Traversée Ubaye Queyras à raquettes

Récit d'une semaine en montagne dans les Alpes avec cette très belle traversée Ubaye Queyras en raquettes.

La vidéo de ma traversée Ubaye Queyras en raquettes

De Dubaï à l’Ubaye au Queyras

Voilà un itinéraire en raquettes qui a tout pour devenir un grand classique hivernal. Et pourtant, si le Queyras a réussi à exporter son nom grâce au Parc Naturel Régional, l'Ubaye s'avère beaucoup plus méconnu. Pour preuve, la réponse de plusieurs amis quand je leur ai annoncé que je partais faire de la raquette dans l'Ubaye. « Ah bon, on peut faire de la raquette à Dubaï ? »

Si je ne connais pas encore l’Ubaye, je me suis déjà rendu par deux fois dans le massif du Queyras pour y faire le Tour à pied l’été et en raquettes l’hiver. Je suis ravi de pouvoir revenir ici et de profiter du soleil des Alpes du sud. J'avais déjà partagé la vidéo, voici donc le carnet de randonnée.

Après une journée passée dans le train via Marseille transfert à Larche en minibus. Larche, à deux pas du Piémont italien, est un des hauts lieux de la Grande Traversée des Alpes. Le col éponyme situé sur la frontière est aussi un lieu de passage commercial important. « Le dimanche soir, les camions sont nombreux à passer par cette route » nous confie Roland, accompagnateur en montagne pour l'agence Allibert Trekking.

Merci à Marie-Françoise et à Jean-Pierre pour m'avoir permis d'utiliser leurs photos. Ayant perdu ma carte mémoire le dernier jour de raquettes, j'étais dans le désarroi le plus  complet.

Larche – Saint Ours

-12°C au thermomètre au moment de quitter le gîte d'étape de Larche. Le froid pince légèrement le visage mais sans vent, la température s'avère largement supportable. Nous quittons le village à travers les prairies qui surplombent les maisons. Très rapidement, la chaudière se met en route. Je quitte une épaisseur de vêtement, puis une deuxième un peu plus haut.

Nous récupérons le GR5 et poursuivons en balcon direction nord-nord ouest. A plusieurs reprises, nous observons des groupes de chamois au dessus du plateau de Mallemort, des cerfs et des biches et même un gypaète barbu survolant la vallée de l'Ubaye.

Pique-nique au fort de Mallemort devenu privé. La fortification nous rappelle que nous sommes sur la ligne Maginot construite à partir de 1930 pour défendre les éventuelles attaques venant d'Italie. En Ubaye, le plan de défense comporte une position de résistance en ouvrages modernes très protégées, précédées d'avant-postes plus légers.

Nous chaussons les raquettes et reprenons notre progression sur le GR5 jusqu'à passer le fort de Saint-Ours, une autre fortification de la ligne Maginot. Avec l'ouvrage de Roche la Croix de l'autre côté de la vallée de l'Ubaye, la fortification empêchait tout passage de blindés et de soldats italiens.
Roche la Croix est sans doute l'ouvrage défensif le plus abouti de la région. Comme tous les bâtiments Maginot, seuls les blocs de combat sont visibles. Construit sur un éperon rocheux à une altitude de 1900 mètres, l'ouvrage entièrement souterrain, est long de 150 mètres, large de 90 et profond 15 mètres. 166 hommes pouvaient y vivre pendant trois mois.

Encore quelques encablures pour rejoindre le village de Saint Ours où nous nous installons au gîte auberge de l’Ours.

Saint Ours – Fouillouse par le col du Vallonnet

8h45. Nous quittons le gite. S'il ne fait que -9°C, nous restons à l'ombre un bon moment. Nous reprenons le même chemin que la veille, passons le fort de Saint Ours et prenons le sentier qui monte au nord le long du Riou Pinet complètement enfoui sous la neige. Roland fait désormais la trace. Personne n'est passé ici depuis la dernière chute de neige il y a une semaine.

La pente est raide mais impossible de s'arrêter trop longtemps sous peine de givrer sur place. Dans les éboulis et sur la crête de la Tête des Bréquets, nous apercevons bouquetins et cerfs. Au jeu de savoir qui regarde qui, nous finissons exaequo.

