Pyrénées sauvages

Pyrénées sauvages - Traversée des Pyrénées

Focus Rando :Pyrénées sauvages

6 septembre: Cortal Rosso – Inclès

  • + 1035m – 1320m 8h30

C’est par un long cheminement serpentant au milieu d’alpages aux innombrables vallonnements que nous atteignons le Pas de la Case aux immeubles futuristes et colorés incongrus au milieu de ces montagnes. Après 12 jours de marche cette ville aux multiples supermarchés m’apparaît surréaliste et je me sens complètement déphasé au milieu de tous les touristes qui remplissent leurs chariots d’alcools, tabacs et autres souvenirs. Je prends quand même le temps de parcourir les rayons du supermarché pour ne rien oublier car le prochain lieu de ravitaillement est bien éloigné. C’est donc avec un sac bien chargé que nous remontons vers le pic Maia, vaste belvédère dominant les vallées andorranes. Ensuite, un long parcours de crête vallonné nous occupe une partie de l’après midi avant d’emprunter le chemin raide et caillouteux qui plonge vers la vallée d’Inclès, non sans admirer au passage l’estany de Siscaro paisible miroir dans une belle lumière vespérale.

Les surprises, bonnes ou mauvaises, sont un peu le sel d’une randonnée itinérante… Ce soir, nous prévoyions une étape au camping d’Inclès et tout au long de cette chaude et longue journée nous avons fantasmé sur la bière bien fraîche et la douche bien chaude qui devraient nous réconforter à l’arrivée. Las, le camping d’Inclès n’existe plus et, pour ajouter à notre déception, l’arrivée est tardive, le soleil a déserté la vallée et il fait froid! La douche sera donc pour un autre jour.

7 septembre: Inclès – cabane Coms de Jan

  • + 810m – 425m 5h30

Après la longue journée d’hier nous nous octroyons une grasse matinée jusque 8 heures et prévoyons une « petite » étape de récupération. Mais je vais rapidement découvrir que les sentiers andorrans ignorent les lacets et montent droit dans la pente avant de, parfois, se volatiliser dans l’herbe sans crier gare, ce qui complique évidemment la navigation. Quand, de surcroit, la carte est de qualité médiocre et imprécise une observation attentive du terrain devient indispensable pour déterminer le meilleur passage vers le « petit col » décrit dans le topo. Je constate rapidement que le cartographe a omis quelques vallonnements et escarpements rocheux, ce qui n’est pas sans m’inquiéter. C’est donc avec un soulagement certain que j’aperçois, à l’approche de ce fameux col, un groupe de randonneurs qui débouche de l’autre versant et, de surcroit, lorsque je reconnais la couverture du topo guide de la HRP dans les mains de l’un d’entre eux je suis complètement rassuré.

La journée n’est pas finie pour autant car un parcours au jugé dans les massifs de rhododendrons et les pierriers nous demandera encore un bon moment d’efforts avant d’atteindre la confortable cabane où nous passons la nuit.

8 septembre: cabane Coms de Jan – El Serrat

  • + 595m – 1240m 5h

Quinzième jour de marche et premier jour sans qu’un seul nuage n’apparaisse dans le ciel depuis le départ de Banyuls: il semble bien qu’un bel anticyclone s’accroche sur les Pyrénées. Le sentier persiste souvent à monter droit sans s’encombrer de lacets mais je commence à être habitué et adapte sans trop de difficulté mon rythme de marche à la pente. C’est un peu plus compliqué dans les descentes où les genoux « chauffent » si je me laisse entraîner. El Serrat, typique village andorran aux massives maisons de pierre abondamment fleuries de géraniums, n’offre guère que quelques hôtels et restaurants.

Sur les conseils du serveur d’un bar nous installons notre tente dans un grand pré au bord du torrent et décidons d’économiser nos provisions en dînant au restaurant. Après tant de jours d’une cuisine sommaire à l’eau le passage temporaire dans un lieu « civilisé » permet de s’offrir le plaisir d’un petit extra. Un simple verre de Rioja fut pour moi ce soir un délice digne d’un repas gastronomique!

