Retour sur 3 jours de randonnée dans le Wadi Rum, le désert mythique de Jordanie.
Généralités sur le Wadi Rum
Situé au sud de la Jordanie, à la frontière de l’Arabie saoudite, le désert du Wadi Rum plonge à son extrémité sud-ouest dans la mer Rouge.
Il y a 30 millions d’années, le fossé de l’actuelle vallée du Jourdain s’enfonce en provocant le soulèvement du socle granitique de la Jordanie. Progressivement, une couche de grès de plus de 700 mètres d’épaisseur se forme dans laquelle des tremblements de terre successifs ouvrent des failles. Commence alors le lent travail de l’érosion causé par le ruissellement de la pluie et les vents corrosifs. C’est par ce processus que s’est façonné l’actuel désert du Wadi Rum.
Situé à une altitude moyenne de 1000 mètres et d’une superficie de 720 km², le Wadi Rum, est formé d’imposants massifs de grès entrecoupés de vastes plaines de sable.
Afin de concilier protection de l’environnement et activité économique des bédouins arabes qui vivent dans ces vallées, le Wadi Rum a été classé aire protégée en 1998.
A l’intérieur de l’aire protégée, 36 campements bédouins accueillent les touristes de passage. Pas toujours de très bons goûts : certains camps de mèche avec des agences locales semblent ouvertement privilégier le business à la protection de l’environnement. Dommage ! Fort heureusement, nous éviterons ces pièges à touristes…
L’écosystème comprend pourtant de nombreuses plantes endémiques à la région, environ 120 espèces d’oiseaux dont le vautour fauve, l’aigle de Bonelli, le corbeau à queue courte et la chouette hulotte de Hume. Des enquêtes ont également montré la présence du loup gris, de l’ibex (sorte de bouquetin) et du chat des sables. Les rencontres sont rares mais les montagnes gigantesques, avec leurs nuances de rouge, de jaune et d’orange, suffisent à aimer le Wadi Rum. C’est avec La Balaguère, spécialiste des voyages et randonnées dans les Pyrénées et dans le monde, que j’ai réalisé ma semaine en Jordanie.
Siq Um el Tawaqui
Deux mots sur le voyage
Même si la Jordanie n’est pas à proprement parler une destination majeure pour le trek, le pays recèle de belles possibilités de randonnées à la journée ou sur plusieurs jours. C’est le cas du désert du Wadi Rum qui fait partie intégrante d’un voyage de 9 jours en Jordanie organisé par La Balaguère. Nous avons également découvert Aqaba, la mer morte et surtout Pétra, vestige de la culture nabatéenne. Depuis ce voyage, je suis retourné marcher 4 jours dans le désert du Wadi Rum.
Diseh – Um el Tawaqui
- Temps de marche : 1h30
- Climat : venteux
Depuis le site Nabatéen de Petra, nous rejoignons en bus le village de Diseh en deux heures, porte d’entrée du désert du Wadi Rum.
Après s’être rassasiés à l’ombre d’un poivrier, nous entamons notre incursion dans ce désert mythique qui a inspiré de nombreux cinéastes comme David Lean (Lawrence d’Arabie) et Steven Spielberg (Indiana Jones et la Dernière Croisade).
“Notre minuscule caravane, brusquement intimidée, tomba dans un silence de mort, honteuse d’étaler sa petitesse en présence de masses aussi formidables” écrivait T.E. Lawrence dans Les sept piliers de la sagesse, décrivant son arrivée dans le Wadi Rum.
Peu à peu, on quitte notre perception du monde et on s’infiltre dans un espace intemporel. Le vent, chaud, qui souffle de plus en plus fort nous rappelle que les kefiehs achetés quelques heures plus tôt à Diseh ne sont pas qu’un produit touristique. En plus de protéger du soleil, ils servent de rempart contre le vent.
Arrivée dans le siq d’Um Tawaqui, canyon confidentiel à la caisse de résonnance impressionnante, nous nous engouffrons sous la tente bédouine pour y boire un thé avant d’aller ramasser du bois mort pour le feu du soir.
Egalement appelé la vallée de la lune, le Wadi Rum, au coucher de soleil est un moment privilégié pour admirer le chassé-croisé entre le soleil et la lune ; une valse à deux temps orchestrée par les étoiles naissantes et magnifiée par les voyageurs de passage. Un cours instant, tout paraît s’enflammer…
Sur les traces de Lawrence d’Arabie
Um el Tawaqui – Siq al Burrah – Um el Tawaqui
- Temps de marche : 7h00
- Climat : Anticyclonique
Après le lever de soleil, nous partons explorer un peu plus loin le désert du Wadi Rum. A la sortie du campement, on aperçoit l’indien, roche de grès représentant le visage élancé d’un indien. Avec le temps, l’érosion a donné des formes étranges à la pierre…
Il est 8h00, le ciel est d’un bleu pur et il fait déjà extrêmement chaud. Nous entrons dans le Siq al Burrah, un canyon assez large d’une centaine de mètres dans lequel le sable et une végétation plutôt maigre ont élu domicile.
Le Wadi Rum n’est pas un désert de type saharien, rythmé d’ondulations de dune. Le spectacle y est avant tout vertical : les djebels se dressent droits et fiers depuis le fond des vallées.
