Une bonne nuit, avec mes deux compagnons, je repars une demi-heure avant eux, histoire de continuer la marche alone on the dark face of the moon. tout de suite la montée entre les falaises et les névés.
Très bon chemin (fini les traces 4*4), un premier plateau extraordinaire. Tout noir, une petite rivière au milieu. Petite mais 20cm de profondeur à traverser pieds nus. Marrant mais très fraîche. Le ciel est bleu, peu de vent, en tee shirt.
Nouvelle montée très raide vers le col de Jonsskard. Non, fausse alerte, encore très loin, une succession de replats et de montées à travers les névés, heureusement peu raides et neige excellente.
Dans ce silence j'entends sans arrêt des bruits de moteur. Des hallucinations? Un peu comme quand on est à la sieste un samedi après midi et qu'on entend vaguement son voisin passer la tondeuse à gazon.
4h de montée et enfin Jonsskard. Un passage entre des parois rocheuses d'environ 200m et une vue exceptionnelle sur la caldeira de l'Askja.
Mais un vent très violent. Couverture maximale, polaire, cagoule, gants. J'espère être à l'abri dans le cratère.
Nada, toujours aussi froid et le sentier disparu, emporté par une avalanche dans des pentes très raides. Donc au jugé à travers le champ de lave sur la neige. Autant il apparaît plat vu du col, autant il est tourmenté quand on y est, c'est de la vraie escalade sur des blocs aux rebords ultra coupants de 2 à 5 m de haut. C'est monstrueux, je déchire mon pantalon. Décide de poursuivre sur la neige en évitant les gros blocs de lave. Jamais vécu une traversée aussi difficile, mais l'appel du bain dans Viti me donne le moral.
Enfin, le sentier traditionnel au loin qui va à Viti avec des gens venus en bus par la piste d'Herdubreid. 2h depuis Jonsskard. La neige, puis la boue maintenant jusqu'aux chevilles et ce vent. Le brouillard en train de tomber. Beaucoup de chance finalement. 1h plus tard au col et l'histoire aurait été autrement plus compliquée.
Enfin Viti. L'endroit le plus dingue jamais vu. Ce petit lac aux eaux soufrées, cette odeur de l'enfer avec en toile de fond l'Oskjuvatn et ses eaux glacées. Indescriptible. Descente sur le cul dans le cratère de Viti. C'est horrible.
L'eau est trop froide. Impossible de se baigner. Passé par les moustiques, les crevasses des champs de lave à travers la neige trop molle dans le cratère… et l'eau pas à plus de 15°C et dehors la température en dessous de 0°C je pense. Toujours ce vent très violent, les rochers tombent dans le cratère, le sac presque perdu au bout de 5 minutes sous les cailloux qui tombent autour de moi. De la fumée partout. l'odeur infernale du soufre, la vapeur qui sort des des trous de la montagne, les parois oxydées par le soufre. le Mordor, la montagne du destin. Vite, fuyons…C'est dantesque. ça craint vraiment, c'est fascinant, c'est génial, mais d'en haut…
A la sortie, je retrouve mes compagnons qui ont suivi mes pas. Ils veulent tenter leur chance dans Viti.
A peine sorti, il se met à neiger, on y voit juste à 100m. Je suis déglingué. Pour sortir de la caldeira, plus d'une heure. 10 pas, pause, etc…de la boue par dessus les chaussures. Enfin la piste qui va au refuge de Dreki, meilleur moral. Plus que 7km, ouais!!! Maintenant 100 pas, pause, etc…me rejoignent mes copains. Ils sont dopés à je sais quoi mais ils ont un rythme d'enfer. Je m'accroche et on arrive au refuge en moins de deux heures. Tout neuf, superbe. De même que la gardienne pourtant avec un sandwich salami saucisses mayonnaise cornichons.
Très chère la nuit-30 euros- mais hors de question de planter la tente dehors. Bon repas. Un groupe d'israéliens venu en voiture passe la nuit au refuge. Ils ont fait trop de pâtes au thon. J'en remange trois fois. Qu'est ce que j'ai faim et sommeil…
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