Samedi 20 Juillet, Refuge de Petra Piana
- Section parcourue: Petra Piana – Onda – Vizzavona – E Capanelle
- Distance: 38km
- D+: 2091m
- D-: 2347m
- Temps indicatif – Référence Topo guide édition 2008: 16h10
- Temps réalisé: 10h50
Je me réveille dans un duvet humide et une tente trempée. Même chose pour le matelas de sol. Pas très agréable. Je me demande comment je vais réussir à tout faire sécher avant la prochaine nuit, sachant que débute ce matin même la plus grosse journée de notre défi. Aujourd’hui nous devons tripler, c’est à dire faire 3 étapes en une journée. D’après le Topo Guide, nous devrions totaliser 38 kilomètres, plus de 16 heures de marche et environ 2000 mètres de dénivelés positifs, autant en négatif. Au départ de Pietra Piana, nous optons pour la variante passant par les crêtes, en direction de l’Onda. Il s’agit en réalité de l’ancien tracé du GR20, beaucoup plus sportif que le nouveau qui passe par la vallée. Cela nous va surtout nous permettre de gagner de précieuses heures avant l’orage du début d’après midi, qui ne manquera certainement pas de tomber. Le dernier tronçon de cette variante, une longue descente vers un col situé juste au dessus du refuge de l’Onda est un calvaire pour mes genoux et mes pieds. Mais le lever de soleil auquel nous avons pu assister en évitant de descendra dans la vallée en valait largement la peine ! Je me dis quand même que la journée risque d’être longue et physiquement lourde de conséquences.
Après une courte pause au dessus de l’Onda, nous repartons en direction du col donnant accès à la vallée au fond de laquelle se trouve le refuge de Vizzavona. L’ascension nous coupe le souffle, mais nous parvenons à maintenir une cadence régulière et rapide. Une fois à Vizzavona, après quasiment 1300 mètres de dénivelés négatifs sans interruption, l’orage éclate alors que nous venions de nous installer à une table en terrasse. Nous finissons notre repas à l’intérieur. François et Samuel rejoignent la civilisation ici, les deux frères ayant déjà fait le tronçon sud du GR20 l’année précédente. Si nous n’avions pas marché avec eux, le début de notre GR20 aurait été complètement différent. La suite aussi sans doute, car durant les 3 jours de randonnée que nous faisons ensemble, ils ont répondu à toutes nos questions sur le tronçon sud avec beaucoup de tact, dans l’objectif de nous rassurer. Encore merci à eux pour leur aide.
Yann et moi sommes donc seuls pour la seconde partie du défi, en principe plus facile. Nous repartons après 3 heures d’attente. Même si le gros de l’orage est passé, nous marchons une bonne heure sous la pluie.
L’étape allant de Vizzavona à E Capanelle restera pour moi l’une des plus agréable. Le tracé y est relativement plat, les paysages sont verdoyants, on peut voir la mer une grande partie du temps, on traverse de petits cours d’eau et le sentier est parfaitement aménagé. C’est donc le moral à bloc que nous sommes arrivés à E Capanelle, petite station de ski l’hiver où se concentre un refuge et deux gîtes privés. Le gîte où nous nous sommes présentés ne proposait qu’une formule en demie pension, trop chère à notre goût. Adieu la douche chaude et le matelas. J’ai ressortis tente et duvet humides pour tenter de les faire sécher pendant que nous prenions notre repas en compagnie des quatre occupants du refuge, deux français et deux suisses allemands, qui ont gentiment accepté de nous faire une place autour de leur poêle à bois. C’est aussi ça le GR20, de belles rencontres et du partage.
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Nous aurons mis moins de 11 heures pour parcourir l’équivalent de trois étapes en une journée. La fatigue se faisant sentir, nous nous éclipsons assez rapidement. Nous ne le savions pas encore, mais la journée suivante allait être éprouvante.