9 septembre: El Serrat – étang Fourcat

  • + 1290m – 380m 6h30

Une lecture attentive du topo nous impose maintenant un choix cornélien. Nos maigres ressources en vivres nous incitent à poursuivre par un trajet direct vers l’Espagne où nous pourrons procéder à quelques achats dans les villages. Mais les hautes montagnes ariégeoises que nous ne connaissons pas sont proches et leur description alléchante pour qui aime les espaces sauvages. Au prix de quelques restrictions et de quelques repas dans les rares refuges de notre route nous devrions arriver à tenir jusqu’au prochain lieu de ravitaillement dans 5 jours. Décision est donc prise de passer par l’Ariège. Une fois les abords de la station de ski d’El Serrat dépassés, l’arrivée vers les lacs de Tristaina dans leur cirque de montagne austère et imposant nous démontre que nous avons eu raison de ne pas céder aux sirènes de la facilité. Même si l’itinéraire emprunte de raides pentes d’éboulis et de blocs la beauté sauvage de ces espaces est fascinante. Et, quand au débouché d’un couloir abrupt, l’étang Fourcat apparaît brillant d’un bleu azur étincelant je suis ébloui.

Pour compléter le bonheur, le bivouac abrité entre des blocs rocheux à proximité du lac est des plus confortables. Le soir, nous prenons le repas au refuge voisin et nos yeux doivent briller d’un éclat particulier à la vue du plat de légumes et de viande que nous partageons avec un sympathique couple de randonneurs car ils nous proposent spontanément de finir le plat, ce que nous acceptons évidemment sans retenue.

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10 septembre: étang Fourcat – Mounicou

  • + 390m – 1690m 6h30

L’étape de ce jour nous entraîne au cœur des Pyrénées sauvages où nous serons complètement seuls durant de longues heures. Une sente bien raide louvoie entre barres rocheuses et pentes herbeuses pour atteindre la crête de Malcaras puis le cheminement se poursuit au travers d’une vaste dépression encombrée de blocs avant de gravir un petit couloir abrupt au débouché duquel s’offre un superbe paysage minéral, austère, sauvage… Seuls les lacs de Picot aux eaux paisibles adoucissent la dureté des lieux. Ensuite, c’est par une succession d’abruptes descentes dans les pentes de bruyères et de rhododendrons qui dominent la profonde vallée de Soulcem que nous rejoindrons le sentier forestier qui, par des lacets serrés, dévale sur Mounicou. Je suis toujours admiratif devant l’imagination et la hardiesse des aventuriers qui ont percé les défenses de ces crêtes et cols inaccessibles en apparence mais qui, finalement peuvent être atteints au prix de subtils détours.

Le minuscule hameau de Mounicou avec son café/gîte est une invitation à la halte après une si longue descente. En plus, il est tenu par « la dame de Mounicou » d’une gentillesse rare avec les randonneurs: après lui avoir demandé si elle pouvait nous vendre un peu de ravitaillement, elle nous propose une boîte de sardines, du fromage et du pain et nous offre gratuitement tomates, fruits et une saucisse sèche. Voilà qui devrait nous éviter la disette pour les jours à venir. Après cette pause, nous poursuivons dans la vallée de l’Artigue où une aire de pique-nique fera un confortable lieu de bivouac.

11 septembre: Mounicou – refuge de Cercastan

  • + 1840m – 725m 9h30

Le petit déjeuner est frugal: 1 tasse de thé et 1 pain au lait. Malgré le petit ravitaillement d’hier, le rationnement s’impose toujours: je mets donc de côté 3 abricots secs pour la pause en milieu de matinée et 1 boîte de sardines, 1 tranche de fromage avec 2 tranches de pain pour le midi. L’étape s’annonce très longue, une des plus longues de toute la traversée, et je démarre donc très lentement pour remonter la vallée très encaissée sur un chemin bien raide. Un impressionnant chaos de blocs et de dalles rocheuses défend le col de l’Artigue. C’est un véritable labyrinthe de roc dans lequel je trouve un certain plaisir à chercher le meilleur cheminement. Pris par l’aspect ludique de ce jeu d’équilibre j’accélère insensiblement l’allure.

Mais la route est encore longue et il faut éviter de gaspiller ses forces et quand, enfin, je m’aperçois que mon rythme est un peu élevé je me force à ralentir. Bien m’en prend car, à la fin de la journée, de nouvelles descentes et remontées nous attendent. Sur le versant espagnol le sentier serpente entre lacs aux rives dentelées, roches rabotées, pins, bruyères, rhododendrons qui prennent un aspect sévère ou riant en fonction de l’avancée des nuages qui s’agglutinent sur la crête frontière. Alors que les brumes commencent à devenir plus envahissantes, du dernier col, le refuge apparaît mais il faut encore redescendre pour contourner une barre rocheuse, puis une nouvelle montée d’un peu moins de 200 mètres met un point final à cette longue et belle journée d’altitude alors que le brouillard commence à étendre son manteau humide tout autour. Arrivé au refuge, je constate avec grand plaisir que les 1800 mètres de montée ne m’ont pas vraiment émoussé, ce qui est de bon augure pour la suite du périple.