Nous poursuivons notre progression avec en toile de fond la Rocca Blanca (3193 m) en Italie. Au delà du rocher Piroulire, nous arrivons enfin au soleil. En tournant la tête vers l'est, nous pouvons apercevoir à contre-jour la batterie de Viraysse qui protège la frontière.

Nous passons la cabane du Vallonnet. Le cirque est de toute beauté. Masour, Rocca Blanca, arête de la Portiolette, tête de Sautron forment un paysage alpin époustouflant. C'est exactement le genre de paysage qui amène le montagnard à plus d'humilité. Petit, nous sommes face à ces mastodontes de pierre.

Nous passons non loin du lac du Vallonnet inférieur sans même nous rendre compte de sa présence. Un dernier tas de cul à passer pour atteindre le col du Vallonnet à 2524 mètres. Nous contournons la Tête de Plate Lombarde (2609 m) et pique niquons face à la vallée de Fouillouse. Je pense à tous mes amis qui bossent en ce moment dans leur bureau parisien. Franchement, il y a pire comme lieu de déjeuner !

L'après-midi, nous descendons en direction de Fouillouse. En chemin, nous croisons les ruines du fort de Plate Lombarde dominé par le majestueux Brec de champeyron (« 3389 m). Des skieurs sont d'ailleurs entrain de le descendre. Avant d'entrer dans la forêt de mélèzes, nous rendons hommage à tous les amoureux de France, de Navarre et d'ailleurs.

Nous déroulons jusqu'à Fouillouse (1907 m). Installation au gîte auberge des Granges.

Fouillouse – Maljasset

Nous quittons Fouillouse par le cimetière et l'Eglise du village. Nous montons sur un gros talus plein sud dans un mixte de neige et de terre. Des chevreuils galopent au dessus de nos tête. C'est sûr qu'à quinze la discrétion n'est pas notre fort.

Nous sommes sur le chemin de la Viste. Nous atteignons une petite crête puis descendons à travers une belle pinède. Nous nous faufilons à travers les mélèzes en faisant attention à ne pas se prendre les raquettes dans les racines qui affleurent la neige.

Nous débouchons sur une départementale que nous remontons quelques temps après avoir accroché les raquettes sur le sac à dos. Sur notre gauche, Saint Paul sur Ubaye se détache du paysage. Nous passons le pont du Châtelet et remontons en pente douce le long de l'Ubaye jusqu'au hameau de Maljasset.

Bien que nous suivions la départementale, la balade est très agréable. Il nous faut plusieurs fois emprunter les ponts hivernaux pour enjamber l'Ubaye et de temps à autre, traverser la rivière à guet.

Installation au refuge du Club Alpin Français de Maljasset. Gérard, réunionnais, nous a préparé un carry au poulet. Accueil sympathique. Depuis la gestion a changé.

Ceillac – Les Chalmettes – Ceillac

Nous devions entrer dans le Queyras par le col du Tronchet (2651 m). C'était hélas sans compter la participation du vent qui a soufflé hier une bonne partie de la journée. A observer la neige volée sur les sommets et les crêtes, je ne suis pas surpris de la décision du guide de haute montagne qui devait nous rejoindre en renfort. Des plaques à vent se sont formées. Le risque d'avalanche devenant trop important, c'est en minibus que nous entrons dans le Queyras et que nous rejoignons Ceillac.

Ceillac est une petite station typique du Parc Naturel du Queyras, un peu à l’écart dans le massif. C’était de ce village qu’en 2006, j’avais débuté mon Tour du Queyras.

Impossible d'annuler notre journée de raquettes. Roland nous emmène donc le long de la vallée du Cristillan. Après manger, au lieu de monter dans les pentes raides qui conduisent au col des Estronques, nous restons en dévers au dessus du hameau des Chalmettes.

Sur le retour, nous prenons grosso-modo le même itinéraire en prenant un malin plaisir dans les pentes raides même si la neige est un peu lourde.

Installation à l'hôtel de Veyres. Un peu vieillot mais très accueillant.

