1er octobre: col du Somport – refuge d’Arlet
- + 945m -620m 6h
Départ à la nuit pour quelques kilomètres sur la route encore déserte à cette heure matinale. Puis le sentier pénètre dans un sous-bois moussu en oscillant entre montées et descentes avant de remonter de vastes pentes herbeuses dominées par des roches à la curieuse couleur rose. Aucun nuage ne vient troubler le bleu du ciel qui conserve toute la journée la limpidité caractéristique de l’automne.
L’emplacement de bivouac situé près du refuge est particulièrement plaisant sur une souple prairie à proximité du lac et d’une source au faible débit. Une fois les visiteurs de la journée partis, il y règne un silence absolu que ne trouble même aucun torrent.
2 octobre: refuge d’Arlet – Lescun:
- + 310m – 1440m 5h30
Au réveil, le ciel encore sombre est piqueté des mille feux d’étoiles qui brillent avec une intensité particulière dans le froid vif. Magie du bivouac: la silhouette des crêtes est irisée d’un trait de lumière fugace. La fraîcheur du petit matin tempère cependant mes velléités contemplatives et, bien vite, je fais chauffer l’eau de mon thé pour avaler un petit déjeuner qui sera rapide car j’arrive au bout de mes provisions.
Avant de redescendre dans la vallée notre itinéraire parcourt la crête frontière qui offre une vue panoramique sur d’agrestes paysages. Puis il plonge ensuite vers Lescun par une riante vallée encadrée par les dolomitiques aiguilles d’Ansabère. Nous approchons de l’Atlantique et le paysage se transforme: Les prés verdissent et les pentes s’apaisent bien que quelques raides parois calcaires surgissent encore de la verdure.
3 octobre: Lescun – la Pierre Saint Martin
- + 1370m – 560m 6h45
Durant la nuit au camping de Lescun clochettes et torrent ont bercé mon sommeil d’une douce musique tandis que le clocher égrenait tranquillement les heures, preuve tangible d’un retour progressif vers un quotidien plus humanisé. Après un arrêt à l’épicerie pour remplir notre sac nous remontons la riante et verdoyante vallée au fond de laquelle jaillissent les aiguilles verticales.
Avant d’atteindre les éblouissantes parois qui soutiennent le karst de la Pierre Saint Martin le chemin s’enfonce dans une forêt semée de pierres moussues. Puis, par le pas d’Azuns et le passage escarpé du pas de l’Osque il rejoint une zone karstique étendue qu’il traverse par de petites vires et quelques lapiaz avant d’atteindre la Pierre Saint Martin dont les abords ont été véritablement massacrés par les bulldozers et la dynamite pour créer des pistes de ski…
4 octobre: la Pierre Saint Martin – abri d’Ardané
- + 715m – 1050m 7h30
Le départ est à nouveau très matinal car la distance à parcourir est relativement élevée. Tout commence par 10 kilomètres de bitume sur une petite route peu fréquentée. Ensuite une bonne remontée sur un sentier en lacets conduit vers la ligne de crête principale qui, curieusement, ne fait pas office de frontière. C’est en effet une étrange frontière tracée en pleine pente alors qu’on l’attendrait plutôt sur la crête ou en fond de vallée: mystère de l’histoire humaine.
Heureusement que les bornes frontière numérotées facilitent l’orientation dans ces lieux sans point vraiment caractéristique. La cabane d’Ardané, massive maisonnette en pierres avec un toit de tavaillons est en excellent état et confortable. Les chevaux curieux cherchent bien à nous accompagner à l’intérieur quand nous nous installons mais ils n’insistent pas.
5 octobre: abri d’Ardané – col Bagargui
- + 1270m – 1260m 8h
Le vent matinal nous bouscule un peu quand nous atteignons la crête frontière. Il nous accompagne tout au long de la matinée durant laquelle nous parcourons cette large crête herbeuse qui, par une succession de montées et de descentes rejoint le pic d’Orhy. Autour du port de Larrau apparaissent les premières palombières alignées en grand nombre de chaque côté de la crête et j’imagine l’agitation qui doit y régner lors des périodes de migration. Aujourd’hui, tout est calme et les rares randonneurs qui gravissent le pic d’Orhy profitent comme nous de cette merveilleuse journée automnale: le soleil chauffe les crêtes léchées par une magnifique mer de cumulus. Le vent a cessé offrant un moment de rêve pour le pique-nique sur le sommet de 2000 mètres le plus occidental des Pyrénées.
Le pays basque est à nos pieds et durant la descente sur une arête parfois effilée nous aurons des aperçus spectaculaires sur l’enchevêtrement de collines, de crêtes, de dômes et de vallons caractéristiques de ce pays. Ce relief compliqué n’est pas sans nous poser quelques soucis d’orientation une fois redescendus à plus basse altitude: une lecture studieuse de la carte et l’aide du GPS nous sortent vite d’affaire pour trouver le chemin du col Bagargui où nous nous installons dans une chambre à l’atmosphère quasi monacale. Par contre, nous avons à disposition une cuisine à l’équipement moderne et, ayant pu nous ravitailler à l’épicerie, le dîner est bien copieux. Nous arrivons dorénavant dans une région où les villages sont nombreux et, sans surcharger notre sac, nous allons pouvoir nous offrir quelques « gâteries ». Un carré de chocolat, un biscuit, un fruit prennent dans ce contexte une saveur exquise un peu oubliée dans notre univers quotidien d’abondance..
