Pyrénées des hauts sommets

Pyrénées des hauts sommets - Traversée des Pyrénées

Focus Rando :Pyrénées des hauts sommets

15 septembre: Salardu – refuge de Colomers

  • + 860m – 40m 4h30

Même si une préparation minimale s’impose pour une entreprise de cette durée, la saveur du voyage repose aussi sur une certaine part d’improvisation et la faculté à s’adapter aux imprévus. Les difficultés de ravitaillement rencontrées ces derniers jours nous incitent à modifier notre itinéraire en contournant le massif de la Maladeta par le sud. Mais nous avons besoin d’acheter la carte correspondant à ce nouveau trajet. Elle n’est pas disponible à Salardu et, à contrecœur nous nous résignons à rejoindre Vielha au prix de 2 ou 3 étapes qui semblent peu intéressantes.

Heureusement, le hasard offre souvent un recours de dernière minute. Alors que je terminais mon petit déjeuner, un jeune anglais vient s’asseoir à la table. En bavardant avec lui j’apprends qu’il traverse aussi les Pyrénées et qu’il vient de passer par le parcours sud que nous prévoyons d’emprunter. L’occasion est belle pour lui proposer de racheter la carte dont il n’a plus l’usage et le « marché» est vite conclu. À notre grand plaisir nous pouvons donc repartir vers le massif des Encantats et éviter le détour par le fond de la vallée. Le sac est bien rempli, les mollets un peu raides et 10 kilomètres de bitume nous attendent. Mais au bout, à nouveau des lacs, des alpages, des montagnes qui sauront m’enchanter. En milieu d’après midi, l’orage menace, nous pressons le pas mais la pluie nous rejoint peu avant le refuge de Colomers où nous décidons de passer la nuit. Il y a déjà beaucoup de monde et le remue-ménage me fait regretter le calme de la tente ou des cabanes isolées.

16 septembre: refuge de Colomers – replat sous le port de Rius

  • + 955m – 840m 6h30

Décidément, les refuges ne sont pas toujours un havre de paix; les va et vient fréquents, la promiscuité relative ne m’ont pas permis de passer une nuit paisible alors que, sous ma tente, je dors généralement d’un profond sommeil. Le démarrage est donc laborieux et mes muscles peinent à se réchauffer bien que le sentier soit relativement facile. L’itinéraire parcourt la bordure du célèbre massif des Encantats aux innombrables lacs.

Les cols se succèdent entrecoupés de courtes descentes. Au passage du port de Goellicrestada nous franchissons pour la première fois la ligne de partage des eaux entre la Méditerranée et l’Atlantique et j’apprécie le chemin parcouru depuis le départ. En début d’après-midi je profite du refuge de la Restanca pour avaler un Coca revigorant en prévision de la prochaine remontée vers le port de Rius et, miracle de ce breuvage que j’apprécie peu habituellement, la forme semble s’améliorer. Sous le col, les cumulus bourgeonnent et, à nouveau, l’orage menace. La pluie, bienveillante, nous laisse cependant le temps de monter nos tentes avant de s’installer en petites averses accompagnées de bourrasques de vent.

17 septembre: replat sous le port de Rius – refuge d’Anglos

  • + 900m – 920m 7h30

Hier, nous avons franchi la ligne de partage des eaux et sommes arrivés à peu près au milieu de notre aventure. À ce stade, certains jugeront la route encore longue, d’autres l’estimeront bien avancée. Pour ma part, je constate avec beaucoup de plaisir que cette première partie s’est déroulée au mieux, que chaque matin était comme un nouveau départ où l’envie de repartir à la découverte était inépuisable et que je ne ressentais aucune fatigue particulière ni aucune lassitude. Mais, évidemment il faut savoir raison garder et rester patient en se concentrant sur le modeste objectif quotidien et en profitant tranquillement du bonheur de chaque jour.

Le ciel est, ce matin, partagé entre nuages et étoiles. De superbes lumières orangées viennent éclairer le lac de Rius que nous atteignons rapidement. Mais, il faut abandonner momentanément les territoires d’altitude pour plonger dans le val d’Aran avant de remonter sur l’autre versant au pied de l’imposant massif de la Maladeta. Une descente difficile sur un sentier caillouteux suivie d’une longue remontée sur une sente qui se raidit au fur et à mesure sont donc au programme de cette rude journée. Au bout du chemin, un attirant petit refuge en bois perché au-dessus d’un lac entouré de blocs rocheux nous attend. Comble de malchance, il est déjà occupé et nous en serons quittes pour un nouveau bivouac.

18 septembre: refuge d’Anglos – refuge de Coronas

  • + 655m – 930m 6h

Toute la nuit bourrasques et grains ont agité la tente. Les nuages nous talonnent dès le départ et le brouillard semble nous poursuivre tandis que nous gravissons les pierriers du col de Ballibierna. L’ambiance devient austère et presque inquiétante d’autant plus que tous les sommets sont encapuchonnés par le brouillard. Un nouveau cheminement dans des blocs malaisés nous permet de contourner les sauvages lacs de Ballibierna avant de rejoindre une forêt de pins. Quelques pluies éparses nous incitent à nous abriter pour la nuit dans le refuge de Coronas.