Siq al Burrah : cette enfilade de roche striée par le vent, aux teintes irisées, sentinelle des temps immémoriaux, est un labyrinthe monolithique stupéfiant qui donne le vertige à force d’avoir la tête en haut, en bas, à droite et à gauche pour ne rien rater des yeux. Du pur bonheur !
A la sortie du canyon, nous arrivons dans une vallée ouverte avant de déboucher sur la maison de Lawrence d’Arabie. A l’état de ruine, est-elle d’ailleurs véritablement sa maison ? Peu importe. Petit rappel historique même si tout le monde pense connaître Lawrence d’Arabie depuis le film historique de David Lean de 1962 avec Peter O Toole, Alec Guiness et Omar Sharif. Le film, tourné en partie dans le Wadi Rum, a fait connaître Thomas Edward Lawrence pour son implication dans la libération des tribus Arabes face aux Turcs durant la Première Guerre Mondiale. C’est un raccourci historique que tout le monde entretient, surtout ici en Jordanie car le personnage est sympathique aux yeux des étrangers. Espion britannique, Lawrence d’Arabie a toujours cherché à aider les intérêts de son pays. En juin 1916, il est envoyé en mission pour rencontrer les chefs des tribus arabes en vue de relancer la révolte. Il réussit à convaincre le Prince Fayçal Bin Hussein de porter cette révolte contre les Ottomans. Le 12 juin 1917, au matin, les arabes prennent d’assaut la ville d’Aqaba. Pris de cours, les turques rendent les armes. C’est la première victoire face aux Ottomans. Quelques mois plus tard, l’Angleterre et la France concluent un accord de partage des terres Ottomanes. Lawrence d’Arabie n’en dira jamais rien au Prince Fayçal.
Comme le sable qui glisse dans les doigts, l’Histoire s’écrit parfois avec quelques arrangements. Retour au campement par une des larges vallées du Wadi Rum. Une belle journée de marche !
Retour vers Diseh
- Temps de marche : 2h00
- Climat : anticyclonique
Dernier jour dans le Wadi Rum avec l’intime conviction d’y être resté trop peu de temps… L’ambiance est joueuse aujourd’hui. On court, roule dans le sable, descend les dunes à toute vitesse…
Le désert n’est pas toujours vécu de l’intérieur mais reste toujours une expérience particulière à jamais gravé dans les mémoires.
Informations pratiques – Wadi Rum
Aérien
Vols réguliers de diverses compagnies (THAROM, AL ITALIA, KLM, LUFTHANSA, JORDANIAN AIRLINES…) Horaires pas toujours confortables mais offrant par ailleurs l’avantage de départ de province.
Recherchez votre billet d'avionTestez également le comparateur de billets d'avion de Kayak !
Change
L’unité monétaire est le Dinar Jordanien, les billets de banque émis sont de 5, 10, 20, et 50 DJ. N’acceptez pas les billets en papier de 1JD, prenez seulement les pièces.
Le change est libre. Le cours du dinar jordanien varie suivant le cours du $ américain : 1 euro = 0, 99 dinar jordanien (septembre 2007).
La Carte Bleue Internationale est utilisable dès l’aéroport.
Avec qui partir ?
Cette randonnée dans le Wadi Rum est un des moments forts du voyage découverte « De la route des Rois à Aqaba » (9 jours) réalisé par l’agence La Balaguère.
Un circuit de 15 jours permet de découvrir plus en profondeur le wadi Rum ainsi que d’autres centres d’intérêts de la Jordanie comme la réserve naturelle de Dana.
Quand partir ?
Janvier : 4°C à 15°C
Avril : 12°C à 25°C
Juillet : 19°C à 36°C
Octobre : 13°C à 29°C
Les meilleures périodes pour la visite du Wadi Rum se situent en mars/avril et octobre/novembre. Il n’y fait ni trop chaud ni trop froid. Par ailleurs, les risques de pluie, de neige ou de vent y sont moins importants.
Entrée dans le Wadi Rum
La zone protégée du Wadi Rum est payante. 5 JD pour l’ensemble du séjour. Gratuit pour les moins de 12 ans.
Conseils utiles
Habillez-vous toujours de manière correcte lorsque vous visitez une zone habitée par les Bédouins. Leur culture est très différente de celle des pays occidentaux plus libéraux ; le port de shorts très courts ou de débardeurs sera considéré comme irrespectueux.
Si vous passez la nuit dans le Wadi Rum, n’oubliez pas de prendre un vêtement chaud, car les températures varient considérablement et passent de 32 °C en moyenne le jour à 4 °C la nuit.
La Jordanie fait partie des pays les plus pauvres en eau. Ayez une consommation adaptée et ne salissez pas les sources.
Demandez la permission avant de photographier ou de filmer une personne.
Pendant le Ramadan, il faut respecter les interdits (ne pas fumer ou manger dans les lieux publics entre le lever et le coucher du soleil, sauf dans les hôtels, et les restaurants habitués à accueillir des hôtes). Le soir, c’est une ambiance festive.
Bibliographie
- Les 7 piliers de la sagesse de Lawrence d’Arabie : Amazon – Fnac
- Hiking in Jordan: Trails in and Around Petra, Wadi Rum and the Dead Sea Area : Amazon
- Lonely Planet Jordanie : Amazon – Fnac
- Guide du Routard Jordanie : Amazon – Fnac
Liens internet
- Office de Tourisme de Jordanie : http://fr.visitjordan.com/
- Portail sur Lawrence d’Arabie : http://www.al-lawrence.info
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.