Trekking humanitaire dans l’est du Népal

3 semaines de trekking humanitaire dans l'est du Népal avec l'association Namaste dans les vallées de Sabha et de l'Arun sur la route du Makalu (8463 m) au profit des enfants népalais. De villages en villages, nous avons distribué par le biais des écoles des vêtements et du matériel scolaire.

Focus Rando :Trekking humanitaire dans l’est du Népal
17 jours et + 3
Randonnée Demi-boucle Chez l habitant
Campagne, Forêt, et Montagne Mars, Avril, Mai, Octobre, Novembre, et Décembre

Makalu (8463 m)

Trekking de trois semaines avec l’association Namaste dans les vallées de Sabha et de l’Arun sur la route du Makalu (8463 m) au profit des enfants népalais. De villages en villages, nous avons distribué par le biais des écoles des vêtements et du matériel scolaire remplaçant ainsi les haillons par des habits neufs. En l’absence totale d’infrastructure touristique, les habitants nous offrent le gîte et le couvert… Récit d’une expérience de vie très enrichissante…

Préambule

J’ai pris connaissance de l’existence de l’association Namaste dans un numéro du magazine Carnets d’Aventures qui consacrait un article à une expédition d’Eric Petitalot en Alaska. Je me souviens avoir stabiloté l’url du site internet de l’association. Et puis, les mois passent sans que rien n’arrive…  jusqu’à ce que je projette de partir au Népal. C’était au printemps 2005. Je contacte alors Eric, Président de l’association, pour en savoir plus sur les projets à venir. Un trekking humanitaire est organisé en octobre/novembre, période à laquelle je souhaite me rendre au Népal. Eric souhaite connaître mes motivations. Elles ne sont pas toujours faciles à exprimer car elles résultent d’un long processus mais ça pourrait être résumé ainsi : partir autrement pour aider et témoigner. Mi-juillet, mon départ est confirmé. Fin août, toute l’équipe de bénévoles se rencontre au puy de Sancy pour une journée de marche. Mi-octobre, je suis en route pour le Népal…

Bodhnat de Katmandou
A mon arrivée à Katmandou, je suis happé par la vie qui grouille dans ses ruelles sales et polluées. Difficile d’échapper aux concerts de klaxons, aux sollicitations des marchands (quoique peu insistants) et aux boutiques aux mille et unes lumières. Difficile aussi de ne pas respirer les effluves épicés de l’encens mélangés à la transpiration et aux gaz d’échappement. Si la capitale n’est pas le paradis rêvé, elle me surprend par sa diversité et son bon vivre. C’est indéniable, je suis sous le charme.

Cela fait deux jours que je suis à Katmandou à attendre mes compagnons de voyage et membres de l’association Namaste. Ils arriveront avec un jour de retard suite à un problème d’avion. Eric vient pour la seizième fois au Népal. Loïc, Christophe, François, Nathalie et moi sommes à notre “première fois” comme aime le demander si souvent les népalais. Demain, nous partons enfin pour le trek humanitaire…

Trekking humanitaire

Distribution des vêtements
Le taxi est là, devant l’hôtel. Nous chargeons les 400 kg de vêtements et de matériel scolaire, puis nous montons avec nos sacs à dos pour l’aéroport. De là, nous grimpons dans un petit 18 places pour rejoindre Tumlingtar (517 m) dans l’est du Népal. A notre descente, l’air est étouffant. Bienvenue en zone subtropicale. Trois heures d’attente pour recevoir les sacs chargés dans un autre avion puis nous empruntons une jeep Mahindra pour Khandabri. Nous sommes serrés comme des sardines et ballottés les uns contre les autres. La jeep avance imperturbablement sur la piste défoncée. Après une heure de route, nous nous installons à l’hôtel Rajeeb sur la place de Khandbari. La ville est le dernier check-point de l’armée royaliste. Au delà, ce sont les Maoïstes qui détiennent le pouvoir. Au delà, le trek humanitaire commence avec son lot d’incertitude et de joie.