Ceillac – pont de Bramousse

Nous quittons Ceillac par le ravin des Aiguillettes qui traverse le Bois du Cheynet composé en grande partie de pins à crochets. La pente est raide surtout avant de sortir du bois et de pénétrer dans la grande clairière qui fait face au col de Bramousse. Heureusement, nous grimpons à l'ubac.

Sur la crête de la Berre, deux chamois défient les lois de l'équilibre. Nous les observons quelques instants avant de reprendre notre chemin vers le col de Bramousse. Il fait maintenant très chaud et il faut très vite enlever des couches de vêtements. Je me souviens particulièrement de cette étape que j'avais réalisé dans le sens inverse lors de mon tour du Queyras. Refaire l'itinéraire à une autre saison est un vrai délice.

Nous prenons le temps de discuter au col de Bramousse (2251 m). Soleil et pas un pet de vent nous permettent de jacasser à souhait. Nous entamons la descente comme de joyeux lurons jusqu'au chalet de Bramousse où nous prenons le pique-nique face au soleil. De petits moments qui peuvent sembler anodins depuis le confort douillet de son appartement parisien mais qui prennent tout son sens raquettes aux pieds. Après l'effort, le réconfort dit le proverbe.

Encore prêt de 700 mètres de dénivelé à descendre pour rejoindre le pont de Bramousse. Ce soir, nous dormons à Arvieux. C'est en minibus que nous nous y rendons.

Arvieux – le Laus par le col de l’Izoard

Et voilà que la dernière étape arrive déjà. Que cette semaine a passé vite. La dernière fois que j’étais venu dans les parages, c’était déjà pour un Tour du Queyras à raquettes cette fois-ci. Mais aujourd’hui, au lieu de rejoindre les chalets de Clapeyto, on file plein nord vers le col de l’Izoard.

La neige manque un peu dans la montée et c’est sur une fine couche de neige dure que nous progressons tranquillement à notre rythme.

La col de l’Izoard est en vue avec son mémorial qui marque les 2361 mètres. Plus connu pour le vélo sur route que pour la raquette à neige grâce au Tour de France, le col de l’Izoard se monte aussi l’hiver par quelques VTTistes qui ont du VO2max à revendre. Pour notre part, nous descendons tranquillement vers le refuge Napoléon. C’est dans cette petite portion que je perds ma carte mémoire avec 5 jours et demi de photos de voyage. Je ne m’en apercevrais hélas qu’une fois de retour sur Paris. J’en peste encore ! J’en profite pour remercier Marie-Françoise et Jean-Pierre qui m’ont autorisé à utiliser leurs photos pour illustrer le récit.

Après la bière du refuge, direction la station nordique du Laus où nous attendent les bus. Un très beau circuit de randonnée à raquettes, dans deux massifs très différents. Je le conseille vivement !

Comment s’y rendre ?

Train

Gare SNCF de Mont-Dauphin-Guillestre par le TER depuis Paris, Marseille, Grenoble ou Valence (en correspondance avec les TGV). Train de nuit direct depuis la gare de Paris-Austerlitz. Pour plus de renseignements : SNCF Connect.

Voiture

Grenoble / col du Lautaret / Briançon, Mt Dauphin ou l'Argentière par la RN 91 puis la RN94 ou Grenoble / La Mure / col Bayard / Gap par la RN 85. Puis direction Briançon par la RN94 jusqu'à Mt Dauphin, l'Argentière ou Briançon. Pour visualiser votre itinéraire: viamichelin.fr

Avec qui partir ?

Cette randonnée « GTA sud – Grande Traversée Ubaye-Queyras » en raquettes a été réalisée avec l’agence Allibert Trekking. Un très chouette itinéraire que je recommande pour les passionnés de belles ambiances hivernales.

Niveau de marche

Etape de 4 à 6h00 avec un dénivelé moyen de près de 650 mètres par jour.

Quand partir ?

La Traversée Ubaye Queyras en raquettes est généralement réalisable de fin décembre à début avril selon le niveau d’enneigement.

Cartographie

Deux cartes IGN sont nécessaires pour réaliser l’itinéraire :

• Carte IGN Aiguille de Chambeyron / Top 25 / 3538 ET
• Carte IGN Guillestre / Top 25 / 3537 ET

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