Au réveil, il fait toujours aussi fresh. Mais je n’entends plus la pluie crépiter sur les vitres. Bonne nouvelle.
Bonne nouvelle, il faut le dire vite.
C’est pas vrai, ptain,…, y a 10 cm de neige dehors.
Et c’est sans doute psychomatique mais une grosse envie d’aller aux fameuses toilettes aux murs taillés dans une poubelle me prend soudain. C’est vraiment pas cool. après une course de 200m dans la neige, me voici au bidule. Dire que de loin, hier je croyais que c’était une sculpture. Plus jamais je ne me plaindrai à la maison que la cuvette est froide. Ici elle est recouverte de glace. En rentrant, je découvre un thermomètre extérieur avec les indications de T° mini et maxi. Donc, il fait ici entre -28°C et +25°C.
J’en ai marre des 28/06. L’an dernier à la même date exactement, je m’étais pris la grosse tempête de neige (30cm en une nuit) à Askja.
Que faire? Attendre, y’aller? Il est important de rien décider. Je vais me recoucher, bien au chaud dans mon duvet, avec gants et bonnet.
Il n’est de de pire décision que de ne rien décider, me dis-je en m’endormant dans le confort du refuge. Oui, ce voyage est de plus en plus confortable.
Au réveil, vers midi, je me rappelle d’un étrange rêve. La solitude doit commencer à me travailler.
Au bistrot d’Albefeuiile Lagarde, le village du club de foot de ma jeunesse, tenu par raimu. Je joue à la belote avec Jean Gabin et Michel Simon.
Ce qui est bizarre, c’est pourquoi Michel Simon. Je ne sais pas qui c’est, si ce n’est que c’est un acteur. Aucune idée de son physique, de son aspect ou de sa voix. Il est de dos dans ce rêve ou alors je ne vois que ses mains.
En fait, je ne suis pas un mais deux. Deux facettes de mon caractère représentées par deux moi identiques. L’un d’eux est Raisonnable. L’autre est Dingo.
Avec cette neige, il fait froid, on picole. Raimu nous accompagne bien sûr avec un pastis. Gabin un p’tit blanc qu’on boit sous la tonelle (faut que je sois en Islande pour penser musette). Simon une absinthe. Raisonnable un schweppes agrumes. Dingo un lagavulin.
C’est Dingo qui gagne.
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Le prochain refuge à Kistufell est à environ 20km. Il ne neige pas très fort. Ce sont plutôt des bourrasques de quelques minutes. La neige ne tient pas trop au sol. Et puis c’est rigolo. J’ai envie de vivre un peu dans le gros mauvais temps. Une expérience amusante. Besoin de vivre un peu à la dure pour que ce voyage soit vraiment marquant.
Banco, on y va malgré la neige.
C’est plutôt marrant au début. Je ne me rends pas trop compte des distances parcourues, concentré sur la recherche des balises de la piste. Parce que la piste n’existe plus. Aucun véhicule n’est encore passé cette année, plus la neige qui recouvre les éventuelles dernières marques. Heureusement, les balises sont jaunes et assez hautes. Le problème est que certaines ont été couchées par le mauvais temps et il arrive de parcourir de longues distances un peu au hasard vers l’est. Mais le chemin est logique et à chaque fois je retombe sur le chemin.
Malgré tout, plusieurs fois, je perds les balises. Je marque alors un point gps au dernier endroit sûr et pars sans le sac à dos en reco dans un immense champ de lave. Je regrette là le mauvais temps. Les trouées de ciel bleu sont de plus en plus rares. Je perds l’immensité de la zone, les reliefs très durs de la lave sont émoussés par le brouillard ou la neige quand elle tombe. A chaque fois encore, j’ai la chance de retrouver rapidement le chemin. Je suis déçu car je suis en train de passer à côté de Trolladyngja qu’il n’y a aucun intérêt à monter dans ce temps, sans parler du danger. Un truc bizarre dans le quartier. Je me rends compte qu’avant chaque nouvelle chute de neige, il passe furieusement sur le sable (uniquement, pas la lave) au ras du sol des petits nuages de vapeur. Quand les nuages sont passés, je sais que je peux remettre la capuche, il neigera dans moins de deux minutes.
