Randonnée le long des gorges de l’Ardèche

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Dès le retour du printemps, j’ai eu envie de prendre la direction du soleil. J’ai regardé une carte de France, mes yeux se sont arrêtés sur l’Ardèche en région Auvergne-Rhône-Alpes. Tout de suite m’est venu à l’esprit d’explorer les gorges de l’Ardèche. Mondialement connues pour ses descentes en canoë, j’ai commencé à étudier la carte IGN 2939OT.

L’idée de base était d’emprunter des bouts des GR42, GR4F et le GR4 qui font le tour des gorges de l’Ardèche lors d’une boucle de 4 jours à partir de Bourg Saint-Andéol. Sur le terrain, nous nous sommes très rapidement rendus compte qu’il y avait mieux à faire que l’itinéraire du GR qui reste cantonné aux plateaux ardéchois sans vraiment s’aventurer dans les gorges de l’Ardèche. Avec une lecture minutieuse de la carte IGN, l’utilisation d’un GPS et aussi sur les conseils de locaux, nous avons pu construire un itinéraire plus secret, plus aventureux qui emprunte des PR et de nombreux sentiers non balisés, voire pas du tout indiqués sur la carte IGN. Cet article est une invitation à l’exploration et à sortir des sentiers battus. En marche…

Avant de vous lancer dans le récit…, regardez la vidéo

Dans la garrigue ardéchoise

 + 714 m / – 439 m  27 km

Dès la sortie de Bourg Saint-Andéol, nous décidons de quitter le GR42 par le bois des Sorbiers, la combe de Chalon et le bois des Géantes. Quel plaisir de savoir où l’on va sans savoir par où l’on va passer. Les dolmens fréquentent les vignes qui aiment trainasser avec la lavande et les habitants de la forêt. Non loin des terres agricoles, on peut encore voir des capitelles, ces dépendances en pierre sèche datant pour la plupart du XIXe siècle. Les bergers y dormaient pour garder leur troupeau et les vignerons les utilisaient pendant les travaux de la vigne.

On récupère le GR4F jusqu’à Bidon, petit village ardéchois de 200 habitants, que je connais déjà grâce au campement africain Tamana géré par Point-Afrique. On passe faire un petit coucou à l’équipe et on file direction nord-ouest vers notre chambre d’hôtes au hameau de Micalen. C’est fatigué qu’on découvre avec grand plaisir cette magnifique et immense ferme entièrement rénovée par Jocelyne et Patrick selon le respect de la tradition ardéchoise. Accueil extrêmement sympathique. Je recommande.

Rejoindre le bord des gorges de l’Ardèche

 + 587 m / – 638 m  29 km

Il nous faut partir tôt car la journée de randonnée s’annonce longue. Sous la fraîcheur matinale, nous rejoignons le village de Saint-Rémèze, lieu malgré lui de mes premiers flirts d’adolescent. Nous restons toute la matinée sur le GR4F et descendons vers les gorges de l’Ardèche par les chênes du bois du Roi.

Canyon d’une trentaine de kilomètres entre Vallon Pont d’Arc et Saint-Martin-d’Ardèche, les gorges de l’Ardèche ont été formées par la rivière qui serpentent dans le plateau calcaire urgonien caractérisé par sa teinte très claire.

Nous dominons le cirque d’Estre où coexiste les deux sites emblématiques des gorges de l’Ardèche : le Pont d’Arc et la grotte Chauvet.

