La Vanoise est un territoire qui mérite d’être traversé de long en large, entre amis ou en solitaire. A lui seul, il cumule les plus beaux joyaux que compte la Savoie, dont la plus grande calotte glaciaire d’Europe et la Grande Casse, plus haut sommet du massif de la Vanoise. Ayant déjà fait par le passé plusieurs boucles au départ de Pralognan-la-Vanoise, j’ai préféré cette fois accomplir une traversée de la Vanoise au départ de la station des Arcs, au-dessus de Bourg-Saint-Maurice, pour gagner Pralognan au terme d’une semaine itinérante du Nord au Sud.
Mon objectif était de crever un abcès, de conjurer un sort : celui d’un trek avorté après 5 jours de marche suite à une tendinite aiguë, sur les Hauts de la Vanoise, au cours de l’année précédente (2018). En cela, mes étapes ont été écourtées pour me permettre de bien souffler et de mieux profiter du paysage alpin. Avec assiduité, j’ai suivi le GR5 et sa variante GR55, tout en m’autorisant à m’en écarter pour découvrir de nouvelles facettes du paysage alpestre ou pour alléger une étape, entre pelouse alpine et ambiance minérale.
Le premier jour s’apparentait à une simple mais solide mise en jambe : le funiculaire “Les Arcs’ Express” s’élève jusqu’aux Arcs 1600, puis une navette amène rapidement à la station Arc 2000. Me voilà sur le versant nord du massif de la Vanoise en Tarentaise, à environ 2100 mètres d’altitude. Un circuit balisé fait le tour de plusieurs lacs entre alpages et panorama grandiose sur les massifs montagneux et glaciaires. Le sentier conduit aux portes du Parc national de la Vanoise et, à proximité, au refuge du Mont Pourri (2374 m), qui surplombe le vallon de Rosuel. Il est aussi sur le tour du Mont Pourri. Vue panoramique sur la face Nord du sommet de Bellecôte, immense et austère.
Cette première étape m’a placé par hasard sur le week-end de randonnée de Grégory Rohart – dois-je expliquer précisément à qui j’avais affaire ? 😉 Le lendemain, tandis qu’il finissait son tour de la Crête des Lanchettes, je reprenais le cours de mon itinéraire dès l’aube sans prendre de petit-déjeuner en m’éloignant du refuge du Mont Pourri. Ici débutait vraiment mon aventure pédestre et alpestre, à la rencontre des glaciers, de la faune sauvage et des gardiens et gardiennes qui, par leur dévouement, rendent convivial et attractif un environnement supposé par endroits inhospitalier.
Depuis l’été 2017, je transporte deux mascottes, l’ours Boute-en-train et la tortue Oeil-vif, surnommées le “Duo Solidaire” et représentatives du handicap.
Anecdotes vanoisiennes
Au soir du 3è jour, j’ai assisté à un spectacle de cirque animé par une troupe ambulante et intitulé “Spectacle à Dos“. Cet entracte d’une heure, sur la terrasse du refuge du Col du Palet (2587 m), est une bouffée d’air après de longues heures de marche en solitaire. J’ai pu échanger quelques mots avec les artistes, déjà croisés 2 ans auparavant au refuge de la Valette, et nous avons débattu sur une philosophie commune sur le respect, la solidarité, le partage ; des valeurs qui s’amplifient et s’enrichissent en montagne.
