Le vent s’est calmé rapidement cette nuit et m’a permis d’entendre le doux son inattendu d’une nouvelle rivière un peu plus loin. Celle-là, sur la carte, je l’avais repérée, mais je ne m’attendais vraiment pas à quelque chose d’aussi important. j’ai l’impression d’entendre des cataractes.
Je m’endors avec inquiétude. Mon sommeil ne sera pas peuplé de mauvais rêves très long. J’ai mis le réveil à 5h00 du mat. Je dois passer "à la rosée du matin". Je ne sais pas si c’est grâce au repos et que je suis plus détendu ou si c’est la réalité mais le bruit de l’eau me parait beaucoup moins fort.
Ce matin aussi, variation nouvelle dans mes habitudes alimentaires. Fini le muesli à la farine et au lait écrémé. Je vais devoir m’habituer jusqu’à la fin du voyage à vivre sans petit déjeuner. Donc demi-ration quotidienne. Et ce pour les 10 prochains jours, à moins que je trouve un Shoppi ouvert sur la route, ce qui n’est pas gagné. Heureusement que j’ai un rapport particulier à la nourriture et que je me fiche royalement de sauter des repas. Faut juste espérer que le physique suivra sur une durée aussi importante. Donc ce matin une barre de céréales choco-pops en guise d’amuse gueule.
Démarrage. Même pas 500m de marche et j’arrive au gué qui m’a stressé hier soir. même pas peur. Le niveau a certainement baissé dans la nuit. Le courant n’est pas du tout impressionant. C’était bien la peine que je mette les pompes pour les enlever déjà. Pfff. C’est pas sur celui là que j’avais envie de commencer aujourd’hui. J’attends avec une appréhension particulière ceux de Þjorsarkvislar, décrits comme excessivement difficiles. Le point qui peut me faire renoncer à toute la suite du projet et m’orienter vers mon plan b qui consisterait à redescendre la Þjorsa sur cette rive jusqu’au niveau du volcan Hekla (et commencer par me retaper les deux derniers jours à l’envers). Pas la peine de dire que je n’en ai pas envie. Mais si cela va sans dire, c’est encore mieux en le disant (Talleyrand).
Mais on va commencer par celui là. Pas de courant finalement, mais de l’eau jusqu’à la taille (niveau 4 pour la profondeur). j’ai mal dû choisir mon endroit pour traverser. Il est 6h30. Ce passage m’a inquiété. Je ne l’avais pas noté comme important dans mon "road-book". Qu’est ce qui m’attend dans quelques instants?
On va pas tarder à le savoir. 1h30 de marche le plus vite possible sans pauses dans le marais jusqu’à Þjorsarkvislar. Je veux m’y frotter le plus vite possible. Je vois au loin le scintillement de l’eau. Ca parait en effet assez sévère. Le stress monte. Je connais le récit de Dieter et la diffculté qu’il a eue à le traverser malgré toute son expérience. Je connais aussi exactement ses points de passage sur les différents bras de la rivière. Vu mon expérience d’hier aprèm et du niveau de l’eau tout à l’heure, je ne vais pas jouer à l’apprenti-sorcier et suivre ici Dieter pas à pas (merci pa(a)pa).
Premier bras. Ca a l’air d’aller. Moins pire que prévu. En tout cas moins violent qu’hier. Je réfléchis bien ce matin à mon point d’entrée dans l’eau. Plus calme et moins fatigué que hier. Ca passe très bien malgré un fort courant et de l’eau encore une fois jusqu’à la taille. Mais je sais que le plus dur est le dernier des bras qui se trouve encore à quelques 300 ou 400 mètres. Je décide de rester en chaussures "d’eau" et repars à fond vers mon destin. Surpris de ne pas rencontrer de petits bras intermédiaires, j’arrive sur ce fameux dernier passage. Effectivement, il est vraiment large. Je suis exactement sur les pas de Dieter, point où, si ma traduction de l’allemand est correcte, il a failli aller sucer les yeux des petits poissons un peu plus loin.
Un bon très fort courant, pour une fois étalé sur une grande largeur du passage. Je dois résister à sa vigueur plus longtemps que d’habitude, mais jamais au-dessus des cuisses. Ca passe à ma grande surprise formidablement bien. Presque amusant (niveau 4 quand même). Presque facile. Je me pose la question de savoir si c’est vraiment bien le dernier que j’ai franchi et si ce n’est pas une nouvelle ruse de sioux de cette fantasque nature islandaise.
Même pas peur.
En tout cas, juste derrière le paysage se modifie. On sort du lit et on commence à monter sur des collines, reliefs que je n’ai plus affrontés depuis Setrið. En haut de la première, je vois un torrent à nouveau devant moi, mais rapidement, je constate qu’il bifurque vers l’ouest pour se jeter dans Þjorsarkvislar. Non, j’ai bien tout franchi. Ce voyage se passe vraiment sans trop d’anicroches.