La grotte Chauvet Pont d’Arc Découverte en 1994 et interdite au public l’année suivante, la grotte Chauvet Pont d’Arc est la plus ancienne cavité préhistorique ornée connue à ce jour dans le monde. Les plus anciennes peintures datent en effet de 36 000 ans, soit 19 000 ans de plus que Lascaux et 28 000 ans de plus que celles du Sahara. Son intérêt archéologique est d’autant plus exceptionnel car les peintures représentées sont en excellent état. Parmi les 450 animaux peints, les plus dessinés, rhinocéros laineux, lions des cavernes et ours des cavernes, présentent une association inédite qui caractérise la grotte Chauvet-Pont d’Arc car ces espèces étaient, jusqu’à cette découverte, extrêmement peu représentées dans l’art pariétal paléolithique connu jusque-là. Une exposition permanente à Vallon Pont d’Arc permet d’en savoir un peu plus sur l’homme de Cro-magnon, les grottes préhistoriques ardéchoises et la grotte Chauvet, ses peintures et ses artistes. Une visite à ne pas rater qui ne nécessite qu’un tout petit détour depuis le GR4F. Devant l’importance du patrimoine à valeur universelle de la grotte Chauvet (candidate à l’UNESCO), un projet de restitution a ouvert en 2015.

Nous filons vers Vallon Pont d’Arc à la fois pour manger et visiter l’exposition de la grotte Chauvet (voir encart). L’après-midi, il nous faut changer de rive, traverser Salavas. Là, nous décidons de nous « perdre » à nouveau dans les petits sentiers ardéchois. Les bonnes odeurs du printemps se réveillent et les oiseaux chantent à nouveau. Par manque de temps, nous n’explorons pas le bois de Saleyron ni le moure de la Tour sous le camping des 1000 étoiles où nous passons la nuit dans une yourte. Peut-être aurions-nous dû prévoir une nuit supplémentaire à Vallon Pont d’Arc et nous perdre encore davantage dans la garrigue ardéchoise.

Au cœur des gorges de l’Ardèche

 + 1168 m / – 1311 m  17 km

Hier, nous avons pu nous rendre compte que le niveau de l’Ardèche ne permettait pas de traverser le gué du Guitard pour récupérer le sentier à l’intérieur des gorges de l’Ardèche. Par chance, Olivier Peyronel, guide-animateur à la réserve naturelle (voir encart), nous propose de nous faire traverser en canoë. Nous évitons ainsi le chemin sans intérêt du GR4 qui suit sur plusieurs kilomètres une piste DFCI (Défense de la Foret Contre les Incendies).

C’est donc à partir du bivouac du Gournier que nous entamons notre troisième journée de randonnée sur le sentier aval direction Saint-Martin d’Ardèche (balisage jaune et blanc). Moi qui connaissais les gorges de l’Ardèche pour les avoir descendues l’été en canoë, je suis agréablement surpris par les couleurs éclatantes de la végétation. Les arbres sont d’un vert éblouissant et les fleurs accrochées aux falaises brillent au soleil comme un sou neuf.

La réserve naturelle des gorges de l’Ardèche Depuis 1980, les gorges de l’Ardèche (1575 ha) sont classées en réserve naturelle protégeant des espèces animales fragilisées ou en voie d’extinction comme l’aigle de Bonelli, le vautour percnoptère, le faucon pèlerin, la loutre ou le chiroptère. « Plus de 800 espèces végétales ont été recensées à ce jour » précise Olivier Peyronel, guide-animateur de la réserve naturelle dont l’alysson à gros fruits, plante protégée au niveau national, endémique des falaises sud calcaires du massif Central. Au delà de la protection, les guides de la réserve naturelle ont d’autres missions comme la gestion du patrimoine. Grâce aux suivis des espèces emblématiques du site (aigle de Bonelli, loutre, castor, biscutelle à feuilles de chicorée, alysson à gros fruits), le but est d’améliorer sinon de conserver le patrimoine de la réserve naturelle. Le dernier volet des guides-animateurs concerne la transmission du savoir auprès du public par l’intermédiaire des animations organisées par le Syndicat de Gestion des Gorges de l’Ardèche. C’est d’ailleurs lui qui gère également les bivouacs de Gaud et du Gournier, seuls bivouacs autorisés au cœur des gorges de l’Ardèche.

