Depuis plusieurs années, l’idée de partir à la découverte de contrées plus septentrionales, autrefois foulées par les Vikings il y a encore quelques siècles, s’anime en nous. Été 2023, le rendez-vous est pris ! On a jeté notre dévolu sur la traversée du Jotunheimen à pied en Norvège.
Après un long périple comprenant un trajet en train, deux vols et deux trajets en bus étalés sur deux jours, nous parvenons enfin à Over Ardal, situé à quelques heures au nord d’Oslo. Bien que la fatigue se fasse ressentir après ces deux journées de voyage, nous sommes emplis de joie d’être enfin en Norvège non loin du massif du Jotunheimen. Et pour notre plus grande surprise, le temps est radieux et la chaleur enveloppe l’atmosphère. Ces dernières années, le désir de partir à la découverte de cette contrée nordique, porteuse de rêves et d’idéaux, ne cessa de grandir en nous.
1. Ovre Ardal – Svalheim Gard & Utladalen Camping
+ 50 m / – 10 m 3,7 km Svalheim Gard & Utladalen CampingCette première étape représente une brève introduction de notre trek en terres norvégiennes.
La petite ville Ovre Ardal où nous débarquons ne paye pas de mine. Nous sommes dimanche, tout est fermé sauf la station service. On achète de quoi substanter le repas du soir et on prend rapidement la direction du magnifique sentier qui longe la rivière jusqu’au camping.
Premier contact avec la population locale à l’accueil du camping … une française venu faire une saison en Norvège … 😊
La soirée se déroule paisiblement, ponctuée de souvenirs des voyages précédents et de projections enthousiastes pour celui qui s’annonce, d’autant plus que nos jambes commencent sérieusement à nous démanger pour repartir à l’aventure !
2. Svalheim Gard & Utladalen Camping – Skogadalsbøen DNT
+ 1615 m / – 833 m 24 km Skogadalsbøen DNTNous avons commencé notre journée avec un petit-déjeuner rapide et avons été agréablement surpris par le maintien du beau temps et de la chaleur… Suivant la route qui nous menait doucement vers l’entrée du parc de Jotunheimen, nous avons été rapidement accueillis par notre première merveille du jour : la cascade Hjellefossen.
La force qui émane de cette cascade et la quantité d’eau qu’elle charrie sont simplement impressionnantes ! C’est une expérience totalement nouvelle pour nous et cela nous aide à comprendre pourquoi la Norvège est souvent appelée le pays de l’eau.
Nous faisons un léger détour pour admirer le pied de la cascade Vetisfoss avant d’entamer l’ascension qui nous mène au plateau de Vettismorki. Le déjeuner et la sieste qui suivent se déroulent dans un cadre idyllique, au bord d’un torrent, bercés par le murmure de l’eau et caressés par les rayons du soleil.
Nous atteignons le hameau de Vettismorki, où nous découvrons des cabanes exceptionnellement bien entretenues, qui nous plongent instantanément dans l’univers de Tolkien. C’est étonnant de trouver, au milieu de cette nature sauvage, des signes de vie disséminés ici et là, parfaitement intégrés à l’environnement.
Nous croisons un homme solitaire en pleine contemplation. Il nous prodigue quelques conseils pour la suite de la journée, notamment l’emplacement d’une source. Après l’avoir laissé retourner à sa méditation, nous nous dirigeons vers notre premier refuge norvégien, le Skogadalsbøen DNT.
L’après-midi est marqué par notre premier vrai contact avec la météo norvégienne… La pluie approche à l’horizon, notre réaction est un peu tardive. Les vêtements imperméables, nos fidèles alliés, sont engloutis au fond des sacs. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous voilà trempés… 😊
Nous faisons aussi la connaissance d’une gardienne de refuge pétillante, qui nous assure immédiatement que nos 20 minutes de pluie sont une chance réelle. Car, dit-elle, “le pire de la météo norvégienne est encore à venir”. C’est alors que les fameux Torkenroom (traduction littérale : “chambres sèches”) prennent tout leur sens.
Nous sommes parfaitement dans le ton et le style souhaité maintenant. Keep up the good vibe!
3. Skogadalsbøen DNT – Fondsbu DNT
+ 985 m / – 770 m 23 km Fondsbu DNTAprès un solide petit-déjeuner, nous sommes tout sourire en découvrant que l’habitude locale est d’utiliser les délices du buffet matinal pour composer notre déjeuner ! C’est un privilège qui réellement revalorise l’expérience des refuges. Si les tarifs peuvent sembler élevés à première vue, lorsqu’on compare la générosité du service avec ce qu’on trouve dans les refuges en France (une maigre assiette pour parfois 12 à 15 €, comprenant à peine 2 tranches de pain, un œuf et demi paquet de chips…), la différence saute aux yeux. Notre J3 sur notre Traversée du Jotunheimen à pied commence bien.
