Quelle est la genèse du projet ?
Le projet de voyage au long cours était prévu pour chacun de nous deux depuis un certains temps.
La création de ce défi, que l’on a appelé The 10K Walk, et que nous voulions comme suit : marcher 10 000 km en un an de Mexico à Ushuaia, est venue d’une première impulsion d’Hervé, qui voulait marcher après avoir lu des ouvrages d’itinérants à pied.
Vous vous connaissez depuis longtemps ?
Nous nous sommes rencontrés il y a 3 ans à Hong Kong, Hervé en stage de fin d’études, Elliot en stage de césure, tous deux pour six mois.
Nous travaillons dans des entreprises différentes mais il est facile de rencontrer des français dans cette ville internationale ! Nous avons tout de suite bien accrochés, bien qu’étant de milieux différents, nous voyons les choses de la même manière.
Et c’est pour cela que, même si nous nous sommes peu vu les 3 années suivantes post Hong Kong (chacun à l’étranger et habitant des villes différentes en France), nous sommes restés en contact avec l’idée de réaliser quelque chose ensemble un jour. C’est finalement The 10K Walk que nous partagerons ensemble.
Quelle était votre expérience en trek avant de vous élancez sur ce trek au long cours ?
Aucune ! C’est bien cela qui nous a plu lorsque l’on a crée The10KWalk.
Tous deux sportifs mais n’ayant jamais vraiment pratiqué de trek/trail, ni de voyage au long cours, nous avons discuté et nous sommes mis d’accord sur plusieurs points :
– Nous voulions une aventure sportive : marcher chaque jour pendant un an pour se challenger, mieux connaitre nos limites, nous dépasser
– Nous voulions une aventure culturelle : hors de question de faire les « touristes », nous voulions marcher pour être au plus près des populations locales, apprendre la réalité de chaque pays, et aussi améliorer/apprendre l’espagnol !
L’idée était aussi d’apprendre de nouvelles choses, compétences, mode de vie, etc , la marche au long cours propose un certain nombre de contraintes que les autres types d’itinérances ne proposent pas.
Nous devons faire attention au poids de notre sac, préparer chaque ravitaillement, gérer nos efforts, s’adapter à différents terrains, ce que l’itinérance sur route (cyclisme, moto, etc) rend bien plus simple.
C’est donc novices dans le trek, avec en plus chacun un genou qui est passé au bistouri (ligaments croisés), que nous nous lançons dans le grand bain !
Vous avez dû avoir quelques surprises avec le matériel, non ?
Les surprises sont avant tout venues de notre manque d’expérience.
1. Nous avons acheté du matos inutile renvoyé au bout de 20 jours de marche:
– Panneau solaire: aucune utilité puisque nous marchons au max pendant 2/3 jours en autonomie. Une batterie externe est largement suffisante.
– Tablette tactile: naïf, nous pensions pouvoir bloguer / faire notre actualisation depuis cette tablette mais cet instrument est lourd à porter. Cela demande aussi internet (ce que nous avons rarement) et pendant la marche, nous n’avons pas le temps.
2. Nous avons aussi manqué d’adaptabilité en fonction des régions traversées. De ce fait, pendant nos 4 premiers mois en Amérique centrale, nous avions une doudoune, un bonnet, gants, sac de couchage et même tente en trop. En effet pas besoin de sac de couchage dans ces pays, un drap en soie est suffisant. La tente n’est pas indispensable. Si l’itinéraire est bien préparé alors chaque nuit on peut trouver un village ou une maison.
3. On a fait envoyer des nouvelles paires de chaussures depuis la France…très mauvaise idée vu le coût et le temps perdu. Dans les capitales des pays d’Amérique latine, il y a des magasins de trekking avec de bon produits.
Les 3 points cités ci-dessus montrent bien notre manque de connaissance sur ces pays. En fait, on avait pas mal de préjugés… Nous pensions traverser des pays vraiment peu développés avec peu d’électricité mais c’est loin d’être le cas! C’est bien pour cela que l’on voyage: briser nos préjugés!