Nous passons la Cathédrale, un monolithe karstique imposant qui surplombe l’Ardèche. Un pernocptère passe dans le ciel. C’est en raison du retour de sa présence ainsi que de l’aigle de Bonelli que les sites d’escalade des Abeillères et de l’Aiguillette de Gournier sont fermés du 30 mars au 30 septembre.

Cirque de la Madeleine, fort de la Madeleine, remparts du Gard, rochers de Castelviels se succèdent comme autant de points de repères naturels à notre marche.

Le rythme de la journée est plutôt tranquille et les arrêts nombreux pour profiter des panoramas. Mais attention, plusieurs mains courantes qui surplombent la rivière sont à passer. Mieux vaut avoir le pied sûr car toute glissade se terminerait forcément dans l’eau. Et l’appareil photo n’aimerait pas trop ça ! Il nous faut même monter à une échelle puis ramper comme à l’armée pour traverser le passeron.

Quelle belle journée ! La randonnée s’achève à Saint-Martin d’Ardèche. On s’installe à l’hôtel de l’Escarbille, l’un des deux meilleurs établissements du village.

Retour bucolique sur Bourg Saint-Andéol

 + 243 m / – 248 m  12 km

Il ne nous faut que trois petites heures pour rejoindre tranquillement Bourg Saint-Andéol par des routes et chemins de campagne. Le paysage des gorges de l’Ardèche est bien loin. Promis, la prochaine fois, je reviens faire la traversée intégrale des gorges entre Vallon Pont d’Arc et Saint-Martin d’Ardèche.

Informations pratiques

Comment venir ?

Train jusqu’à Pierrelatte, puis bus jusqu’à Bourg Saint-Andéol (ligne 22 et 29) ou Vallon Pont d’Arc (ligne 22). Plus d’infos : www.lesept.fr.

Itinéraire

Notre boucle

1. Bourg Saint-Andéol -Le Micalen
2. Le Micalen – Camping des 1000 étoiles
3. Camping des 1000 étoiles – Saint-Martin d’Ardèche
4. Saint Martin d’Ardèche – Bourg Saint-Andéol

Autre itinéraire possible

Vallon Pont d’Arc – Saint Martin d’Ardèche en deux jours avec un bivouac au Gournier (réservation obligatoire auprès du syndicat de gestion de la réserve naturelle des gorges de l’Ardèche). Cet itinéraire ne peut être réalisé que si les gués de Charmasonnet et de Guitard peuvent être traversés à pied (à moins qu’un canoë ne vous fasse traverser).

Sécurité

Ces deux parcours au cœur des gorges de l’Ardèche présentent des passages vertigineux, des mains courantes, un passage dans une cheminée naturelle et deux gués à traverser. Pied montagnard impératif.

Avant de partir en randonnée, vérifier le niveau d’eau pour savoir si les gués sont franchissables (+33 (0)4 75 98 77 31).

Attention en cas de pluie ou d’humidité résiduelle tous les passages deviennent plus glissants et dangereux.

A emporter dans le sac à dos

Ne pas oublier votre carte IGN Top 25 2939OT, boussole, altimètre et GPS pour s’aventurer dans les sentiers ardéchois. Beaucoup de chemins ne sont pas indiqués sur la carte IGN. Pour les amateurs de flore, prendre l’indispensable guide d’Olivier Peyronel et Jean-Paul Mandin Découvrir la flore des gorges de l’Ardèche et de leurs plateaux : 229 espèces dans leur milieu.

Bonne paire de chaussures de randonnée, crème solaire et eau en quantité suffisante sont également indispensables.

Périodes conseillées

Le printemps et l’automne sont les deux meilleures périodes pour parcourir les gorges de l’Ardèche à pied car l’été il y fait trop chaud et le cadre naturel prend des allures de colonies de vacances avec les descentes en canoë-kayak.

Plus d’informations

• Ardèche Guide : le site officiel de l’Agence de Développement Touristique de l’Ardèche
• Gorges de l’Ardèche : le site du syndicat de gestion de la réserve naturelle des gorges de l’Ardèche