La section Washington est l'une des cinq sections du Pacific Crest Trail, l'un des grands sentiers de grandes randonnรฉes aux Etats-Unis. C'est la premiรจre lorsqu'on s'engage sur le PCT du nord vers le sud. Cet article est le rรฉcit de mon trekking sur la section Washington du PCT. Pour tout savoir sur l'organisation et la prรฉparation du Pacific Crest Trail, allez lire l'article dรฉdiรฉ que j'ai รฉcrit.
ร Washington
Aux Etats-Unis, il y a Washington State, et Washington DC, la ville du prรฉsident. Ici, nous parlerons de l'Etat, qui se situe sur la cรดte Ouest, coincรฉ entre l'Ocรฉan Pacifique et le Canada. C'est lร que l'aventure Pacific Crest Trail a dรฉbutรฉ pour moi.
Washington, c'est 500 miles (804 km), 40 000 m de dรฉnivelรฉ positif et nรฉgatif. Cette premiรจre partie se rapproche dans les chiffres ร la Haute Route Pyrรฉnรฉenne que l'on connaรฎt ici en France (850 km et 40 000m de D+).
C'est aussi la section considรฉrรฉe comme la plus difficile de par son dรฉnivelรฉ, son isolement (parfois jusqu'ร 10 jours sans rรฉseau), et sa mรฉtรฉo souvent pluvieuse. Mais c'est aussi une des plus belles rรฉgions du PCT, justement grรขce ร toute les conditions citรฉes ci-dessus. C'est un รฉtat sauvage aux montagnes grandioses oรน la vรฉgรฉtation abonde.
J'arrive ร Seattle, la capitale de l'Etat le 26 juin 2019, aprรจs avoir survolรฉ des paysages magnifiques et essayรฉ de repรฉrer la frontiรจre entre le Canada et les USA (sans grand succรจs). Il y fait beau et j'en profite pour rรฉgler les derniers achats (crampons et nourriture) avant le dรฉpart. Je rencontre d'autres randonneurs, et bois sans doute trop de biรจres au bar du coin. Le lendemain, nous prenons tous le bus qui nous approche de la frontiรจre, partagรฉs entre excitation, jet lag et gueule de bois. Ce que je ne savais pas (mes qualitรฉs organisationnelles m'ayant fait dรฉfaut), c'est qu'il nous faudra pas loin de 10h de trajet pour โ s'approcher โ de ladite frontiรจre. Il est 21h passรฉes lorsque je plante ma tente, ร environ 50 km au Sud de la frontiรจre. Oui, 50 km au Sud car il n'existe aucun accรจs routier jusque lร basโฆ Il fautโฆ marcher.
De la frontiรจre ร Stehekin : Premiรจre semaine sur le sentier
Ce n'est donc que le 29 juin au matin que je dรฉcouvre la ligne de partage entre les Etats-Unis et le Canada, une gigantesque allรฉe d'arbres coupรฉs en pleine forรชt. Non sans รฉmotions ร vrai dire, au moment oรน j'arrive, la lumiรจre se dรฉgage et un rayon de soleil frappe le monument รฉrigรฉ ici pour signaler le dรฉbut du PCT. La seule rรฉflexion qui me vient ร l'esprit est โ que vraiment c'est plus beau en vrai โ.
Je prends quelques clichรฉs, รฉcris mon nom dans le registre situรฉ derriรจre le monument โSPROUTย IS BACK OUTโ (l'annรฉe prรฉcรฉdente, j'ai hรฉritรฉ d'un Trail Name, un surnom que les autres vous donnent pour vous identifier sur le sentier. Pourquoi ? Car il y a moins de โHot Hipsโ, โChickadeeโ,โBeaverโ queย deย Daniel, Sam, Maryโฆ.. Souvent, votre surnom reflรจte votre personnalitรฉ ou bien une action un peu drรดle queย vous avez faite. Pour ma part,ย ilย vient de Brussels Sprout, carย je vivais ร l'รฉpoque lร bas, et je fais demi-tour. L'aventure commence maintenant. A partir de cet instant, je me dirige vers le Sud pour les 4 prochains mois. L'idรฉe me donne le vertige et je me trouve incapable de me projeter aussi loin.