En effet, la gardienne avait tout à fait raison, le temps norvégien tant attendu est finalement là ! Nous enfilons l’intégralité de nos équipements imperméables et nous dirigeons vers le col d’Uradalsbandet.
Nous avions remarqué hier déjà que, après avoir franchi Vettismorki, les chemins de terre s’étaient mutés en sentiers plus techniques : chaque foulée exigent une vigilance particulière, transformant ainsi notre trajet en aventure aussi exigeante que fatigante. Le ciel de la matinée est resté gris, pourtant, quelques brèches dans les nuages nous laissent entrevoir, fugitivement, des paysages absolument magiques.
Par chance notre pause déjeuner se déroule au sec et à l’abri du vent, avec en toile de fond un lac encore à moitié pris par la glace.
La neige est toujours bien présente à cette période de l’année. Nous contournons le lac, nos pieds bien au frais… (ou plutôt bien trempés, mais nous devons nous y habituer, car nous ne le savons pas encore, mais cela fera partie du programme pour de nombreuses heures au cours des jours à venir, d’autant plus que nous n’avons que des chaussures de trail).
Le soleil finit par réapparaître et illumine notre descente paisible vers le refuge de Fondsbu.
L’accueil de la gardienne est extrêmement chaleureux ! Elle nous offre même une petite chanson très émouvante en introduction au dîner, qui nous fait vibrer encore aujourd’hui.
4. Fondsbu DNT – Gjendebu DNT
+ 770 m / – 825 m 19,5 km Gjendebu DNTUne fois de plus, le soleil nous accueille au réveil.
La perspective de jours plus humides à venir nous pousse à savourer le moment présent et à apprécier les paysages que nous traversons, sachant que nous ne les reverrons probablement jamais… Cette prise de conscience renforce notre capacité à vivre pleinement le moment présent, une tâche souvent difficile à accomplir dans la vie quotidienne.
Nous avançons le long d’une multitude de lacs aux noms imprononçables pour nous Français : Mjølkedalsvatnet, Snøholsvatnet… Chacun d’eux est plus beau que le précédent.
Pour maintenir un niveau optimal de fraîcheur, quelques passages à gué viennent ponctuer notre itinéraire. Heureusement, nous pouvons sécher nos pieds dans la neige quelques mètres plus loin…
Le ciel commence sérieusement à adopter une allure norvégienne… Les nuages prennent le relais et notre descente vers Gjendebu devient quelque peu longue. Une fois de plus, nous sommes stupéfaits par le paysage !
Le refuge est situé au bord du lac de Gjende, entouré de montagnes qui évoquent les fjords. C’est tout simplement incroyable !
Entre le confort que nous offre ce refuge et le caractère exceptionnel de la nature environnante, nous avons l’impression de vivre un rêve éveillé !
5. Gjendebu DNT- Spiterstulen
+ 825 m / – 706 m 24 km Refuge SpiterstulenNotre but pour cette 4ème journée sur notre Traversée du Jotunheimen à pied est de rejoindre l’hôtel refuge de Spiterstulen, situé au pied du Galdhøpiggen, le sommet de la Scandinavie culminant à 2469 mètres d’altitude.
Le ciel est voilé, et pour la première fois depuis notre départ, les moustiques nous mènent la vie dure dès 9 heures du matin ! Après une rando sauna d’environ une heure (à rester en pantalon, vêtements en gore-tex avec la capuche), ils semblent se lasser, nous permettant, enfin, d’avancer tranquillement vers le lac de Hellertjonne.
Même si la journée est sombre, elle est relativement paisible comparée aux jours précédents. Nous continuons à rencontrer de la neige dès 1400 mètres d’altitude, mais nous avons de la chance car un groupe de 8 personnes nous précède en sens inverse. Ce qui nous permet de suivre leurs traces et de garder nos pieds au sec pendant quelques minutes de plus.
Nous atteignons en fin d’après-midi l’hôtel refuge de Spiterstulen. À peine le temps de nous installer dans notre chambre que la pluie commence à tomber.
Le temps nous préoccupe depuis le début de la journée, car notre objectif était de gravir le Galdhøpiggen. Cependant, compte-tenu des prévisions pour le lendemain et de la visibilité limitée, notre projet semble plus que compromis… Nous verrons bien ce que demain matin nous réserve.
6. Spiterstulen – Glitterheim DNT
+ 2135 m / – 1840 m 28 km Glitterheim DNTAu réveil, la pluie persiste… La visibilité est limitée à seulement 1500 mètres. Nous hésitons pendant un moment au petit-déjeuner, ne sachant pas vraiment quoi faire sur cette 6ème journée de la Traversée du Jotunheimen à pied.
Finalement, nous décidons de persévérer malgré tout ! Nous entamons l’ascension, avec l’idée que si le temps se dégrade, nous rebrousserons chemin, mais au moins nous n’aurons pas de regrets.
Notre progression se déroule plutôt bien et l’incertitude qui accompagne notre montée finit par ajouter un piquant inattendu. Les nuages sont omniprésents, mais le vent nous offre de brefs aperçus du paysage dans une atmosphère lourde et pesante.