Enfin, on peut dire que le matériel acheté (vêtements / sac a dos / chaussures…) a été bien choisi et nous en sommes d’ailleurs très reconnaissant du vieux campeur qui nous a vraiment bien orienté avec des conseils très judicieux.
Des bobos physiques de temps en temps ?
En effet et c’est d’ailleurs un élément dur à gérer pendant cette aventure avant tout sportive. Il faut savoir que nous sommes réellement conditionnés pour marcher à un rythme soutenu afin de réussir notre challenge.
Se blesser c’est s’arrêter avec des questions, des doutes et du temps perdu… donc pas mal de frustration. Mentalement c’est assez compliqué à gérer.
Nous avons été cloués 7 jours à Quito dû à une tendinite de la patte d’oie pour Hervé. 7 jours très compliqués à gérer. Ce n’est en aucun cas du repos mental. Nous avons été deux fois à l’hôpital pour obtenir au bout des 7 jours le bon diagnostic. Durant cette période on imagine le pire…RENONCER à THE 10K WALK!! Alors on cherche des alternatives mais on ne dort pas bien, pas bien du tout… Nous sommes repartis après ces 7 jours mais ce fut un redémarrage très difficille pour Hervé. Le premier jour, 15km de marche qui furent un supplice à chaque pas. La douleur était très forte et le mental flanche à ce moment là. Hervé s’était dit: « C’est pas possible, je vais pas pouvoir continuer comme ça. Chaque pas est un calvaire physique qui vient empirer le mental ». Mais Hervé a tenu le coup pendant plusieurs jours et la douleur s’est atténuée….
Cette aventure est dure parfois mais c’est bon de voir que l’on résiste, que l’on se dépasse pour assouvir notre passion: celle d’arriver à Ushuaia en Février 2016. On est SACREMENT têtus!!! On s’endurci physiquement et mentalement.
Pour Elliot se fut une fissure au poignet gauche avec évacuation par hélicoptère de l’armée panaméenne puisque nous étions à 30km de toute route, au fond de la jungle suite à une chute lors d’un trek engagé dans la région de Bocas del Torro.
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Sinon, en général, notre corps ne nous laisse jamais vraiment tranquille surtout que nous avons tous les deux une opération des croisés (genou gauche pour Hervé et droit pour Elliot…On fait la paire!!). Il est donc très important de s’étirer le matin, pendant les pauses et le soir. Nous nous étirons bien entre 20 et 30 min par jour.
Est-ce que le voyage répond à votre imaginaire ?
Oui. Nous avons toujours voulu partir à l’Aventure… alors nous sommes partis. Des films nous ont donné des désir d’évasion : Into the Wild, Forest Gump notamment la scène ou Forest court au couché du soleil…. Ils donnent sacrément envie mais cette vision présentée dans les films représente 10% de la réalité. Il y a en effet des moments magiques où l’on regarde VRAIMENT autour de nous, on ressent une joie profonde de l’endroit que l’on voit. Toutefois la réalité c’est une préparation exhaustive de l’itinéraire, ce sont des blessures, des douleurs quotidiennes, l’ennui mais aussi beaucoup d’énergie dépensée à trouver de l’eau, de la nourriture et un endroit pour dormir! Mais il y a des rencontres magiques qui viennent illuminer certaines journées franchement banales. Au delà des paysages, les gens que nous rencontrons sont vraiment un moteur de l’aventure!
Au final, vous avez modifié le parcours initial. Pourquoi ?
Nous sommes partis à l’aventure avec seulement un itinéraire de 4 mois bien préparé. Nous n’avons pas eu le temps de faire le reste puisque nous nous y sommes pris trop tardivement. C’est peut être une bonne chose car nous avons pu faire un tout nouvel itinéraire après nos 4 premiers mois d’expérience en Amérique centrale. Nous avons eu le temps de prendre conscience de la dimension prépondérante du dépassement physique que l’on souhaitait donner à The 10K Walk. Ainsi au lieu de faire 10 000km sur du « plat » on a décidé d’abaisser la barre kilométrique à environ 7000 km pour insister sur le challenge que représente les Andes.
L’itinéraire est ainsi un concentré de défis montagneux avec des périodes d’autonomie prolongées, des traversées de désert… On va vraiment se chercher physiquement et mentalement.