Alors je me concentre sur la prochaine รฉtape, le prochain ravitaillement dans quelques jours.
Un pied aprรจs l'autre j'avance, tous les jours, la routine s'installe doucement. Il est parfois difficile lorsque l'on commence une telle aventure, de se contenir. L'excitation est ร son comble, et tout ce que l'on veut, c'est en profiter ร fond, en faire toujours plus. Un peu comme un enfant dans une piscine ร balles, on aimerait se rouler dedans et se faire submerger jusqu'ร l'รฉpuisement total.
Mais la randonnรฉe est un sport d'endurance. Il faut y aller doucement, et ne pas se blesser dรจs les premiers jours, au risque de mettre fin ร l'aventure. Il est trรจs difficile pour moi de m'arrรชter vers 15h aprรจs avoir parcouru une vingtaine de kilomรจtres. Mes jambes flagellent, clairement j'ai poussรฉ, mais il est trop tรดt non ?? Que vais-je faire durant les prochaines heures ?
La rรฉponse est : on s'รฉtire, beaucoup, on se masse les pieds, on mange, et on lit. L'avantage de mes premiers jours, c'est qu'il pleuvait, le choix de rester sous ma tente n'รฉtait donc pas trop difficile.
De la frontiรจre ร mon prochain ravitaillement, les paysages dรฉfilent. Certains passages portent encore les stigmates de l'annรฉe derniรจre : le feu et la neige. Des troncs parsรจment le sentier. Dessus, dessous, choisissez votre chemin ! Je suis fascinรฉe par les troncs calcinรฉs, comme des bouts de charbon grandeur d'ogre. Le noir brille, luit, le toucher est doux, la photographe que je suis est hypnotisรฉe par ces textures, mes vรชtements tachรฉs de noir cendrรฉ et mes jambes commencent ร se couvrir d'รฉcorchures.
S'ensuivent des forรชts de cรจdres grandioses. J'ai l'impression d'รชtre une fourmi ici, tout est hors norme, je pourrai aisรฉment construire une piรจce ร vivre dans ces troncs. Ces arbres, vieux de plus de 500 ans dรฉgagent une odeur remarquable. Est-ce le fait de quitter la ville qui rends ces odeurs si puissantes ? C'est apaisant et je me retrouve plusieurs fois ร renifler les รฉcorces, un parfum complรจtement enivrant qui me fait tourner la tรชte.
Je crois pouvoir dire que Washington est une section particuliรจrement sensorielle.
On n'oublie pas les sentiers ร flancs de montagnes d'oรน l'on peut admirer le fond de la vallรฉe, y dรฉcouvrir les ruisseaux en contrebas ร travers les arbresโฆ
Washington, c'est un peu vivre รฉternellement dans la sรฉrie Twin Peaks, la brume, l'รฉtrangetรฉ des lieux, l'isolement, la beautรฉโฆ. La traversรฉeย du North Cascades Nationalย Parkย vous emmรจne tout droit dans le film โ Et au milieu coule une riviรจre โ. Oui, les lieux sont particuliรจrement cinรฉmatographiques.
Aprรจs 4 jours ร en prendre plein les yeux, j'arrive ร Stehekin, le premier point de ravitaillement. Encastrรฉ dans une vallรฉe, les seuls moyens d'accรฉder ร ce lieu sont : ร pieds, en bateau, en hydravion. Un lieu reposant oรน vous n'entendrez pas beaucoup de voitures donc. Ayant anticipรฉ un ravitaillement compliquรฉ par ici, je me suis envoyรฉe un colis de nourriture ร la poste locale. Le tenancier de la Poste ressemble รฉtrangement ร un pirate, avec les cheveux longs et blancs, et un patch sur l'ลil. Il repรจre en quelques minutes mon paquet parmi les murs remplis et me le tend.ย Stehekin se dote tout de mรชme d'une boulangerie qui n'a franchement rien ร envier aux notre. C'est un rรฉgal et de la nourriture fraรฎche n'est pas de refus.
Ravitaillement veut aussi dire โrassemblementโ. En effet, tous les randonneurs sont au rendez-vous. J'en ai croisรฉ certains sur la route les jours prรฉcรฉdents, mais n'ai pas forcรฉment souhaitรฉ faire รฉquipe tout de suite. Comme ร la rentrรฉe des classes, je prends le pouls avant de me lancer.
Aprรจs une douche rapide et l'installation de ma tente, je me joins au groupe sur la terrasse du restaurant, nous partagerons quelques verres et un repas ensemble. Les liens commencent ร se crรฉer.
De Stehekin ร Leavenworth : Premiรจre frayeur et premiers moustiques
Le lendemain, aprรจs un autre passage ร la boulangerie, je repars (un cinnamon roll, un sandwich et trois cafรฉs plus tard). Mes jambes sont fraรฎches et je me sens assez forte pour rallonger mes journรฉes et parcourir plus de kilomรจtres. On commence ร croiser et connaรฎtre les gens qui nous entourent. On se retrouve aux camps le soir. On s'entraide parfois en journรฉe, lors de passage de nรฉvรฉs ou de ruisseau en furie, une bonne ambiance s'installe et je prends plaisir ร apprendre ร les connaรฎtre.
Nous continuons notre marche. Les cols se suivent, avec ou sans neige. Jusqu'au jour 10, oรน la neige est vraiment partout. Ce n'est pas mon รฉlรฉment, je ne m'y sens vraiment pas ร l'aise. On ne sait jamais jusqu'oรน notre pieds va s'enfoncer, et les nรฉvรฉs ร passer sont stressants : neige ร gauche, le prรฉcipice ร droiteโฆ
Viens Red Pass, un รฉniรจme col, magnifique, oรน je prends mon dรฉjeuner avec un couple et oรน une marmotte nous observe, espรฉrant pouvoir grappiller quelques restes.
Je me met en route seule, et un รฉniรจme nรฉvรฉ me barre la route. Cela fait des jours que j'entends tous ces randonneurs sans crampons ni bรขtons, qui passent les nรฉvรฉs super facilement alors que moi je tremble de tous mes membres. Ils me disent que vraiment, รงa craint rien ! Je les trouve si courageux, รงa m'impressionne, et moi aussi je veux รชtre comme eux : sans peurs.
Alors non, cette fois-ci, je ne vais pas mettre mes crampons pour traverser ces trois mรจtres. La trace est bien faite, je n'ai qu'ร la suivreโฆ
Quelques pas plus tard, je suis 4 mรจtres plus bas, dans la pente, mes bรขtons plantรฉs dans la neige pour me rattraper. Je suis coincรฉe, 300 mรจtres de pente enneigรฉe sous mes pieds. Arf, j'aurais dรป les mettre ces fichus crampons ! Me voilร dans une situation particuliรจrement dรฉlicate. Il m'est impossible de remonter sur le sentier couvert de glace, et dรฉvaler la pente comme en luge pourrait me briser -ร peu prรจs tous- les os. Une marmotte (une autre visiblement) regarde ce spectacle et un vautour tourne lร haut. Il regarde la scรจne dont je suis l'hรฉroรฏne, mais dont je me passerai bien.
J'examine mes solutions : attraper les crampons dans mon sac, les mettre et rejoindre la terre ferme doucement, au risque de glisser lors de l'opรฉration OU attendre le couple qui est derriรจre moi pour m'aider, ne sachant pas s'ils seront lร dans 10 min ou 1h et que la neige fonds sous mes fessesโฆ
15 minutes plus tard, toujours dans la mรชme position, je les vois arriver. 10 minutes encore plus tard, nous retraversons le nรฉvรฉ et retrouvons la terre ferme, les jambes flagellants et l'humeur plus trรจs ร la fรชte. J'ai eu peur.