Nous commençons à rencontrer d’importants névés, mais le chemin est bien tracé, alors nous continuons à avancer, confiants. C’est à ce moment que Rudi a prononcé la phrase qui a scellé notre ascension: “Puisque nous sommes ici, autant aller jusqu’au bout… !”
Après une succession de névés et de pierriers, exactement 3 heures après avoir quitté l’hôtel, nous atteignons enfin le refuge perché au sommet du Galdhøpiggen! La vue est à couper le souffle… littéralement. La visibilité ne dépasse pas 10 mètres !!!
À notre grande surprise, une gardienne est présente au refuge. Elle nous explique que nous sommes les premiers de la journée et qu’elle y passera 5 nuits avant de redescendre. Et par une “merveille” de la technologie, nous pouvons même régler notre consommation par carte bancaire… !
La descente se passe tellement plus décontractée que la montée, n’est-ce pas? On croise d’autres randonneurs qui s’élancent telles des flèches vers le sommet. Question de rapidité – cette journée s’annonce interminable –, on sort les housses de pluie de nos sacs à dos et on se fait une bonne session de luge. On n’a pas tous les jours l’occasion de dévaler une montagne de cette façon!
Mais, bon, on ne va pas se mentir, la méthode n’est pas aussi redoutable en efficacité sur les parties supérieures, surtout quand la pente se fait pusillanime sur les derniers névés. Y’a pas photo, c’est plus prudent de marcher.
A 14h30, c’est le retour au parking. Après 30 minutes de pause pour manger et se requinquer, on reprend notre souffle en direction du refuge de Glitterheim. Il va falloir admettre que cette deuxième partie de la journée va être particulièrement longue…
Le plateau de Skaut s’étale à perte de vue… C’est à la fois éreintant et éblouissant de se perdre dans ces paysages si étonnamment étrangers pour nous. On en a bavé, on l’avoue, mais quel régal pour les pupilles et l’âme.
Une fois passés les trois lacs Veslgluptjønnene, la pluie a décidé de nous tenir compagnie… À noter qu’au moment de basculer dans la vallée qui devrait nous conduire jusqu’à Glitterheim, nous perdons de vue le balisage qui n’a pourtant jamais fait défaut jusque là.
Au bout de quelques minutes, il devient évident qu’un éboulement très récent (quelques heures, voire minutes ?) a eu lieu, et que l’ensemble du pierrier a été chamboulé. Nous descendons rapidement au milieu de roches toutes plus instables les unes que les autres, en espérant fortement qu’il n’y ait pas de second éboulement…
Notre journée se termine juste avant 20h. Toutefois, la qualité et le confort des refuges norvégiens ont rapidement effacé les efforts de la journée.
7 : Glitterheim DNT – Memurubu
+ 655 m / – 1025 m 19,5 km MemurubuC’est une journée de récupération après l’épopée de la veille. Le soleil brille et pour la première fois depuis le début de notre traversée, nous rencontrons plusieurs troupeaux de rennes !! Jusqu’à présent, ces vastes espaces semblaient plutôt pauvres en faune.
La vallée du lac Russvatnet est tout simplement somptueuse. On y retrouve cette atmosphère de fjords en plein cœur des montagnes, et la silhouette du Gloptinden en arrière-plan ajoute une touche magique à l’ensemble.
Après une dernière ascension nous retrouvons le lac Gjende et apercevons à son pied notre lieux de villégiature pour la nuit le refuge de Memurubu.
Bien que particulièrement calme le soir de notre passage, on imagine aisément la cohue en pleine saison au vue du nombre de places dans la salle de repas.
Jour 8 : Memurubu – Gjendesheim DNT
+ 1105 m / – 1120 m 15 km Gjendesheim DNTOn en parle quasiment depuis le début de cette étape du Bessengen mondialement réputée et photographiée. L’itinéraire panoramique à l’air majestueux !! Malheureusement la météo nous prévoit la pire journée depuis le début de notre traversée du Jotunheimen.
C’est le jeu de l’itinérance. Il faut composer avec les aléas de la météo et malgré tout continuer à avancer.
Pour une fois les prévisions étaient bonnes… Il a plu toute la journée … !! Malgré tout, on a pu apprécier la beauté de l’itinéraire et même prendre la fameuse sur le Bessengen en étant totalement seul … !!!
Malgré toute une journée sous la pluie c’est « un peu » long…
Après 20 min de pause pour manger au pied du méga cairn au niveau de Vesfljelette, nous prenons tranquillement la direction de la fin de notre traversée du Jotunheimen tout en prenant bien soin de laisser les nuages sur les hauteurs.
On profite une dernière fois d’une soirée douce et apaisante comme les refuges Norvégiens savent si bien faire. Nous tentons d’arrêter le temps pour saisir pleinement le chemin parcouru et s’imprégner encore des magnifiques paysages qu’offre cette terre de viking.
Le retour vers la civilisation fût calqu