Jour 5 : Jour d’orages et de froideur extrême, dans la vallée de la Haute-Maurienne, face à la Dent Parrachée sur le plateau de Bellecombe (2310 m). A la recherche d’un abri après quelques heures de marche pluvieuse, me voilà sous une tente improvisée au-dessus d’un parking. Je découvre une auberge à proximité, je m’incruste dans une grande salle chauffée déjà pleine de monde venu pour déjeuner. Par indiscrétion, j’apprends qu’une dégustation gratuite de produits locaux est prévue dans l’après-midi… Une brève éclaircie me permet de faire un aller-retour au refuge du Lac Blanc en Vanoise pour déposer mon sac de trek, puis je reviens à l’auberge de Bellecombe juste à l’heure pour le début des festivités. Cette mésaventure à cause de l’orage m’a permis de partir à la découverte du terroir de la Maurienne, à travers une table garnie de spécialités savoyardes : charcuterie (jambon, saucisson sec, lardons, etc), fromage (la Tomme, Beaufort et Bleu de Bonneval) et, pour pimenter ce régal du palais, rien de mieux que les vins de Savoie et de l’Isère en présence d’un maître sommelier !
Météo sur ma traversée de la Vanoise
Bien que clémente les 2 premiers jours, la météo fut incertaine par la suite, entre averses et éclaircies. Au 5è jour, la dépression fut si intense que l’orage et la brume opaque ont totalement fait disparaître du paysage le sentier balcon menant au refuge de l’Arpont, un itinéraire rocheux se transformant en patinoire glissante en cas de forte tempête. Heureusement, le refuge ayant été vite complet, j’ai du réserver ma nuit à un autre refuge sur le versant opposé, autrement moins périlleux et moins sauvage que pour aller à l’Arpont ! J’ai gagné au change à l’auberge de Bellecombe pour une dégustation savoyarde gratuite, puis au refuge du Lac Blanc en Vanoise pour une soirée intimiste 🙂
Col d’Aussois, point culminant
Le point d’orgue de mon trek fut l’ascension du col d’Aussois (2916 m) : une destination prisée des randonneurs, faisant de cet endroit une balade classique de la Vanoise. Lieu de passage, il est à cheval entre la Haute Maurienne et la Haute Tarentaise. Idéalement situé entre les glaciers de la Vanoise et l’aiguille de Polset, avec panorama exceptionnel sur le massif de la Vanoise et le Mont Blanc. Depuis le col d’Aussois, accès direct à la Pointe de l’Observatoire (3016 m) dominant la vallée de Chavière. Le col a représenté aussi la dernière étape de ma traversée de la Vanoise avant de gagner le lendemain le village de Pralognan (1400 m).
Les étapes de ma traversée de la Vanoise
Jour 1 : Bourg-Saint-Maurice – Arc 2000 – Refuge du Mont Pourri (2374 m)
+ 1500 m / – 400 m 3h00Depuis la gare SNCF de Bourg-Saint-Maurice, le funiculaire Les Arcs’ Express m’élève jusqu’aux Arcs 1600. Puis des navettes gratuites relient successivement aux stations Arc 1600, Arc 1950 et Arc 2000. Arrivée sur le versant nord du massif de la Vanoise en Tarentaise, à environ 2100 mètres d’altitude. Le sentier balisé du « Circuit des lacs » traversent des alpages, au lac Saint-Jacques et, plus loin, au lac de l’Homme. Apparaissent le glacier du Varet et celui du Grand Col. Une piste carrossable rejoint le lac Marlou et le lac des Moutons (2574 m). Possible de contempler le Mont Blanc par temps clair. Au Sud, c’est le site protégé du Parc National de la Vanoise. Un large chemin descend à flanc de montagne dans le vallon de Rosuel jusqu’à un replat verdoyant où est niché le refuge du Mont Pourri. Vue panoramique sur la face Nord du sommet de Bellecôte, immense et austère.
