Temps : Couvert
Horaires : 9h15 – 19h15
Distance : 27 km
Altitude mini/maxi : 0 m / 152 m
Dépenses : 11,1 €
Le long de la falaise…
Je rejoins rapidement la mer et je suis la plage pendant une demi-heure. Le vent qui vient du large n'est pas très chaud ce matin. Un peu avant d'arriver à la Pointe de Talagrip, les choses sérieuses commencent : il va falloir suivre la falaise. Un écriteau prévient les randonneurs que ce chemin est dangereux et qu'ils peuvent passer par une petite route parallèle s'ils le souhaitent. En effet, le petit sentier serpente à quelques dizaines de centimètres de la falaise, et j'estime la hauteur à 10 ou 15 mètres. En bas, des rochers sont là pour accueillir le malheureux qui ferait un faux pas. On a donc tendance à se serrer à gauche, loin du vide, mais des buissons épineux s'ingénient à vous repousser vers la falaise. A un endroit, le chemin passe tellement près de l'abîme que je sens le vertige me gagner. Je m'arrête en essayant de me reprendre. Je repense au passage d'un bouquin que j'ai lu récemment…

Extrait de livre :
« Un samouraï vint voir le légendaire maître Miyamoto Musachi, et lui demanda de lui enseigner la véritable Voie du sabre. (…) "Bien, dit le maître, suivez-moi." Il l'emmena loin dans la montagne, là où se trouvait une poutre de bois traversant un ravin d'une profondeur inouïe, terrifiante. "Voilà, dit le maître, il vous faut traverser ce passage." Le samouraï disciple, face au précipice, hésitait, ne sachant plus que faire. Tout d'un coup, ils entendirent toc-toc-toc, le bruit d'un bâton d'aveugle, derrière eux. L'aveugle, sans tenir compte de leur présence, passa à côté d'eux et traversa sans hésitation, en tapotant de son bois, la poutre qui franchissait le ravin. "Ah, pensa le samouraï, je commence à comprendre." (…) Il comprit et… traversa d'un coup le pont. »
Laissez-moi tranquille !
… C'est vrai ça, j'ai déjà emprunté des passages bien plus étroits que ça ; la seule différence est qu'il y avait la terre ferme de chaque côté. Il suffit de faire comme si c'était le cas. Cette méthode me réussit plutôt bien : mon vertige est passé et je peux continuer ma route. Et puis rapidement le chemin s'éloigne du vide. Mais il est dit que ce matin je ne pourrai pas marcher sereinement. En effet, un gros chien blanc (style Saint-Bernard) se dirige vers moi et se met à me suivre. Au début je pense qu'il appartient à une dame se promenant sur un chemin plus haut, parallèle au mien, mais je me rends vite compte que ce n'est pas le cas. A vrai dire, il a une bonne tête ce chien, et il n'a pas l'air d'avoir des intentions belliqueuses, mais je ne suis vraiment pas rassuré, surtout avec la falaise encore relativement proche. Il suffirait qu'il lui prenne l'envie de jouer et me sauter dessus pour me mettre dans une situation très inconfortable. Finalement, après une demi-heure, je m'installe sur un rocher d'où la vue est magnifique, je sors une barre chocolatée en ignorant complètement l'animal. Il a compris, rapidement il s'éloigne en direction d'un autre malheureux promeneur. Bah, chacun son tour…

Des moules par milliers
Plus loin, je remarque que les rochers sont complètement noirs. En m'approchant je m'aperçois qu'en fait ce sont des milliers de moules accrochées aux rochers. Je n'en ai jamais vu autant d'un coup. C'est bizarre que personne ne soit venu les ramasser, c'est peut-être tout simplement parce que l'endroit où elles sont est particulièrement difficile à atteindre.
Diverses activités
Le grand vent frais continue à souffler. L'air est particulièrement salé, c'est très agréable. Seuls les cerf-volants, les planches à voile, les promeneurs et quelques pêcheurs de mollusques sont de sortie. J'assiste à des show de cerf-volants spectaculaires : par exemple, 2 personnes sont côte à côte, et le jeu consiste à ce que les cerf-volants se poursuivent dans les airs. Je me demande comment ils font pour être autant synchronisés. Plus loin, je vois apparaître d'autres engins sur la mer : il s'agit d'une planche avec une grande voile, comme un parachute. C'est un sport autant aérien qu'aquatique, permettant au pilote d'effectuer des figures acrobatiques et des sauts dans les airs impressionnants. Ca c'est ce qui s'appelle un bon délire.
Au revoir la mer
A quelques kilomètres de Douarnenez, j'aperçois la ville et le port. C'est vraiment très moche vu d'ici, avec les maisons et immeubles rouges, roses, bleus… foncés, clairs. Arrivé à l'anse du Ry, je prends une grande pause pour admirer la mer. En effet, à cet endroit je quitte définitivement la côte : je ne reverrai plus la mer avant je ne sais combien de temps. Et puis le soleil est revenu.
Me voici maintenant sur le GR 38, après avoir tâtonné un peu pour le trouver. Un peu plus loin, je me retrouve devant un passage complètement envahi par les ronces : mon topo-guide me dit que c'est par là, mais je ne vois plus aucune trace rouge et blanche. En fait le GR a un peu évolué, et comme j'ai la fâcheuse tendance à plus faire confiance à mon topo-guide qu'au balisage, j'ai régulièrement ce genre de soucis.

Un dernier passage délicat
J'arrive maintenant près d'une station d'épuration. Pour continuer mon chemin, je dois traverser une rivière de quelques mètres de large, mais le pont qui permet de la traverser est tellement pourri et penché que je ne vois pas comment je peux traverser sans que tout s'écroule. Heureusement, l'eau est limpide et le niveau pas trop haut : je me dis que même si je tombe, je ne risque pas grand chose. Finalement je m'en sors bien, je traverse sain et sauf, après une belle frayeur tout de même. Il y a des jours comme ça…
Dernière nuit en Bretagne
Me voici arrivé à Locrenan. Après un ravitaillement pour ce soir et demain midi, je rejoins mon camping en même temps qu'un randonneur en vélo. Je ne crois pas trop que ça me plairait le vélo pour effectuer une randonnée. A mon avis on doit tout de même voir moins d'animaux, moins de choses, et on ne peut pas passer partout… Mais peut-être que je me trompe.
Je monte ma tente pour la dernière fois, en tout cas pour cette randonnée. Le camping est vraiment très grand et les places sont réparties sur plusieurs niveaux. Le soir je monte au dernier d'où la vue est superbe : on voit à des kilomètres à la ronde.
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