Le lendemain, poussรฉe par une envie de rรฉconfort, le besoin de nouvelles chaussures et une horde de moustiques particuliรจrement avides de sang, je ferai mon premier 50 kilomรจtres sur le PCT, direction Leavenworth, ville โallemandeโ oรน je trouverai tout le confort auquel j'aspire : nourriture, crรจme glacรฉe, lit. J'y passera ce qu'on appelle un zรฉro : une journรฉe entiรจre sans marcher. Rien de mieux pour rรฉcupรฉrer aprรจs 10 jours fatigant.
Leavenworth ร Snoqualmie Pass : Vivre dans Twin Peaks
Aprรจs une journรฉe de repos bien mรฉritรฉe, un petit groupe se crรฉe et nous nous remettons en route, sous la pluie battante, qui โ je ne le savais pas ร ce moment lร โ mettra fin ร la vie de mon appareil photo argentique. Le groupe se sรฉpare trรจs vite, chacun ayant plus ou moins envie de progresser sous la pluie.
Sur le sentier, ร mรชme le sol, on trouve parfois des inscriptions, elles sont parfois gravรฉes ร l'aide d'un bรขton de marche, indiquant le chemin ร suivre ร un croisement ou bien un simple smiley. Et puis parfois, c'est avec des cรดnes de pins, des branches, ou bien encore des roches si l'on veut que cela reste et ne soit pas balayer par les รฉlรฉments. On y trouve des chiffres, qui vous indique le nombre de miles parcourus. Et rien n'est plus encourageant que ces marqueurs.
Nous dรฉpassons le marqueur 200. Puis le 300. Les journรฉes dรฉfilent, entre pluie et soleil, au plus grand bonheur des moustiques.
Un autre ravitaillement, Snoqualmie Pass. Ici, il y a deux choses ร retenir : le food truck qui, en plus de vous offrir une biรจre ร votre arrivรฉe, vous sert une nourriture dรฉlicieuse, ร vous faire oublier les centaines de kilomรจtres que vous venez de dรฉvaler. L'autre, si vous รชtes, comme moi, fan de la sรฉrie Twin Peaks, c'est le RR Cafรฉ, emblรจme indiscutable de ce show tรฉlรฉvisuel. Il vous faudra faire un peu de stop pour y accรฉder, mais que donneriez-vous pour un cafรฉ et une part de tarte ร la cerise ? ๐
Snoqualmie Pass ร White Pass : Du dรฉnivelรฉ et de la joie ร revendre
Je crois pouvoir affirmer que c'est l'une des sections les plus belles de l'Etat de Washington. Peut-รชtre aussi la plus difficile en terme de dรฉnivelรฉ. Mais chaque virage, chaque col, chaque vallรฉe se surpasse pour vous รฉblouir de toute sa beautรฉ.
Cela fait plus de deux semaines que je suis lร , ร vivre dehors. Mais j'ai l'impression que j'ai commencรฉ hier. Malgrรฉ les nuits fraรฎches et humides, les moustiques qui me harassent et la difficultรฉ du terrain, la joie enfantine qui m'anime est toujours lร . Rien ne me rend plus heureuse de me faufiler dans mon duvet tous les soirs. Comme l'enfant la veille de noรซl, sachant qu'au rรฉveil, il sera couvert de surprises.
Les cadeaux sont ici en nombre : le printemps bat sont plein, les fleurs sont รฉclatantes, les baies sont nombreuses et dรฉlicieuses, les tรฉtras sont en rut et chantent toute la journรฉe de leur voix rauque, les colibris vous frรดlent et vous surprennent, les marmottes jouent ร cache-cache, tout comme les รฉcureuils, riviรจres d'eau bleutรฉ, glaciers, forรชts enchanteresses, cols, sommets, montagnes ร perte de vueโฆ vraiment, vraiment, vous รชtes au paradis.