6 octobre: col Bagargui – col d’Orgambidé
- + 1205m -1535m 8h30
Les journées raccourcissent et nous devons adapter nos horaires en conséquence. Bien que toujours matinaux nous attendons donc que le jour pointe pour partir à travers la forêt d’Iraty à l’ambiance mystérieuse. Les rayons du soleil rasant filtrent au travers des arbres sur lesquels dansent ombres et lumières tandis que les pentes de bruyères et de fougères dorent sous les premières lueurs. La forêt traversée nous remontons vers le vaste dôme d’Occabé aux pentes herbeuses parsemées de rares enchevêtrements rocheux. Une impression de grands espaces se dégage de ce site qui domine toute la région. Le soleil cède ensuite rapidement la place aux nuages et aux brumes qui brouillent les repères et nous obligent à modifier nos plans: nous contournons cette zone de collines à l’orientation très délicate dans le brouillard en empruntant une petite route qui rejoint le col d’Errozate; c’est moins bucolique mais plus sûr et rapide pour avancer.
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C’est bientôt la fin de notre périple. Dans 4 ou 5 jours nous devrions atteindre Hendaye et un peu d’impatience commence à poindre. Mais je n’ai pas envie de me précipiter, je veux continuer à profiter de ces paysages basques si particuliers, continuer à profiter de l’environnement apaisant qui nous entoure et je n’ai pas envie de martyriser mes muscles et mes articulations qui fonctionnent à merveille depuis 6 semaines. Donc il faut continuer « polle polle ». Du col d’Errozate un étroit chemin en partie caché par les herbes hautes redescend dans une étroite vallée encaissée avant de remonter sur l’autre versant pour rejoindre le col d’Orgambidé, large étendue herbeuse, frontière et carrefour de plusieurs pistes. Le camping semblant interdit sur la partie française nous installons nos tentes sur le versant espagnol où aucun panneau ne matérialise cette interdiction!!! La bruine et les averses de la soirée nous laissent craindre une aggravation du temps pour le lendemain. Durant la nuit, des bourrasques de vent et des grains agitent la tente à plusieurs reprises et je dois vérifier régulièrement que l’eau ne s’y infiltre pas.
7/10: col d’Orgambidé – les Aldudes
- + 845m – 1455m 9h45
Cela devait bien nous arriver: une journée de grand mauvais temps. Après des semaines exceptionnellement agréables je prends cette pluie avec une certaine philosophie, d’autant plus que nous sommes proches de l’arrivée. Le rangement du sac sous la tente est un peu compliqué et je dois me contorsionner pour éviter que la toile très humide ne s’égoutte à l’intérieur. Le plus difficile est certainement de court-circuiter le petit déjeuner car il n’est pas possible de faire chauffer de l’eau. Une fois le sac chargé, je dois maintenant sortir et plier la tente à toute vitesse pour éviter qu’elle ne soit complètement détrempée: je crois que le record de vitesse est battu et en quelques minutes je suis prêt à partir.
Mais encore faut-il retrouver la piste située à une cinquantaine de mètres, complètement invisible dans la nuit et le brouillard. Après quelques tentatives infructueuses à la boussole dans différentes directions je sors le GPS qui nous indique précisément le bon azimut. Nous sommes partis pour environ 28 kilomètres de petites routes et de pistes, dans le brouillard et les bourrasques de vent glacial. Bien emmitouflé dans des vêtements dont j’apprécie le confort j’avance enfermé en moi-même comme immergé dans une bulle étanche. Je revisionne les étapes passées, je me plais à imaginer l’arrivée au bord de l’Atlantique, le retour en famille avec une certaine sérénité qui me fait oublier l’ambiance hostile alentour.
Le plus difficile de cette situation est l’orientation car le vent secoue la carte qui se mouille en quelques secondes malgré la pochette plastifiée. En outre, il est très difficile de faire des haltes régulières car tous les chemins sont détrempés et il est impossible d’y poser le sac. C’est donc avec joie que nous apercevons l’auvent profond de la chapelle du col d’Ibaneta: nous serons au moins au sec pour un rapide pique-nique. L’après-midi, le vent faiblit et les averses deviennent éparses. Par une succession de petites routes goudronnées nous grimpons d’abord vers la redoute de Lindus puis redescendons vers Urepel et, enfin, les Aldudes, où je suis bien soulagé d’arriver après presque 10 heures de marche. L’auberge de jeunesse est facile à dénicher à l’entrée du village et nous y sommes chaleureusement accueillis. Et, pour ajouter à notre satisfaction nous y retrouvons les 2 randonneurs qui avaient quitté Banyuls le même jour que nous. Cette rencontre nous fait plaisir et nous partageons ensemble ainsi qu’avec un sympathique randonneur gallois une nouvelle soirée joyeuse.
