Tadjelahine est un grand plateau rocheux situé au cœur du tassili N’Ajjer au nord-ouest de Djanet à mi-chemin entre l’oasis et Illizi. Les étendues y sont grandioses et le panorama rude, loin de l’image carte-postale des dunes ondulées, y est spectaculaire. Immenses plateaux et donjons de grès se taillent la part belle du paysage. Le noir et son dégradé de gris y sont infinis ou presque. Le ciel, d’un bleu intense, apporte sa touche de gaieté. Au cœur des grottes et des abris sous roche, les peintures rupestres, du jaune au rouge, exhibent un peu de couleurs à ce tassili raboteux.
Il a plu deux semaines avant mon passage à Tadjélahine. Il pleut rarement dans le Sahara. Quand c’est le cas, tout change. Les gueltas se remplissent d’eau, les fleurs éclosent, les papillons virevoltent, les odeurs montent aux narines, les oiseaux chantent plus que d’habitude, les poissons gagnent les gueltas et le désert devient vert. Un vert éclatant, enivrant, presque indécent dans ce paysage en noir et blanc. Aman iman, l’eau est vie…
Les fleurs sont nombreuses dans les gueltas : de l’azazaja, mauve et blanche à l’amayo et à la ténedfert jaunes. Ma préférée est l’aoya avec ses pédicules rouges.
Une situation éphémère, de quelques semaines tout au plus, qui ravit les nomades. La famille de Mohamed, le chamelier, venait de quitter le tassili de Fatnoum au nord de Tadjelahine pour le plateau de Dider plus au sud pour profiter des pâturages importants de cette zone.
Dans ce paysage verdoyant de l’oued Tadjélahine, il ne manque plus que les pasteurs d’antan et leurs troupeaux pour reconstituer cette époque de nomadisme qui garde encore bien des mystères. J’imagine un jeune garçon s’approchant de l’aguelmam avec ses vaches alors que sa mère s’affaire à l’organisation du campement et que son père est à la chasse. Mieux encore, les peintures nous plongent au cœur de ce passé lointain, une goutte d’eau à l’échelle du temps géologique.
Après Iheren, nous découvrons le site de Tin Abanière, le site des esclaves si on se réfère au dictionnaire franco-tamacheq du Père de Foucauld. Autre école de peinture, autre temps. Les abris rassemblent des peintures de l’ère bovidienne à cameline. Dans les tafoni, on peut observer de nombreuses vaches mais aussi des personnages aux traits fins essentiellement de type négroïde et relativement élancés. Certains d’entre-eux portent des mini-shorts voire même des strings. Incroyablement sexy ! A côté des bœufs apparaissent quelques moutons. Pour réaliser les fresques, les artistes ont utilisé la technique de l’aplat avec une large palette de coloris (contrairement à l’école de Séfar-Ozanéaré). En clair, les parties internes des personnages sont peintes en couleurs (ocre, rouge, etc).
A Tadrast, la grande majorité des peintures sont aussi de style Tin Abaniora. Toutefois, l’une d’elle a retenu mon attention de simples visiteurs de passage pour ses différences avec les autres représentations. Trois personnages cernés font face en souriant. Le dessin a été réalisé avec un aplat ocre. La peinture peut sans doute s’apparenter à l’école des Têtes Rondes mais réalisée à une période plus récente. L’expression du visage reste une bizzarerie que la communauté scientifique n’arrive pas à expliquer. Sa particularité me plait bien. D’ailleurs, de nombreuses peintures à Tadjélahine et sur d’autres sites rupestres n’entrent dans aucune classification scientifique. L’expression artistique n’est pas toujours facilement compréhensible. Tant mieux !
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L’abri de Tahilahi est le dernier que nous découvrons lors de cette semaine de randonnée chamelière. Découvert par Georges le Potevin en 1950, Tahilahi est aussi un chef d’œuvre artistique. Les archéologues avancent l’idée que les abris d’Iheren et de Tahilahi ont été peints par le même artiste. Il faut dire que les deux sites sont distants à vol d’oiseau de seulement 8 km. C’est d’ailleurs pour cela qu’Alfred Muzzolini, ingénieur-géologue, docteur en préhistoire, parlait du style de peintures d’Iheren-Talihali. Pour Jean-Loïc Le Quellec, chercheur au CNRS, il est préférable de supprimer la précision Tahilahi pour simplifier la dénomination du style.
Comme à Iheren, les fresques se composent d’une centaine de peintures différentes. L’artiste joue avec le relief de l’abri comme pour ses moutons s’abreuvant dans la fissure de la roche. Les personnages ont des coiffures étonnantes : en forme de palmiers, aplaties sur l’arrière de la tête, tresses ou encore chignons. Pour Muzzolini, les coiffes évoquent les bas-reliefs du Nouvel-Empire égyptiens. Les scènes de chasse, rare dans le groupe négroïde, sont ici bien plus présentes. Les animaux sauvages sont aussi bien représentés : éléphant, lions, girafes, antilopes, autruches…
Taka et moi ne savons plus où donner de la tête. Nous visiterons l’abri à deux reprises comme à Iheren, à défaut de pouvoir faire plus.
La randonnée se termine chez Amoud dans l’oasis d’Ihérir. Il nous guide à travers les zéribas et les cases carrées aux toits de palme et nous conduit aux magnifiques gueltas qui sont alimentées toute l’année par une source naturelle. En regardant plus précisément les fonds de l’eau, j’aperçois de petits poissons qui nagent. Qui l’eu crut entre les plateaux désertiques de Tadjélahine et de Tasseret ?
Sur le retour à Djanet, passage par le site de gravures rupestres de Tin Taghirt qui comprend notamment la fameuse gazelle couchée de la période bubale représentée sur les billets de 1000 dinars.
A mon sens, les sites rupestres dans le tassili N’Ajjer – et donc à Tadjélahine – peuvent aussi bien intéresser le scientifique que le néophyte que je suis. Sans forcément tout comprendre des peintures rupestres, on peut les apprécier à l’image d’une œuvre exposée dans un musée ; sauf qu’ici en plein désert, le cadre enchanteur magnifie les fresques et décuple l’imaginaire pour rêver la vie d’autrefois au Sahara.
Finalement, la randonnée chamelière n’est-elle pas une façon de revivre le nomadisme d’antan et de se confronter à nos besoins les plus primaires ?
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.