Nous nous arrรชtons ensuite ร White Pass, une station essence dรฉnommรฉe Kracker Barrel se trouve lร , offrant une option de ravitaillement. J'engloutirai pas loin de 5 burritos aux fromages et haricots. L'appรฉtit du randonneur n'est pas une lรฉgende. Quand il frappe, il vaut mieux ne pas รชtre loin d'un frigo plein. Ce qui ne devait รชtre qu'un petit stop se transforme en 24h, principalement passรฉe sur le parking arriรจre de la station service, ร manger et boire des biรจres. Nous reprenons la route en milieu d'aprรจs midi, sous une chaleur torride.
White Pass ร Trout Lake : La section mythique
S'ensuit un des lieux phare du PCT : GOAT ROCKS. Ce matin lร , nous attaquons l'ascension. Goat Rocks, c'est une ligne de crรชte, pas trรจs trรจs large, mais qui ne fait pas peur ร qui a le vertige non plus. Le seul hic : le vent violent qui y rรจgne. Plus d'une fois, je me demande si au prochain pas, je ne vais pas me faire souffler dans le prรฉcipice. Nous arrivons ร un embranchement : ร gauche, la crรชte, plus haute, plus exposรฉe et potentiellement avec de la neige. Et ร droite, sur le flanc, un sentier ร l'ombre avec des nรฉvรฉs particuliรจrement imposants.
Nous choisissons la crรชte qui nous semble plus sรปre. On grimpe, grimpe, sur un sentier fait d'รฉboulis d'ardoises. Le son des pas tinte sur la roche en une douce musique. Pas de neige, rien, on continue jusqu'au sommet et somme gratifiรฉ d'une vue ร 360 degrรฉs. Au Nord, le Mont Rainier du haut de ses 4300 m, ร l'Ouest Mont St Helens, et ร l'Est Mont Adams, et si on plisse les yeux, tout au Sud, c'est le Mont Hood. Le ciel est bleu, et nous ne pouvions rรชver d'une plus belle mรฉtรฉo et panorama.
Il nous faut malheureusement redescendre dans la vallรฉe, tout aussi belle ร n'en pas douter. Qui dit redescendre, dit moins de vent. Qui dit moins de vent dit plus de moustiques. En combinaison de ninja, je cours sur le sentier, il faut aller plus vite qu'eux, s'asperger d'eau sur le corps quand on s'arrรชte ร la riviรจre pour prendre de l'eau. Vous n'avez le droit ร aucun rรฉpit. Ils iront mรชme jusqu'ร vous mordre les mains si vous ne battez pas l'air assez fort ! Je ne fermerai pas l'ลil de la nuit, le son de ces insectes m'รฉtant particuliรจrement insupportable.
Passรฉ Goat Rocks, je sais qu'il ne nous reste plus beaucoup ร parcourir avant la fin de cette premiรจre section. J'essaie de profiter un maximum de chaque jour, de m'รฉmerveiller devant ces arbres fous dont l'รฉcorce se couvre de โpustulesโ remplies de sรจve ร l'odeur citronnรฉe, comme des piรจges tendus aux insectes indรฉsirablesโฆ je croiserai une marte, des chipmunks et des oiseaux dont le nom me reste encore รฉtranger.
Nous nous arrรชtons une derniรจre fois ร Trout Lake. Petit village qui correspond tout ร fait au clichรฉ amรฉricain que l'on peut se faire : une rue, des camionnettes, un bar, un restaurant, un garageโฆ le tout fait de bois dont la peinture est passablement dรฉfraichie. Nous campons dans le jardin du magasin gรฉnรฉral. Beaucoup de randonneurs sont lร , nous commenรงons ร croiser des groupes qui se dirigent vers le Nord. Nous sommes encore โfraisโ alors qu'eux ont l'air un peu plus abattus par l'effort fourni depuis dรฉjร plusieurs mois.