8/10 les Aldudes – Elizondo
- + 725m – 920m 6h15
Même si l’atmosphère reste très humide et le ciel bas, le vent et la pluie ont cessé et nous repartons donc d’un pas décidé. Notre élan est vite ralenti par une petite route d’une raideur incroyable sur plusieurs centaines de mètres. Pour nous faciliter la tâche nous décidons d’emprunter un itinéraire local balisé vers le col Beorzu Argibel plutôt que d’utiliser celui décrit dans notre topo qui semble compliqué. Au bout de quelques kilomètres j’ai l’impression qu’il nous entraîne plus loin que prévu mais il est trop tard pour faire demi-tour.
En effet, nous débouchons bientôt au col Berdaritz et il reste maintenant à suivre une longue crête pour rejoindre notre itinéraire. Mais l’environnement est très agréable et, même si les vues sont un peu brouillées ces dômes gazonnés dominant la vallée des Aldudes sont plaisants à parcourir. Pour rejoindre Elizondo il faut emprunter une piste et des chemins souvent argileux et, dans cette période humide, de nombreux passages extrêmement boueux nécessitent quelques acrobaties. Arrivés en début d’après midi à Elizondo, la ville semble inanimée, seul le bar est ouvert. La serveuse est très impressionnée par notre chargement. N’étant vraisemblablement pas une adepte de la randonnée elle est très surprise d’apprendre que nous marchons depuis 45 jours et de manière fort ingénue nous demande « et vous aimez ça ? »…
9/10: Elizondo – col de Lizuniaga
- + 1055m – 1040m 8h15
L’hôtel où nous passons la nuit a le grand avantage d’être économique. Situé au cœur d’une zone commerciale à l’entrée de la ville, l’environnement n’a rien de bucolique mais, surtout, il jouxte une discothèque qui diffuse toute la nuit de la musique techno dont les vibrations remontent jusqu’à la chambre. Si on ajoute les conversations bruyantes de nos voisins espagnols dans le couloir en pleine nuit je crois bien avoir passé la plus mauvaise nuit de tout notre périple. Cela ne me perturbe guère durant cette journée de marche qui est la dernière grande étape avant l’arrivée. La bruine nous accompagne dès le départ et la vue reste limitée sur les larges coteaux couverts de fougères que nous parcourons.
A midi près du col Atxuela, une soudaine éclaircie ouvre une étroite fenêtre vers l’océan. Cette vision fugace est un vrai moment d’émotion. But ultime de notre périple, il paraît maintenant à portée de pas et je savoure la satisfaction d’avoir pu profiter de cette longue immersion au cœur des montagnes. Cette vision me poursuivra toute l’après midi au long des chemins en montagnes russes qui nous mènent vers le col de Lizuniaga. Nos compagnons épisodiques arrivent peu après nous et, ensemble, nous passons une dernière soirée chaleureuse autour de quelques bouteilles de Rioja pour fêter notre prochaine arrivée, échanger nos souvenirs et, surtout, rêver de prochaines aventures.
10/10 col de Lizuniaga – Hendaye
- + 845m – 1045m 7h
Dans l’aube irréelle, les feuilles des arbres crépitent sous les gouttelettes de brouillard. Nous surmontons rapidement la couche ouatée tandis que les premières lueurs percent la brume. Un liseré orangé souligne les lignes de crête qui fendent les nuages lovés au creux des vallées. Pour notre dernière journée pyrénéenne nous sommes particulièrement gâtés par ce spectacle matinal. Une fois contournés les contreforts de la Rhune nous atteignons le col d’Ibardin et ses nombreuses « ventas » qui attirent la foule des visiteurs.
Toute cette agitation vite dépassée nous empruntons un sentier balcon offrant un magnifique panorama sur l’océan illuminé par un soleil éclatant. Puis, par une succession de chemins et petites routes louvoyant entre collines et vallons verdoyants nous rejoignons Hendaye. Dans les derniers kilomètres, je ressens le bonheur de toucher au but, mais sans impatience aucune. Je crois même avoir envie de ralentir le pas pour prolonger ce moment, prolonger ce merveilleux voyage…
La randonnée est pour moi une source de découverte inépuisable. Amoureux de la montagne depuis de nombreuses années j’ai toujours autant de bonheur à parcourir les sentiers et à partir marcher aussi bien pour une journée que pour de longues itinérances. Mon départ à la retraite m’a offert le loisir de traverser les Pyrénées par la HRP dont je rêvais depuis longtemps. Cette longue traversée a encore renforcé mon envie de périples au long cours… Et depuis, j’ai traversé la France du sud vers le nord puis l’Espagne sans négliger quelques itinéraires plus courts au cœur de nos massifs. Cette envie de longues itinérances reste vivace et les projets ne manquent pas…