Dimanche 21 Juillet, Refuge de E Capanelle
- Section parcourue: E Capanelle – Prati – Usciolu
- Distance: 29km
- D+: 1587m
- D-: 1337m
- Temps indicatif – Référence Topo guide édition 2008: 11h55
- Temps réalisé: 08h40
Juste après avoir triplé nous nous sentions en forme, quasiment pas plus fatigué que les jours précédents. Mais en ce matin du 5ème jour, nous avons vite compris que le contre-coup était pour aujourd’hui. Pour commencer nous avons perdus une bonne vingtaine de minutes après nous être égarés juste après le départ. Le tracé du GR20 passant à proximité de bergeries, nous n’avons pas été suffisamment vigilants et nous nous sommes engagés sur le mauvais chemin. De retour dans les balises, nous passons l’essentiel de la première étape dans la forêt, sans visibilité. Parfois le sentier traverses des zones dégagées, pour mieux replonger plus loin sous le couvert des arbres. Nos muscles ne chauffent pas, nous avons l’impression d’être sortis des tentes 10 minutes plus tôt. En chemin nous faisons une nouvelle erreur. Nous demandons à plusieurs personnes marchant en sens inverse le temps qu’il reste avant le prochain refuge et la difficulté du parcours. On nous donne deux versions différentes. « Vous y êtes dans une heure et demie, pas de difficulté » puis « Comptez au moins trois heures, avec une grosse côte en fin de parcours ». Bon. On serre les dents et on verra bien. Nous dépassons un gîte puis le sentier commence à grimper. Yann et moi pensons qu’il s’agit de la dernière côte avant le refuge de Prati, notre refuge de passage avant Usciulu, l’objectif de la journée. Nous essayons de maintenir le rythme. La côte devient plus forte. Nous gardons le rythme, impatients d’arriver. Grosse erreur. Nous nous mettons doucement mais sûrement dans le rouge alors que le refuge est encore à 1h30 de marche. Nous comprenons notre erreur une fois au pied de ce qui est cette fois la grosse côte dont on nous avait parlé. Encore une fois on serre les dents et on repart. Une fois au sommet, nous apercevons la mer à travers un brouillard laiteux qui plane en basse altitude. La photo idyllique du littoral corse vu depuis les montagnes n’est pas pour aujourd’hui. Arrivés au refuge de Prati nous passons immanquablement par la superette. Ici le refuge est tenu par une famille accueillante et sympathique. D’après nous, il s’agit de l’un des meilleurs refuges de tout le GR, avec une vue imprenable sur la mer et un espace dégagé tout autour.
Inévitablement, les nuages font leur apparition et le vent se lève. Il est temps de partir. L’étape suivante passe par les crêtes. Nous préférerions éviter de nous retrouver perchés là-haut sous une pluie battante. La pause déjeuner a fait du bien mais les muscles sont encore endoloris. En chemin nous croisons un adolescent sans sac ni eau qui nous demande frénétiquement si nous avons à manger. Surpris, je lui demande si tout va bien. Il nous explique dans un anglais approximatif qu’un de ses amis est en hypoglycémie un peu plus loin. Nous n’avons sur nous que des lyophilisés et quelques gâteaux corses. Lorsque nous arrivons une demie heure plus tard au niveau de l’adolescent, il est allongé et entouré d’une dizaine de personnes, dont deux encadreurs qui semblent sereins. Ils ont en main des tablettes de chocolat et de l’eau. Rassurés, nous repartons immédiatement après leur avoir demandé si tout allait bien.
Nous parvenons enfin sur les crêtes. Partout autour de nous, les nuages deviennent menaçants. L’orage fini par éclater dans notre dos. Nous pensons au groupe de jeunes espagnols qui pensaient rejoindre le refuge de Prati, à trois de marche de là où nous les avions croisé, avec l’un d’entre eux tout juste sorti d’une hypo. On se dit que les gens sous-estime peut être les dangers de la montagne et que trop de « novices » se lancent sur le GR20, ce qui expliquerait en partie sa réputation de sentier le plus dur d’Europe. Encouragés par le tonnerre qui se rapproche, nous accélérons l’allure. Ça éclate sur notre droite. Le vent venant de la mer maintien temporairement le gros des nuages dans la vallée. Mais inéluctablement les nuages remontent et passent au dessus des crêtes. Il se met à pleuvoir et le tonnerre se rapproche. Nous sommes au beau milieu des crêtes, complètement exposés au vent et à la pluie, avec nos bâtons de marche à la main. De véritables paratonnerres ambulants. Je repense à ce l’histoire de cette randonneuse foudroyée la semaine précédente. Je préviens Yann, si ça se rapproche encore il faudra abandonner les bâtons. Il n’y a pas d’abri en vue, nous accélérons le pas pour tenter de quitter notre position trop exposée. Le tonnerre explose une nouvelle fois dans notre dos et maintenant sur notre droite et devant nous. Ça sent mauvais, très mauvais. Nous n’avons aucune idée de la distance qu’il reste à parcourir avant le prochain refuge. Loin devant nous, je vois la ligne blanche du sentier qui repart à l’assaut des crêtes. Je me prépare à me débarrasser de mes bâtons, lorsque en contrebas j’aperçois enfin un toi. Le refuge est là, caché dans un renfoncement du terrain. Sans ralentir, je souffle un peu. On est sorti d’affaire, pour cette fois-ci en tout cas.
Passionné de randonnée, je suis toujours à la recherche de nouvelles destinations !