L’orang-outang, le seul grand singe d’Asie, ne vit que dans la jungle de Sumatra et Bornéo à cheval sur l’Indonésie et la Malaisie. L’orang-outang, « l’homme de la forêt » en malais, est entrain de mourir à petit feu. Pendant 3 jours, je suis parti à sa rencontre lors d’un trek dans la jungle du parc national Leuser sur l’île de Sumatra en compagnie de l’agence Shanti Travel. Retour sur ce périple et mes rencontres avec nos cousins.
Rencontre avec les orangs-outans et autres animaux sauvages de la jungle
C’est en compagnie de Sandy, un guide local, que je suis parti ce matin de Bukit Lawang pour trois jours de trek. Nous longeons d’abord la rivière Bohorok et nous nous enfonçons dans le parc national Leuser créé en 1980. Avec les parcs nationaux de Bukit Barisan Selatan et Kerinci Seblat, Gunung Leuser forme le « Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra » inscrit à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Tout en marchant Sandy m’explique que « l’orang-outang de Sumatra est génétiquement différent de celui de Bornéo. A Sumatra, il s’agit du Pongo abelii alors qu’à Bornéo c’est le Pongo pygmaeus ». Il s’arrête et me montre la canopée. Un arbre bouge. D’un geste lent, un orang-outan passe de branche en branche sans sauter et nous regarde du coin de l’œil. C’est un grand mâle d’environ 90 kg. Les orangs-outans sont solitaires contrairement aux autres hominidés dont fait parti l’Homme. Les guides locaux l’appellent « Jenggot », le moustachu, en raison de sa belle barbe rousse. Quel regard persan plein d’intelligence, quel poil épais, quelle barbe. Je suis sous le charme.
Plus loin, on rencontre une femelle et son petit. Les guides la nomment « Borjong ». Elle a un problème de cataracte.
« Pourquoi tous ces noms Sandy ?
— Plus de 200 orangs-outans ont été relâchés dans la nature après avoir été recueillis par le centre de réhabilitation qui n’est plus à Bukit Lawang maintenant. Nous leur avions donné un nom à l’époque. Celui-ci est resté. »
Les observations sont émouvantes. Les singes ne semblent pas avoir de barrières émotionnelles. C’est ce que me laisse penser l’expression de leur regard. Plus humain que de nombreux humains si je puis m’exprimer ainsi.
Il est assez facile de croiser des orangs-outans autour de Bukit Lawang car les guides les attirent avec des fruits et des légumes. Je pense que ces attitudes se sont développées avec la fermeture du centre de réhabilitation des Orangs-Outans qui avaient été créé en 1973 par deux zoologistes suisses, Regina Frey et Monica Boerner. D’autres singes peuplent la forêt du parc national Leuser : le macaque Crabier, le semnopithèque de Thomas endémique à Sumatra et souvent en conflit avec le macaque et les deux espèces de gibbon, le gibbon à main-blanches et le siamang. Sauf ce dernier, j’ai pu les observer avec plus ou moins de facilité. Le gibbon ne se laisse pas vraiment approcher et saute en permanence de branche en branche.
L’huile de palme tue l’orang-outanL’huile de palme est la plus consommée au monde, très loin devant les huiles de soja, de tournesol et d’olive. On la retrouve dans près de 80% des produits alimentaires. Ce n’est pas la plus saine pour la santé car elle contient 50% d’acides gras saturés mais en plus pour répondre à la demande grandissante, les forêts d’Indonésie, de Malaisie et de Papouasie Nouvelle-Guinée sont sacrifiées. En Indonésie, 85% de l’huile de palme est produite à Sumatra. « Elle a déboisé au moins 2 millions d’hectares de forêt tropicale sur l’île indonésienne de Sumatra depuis 1994 » précise le Courrier International. Une catastrophe écologique sans précédent car toute la faune et la flore sont menacées de disparition pure et simple. Les orangs-outans bien sûr mais aussi les tigres, le rhinocéros et les éléphants. L’orang-outan me fascine, m’hypnotise. Il me touche. Désormais, c’est décider, j’arrête le Nutella et autres produits à base d’huile de palme. En savoir plus sur les produits alimentaires à base d’huile de palme :
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Des bivouacs de fortune
A l’heure où je vous écris ces lignes, il est 19h45, le tonnerre gronde et le déluge s’abat sur le camp. Notre toit se limite à des sacs plastiques intelligemment tendus sur des branches de façon à construire une cabane de fortune. Nous nous remémorons les orangs-outans rencontrés dans la journée tout en jetant des regards inquiets vers le ciel qui semble en avoir après nous.
C’est le moment de passer à table. André nous a concocté un menu royal : un nasi campur. Du riz avec toute une panoplie de plats : tofou au tempe (soja), ayam rendang (poulet Minang), légumes au curry, kerupuk (chips asiatiques). On se régale. A la fin du repas, un éclair transperce le ciel tout noir. La pluie s’intensifie. Le niveau de la rivière monte dangereusement. Notre tente de fortune n’est qu’à quelques mètres de l’eau. André et Ali avaient préparé un deuxième carbet plus dans la forêt. Par sécurité, nous déménageons. Nous pouvons dormir sur nos deux oreilles sur notre mince matelas en mousse. Si les observations des singes ne sont jamais garanties, la pluie en saison humide l’est toujours !
Up and down sous la chaleur tropicale
Le deuxième et le troisième jour de trek ont des profils plus ardus que le premier : traversée de rivière, pentes à plus de 60 degrés par moment tant à la montée qu’en descente nous obligeant à nous aider des lianes, troncs des arbres. Attention au rotin. Si on aime poser nos fesses sur les fauteuils qui décorent nos salons, le stipe est quant à lui parsemé de flagelles garnis de crochets. Je me suis fait avoir à deux reprises. C’est loin d’être agréable.
Le sol est détrempé par les pluies diluviennes qui s’abattent sur nous pendant la nuit (fort heureusement, elles nous ont épargné en journée). Autre danger : les racines et le sol glissant. On s’est tous retrouvé à terre à un moment ou un autre.
Même à faible allure, nos corps luisent de transpiration. La température avoisine les 34°C. Heureusement, les observations permettent au corps de se rafraichir. Pas d’orang-outan en vue les 2 et 3ème jours. Gibbons à mains blanches, macaques, semnopithèque de Thomas, termites, cigales, araignées, mantes religieuses, chouettes et serpent croiserons notre chemin.
Retour en tubbing
Pour finir notre trek, nous rejoignons Bukit Lawang en tubbing. Kesako ? C’est le rafting local. Il s’agit de chambres à air de camion solidement amarrées entre elles par des cordes. Les rapides dépotent. Contrairement au rafting, pas de rame mais juste un long et fin tronc pour les barreurs à l’avant et à l’arrière de l’embarcation. C’est assez artisanal et local. Je suis passé à l’eau et je n’ai pas été le seul. Les rapides peuvent-être dangereux (classe III et IV), gilet de sauvetage indispensable !
Dans la même veine de voyage, Laura et Seb sont allés rencontrés le singe nasique en forêt de Bornéo. Lisez leur récit.
Informations pratiques
Comment y aller ?
Malaysia Airlines assure des vols quotidiens depuis Paris CDG pour Kuala Lumpur en A380. Il ne reste plus qu’une heure de vol pour rejoindre l’aéroport Kuala Namu de Medan sur Sumatra. Pour trouver votre billet d’avion Malaysia Airlines, utilisez notre moteur de recherche de vols.
Avec qui partir ?
J’ai effectué ce voyage avec Shanti Travel, une agence locale francophone basée dans 13 pays d’Asie. L’équipe Indonésie, située à Bali, conçoit avec vous et pour vous des séjours en individuel sur les îles de Java, Bali, Sumatra, Sulawesi, Flores, Komodo, Bornéo, Lombok ou encore Lembongan.
Guides de voyage
En savoir plus et soutenir l’orang-outan
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.