Coincés entre les rizières et les neiges éternelles du Makalu (8463 m), le trek humanitaire relie les villages encaissés des vallées isolées de l’Arun et de Sabha Phokari. Le fil rouge de ce trek est la distribution de vêtements et de matériel scolaire dans les écoles. Notre arrivée dans les villages est un moment unique de partage avec les habitants qui nous offrent le gîte et le couvert. C’est une occasion merveilleuse de se découvrir et de découvrir les rites et coutumes du peuple Raï. Matin, midi et soir, autour d’un feu, nous partageons le dal-bhat (plat népalais à base de riz et de lentilles) et la vie des familles. Les fontaines communes, lieux de décrassage, sont aussi des espaces de rencontre, simple sourire ou tentative de discussion.

trekking humanitaire
Rizières

Nous attisons la curiosité des népalais autant qu’eux la notre. Moi qui venait ici pour découvrir, je suis surpris d’être ainsi observé. La rencontre est facile et l’échange s’installe rapidement. Bharat, l’instituteur référent dans la vallée de l’Arun, nous apprend les premiers rudiments en népali. “Namaste” (salutation) pour commencer, puis “ek” (un) et “Mero nam” (je m’appelle). Le vocabulaire s’étoffera au contact des enfants.

Distribution des vêtements - ici pour un bébé
Montées et descentes se succèdent sur des chemins escarpés, boueux et vierges de semelles Vibram. Nous traversons des rivières à guet, des ponts suspendus, marchons au coeur des rizières, nous nous frayons un passage dans la jungle infestée de sangsues (Christophe en fera les frais). Les avancées sont parfois difficiles et épuisantes dans cette chaleur tropicale d’autant que les corps apprennent avec douleur à apprécier la nourriture locale et l’eau non purifiée. Les paysages sont magnifiques et le voyage aurait pu être très beau ainsi mais les rencontres inattendues avec les enfants, vêtus de guenilles, plus pauvres que je ne l’aurais pensé et pourtant toujours aussi souriants, ont fait de ce trek une aventure avant tout humaine. Partout, la misère se constate mais ne se lit pas dans les yeux des népalais.

A l’arrivée à l’école de Khogatak où enseigne Bharat, les enfants attendent sagement, les plus jeunes sont accompagnés de leur maman. Tout le village semble assister à cet évènement. Nous installons sur une bâche les vêtements que nous disposons par taille. Les enfants s’approchent de nous un par un, certains avec hésitation. La plupart sont vêtus de haillons, certains sont dénudés le corps abîmé de bobos purulents, tous repartent avec de nouveaux habits. Au détour des regards, j’aperçois de larges sourires sur le visage des enfants. Ma récompense, ma joie, mon espoir… pour cette région oubliée du Népal.

Pour nous remercier, enfants et adultes ont organisé une cérémonie. On nous demande de nous asseoir. Un par un les villageois passent devant nous pour apposer le tika sur le front (pâte rouge à base de santal) et mettre le mâlâ autour du cou, ce collier de fleurs qu’ils ont pris la peine de réaliser avec amour et dévotion. Ces attentions, réservées aux cérémonies religieuses, cherchent à nous purifier et à nous protéger. Je suis ému, des larmes discrètes coulent sur mes joues…

Nous repartons vers d’ autres villages, tika au front et fleurs sur les sacs à dos. Tous nous réserveront les mêmes égards de générosité et d’hospitalité, la même authenticité, les mêmes sourires malgré la pauvreté. Une belle leçon de vie… à méditer…

Les réticences des Maoïstes n’auront pas raison de notre motivation même si nous avons dû modifier l’itinéraire initial. J’espère que la situation politique va se stabiliser dans le futur afin que Namaste puisse développer de nouvelles actions, notamment dans le domaine de l’hygiène et de la santé.

Cérémonie de tika et mâlâ
Cérémonie de tika et mâlâ

Je suis venu au Népal pour donner et j’ai tant reçu !

Après cette expérience très riche, j’ai rejoint Lukla par un chemin non touristique, emprunté par les porteurs népalais, avant de me rendre aux lacs sacrées de Gokyo dans la région du Khumbu.

A Barhat, Bhupal, Eric, à l’ensemble des népalais rencontrés et aux membres de l’association. Namaste à tous…

Retrouvez le récit d’Eric Petitalot et de Francine sur le site de l’association Namaste.

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