Nous discutons, buvons, rions, mangeonsโฆ Avant de repartir le lendemain en dรฉbut d'aprรจs-midi, le ventre rempli d'un burger et de pรขtisseries aux airelles.
Trout Lake au Bridge of the God : La fin, dรฉjร ?
Il ne reste que quelques jours avant la fin de cette section. Le sentier est maintenant rempli de baies dรฉlicieuses, ralentissant mon pas assez rรฉguliรจrement afin de pouvoir ingurgiter autant que possible ces petits fruits frais. Un matin, ayant mal gรฉrรฉ mon apport en eau, il me reste un fond de bouteille et 16 km avant la prochaine source. C'est peu, mais รงa va le faire.
Je n'arrรชte pas de passer ร cรดtรฉ de ces jolies petites baies qui ressemblent fort ร des framboises, mais plus claires, plus roses. Et ce matin, je goรปte.
Une, deux, trois. Un petit goรปt de framboise, mais fade. Rien d'extraordinaire. Je montre ร mon ami, qui me rรฉponds : โmais tu sais si รงa se mange ?? C'est pas trรจs malin de tenter sans avoir d'eau pour te rincer la bouche au cas oรนโ.ย C'est pas bรชte effectivementโฆ
Quelques pas plus tard, ma vision se trouble, ma gorge se serre, mes jambes deviennent coton. Vais-je finir ma vie comme dans Into the Wild ? Vais-je survivre ร ce sentier ? Ce serait tout de mรชme une mort particuliรจrement ridicule lร .
Il est ร peine 8 heures du matin, je me met sur le bord du sentier, doigts dans la bouche pour me faire vomir les trois pauvres fruits avalรฉs. Je me sens immรฉdiatement mieux. Je reprend mes esprits, ri de ma bรชtise, puis nous reprenons la route.
J'apprendrai un peu plus tard qu'elles รฉtaient tout ร fait comestibles et que j'ai seulement paniquรฉe. Je ne mangerai plus aucune de ces baies.
Et puis sans s'en rendre vraiment compte, c'est le dernier jour. Je le savais que รงa arriverait vite. 28 jours. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour parcourir cette premiรจre section.ย Je dรฉvale la derniรจre pente, dรฉcouvre la Columbia River, frontiรจre naturelle entre Washington et l'Oregon. Et apparaรฎt alors le mythique Bridge of the Godโฆ.
La suite bientรดt avec la seconde section du Pacific Crest Trail, l'Oregon.
Sac lรฉger sur le dos, appareil photo et pellicules en bandouliรจre, jโai dรฉjร parcouru lโAppalachian Trail et le Pacific Crest Trail. Jโaspire ร dโautres longs sentiers, mais aussi ร partager ces expรฉriences auprรจs dโun plus large public.
Hey Sprout !
Jโai adorรฉ lire ton rรฉcit et fรฉlicitations pour ton aventure elle donne vraiment envie !! Euh.. sauf peut-รชtre les moustiques ^^
++
Hahaha, je crains quโon ne puisse y รฉchapper ร ces vilainsโฆ ๐
Le Washington รฉtait clairement ma section prรฉfรฉrรฉe du PCT, bon choix.
Et trรจs dโaccord avec le dรฉtour obligatoire ร Snowqualmie et North Bend pour les fans de Twin Peaks!
hรฉhรฉ, il devrait avoir un itinรฉraire bis proposรฉ directement depuis le PCT. Trop de gens le rate. ๐
Hello
Vous avez dormi sous la tente abritรฉe par une bรขche ? Est ce bien cela ?
Une tente impermรฉable serait elle suffisante tout en faisant lโรฉconomie du poids de la tarp ?
Article bien documentรฉ et qui me donne des idรฉes de dรฉfi pour un rรฉcent retraitรฉ comme moi
Bonjour,
Non, jโai seulement ma bรขche (tarp), pas de tente. Une tente est tout ร fait suffisante, cela ferait doublon dโavoir une bรขche en plus. ๐
Et vive la retraite et vive les dรฉfis !! ๐