12 septembre: refuge de Certascan – replat sous le refuge du Mont Roig

  • + 970m – 1065m 7h

Après une agréable soirée et une nuit paisible au refuge je suis fin prêt pour repartir, sans trace de l’étape de la veille. C’est encore une magnifique journée où ciel bleu immaculé et air limpide parent les montagnes d’une merveilleuse lumière. Lacs, cascades, replats herbeux aux eaux tortueuses sont au menu d’un chemin en pente douce. Pour compléter ce tableau idyllique, le hameau de Noarre avec ses robustes bergeries en pierre est le lieu idéal pour une agréable pause méridienne. Notre objectif initial était de rejoindre le refuge du Mont Roig pour y passer la nuit, mais, peu avant, nous rencontrons un randonneur qui nous informe qu’un groupe de 6 personnes y est déjà installé. La promiscuité ne nous tente guère et comme une belle prairie au pied d’une cascade sous le refuge nous offre de l’herbe moelleuse nous décidons d’y installer nos tentes. Non, je ne deviens pas misanthrope mais, les jours et, surtout, les nuits passant, ma tente est devenue un douillet cocon dans lequel je suis confortablement installé. J’ai beaucoup de plaisir à me glisser le soir dans mon duvet et à apprécier la sérénité et le calme de l’endroit avant de sombrer dans un sommeil réparateur.

13 septembre: replat sous le refuge du Mont Roig – vallée de Isil

  • + 745m – 1535m 8h30

Aujourd’hui, l’attention permanente est de rigueur. D’abord, parce que l’itinéraire est complexe: il faut naviguer sans véritable trace au milieu d’un dédale de lacs et de roches polies par les glaciers où seuls quelques cairns montrent le meilleur passage. Mais, aussi, parce que quelques pas d’escalade facile, où le sac chargé nous déstabilise, jalonnent l’itinéraire. Le site est majestueux, la recherche d’itinéraire assez ludique et les heures défilent très vite. Une pause est donc bienvenue au col de Calberante.

Dans l’après midi d’autres cols nous attendent et quand, depuis le col de Curios, j’aperçois la brèche en V caractéristique du col de Cornella et le couloir à l’aspect vertical qui lui donne accès j’ai un choc… Heureusement, les années de pratique m’ont appris que c’est seulement au pied du mur qu’on peut véritablement apprécier sa difficulté. Il s’avère quand même, sur place, que la pente de celui-ci se redresse progressivement vers le haut et que la vague sente de départ se perd dans des éboulis qui me demandent un bel effort. Sur le versant ouest, la pente est beaucoup moins forte mais nous devons traverser des pierriers et des blocs avant de rejoindre, dans la forêt, un chemin mal marqué, souvent envahi par la végétation. Les heures passent et aucun emplacement de bivouac n’est en vue: il faudra certainement attendre d’avoir rejoint le fond de la vallée. Et, pour ajouter aux difficultés, nous perdons le sentier. Heureusement, en prévision d’une telle situation, j’ai apporté un GPS miraculeux qui nous indique rapidement la position du bon chemin quelques dizaines de mètres en dessous de notre position. Nous traçons donc directement dans la pente au milieu des arbres peu denses et retrouvons rapidement le sentier qui continue de dévaler vers le fond de la vallée. Celle-ci est très encaissée, à l’aspect sinistre en cette fin de journée, et les emplacements adaptés au camping semblent rares. Un vague parking en terre battue au bord de la route restera la seule possibilité pour installer notre bivouac.

14 septembre: vallée de Isil – Salardu

  • + 640m – 695m 7h

Je suis, ce matin, très inquiet à la perspective de parcourir environ 25 kilomètres sur des pistes et des routes goudronnées. Outre l’ennui que me procure généralement ce type d’itinéraire monotone je crains beaucoup les échauffements des pieds, des muscles et des articulations provoqués par des mouvements répétitifs. Je me suis donc préparé mentalement à avancer sans précipitation pour m’économiser. Finalement, après quelques kilomètres de route enserrée entre les pentes abruptes la vallée s’élargit et le paysage s’avère plus varié que je ne le craignais. Et, quand en début d’après midi la monotonie commence à me gagner, je repasse dans ma tête le film détaillé des 20 premières journées de cette traversée et j’arrive ainsi au bout de la route sans avoir senti les kilomètres défiler. Le camping est interdit à Salardu et dans les environs: donc ce soir nous profiterons du confort d’un gîte et d’une vraie douche chaude sous laquelle on peut s’attarder !!!

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