Enfin, il est important pour nous d’apprendre de nouvelles compétences comme l’alpinisme avec les ascensions faites en Bolivie (Huayna Potosi, Sajama).
D’ailleurs nos 4 derniers mois en Patagonie sont un condensé de défis:
En 80 jours: intégralité du Greater Patagonian Trail avec 8 ascensions (Lanin…)
En 10 jours: “Circo de los Altares” soit une traversée sur mer de glace dans le parc du Fitz Roy
En 10 jours: Torres del Paine / le grand tour
Finalement 20 jours de Pampa depuis Torres jusque Ushuaia.
Un souvenir que vous avez envie de partager ?
Plutôt un moment important de l’aventure. Un moment vraiment fort! L’ascension du plus haut mont de Bolivie, le Nevada Sajama qui culmine à 6542m.
Forts d’une première ascension à 6088m (Huayna Potosi), nous marchons nos 10 premiers jours en Bolivie avec déjà l’objectif en vue, au loin, le Nevada Sajama. Notre guide nous y rejoint. L’ascension se réalise en 2 jours.
1er jour: 13km pour arriver au camp de haute altitude à 5700m, en partant du village de Sajama à 4200m, avec chacun 20 kilos sur le dos.
Puis ascension de nuit, rendu compliquée par beaucoup de neige qui tombe le soir même. Et pourtant, nous parvenons à bout des premières sections et de la plus difficile : les pénitents. Il nous reste alors 1h de marche et 142m nous séparent du sommet, la “cumbre”, nous sommes à 6400m. Elliot se déconcentre, fatigué, perd son rythme et son souffle, impossible de se remobiliser. Pour finir, tout le monde redescend.
Nous sommes à deux dans cette aventure certes, et nous nous soutenons coûte que coûte, chacun a eu ses blessures, ses coups de mou physiquement, mais avoir un instant de faiblesse « mentale », c’est la première fois, et c’est dur à encaisser pour l’un comme pour l’autre dans cette année placée sous le signe du dépassement de soi. I
On ne fait pas de demi mesure. On réussit ou on échoue mais on ne veut pas entendre de: « ohhhh c’est déjà pas mal d’avoir été jusque là ». Cette phrase est insupportable.
Ainsi, l’orgueil est touché pour nous deux, l’un ne pouvant pas arriver en haut et conclure cette superbe ascension alors qu’il était en forme, l’autre touché aussi dans sa fierté, n’ayant pas arriver à se mobiliser pour « finir le boulot ».
Quelques jours un peu « froids » ont suivi cet épisode, chacun devant digérer l’évènement. On se taquinait moins, on parlait un peu moins aussi avant d’avoir pris du recul et de se remettre dans le bain. Le quotidien de l’aventure rattrape toujours les problèmes de nourriture, eau, logement, etc.
Nous apprenons beaucoup de chaque épisode et repartons toujours plus aguerris et plus forts, sans jamais aucun problème entre nous deux, motivés à accomplir cette année de marche et aller chercher d’autres défis ! Suite à cette ascension et après quelques jours de prise de recul on s’est dit les choses simplement et avec vérité. Il n’y a pas de politiquement correct entre nous deux. Il n’y a que des vérités que nous assumons parfaitement jusque maintenant. On ne tourne pas autour du pot et nous sommes tous les deux assez forts mentalement et d’une certaine façon sûr de nos capacités pour nous remobiliser. Les vérités ne nous blessent pas elles nous motivent!
Le mot de la fin
Pour la première fois de notre vie nous avons une réelle passion, un réel objectif!! Cela nous donne tellement de force, on accomplit tellement de chose et on se dépasse presque chaque jour. C’est incroyable et c’est surtout jouissif de savoir ce dont on est capable! Trouver un tel objectif est important dans la vie, cela permet de vivre avec des moments magiques mais aussi très souvent des moments difficiles qui nous apprennent énormément sans pour autant remettre en cause la passion et l’objectif final.
Pour suivre le projet The 10 K Walk, allez sur le blog d’Hervé et Elliot ou sur leur page Facebook.
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.