Pendant 4 jours, j'ai randonné dans le ValPoschiavo, la plus méridionale des 150 vallées des Grisons en Suisse. Retour sur cette randonnée réalisée à l'occasion de l'Adventure Travel World Summit qui s'est tenue à Lugano.
L’Adventure Travel World Summit et le Val Poschiavo
L’Adventure Travel World Summit (ATWS) est un événement B2B qui réunit tous les ans les professionnels des quatre coins du monde du tourisme d’aventure. L’event est organisé par l’Adventure Travel Trade Association. La session 2022 a eu lieu à Lugano en Suisse. A chaque session, le lieu est différent.
L’ATWS, comme tout le monde l’appelle, se découpe toujours en trois moments :
- Une aventure dans le pays hôte réunissant certains participants par de l’événement. Pour moi, ce fut cette randonnée dans le Valposchiavo avec d'autres professionnels du tourisme d'aventure.
- Un « day adventure » dans la région du pays hôte, soit près de Lugano. Une journée d’e-bike dans la vallée Emeraude.
- 3 jours de conférences, échanges, débats et rencontres.
En plus de cet événement mondial, l’ATTA organise des évents régionaux aux quatre coins du monde. Si vous êtes un professionnel du tourisme d’aventure et souhaitez étendre votre réseau, l’event est entièrement dédié à cela, sans parler des pistes de réflexion professionnelle qu'il apporte.
J1 : Morteratsch – lago bianco – Casa Alpina Belvedere
+ 239 m / – 339 m 13,1 km Casa Alpina BelvedereDepuis Pontresina où nous sommes arrivés la veille, nous prenons le train pour la gare de Morteratsch. Nous sommes sur la ligne de chemin de fer rhétique de la Bernina entre Saint-Moritz et Tirano inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. C'est vraiment dommage que le panorama soit bouché.
Nous sortons du train et partons découvrir l’Alp-Schaukäserei qui produit du lait et fabrique du fromage tout en permettant de l’acheter et de le déguster sur place. Mais ce qui fait la différence avec d’autres établissements que l’on peut voir n’importe où, c’est qu’ils font tout ça devant vous sur le principe de la cuisine ouverte. Vraiment génial !
Nous quittons la fromagerie pour rejoindre le glacier de Morteratsch. Même s’il ne pleut pas beaucoup, les nuages nous empêchent de voir le moindre sommet. Le chemin qui remonte la vallée est très facile. J’imagine sans mal que l’été et par beau temps, il doit être plein de marcheurs. Mais là en l’occurrence, nous sommes quasi seuls. Le long du chemin, des panneaux indiquent là où était le glacier par le passé. Son recul est impressionnant, ça fait froid dans le dos. Et c'est encore plus inquiétant quand on sait que l'année 2022 est une nouvelle année record dans la fonte des glaciers en Suisse.
De retour à la gare, nous prenons à nouveau le train pour la gare d’Ospizio Bernina face au lago Bianco et au Piz d’Arlas (3467 m) que nous ne voyons pas. Nous marchons une petite centaine de mètres pour rejoindre un bâtiment en béton serti d’un silo, la Camera Obscura. Edifié par les architectes Bearth & Deplazes en collaboration avec le photographe Guido Baselgia, le silo abrite une chambre noire qui laisse entrer la lumière par un minuscule trou. Sur le mur blanc qui nous fait face, des formes apparaissent tout doucement. Nous finissons par comprendre qu'il s'agit de la montagne qui est dernière nous. Tout le paysage à 180° apparaît à l'envers sur le mur. Comme des enfants, nous poussons de petits cris de surprise.
De retour à l'extérieur, on distingue entre deux nuages le glacier du Vadret Val Cambrena. Nous longeons le lago Bianco vers le sud en espérant y trouver plus de soleil. C'est finalement une pluie drue et fine qui tombe sur nous. Vers 16h00, nous arrivons à la Casa Alpina Belvedere. Pour le belvédère, il faudra revenir. Mais l'hôtel de montagne, simple mais cosy, remplit bien son rôle de refuge en montagne. La bière y est excellente ainsi que le dîner.
J2 : Casa Alpina Belvedere – Poschiavo
+ 38 m / – 1178 m 11,4 km Monastero S. Maria Presentata Suore AgostinianeCe matin, je vérifie les prévisions météorologiques au réveil. Pas mieux que la veille, moins bien même. Avant de quitter l'hôtel de montagne, je prépare donc bien mon sac à dos pour éviter de mouiller son contenu.
Le chemin passe à proximité du lago palü d'un bleu turquoise étonnant compte-tenu du mauvais temps. Il doit être splendide par beau temps. Le chemin est aujourd'hui largement descendant et forestier. Je profite des couleurs d'automne et même s'il pleut, je suis heureux d'être là et de partager ce moment avec mes compagnons d'aventure.
Le point d'orgue de la journée est le passage par les marmites géantes du jardin des glaciers de Cavaglia. Ici, le glacier de palü, ses eaux et ses débris ont forgé les marmites au fil des décennies. Je suis toujours surpris par ce que la nature peut produire. Il nous reste deux heures de marche pour rejoindre Poschiavo. On s'installe au monastère pour passer la nuit dans une ancienne cellule.
Parmi les visites incontournables de Poschiavo figure en bonne place la Casa Tomé. Cette ancienne ferme qui remonte au moyen-âge constitue un rare témoignage de la vie d'autrefois dans le Valposchiavo. La visite guidée du coeur historique est aussi pleine d'anciennement pour comprendre le Poschiavo d'aujourd'hui.
Je voulais aussi vous faire connaître une initiative que j'ai trouvée forte intéressante. Il s'agit du label 100% Valposchiavo qui indique si un produit vient de la vallée. Certains restaurants jouent aussi le jeu et vous pouvez ainsi savoir s'il sélectionne des produits de la vallée pour cuisiner. Pensez-y en choisissant un restaurant dans le Valposchiavo.
J3 : Poschiavo – Rifugio Alpe San Romerio
+ 1055 m / – 270 m 11,3 km Rifugio Alpe San RomerioCe matin, j'ai l'agréable surprise en me réveillant de voir les montagnes qui entourent Poschiavo. Je m'empresse de faire quelques photos depuis la fenêtre de ma cellule. C'est un réel plaisir de voir les montagnes. Après deux journées bien humides, les prévisions météorologiques annoncent une journée sans pluie. Contrairement à la veille, le profil de la journée est essentiellement ascendant.
Après une dernière balade dans Poschiavo, nous quittons la capitale de la vallée pour nous enfoncer dans la forêt par un chemin qui grimpe bien. Je prends le temps de repérer les traces laissées par les occupants de la forêt, des pommes de pin grignotées par les écureuils, des déjections de renard. Avec les pluies qui viennent de tomber, les champignons ont trouvé un terrain idéal pour prospérer.
Aujourd'hui, nous marchons sur une portion de la Via Valtellina, une randonnée de 135 km du Montafon à Tirano. Le chemin n'a pas beaucoup de point de vue. C'est dommage. Je commençais à m'ennuyer quand soudain des guêpes nous ont attaqué. Nous avons été quatre à avoir été piqué. Je n'ai pas vu ce qui a déclenché ce comportement agressif. J'ai personnellement reçu quatre piqures qui m'ont bien mis ko les trois jours suivants.
Alors que je pensais que la journée allait se terminer sur ce petit événement, plutôt déçu globalement par la journée de marche, l'arrivée sur la petite église de San Romerio a d'un éclat fait voler toutes mes déceptions. Construite au Moyen-Âge sur un éperon rocheux qui domine le Valposchiavo, l'église apparaît comme un mirage dans la montagne. Je la photographie dans tous les sens puis je rejoins mes camarades de randonnée déjà attablés sur une des tables extérieures du refuge commandant des bières. Nous faisons connaissance avec Gino, le gardien. Le refuge qui appartient à la famille Bongulielmi depuis 1829 est un véritable havre de paix. Très actif, Gino a même construit de ses propres mains les crots, un petit bâtiment circulaire en pierre permettant de remplacer l'usage de plusieurs frigos. Ici, on se sent connecté avec la terre et la nature.
J4 : Rifugio Alpe San Romerio – Tirano
+ 385 m / – 1738 m 15,5 kmCe matin, le beau temps est revenu. Je profite que le groupe ne soit pas près pour aller près de l'église San Romerio. Jim et Richard en feront autant. Je profite de leur passage pour immortaliser l'instant. Cet endroit a une âme. Et c'est à regret que je le quitte.
Aujourd'hui, on ne fait quasiment que descendre vers Tirano et l'Italie par de petits chemins forestiers ou de petites routes de campagne qui relient les hameaux de la vallée. Tout ce qui nous fait face ou presque est en Italie. C'est d'ailleurs intéressant de constater que la frontière entre la Suisse et l'Italie n'est pas ici au niveau des montagnes comme cela est souvent le cas dans les Alpes mais en fond de vallée. La Valteline où se situe Tirano a revêtu pendant de nombreux siècles un enjeu stratégique de premier ordre avec ses nombreux conflits. C'est de ses événements historiques que la frontière a été dessinée.
A l'approche de Tirano, la végétation méditerranéenne domine. Le changement a été radical avec le haut du Valposchiavo. A Tirano, je craque pour une glace à l'italienne. Saviez-vous qu'ici le Swiss Pass fonctionne toujours ? Tirano a même son propre guichet pour les trains suisses. Quant à nous, c'est un taxi qui nous attend pour rejoindre Lugano et assister aux conférences, rencontres et débats de l'Adventure Travel World Summit.
Informations pratiques pour randonner dans le Valposchiavo
Comment s’y rendre ?
J'ai rejoint la gare de Pontresina en train et en bus depuis l'ouest Lyonnais. Le réseau ferroviaire Suisse est une orfèvrerie. Les trains sont confortables, propres, à l'heure et en nombre. Un exemple à suivre pour voyager en Europe sans avion.
Difficulté de la randonnée
Randonnée plutôt facile sur bon sentier. Seul le J3 présente du dénivelé à la montée.
Avec qui partir ?
Cette randonnée a été réalisée avec l'agence suisse Out & About, spécialiste des randonnées à pied et à vélo en Suisse. Si le site internet est disponible en allemand et anglais, l'agence dispose d'accompagnateurs francophones comme Dominique qui nous a servie de guide.
Cartes de randonnée
- Carte ValPoschiavo au 1/50 000e des éditions Swiss Topo.
Plus d’informations
- Valposchiavo : le site officiel de l'office de tourisme de la vallée
- My Switzerland : le site de l'OT de la Suisse
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.