Refuge du col de la Croix de Pierre – Refuge du Plan Mya

• 22km, 1300m D+

Je pars tard, et je râle un peu. En effet, le petit déjeuner a été servi à 8h alors qu’il est écrit partout que le service commence à 7h. En plus de m’être levé plus tôt, je prends donc un peu de retard sur l’étape du jour. Mais ce n’est pas bien grave, car aujourd’hui je vais au refuge de la croix du Bonhomme qui n’est pas très loin. Je décolle donc à 8h30 sous un beau ciel bleu. La montagne a déjà été réveillée par le bruit des clarines et la rosée est presque sèche. Je m’engage sur le GR qui file à l’est en direction des Aiguilles Croches. J’y serais bien monté, mais l’on m’a averti que ça ne valait pas vraiment le coup. J’ignore donc la trace qui y grimpe pour continuer à flanc de montagne. Le sentier se dessine en balcon sur la station du Val Joly et je distingue au loin les remontés mécaniques qui permettent de relier les Contamines Montjoies et la station des Saisies. Puis, et comme je n’avais pas trop préparé l’étape, je me fais surprendre par un petit raidillon qui grimpe fort. Tant mieux, cela fait une bonne mise en jambe. Enfin, j’arrive en surplomb du Col du Joly (1989m) et voilà que je tombe nez à nez avec des voitures ! Le col est en fait accessible aux automobilistes, car il y a un Belvédère splendide sur la chaine du Mont Blanc. Comme le ciel est dégagé, je devine à l’horizon le col de Tricot où j’étais monté il y a environ un an par une mauvaise météo. J’aperçois aussi les dômes de Miage, le glacier d’Armencette et de Tré la Tête. Splendides, ces sommets et glaciers me rappellent la disparition de mon ami Charles et de son frère , qui y ont été emportés par une avalanche cet hiver.

Superbe panorama
 

Après m’être recueilli un instant, je repars en direction du col de la Fenêtre (2245m). Le sentier contourne l’aiguille de Roselette et progresse ensuite le long de ses contreforts avant de s’engouffrer dans un pierrier.

En allant vers la fenêtre

J’ arrive rapidement au col et la vue est encore une fois extraordinaire. L’endroit porte bien son nom puisqu’on passe littéralement par « la fenêtre » pour changer de vallée.

Le col de la Fenêtre, qui s’ouvre sur une autre vallée
 

Après quelques pas dans la descente, je retrouve des lieux qui me sont familiers : Le chalet de la Balme, la tête Nord des Fours (2756m)…Alors que je traverse désormais un pierrier, j’aperçois sur ma droite le col et la tête de la Cicle (2552m). Je n’y suis jamais allé et me dis qu’il faudra le faire lors d’une prochaine sortie.

Col de la Cicle
 

Puis, j’arrive à la Cascade de la Balme, au pied du col du Bonhomme. Pas de doute, je ne suis pas perdu: des balisages « TMB » partout et surtout énormément de monde. Lorsqu’on me demande pourquoi je suis toujours barré en montagne j’aime bien répondre qu’on est 7 milliards sur Terre et que la montagne est l’un des rares endroits où l’on peut dire: « Merde ! 7 milliards de zozos sur terre, et nous ne sommes que 5 à voir ça en ce moment !! »

Bref, l’exception qui confirme la règle c’est le col du Bonhomme. Des groupes partout, du monde sur le TMB, des randonneurs à la journée… Du coup je grimpe le plus vite possible sur ce sentier que je connais bien en essayant de dépasser les files de sacs fluo qui serpentent sur la montagne. En haut, la vue est belle et j’aperçois le Lac de la Girotte et plus au Nord encore les Aiguilles Croches où je passais ce matin… tout semble déjà si loin !

Lac de la Girotte et aguilles croches à l’horizon
 

Je parviens au refuge du Col de la croix du Bonhomme (2433m) un peu avant midi. J’y mange un sandwich et me ravitaille en eau. Comme d’habitude, l’accueil au Bonhomme est très bon et l’équipe est très sympa. Mais comme d’habitude le refuge est blindé et puisqu’il est tôt j’annule ma réservation et décide de poursuivre ma route. Je m’engage  donc sur la crête des Gittes (2537m) et je joue aux montagnes russes en grimpant sur chaque ressaut. Aérienne, elle donne l’impression de plonger au loin dans le lac de Roseland.

Depuis la crête, je regarde le bonhomme s’éloigner

Sur la crête des Gittes, lac de Roseland

Puis, j’atteins le col de la Sauce (2307m) où je rencontre Daniel qui marchait dans l’autre sens. Sachant que je devais m’arrêter au Bonhomme, il comptait m’y retrouver. Je lui propose d’y remonter, mais nous décidons finalement de descendre au plan de Mya, qui surplombe le plan de Lai. Pendant la descente, on aperçoit le Roc du Vent (2360m) au Nord et la route qui grimpe vers le Cormet de Roselend au Sud. Au loin, Daniel me désigne le sentier qui monte au lac du Presset via le col de Grand Fond. Malheureusement le refuge de Presset (CAF) étant complet, je ne pourrai pas m’y arrêter. Dommage, car l’endroit est splendide !

Alors que nous dévalons le sentier, nous retrouvons Katherine qui avait rebroussé chemin par crainte du mauvais temps. Elle ne s’était pas trompée puisqu’effectivement, un orage éclate derrière nous. Heureusement, nous passons au travers des gouttes et arrivons secs au refuge du Plan de Mya (1820m) vers 15h30. L’endroit est rustique et fait penser à une vieille ferme retapée en dortoir. Alors que je m’installe, Katherine et Daniel décident de rester manger au refuge. Le repas est très bon, mais c’est encore une tartiflette !  Nous rencontrons des gens très sympathiques qui randonnent avec deux enfants. Je suis d’ailleurs impressionné par leur étape du jour. Je discute également avec des participants de la PTL et un participant de la TDS. Comme d’habitude, je suis admiratif à l’idée de ce qu’ils s’apprêtent à accomplir. Puis, je dis au revoir à K&D et pars me coucher. Pendant la nuit, un violent orage éclate. Les vielles poutres en bois craquent, grincent, mais nous restons bien au sec. Un campeur moins chanceux qui dormait sous bâche rentre, trempé, pour se mettre à l’abri.

Aurélien Marie

 Passionné de montagne, je pratique le trail, la rando ainsi que les activités hivernales.