Jour 2 : Refuge du Mont Pourri – Col du Plan Séry (2609 m) – Refuge de Plaisance (2170 m)
+ 480 m / – 440 m 6h00Sous la surveillance du Mont Pourri, second sommet de la Vanoise, et en perspective de la Grande Motte (3653 m), j’entame une descente raide à travers les éboulis, sous les cascades des glaciers, jusqu’en amont de la vallée de Peisey-Nancroix. Ici, je rejoins le GR5 à la croisée avec le long replat du Plan de la Plagne, où les vaches tarines pâturent. Une courte distance me sépare du Lac de la Plagne et du refuge d’Entre-le-Lac (2145 m). Tournant le dos à l’imposant Dôme de la Sache, un chemin cairné grimpe jusqu’au col de Plan Séry (2609 m), dominé par la Pointe de la Vallaisonnay et par le Grand Tuf. Nouvelle descente qui serpente tranquillement jusqu’à un étroit plateau, dans un vallon verdoyant, où est posé le refuge de Plaisance (2170 m). Vue exceptionnelle sur des sommets mythiques de la Vanoise : le Grand Bec, les glaciers du Cul du Nant, la Pointe des Volnets et celle de la Grande Glière.
Jour 3 : Refuge de Plaisance – Vallon de Champagny – Refuge du Col du Palet (2587 m)
+ 1090 m / – 610 m 7h00Départ matinal le long du ruisseau du Py pour gagner en contrebas le Laisonnay d’en Haut (1560 m), dans la vallée de Champagny-le-Haut encore dans l’ombre. A gauche, une large piste pastorale s’enfonce vers le fond du vallon fermé par un verrou glaciaire. La route d’alpage mène au refuge de la Glière (2010 m), constitué de plusieurs chalets et dominé par la spectaculaire face Nord de la Grande Casse. Un sentier en épingle s’élève au-dessus du refuge de la Glière et contourne l’Aiguille Noire par sa droite. Traversée du Chalet du Grand Plan (2336 m) et le petit Lac du Grand Plan (2480 m). Accès direct au Col de la Croix des Frêtes (2647 m), avant d’arriver au Col du Palet (2652 m). Tout proche vers le Nord, c’est le refuge du Col du Palet. L’altitude du refuge en fait l’un des plus hauts de la Vanoise.
Jour 4 : Refuge du Col du Palet – Col de la Leisse (2760 m) – Refuge de la Leisse (2487 m)
+ 174 m / – 274 m 5h30Courte étape qui permet de profiter du paysage, de la faune et de l’ambiance minérale de la haute montagne. Montée jusqu’au Col du Palet (2652 m) qui surplombe la station de Tignes Val Claret, située en Haute-Tarentaise à la frontière italienne. En bordure de la vallée de la Maurienne, entrée dans le vallon encaissé de la Leisse, parsemé de petits lacs et royaume des marmottes, bouquetins et chamois. Sous le versant Sud de la Grande Motte, surgissent les trois chalets de type “chaloin” du refuge de la Leisse, escale reposante entre alpages et faune sauvage.
Jour 5 : Refuge de la Leisse – Plateau de Bellecombe – Refuge du Lac Blanc (2300 m)
+ 250 m / – 430 m 6h00Longeant la rive gauche du torrent de la Leisse, sous les contreforts rocheux et les éboulis de la Grande Casse, je rejoins le GR55 à hauteur du pont de pierre de Croé-Vie (2099 m), situé sur la Route du Sel en-dessous du Col de la Vanoise. Un détour au refuge d’Entre-Deux-Eaux me conduit sur une piste carrossable jusqu’au Pont de la Renaudière (2053 m), qui enjambe le torrent de la Rocheure. Une montée raide me fait gagner la chapelle Saint-Barthélémy, qui représente une des portes d’accès au Parc National de la Vanoise en Haute Maurienne. Un sentier balcon au-dessus de la gorge du Doron de Termignon mène au parking de Bellecombe. Au fil de petits lacs alpins le long d’un vaste alpage, le panorama se dévoile sur les glaciers descendants des Dômes de Chasseforêt et de l’Arpont, sur le versant d’en face. Arrivée au refuge du Lac Blanc, en contrebas duquel se niche le lac du même nom, dominant la commune du Val Cenis Termignon. Depuis ce refuge, des tables d’orientation permettent d’identifier les nombreux sommets de la Haute-Maurienne qui l’entourent, dont une vue grandiose sur la Dent Parrachée et les Glaciers de la Vanoise sur le versant opposé.