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19 septembre: refuge de Coronas – camping Aneto

  • + 25m – 750m 3h

C’est sans doute la plus courte étape de cette traversée mais elle va nous permettre de nous reposer un peu et, surtout, de prendre le temps d’aller à Bénasque (petite ville située à 3 kms du camping) pour un ravitaillement complet. Le départ est matinal et il fait encore nuit quand nous empruntons la piste forestière de 9 kilomètres qui rejoint la vallée. L’air est vif et dès que le soleil fait son apparition les brises nettoient le ciel. Curieusement, bien que le ciel soit dégagé une petite bruine intermittente transportée par le vent depuis les hauts sommets frontaliers chargés de nuages lourds et sombres nous humidifie.

La longue descente sur piste n’est pas vraiment appréciée par mon genou gauche dont les ligaments sont devenus un peu douloureux. Je suis d’ailleurs agréablement surpris de n’avoir pas encore ressenti ce genre de gêne depuis le départ de Banyuls. Dans une randonnée au long cours d’inévitables petits « bobos » surviennent et il faut savoir les surmonter sans les négliger mais sans se focaliser dessus. Question d’équilibre entre l’hypocondriaque et l’insouciant ! Ce soir, donc, massage et pommade seront au programme.

20 septembre: camping Aneto – environs du col Gistain

  • + 950m – 90m 4h30

Merveilleuses montagnes qui offrent un spectacle sans cesse renouvelé. Il suffit souvent de basculer derrière un col ou de franchir une vallée pour naviguer d’un austère univers minéral vers de paisibles pelouses verdoyantes. Un jour des bourrasques et des nuages menaçants, le lendemain un lumineux soleil aux rayons doux et caressants. Le val d’Estos aux aimables pâturages est ceinturé par les plus hauts sommets pyrénéens flamboyants sous le soleil matinal. Des marmottes gambadent joyeusement dans l’herbe. L’air est pur, sans vent, le ciel d’une limpidité absolue.

La pente du sentier est douce et j’apprécie ce paysage paisible et reposant pour les yeux. Magie de la montagne et variété des paysages sont vraiment au rendez-vous de cette traversée. Alors que depuis l’Andorre nous avons voyagé de manière quasi permanente au cœur de chaos minéraux, heureusement constellés de lacs, ces paysages pastoraux apaisent l’esprit et le corps grâce à des sentiers qui redeviennent « humains ».

21 septembre: environs du col Gistain – cabane du col de las Collias

  • + 985m – 1150m 6h

Ce matin, dans la tente, le thermomètre affiche 6°C. Bien sûr, je ne rêvasse pas pour enfiler T-shirt, pantalon, polaire et coupe vent avant de sortir préparer mon petit déjeuner. Mais, après toutes ces longues journées de marche, les nombreux bivouacs et les toilettes dans les torrents ou les lacs je ne ressens guère la morsure du froid. Dès le départ, le jour à peine levé, je me sens en excellente forme, même le sac semble se faire moins pesant et l’ascension du col est une formalité. Des isards caracolent et jouent aux ombres chinoises dans la lumière matinale. La descente, une fois de plus, est longue et plus éprouvante et j’attends avec une certaine impatience l’arrivée aux granges de Viados où nous avons prévu notre pause. Le cadre est enchanteur avec ses granges étagées au-dessus de prés de fauche verdoyants.

Le ciel a perdu de sa superbe et de nombreux cirrus nous font craindre une évolution défavorable. Qu’il est parfois difficile de repartir quand le cadre est aussi bucolique; mais il faut impérativement continuer, faute de quoi nous manquerons de ravitaillement. Après la dure descente de la fin de matinée mes muscles sont un peu tétanisés et le rythme de montée est difficile à trouver. Cependant, petit à petit la forme revient et un rythme lent mais efficace s’installe. La cabane située près du col est à moitié détruite, mais de belles zones herbeuses permettent d’installer nos tentes à proximité.

22 septembre: cabane du col de la Collias – Parzan

  • + 655m – 1205m 6h15

Comme souvent les premières heures de marche défilent sans que je ne m’en rende vraiment compte. Même si, ce matin, la luminosité est faible et le soleil reste voilé. La deuxième partie de l’étape est moins excitante: 8 kilomètres de piste suivis d’un peu moins de 2 kilomètres de route sont un passage obligé. Le hameau de Parzan ne présente pas beaucoup d’intérêt, si ce n’est un petit « supermercado » attenant à une station service. L’endroit n’a rien de plaisant et nous décidons de reprendre la route pour gagner du temps sur la longue étape du lendemain. Nous passons finalement la nuit au bord de la route près d’un ancien bâtiment de douane. Malheureusement, on ne trouve pas tous les jours des lieux de bivouac mémorables, mais cela fait aussi partie de l’aventure…

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