Pendant longtemps, je n’y vois qu’en noir et blanc. Je ne sais si c’est par effet de mimétisme inconscient, mais même ma tenue est intégralement noire. Pourtant dans ma vision périphérique, je vois des taches rouges régulièrement qui virevoltent autour de moi. Il me faut quelques minutes pour comprendre qu’il s’agit de l’inscription en rouge de la marque de mes gants, seul élément de couleur de mes vêtements. Cette journée est absolument unique. L’impression d’avoir perdu le sens des couleurs. Comme un mauvais réglage de la télé. Juste ces taches qui me rappellent que je ne vis pas dans un film en noir et blanc.
Fin de journée, autour de 19h00, je commence à m’inquiéter. Le mauvais temps commence à vraiment forcir comme tous les soirs. Moins de champs de lave, davantage de sable très très noir. Dans une zone hallucinante par les formes de la lave et la beauté du lieu, je suis distrait dans ma recherche du chemin. Le paysage m’ensorcelle. De plus, je remarque des constructions humaines. Des formes de pyramide en je sais pas quoi sur un socle en béton posées sur la pointe et la base tournée vers le ciel. Quatre ou cinq espacées de quelques dizaines de mètres. Aucune idée quant à leur utilité. Peut être, mais vraiment pas sûr, qu’il s’agit de restes des essais de la NASA dans les années 60 pour tester leur matériel pour aller sur la lune. Je sais que je suis dans la zone. Et ils se sont pas trompés. Hormis le blanc de la neige, je suis dans le noir, sur la lune, pas un brin de végétation. C’est absolument extraordinaire.
Ce qui l’est moins, c’est que stupidement, je n’ai pas pris la peine de rentrer les coordonnées du refuge de Kistufell dans mon gps. Cette négligeance est gravissime. De plus en plus de neige tient sur le sol. Le vent forcit encore. J’ai perdu les jalons. La visibilité est quasiment nulle. Je pourrais passer à 50 mètres du refuge sans le voir. Il n’est plus possible d’avancer sans être sûr de ne pas faire d’erreur. Je sais que le refuge n’est pas à plus de deux kilomètres. Je décide de ne pas prendre le risque et de stopper là et je monte la tente dans un petit coin sablonneux abrité par un gros rocher de lave des grosses rafales. Les doigts gelés sur le métal, j’ai du mal à la dresser sous ce fort vent, mais l’affaire se passe relativement vite.
Je me précipite sous la tente; le sable collé contre mes vêtements me pourrit tout l’intérieur. Immédiatement un petit point cartographie. Un coup d’oeil à l’extérieur pour repérer les sommets par rapport à ma carte. Ok. Je vois exactement où je suis. Le refuge est en effet à proximité, juste derrière le petit volcan devant moi. Rassuré par ma position, un bon repas. Je m’autorise même du chocolat après cette journée assez stressante. Je suis bien là finalement, je rejoindrai le refuge demain matin où je ferai un point plus sérieux.
Une fois dans le duvet, bien réchauffé, vers 22h00, la loi de Murphy se manifeste à nouveau. Grosse envie de pipi.
Pfff…Faut y aller, je vais pas pouvoir dormir sinon.
J’ouvre la tente, la neige s’est arrêtée, pas le vent qui n’a jamais soufflé aussi fort. Une trouée dans le ciel, soleil rasant. La neige ne s’est déposée que du côté où le vent souffle donnant à la roche des aspects de pions d’Othello, blanc et noir. Lumière par endroits, ombre à d’autres. Neige au loin, soleil sur moi. Je suis dans un rêve. Le spectable est fantastique. Je me précipite sur mon appareil, enfile les godasses et pars en courant dans tous les sens mitrailler ce paysage en calbut et tee shirt sous les rafales. Je n’ai jamais vu tel paysage. Mes photos rendront elles cette impression? Que du noir et du blanc. Que c’est beau…Je vis un moment exceptionnel. Je suis privilégié. Merci Murphy.
Le moment ne dure pas plus de dix minutes.
Retour sous la tente où j’ai enfin conscience du froid et me précipite dans mon duvet. Je dors extrêmement bien malgré le vent.