A peine 8h30, j’enchaine collines après collines. Mon dieu que le barrage de la Þjorsa est loin. Je ne l’aperçois pas. Je n’aperçois même pas le fleuve, sa vallée ou le lac formé par le barrage.
Je ne serai définitivement rassuré sur cette étape que lorsque je l’aurai atteint. C’est chose faite vers 10h00. Beaucoup plus cool que prévu donc. Le lac n’est pas très beau à la hauteur du barrage. Le barrage, grande digue de terre et de rochers qui dévie le fleuve de son lit dans un canal pas très haut et pas folichon non plus. Mais il est large par contre. La ligne droite des Hunaudières, au moins.
Ok. Première partie du voyage achevée sans difficulté. Et qu’est ce qu’on fait maintenant? Le projet de base est de redescendre vers le sud jusqu’à la Kaldakvisl, remonter son cours jusqu’aux deux volcans Hagongur, longer la piste le long de Hagongulon, puis passer par vonaskarð vers le nord pour retrouver la f910 et terminer en roue libre vers Dreki.
Bon. avant toute chose. Check-up du bonhomme.
Pieds: ok
mollets: presque ok
genoux: ok
cuisses: grosse douleur à l’entre-cuisse du fait de l’échauffement du pantalon (saignement). je croyais au début que c’était une mycose.
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dos: ok
ventre: ko
épaules: y a plus d’épaules, plus que le nerf de la douleur à cet endroit
tête: que du bonheur
Check-up de l’itinéraire
Sprengisandur juste devant moi: vivement qu’il soit derrière moi
Hagongur au loin: ça nous fait deux jours de Sprengisandur au minimum, trois si je pousse jusqu’à la kaldakvisl
Vonaskarð: beaucoup de neige.
Autre option de secours pour les fainéants.
Nyidalur: un jour de Sprengisandur et au pied de Vonaskarð.
Economie de trois jours de marche.
Les fainéants, comptez vous: 1.
Va pour Nyidalur. Je sais comment m’y prendre la prochaine fois pour longer les Hagongur en variante à l’abominable piste du Sprengisandur, maintenant que j’ai vu la configuration des lieux.
Raccourcir le trajet d’un geste du bras m’a beaucoup fatigué. Il est juste midi. Je ne vais pas marcher beaucoup plus. Suivre la piste sur laquelle je suis maintenant ne m’inspire absolument pas. Perdu déjà l’habitude de ses longues pistes interminables. donc, au croisement avec un petit ruisseau, Haumyrarkvisl, je décide de planter la tente juste au bord de l’eau. L’endroit est très agréable. Une oasis dans ce désert de pierres et de sable qui m’entoure désormais.
Petite ballade jusque sur les rives du lac. Le vent est, pour changer, fort, pour ne pas dire violent, toujours de nord est. On se croirait sur les berges au bord de la mer. Des bonnes vraies grosses vagues. Il manque juste l’odeur de l’iode (ça sent quoi l’iode?) En face mon glacier (hofsjökull que je me suis approprié depuis que j’en suis à distance respectable), devant moi le lac agité à la belle couleur bleue au milieu d’une pauvre végétation, je m’attends à voir surgir à tout moment un lama ou un condor.
Retour à la tente. Sur le chemin, je vois quelques cairns qui signalent sans doute la piste cavalière du Sprengisandur. L’un d’eux, sur fond de glacier, a la forme d’une poule. Ce qui me fait me demander ce qu’est en train de faire notre chère équipe de France à l’euro. Cette pensée m’agace un max. Mais qu’est ce que j’en ai à f…? Me laisser happer par ces pensées parasites. Oublie, mec, l’espace de quinze jours le monde dans lequel tu vis le reste de l’année. Oui, mais quand même, je suis bien curieux.
Mon camping. L’endroit est chouette. C’est bien. Mais les activités plutôt limitées. Au choix, bon vent de sable ou mouches quand pas de vent. C’est comme me demander de choisir entre pieds de porc vinaigrette et tripoux. Je choisis pas et reste sous la tente tout l’après midi. Heureusement, j’ai acheté un bouquin à l’aéroport de Nice. Sous les vents de Neptune de Fred Vargas. Choix par défaut (beaucoup de choix ces temps-ci) plutôt qu’emballé par cet auteur, mais rien qui ne m’est vraiment séduit chez le libraire.
Tout compte fait, je me régale et lis jusqu’à tard dans la soirée. Sauté de lapin aux carottes et muesli aux fruits rouges (lyophilisé, rien à voir avec ma mixture) et bon dodo en prévision de la dure journée qui m’attend demain.