depuis lequel j’amorçais enfin mon itinéraire. La signalétique blanche et rouge m’indiquait le chemin à suivre. La première difficulté fut de contourner le mont Béout (sommet qui domine Lourdes et à proximité de la grotte des apparitions), en m’enfonçant dans une forêt bien fournie. Il me fallut quarante-cinq minutes pour gagner le village Ossen (508 m), après une progression élevée et soutenue. Par contre, j’ai pris une mauvaise orientation à l’intérieur du village pour tracer jusqu’à Segus : la signalétique habituelle avait disparu. A tort, j’ai poursuivi sur une route parallèle. Ce n’est qu’à un croisement que je compris mon erreur, après avoir interrogé deux paysans. J’avais allongé mon parcours, en prenant un chemin en équerre, au lieu d’un raccourci. Ainsi j’ai dû traverser le village Omex avant d’aborder enfin Segus. Soit une heure de perdue, une de plus !

A Segus, je désespérai de trouver à nouveau la suite du GR. Ayant pris le mauvais sens, je devais lire mon topo-guide à l’envers. Dans une rue, j’interpellai un habitant qui semblait rentrer chez lui. Je lui demandai la direction pour le carrefour du cap de la Serre, où siégeait une croix. La personne au début m’indiqua le bon chemin, puis s’interrogeant sur le fait que jamais je ne parviendrai à mon hébergement du soir alors que 12h30 sonnaient, il s’exclama : “Je vous emmène !” Malgré mon opposition, il m’invita à monter dans sa camionnette. Grâce à lui, je gagnai une heure.

Après quinze minutes plein ouest au milieu des prés, en direction du col du Prat du Rey (pré du roi), il me déposa à l’entrée d’un sentier d’Emilie. Le GR emprunte le même itinéraire. Désormais, je quittai la route et me retrouvai seul. En écharpe, une montée gravissait les pentes du soum d’Azérole et du soum du Montné. Certains passages apparaissaient boueux et glissants, pour cause obligation d’y évoluer avec une extrême prudence et une lenteur épuisante. Unique compensation dans ce dédale de virage, dans ce serpentin montant, c’était la joie de contempler les couleurs d’automne. J’eus besoin d’une heure trente pour atteindre le col du Prat du Rey (1185 m), tandis qu’une brume s’installait sur les hauteurs. Quelques chevaux se baladaient en liberté, proche d’un abri. Le paysage s’évanouissait sous la volupté nuageuse.

Quelques balisages blanc et rouge, effacés par moments, m’indiquaient une orientation sud-ouest. En lisière d’une forêt, je pataugeais dans un chemin vaseux. Plus loin, je pénétrai dans la forêt, belle et entrecoupée de rayons ensoleillés. Plus loin, une signalétique sur un arbre me recommandait de tourner à gauche.

Ce qui s’ensuivit fut le moment le plus inquiétant de cette étape. Péniblement, j’avais gravi un soi-disant chemin dans cette forêt pour atteindre des crêtes, nommées Escala du Prat du Rey (1400 m). Il était 18 heures. J’étais persuadé d’avoir emprunté le mauvais couloir. Depuis les hauteurs, nulle trace de la piste qui descend sur le versant sud, à travers une autre forêt. Je découvris une brèche dans la muraille rocheuse qui semblait afficher aucun autre passage. Ce canal non balisé est en pente raide, zigzaguant entre des arbres et des blocs de rocher. Après une descente sur cinquante mètres, en position allongée car impossible de rester debout, je fis halte près d’un tronc d’arbre. Je téléphonai au gîte Haugarou. Mon interlocutrice me demanda où était ma position exacte ; j’éprouvais des difficultés à bien lui répondre. Elle me conseilla de revenir à la muraille rocheuse et de trouver la piste descendante indiquée par mon topoguide. Je m’exécutai, je remontai sur les roches. C’était dangereux, je pouvais basculer dans le vide, en arrière. Imprudent de ma part, j’aurais dû poursuivre ma descente.

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Tant bien que mal, je parvins en haut des crêtes. Soupir de soulagement. La nuit tombait. 19 heures résonnaient. J’actionnai alors ma lampe frontale et j’évaluai à nouveau le lieu de mes peines. J’évoluai sur toute sa longueur pour dénicher ce chemin. Impossible dans cette obscurité naissante. Je téléphonai au gîte, cette fois sur le portable de la gérante. Désormais, elle me recommandait à tout prix de descendre d’où je me trouvais, quelque ce soit le moyen. Des sentiers forestiers et des voies routières se devinaient en contrebas, à travers la masse des feuillages ; il fallait les récupérer d’urgence. Sans quoi, obligation de passer la nuit à la belle étoile… sans duvet !

Face au manque de possibilité pour rejoindre la vallée, j’empruntai la faille découverte une heure plus tôt, et je m’y lançais une seconde fois. Dommage d’être remonté pour descendre encore au coeur de ce tapis de feuilles mortes. Ma lampe allait être mon unique compagne. J’apercevais des lumières d’une ville, au loin. Sans doute Argelès-Gazost.

Au-dessus de moi, la pleine lune. Flamboyante. Elle me revoyait à chaque minute mes erreurs de direction et le terrible retard causé par la SNCF. Mon téléphone vibra : une voix inconnue m’annonça son appartenance aux secours de montagne. Il souhaitait faire une mise au point sur ma situation, savoir si j’étais en danger immédiat. Durant près de deux heures, cet homme dont j’ignorais jusqu’à lors l’existence allait me guider et me rassurer à travers la bruyère et la forêt. A tout moment, je pouvais le joindre et lui indiquer ma nouvelle position. Il interviendrait physiquement si je me trouvais en difficulté sérieuse, je lui promis donc de ne prendre aucun risque inutile. Manque de chance, ma batterie de téléphone fut à plat. Finalement, je venais de tomber sur une piste forestière, celle-là même que je devais emprunter dès l’origine. Je la suivis jusqu’à une route peu fréquentée. Ce n’est qu’à 23 heures, après avoir téléphoné avec le peu de batterie de mon portable, que la propriétaire du gîte me récupéra en voiture, sur l’herbe mouillée d’un terrain vague. Sitôt au gîte de Haugarou, perdu au milieu des sapins, dans la vallée du Bergons, elle me prépara vite un dîner : une soupe et un dessert. Amplement suffisant par rapport à ma mésaventure. Il était minuit passé lorsque je pris possession du dortoir, personne d’autre ne l’occupait.

Mon sommeil fut en conséquence bien agité et non récupérateur.

Gite Haugarou

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