Jour 6 : Refuge du Lac Blanc – Refuge de la Dent Parrachée (2520 m)
+ 500 m / 0 m 5h00Courte journée qui consiste le matin à se balader autour du lac Blanc de Vanoise. Puis prendre une navette gratuite (ligne 6) pour aller au Val Cenis Termignon, puis une correspondance avec la ligne M11 transporte au village d’Aussois. A pied cette fois, suivre la petite route en direction des “Barrages – Plan d’Amont”. Au parking du Plan d’Aval (2015 m), une large piste serpente jusqu’au refuge de Plan Sec (2330 m), anciens chalets d’alpage au style traditionnel. Au-dessus des barrages de Plan d’Aval et Plan d’Amont, une ultime distance me sépare du refuge de la Dent Parrachée, rénové récemment afin d’améliorer le confort. Repos obligé sur un transat du balcon-terrasse qui domine le Grand Lac de Plan d’Amont, face aux sommets frontières de la Maurienne !
Jour 7 : Refuge de la Dent Parrachée – Col d’Aussois (2914 m) – Refuge Le Repoju (1710 m)
+ 650 m / – 1300 m 7h00Cette dernière journée est l’occasion de randonner dans une ambiance « haute montagne » avec l’ascension du col d’Aussois (2914 m), puis de la Pointe de l’Observatoire (3015 m). Le sommet est situé entre les glaciers de la Vanoise et l’aiguille de Polset, avec panorama exceptionnel sur le massif de la Vanoise et le Mont Blanc. Le col est aussi un lieu de passage pour retrouver la vallée de Chavière, 1300 mètres en aval ; et au-delà, Pralognan-la-Vanoise. Conclusion de mon odyssée sur la terrasse du refuge Le Repoju, mon dernier hébergement. Occasion de retrouver l’ambiance pastorale du hameau des Prioux et de savourer une douce nuit au coeur de l’alpage.
Dernier jour : Hameau des Prioux – Pralognan-la-Vanoise (1400 m)
+ 0 m / – 300 m 2h00Fin de l’aventure ! Après un dernier regard vers le refuge du Repoju et la vallée de Chavière, un sentier facile permet de revenir sur Pralognan-la-Vanoise.
Carte IGN Top 25
- 3534 OT – Les Trois-Vallées / Modane / Parc national de la Vanoise
- 3633 ET – Tignes / Val-d’Isère / Haute-Maurienne / Parc national de la Vanoise
Carnet original : Traversée de la Vanoise (Ankryan Carnets)
Galerie : 90 photos de ma traversée de la Vanoise
Mon portfolio est l’expression de mes découvertes et de mes aventures à travers le Parc national de la Vanoise, à la frontière italienne. Voici une sélection de 90 photos hautes en couleur et en émotion pour refléter un itinéraire d’exception sur ma traversée de la Vanoise, autant sur les plus hauts cols que dans de larges vallons d’altitude.
Je suis un passionné de montagne. J’aime prendre de l’altitude, à l’instar de ceux qui prennent du recul.
Ma pratique du trek se compose en solitaire depuis de nombreuses années, en semi-autonomie sur plusieurs jours, souvent l’été, rarement l’hiver. Photographe passionné, j’apprécie de faire des reportage-photos pour exprimer la beauté des paysages, à califourchon sur les plus hauts cols. Aussi, je retranscris par écrit toutes mes aventures pédestres, avant de partager ces découvertes par le biais de mes sites dédiés au voyage.
Nul besoin de consulter un spécialiste en cas de déprime ou de crises d’angoisse, la randonnée en montagne est mon médicament naturel !
Mes sites à consulter pour continuer ensemble l’aventure :
* Photos de voyage
* Carnets de voyage
* Annuaire de voyage
* Handi-cv.com sur les sommets