L’arrivée à un sommet est toujours particulière. Le pic de Comapedrosa ne fait pas exception. D’autant qu’avec ses 2 946 m, il est le point culminant d’Andorre. Devant le bloc de béton où est fiché le panneau signalétique, c’est donc l’occasion de se congratuler avec d’autres marcheurs, des Catalans. Et surtout d’admirer la vue. Loin là-bas, côté Espagne, émerge la cime de l’Aneto, qui avec ses 3 404 m domine toute la chaîne pyrénéenne. Et toutes les autres montagnes, innombrables, à 150 km à la ronde.
De la haute montagne au sommet du Comapedrosa
La montée n’a pas été une promenade de santé. En ce début d’été, ce ne sont pas quelques névés mais de vrais champs de neige qui tapissent les flancs du massif. Notamment autour de l’estany Negre, l’étang Noir. Il porte bien mal son nom : sous un beau soleil, les eaux sont d’un très joli bleu-vert. Pour ce qui n’est pas encore pris dans la glace… En tout cas, le tableau est très photogénique.
Un peu plus tard, dans les dernières portions, il faut souvent mettre les mains pour s’aider. De la haute montagne ! Voilà le charme de cette rando, étalée sur deux jours: la variété des paysages et des terrains. L’itinéraire suit quasiment les contours du parc naturel des vallées du Comapedrosa.
Le départ a eu lieu d’Arinsal, un village bien tranquille. Du moins en cette saison. Il n’en va pas de même l’hiver : ses pistes de ski sont réputées. Du reste, un peu partout dans le pays, les stations se sont beaucoup agrandies et étendues ces dernières années. Andorre dispose ainsi du plus grand domaine de la péninsule ibérique, Grandvalira. Ici, sur ce versant, les installations ne sont guère visibles.
Plus haut, près du pic de Percanela, ce sont même quelques vénérables constructions qui se dressent. De superbes « bordes », des anciennes bergeries. Plus loin, vers le refuge des « Fonts », à 2 200 m, le chemin fait traverser –à gué, bien sûr– maintes sources et résurgences jusqu’au « Pla de l’Estany », le plateau de l’Etang. De là sont visibles les frontières nord –toute proche– et sud du pays, ainsi que le pic de Casamanya, posé au centre de la principauté.
Les alentours suffisent bien à contenter les yeux en offrant le spectacle de forêts accrochées au bas de pentes surmontées de crêtes dentelées, de cimes magnifiques. La montée vers le refuge de Comapedrosa –l’un des rares ouverts toute l’année sur les 29 existants– est belle. Entre les bois, elle serpente le long d’un torrent bouillonnant. Ce n’est sans doute pas un hasard si elle est beaucoup plus fréquentée que les autres sentiers. Planté au bord d’une falaise, avec une vue magnifique sur la vallée et de l’autre côté un lac attrayant, le refuge voit passer du monde.
La vallée des Sorcières
Hasard, l’itinéraire de la veille avait déjà conduit non loin de là vers un autre de ces refuges gardés, celui de Sorteny. Flambant neuf, il garde l’entrée de la vallée du même nom. Dans le passé, celle-ci était aussi appelée vallée… des Sorcières ! Parce que c’est là que les femmes allaient cueillir les plantes nécessaires aux préparations médicinales. Aujourd’hui, son exceptionnelle richesse botanique n’a pas été altérée. Devenue parc naturel, elle abrite plus de 700 espèces de plantes dont 50 uniques dans les Pyrénées.
La faune est elle aussi très présente. En se dirigeant vers le pic de l’Estanyo, par le lac du même nom, les randonneurs aperçoivent souvent des isards, le cousin du chamois, et, dans le ciel, des vautours fauves. Il n’est pas rare d’admirer le plus grand des vautours, le gypaète barbu, et même l’aigle royal dont quelques nids ont été répertoriés dans le secteur.
Vallée de Madriu : intouchée depuis près d’un siècle
Autre vallée exceptionnelle, celle du Madriu, l’une des plus grandes. Tout en longueur, s’étirant sur quelque 42 km, elle occupe près d’un dixième de la surface d’Andorre ! Elle est cultivée et habitée depuis le Moyen Age, même si aujourd’hui les quelques hameaux ne sont plus constitués que de résidences secondaires.
Mais il n’y a aucune route, rien que des chemins. Pas d’électricité non plus. Voilà les raisons qui lui valent d’être inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Sa beauté aussi : il y règne une atmosphère très particulière. Longeant la rivière, entre les bois et les pâturages, les sentiers traversent des paysages que la main de l’homme n’a guère touchés. En tout cas plus depuis presqu’un siècle. Et c’est tant mieux.
Informations pratiques
L’office de tourisme www.andorra.ad fournit notamment tous les renseignements, carte des GR qui traversent Andorre, des refuges et auberges de montagne avec leurs coordonnées et traces GPS. Il édite aussi un recueil de 54 itinéraires de rando avec fiches détaillées et séparées. Très bien conçues, elles comportent chacune topoguide, dénivelés, description…
Accompagnateurs en montage
- Pascal Ancion
- Joan Marc Xarpell
- Nicola Archer
- Ignasi Plaqué
Bonnes adresses
- Andorre recèle de nombreuses possibilités d’hébergements, du camping à l’hôtel 5 étoiles. Retrouvez la liste complète des hébergements adaptée à votre budget sur le site de l’office de tourisme.
- Restaurant Cal Marquet www.marquetandorra.com parfait pour déguster les produits du terroir (c’est aussi une épicerie fine) à des prix sages, à Andorre-la-Vieille.
- Refuge de Comapedrosa (situation exceptionnelle et accueil chaleureux) sur le GR 11 et GRP refugicomapedrosa@gmail.com
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !