Un trek de 3 jours pour partir à la conquête du Parc National de Chiang Dao au Nord de Chiang Mai en Thaïlande, accompagné de Sébastien et son agence de trekking. Cette partie du monde connue pour sa jungle impressionnante et son climat chaud et humide, nous a offert ce quelle a de plus secret puisque nous avons emprunté de vieux chemins oubliés. Des rizières aux sommets acérés, de la jungle parfois hostile en passant par les douces étapes dans les villages Karen, portrait d’une Thaïlande surprenante qui n’est pas que de plages et de sable blanc.
En pays Karen, un première étape au cœur des rizières
+ 700 m 10 km 6h00La journée commence avec la rencontre de nos deux “ouvreurs” du jour. Des villageois dépêchés par notre accompagnateur pour retrouver un vieux sentier oublié au départ de Chiang Mai. Un long fusil et des machettes pour seuls paquetage, nous les suivons sur cette première étape d’une dizaine de kilomètres en direction de Mae Kha Piang. Après quelques kilomètres en 4×4, nous nous arrêtons à un premier village pour acheter notre repas de midi en bord de route. A la découverte des spécialités thaï, poulet grillé, riz et fruits de saison.
C’est parti pour une “petite” étape sur le papier, mais qui obligera nos tailleurs à débroussailler et chercher un peu l’itinéraire. Après quelques kilomètres sur un sentier qui s’efface petit à petit, nous découvrons une jungle peu dense, où les machettes s’activent de temps à autre. Nous faisons halte à midi chez un paysan qui nous offre des cacahuètes fraichement ramassées et cuites au feu de bois. L’ambiance est douce, malgré un soleil de plomb qui nous étouffe déjà.
Là, les premières terrasses de plantations de riz apparaissent. On en prend plein les yeux en sillonnant à travers ces immenses herbes immergées. Et découvrons aussi les étonnantes plantations de café.
Nous repartons ensuite sur des sentiers plus ou moins dessinés pour finir notre étape au village de Mae Kha Piang en pays Karen. La fin de journée se poursuit par un tour au marché du village voisin pour y trouver les ingrédients de notre repas du soir. Que d’odeurs et de saveurs sur ce marché où nous sommes les seuls étrangers. L’occasion de découvrir les secrets de la cuisine thaï ! A notre retour au village, May entame la confection à même le sol dans une cabane en bambou des 5 plats qui vont composer le menu du soir. Nous mettons la main à la pâte et c’est l’excuse pour échanger avec nos hôtes en langage des signes. La langue anglaise est pratiquée par de nombreux thaï, mais dans ces villages reculés certains ne le parlent pas du tout.
A la découverte du village Lahu de Kup Kap
+ 750 m 10,5 km 5h00Départ de Mae Kha Piang en 4×4 pour rejoindre un second village. Notre hôte doit encore trouver des accompagnants pour “reconnaitre” une partie du parcours. Finalement, personne ne souhaitera nous accompagner. Est-ce que ce “chemin” serait un mauvais plan ? En effet en partie, puisque nous évoluerons toute la matinée dans une jungle très dense le long d’une rivière.
Les machettes travailleront d’arrache-pied pour nous permettre de redécouvrir là-encore un sentier de pèlerins oublié. La halte-déjeuner dans une cahute en bord de route nous permettra de se rafraîchir et de sortir les plats préparés la veille. Des thaï rencontrés sur place nous initient au Thaï Dummy, un jeu de cartes très apprécié là-bas.
Puis cette seconde journée de marche se poursuit par une longue balade le long d’une rivière enchanteresse et qui mène notamment à une cascade spectaculaire. Seule portion roulante de ce trek, nous y croisons d’ailleurs pour la première (et la dernière fois !) quelques touristes. C’est ici que certaines agences de trekking proposent des circuits, mais aussi la possibilité de descendre la rivière en rafting.
En fin de journée, nous atteignons le magnifique village de Kup Kap, fait de cabanes en bambou, de style typique Lahu. A l’arrivée, nous sommes accueillis par des enfants joyeux et des habitants qui s’affairent à stocker les derniers arrivages de vivres pour l’épicerie du coin avant que la nuit tombe. Ces villages situés dans la jungle sont souvent dépourvus d’électricité. Kup Kap, perché à 1600m d’altitude est pourtant accessible en 4×4 ! Et la vue n’en est pas moins splendide… De la jungle à perte de vue, des pics montagneux… Serait-ce même la frontière Birmane à l’Ouest ?
Cette soirée se déroule au mieux. Après la découverte de notre immense “lodge” en bambou à la vue démente, une petite douche pour nous décrasser et direction l’unique épicerie du village qui vend absolument de tout ! Les propriétaires nous invitent à leur “table” à même le sol dans la pièce de vie qui rassemble toutes les générations. En Thaïlande traditionnellement, ce sont les enfants qui subviennent aux besoins de leurs parents vieillissants. Et ici la grand-mère occupe le petit dernier quand les parents s’affairent à la préparation du repas du soir. La nuit tombe déjà et nous finissons la soirée autour d’une bière locale à écouter les histoires de quelque thaï enivrés comme nous par la fatigue.
Une journée sans fin au cœur de la jungle
+ 850 m 15 km 8h00Au réveil cette splendide vue ne se dévoilera pas. Des nuages s’invitent dans toute la vallée et ils ne nous quitteront pas de la journée. Qu’a cela ne tienne nous partons après un petit-déjeuner salé – comme tous les jours – le coeur plein d’espoir d’atteindre un sommet avec vue. Cette fois-ci le chemin est connu mais n’a pas été pratiqué depuis un petit moment. Notre hôte dépêche donc deux hommes équipés de machettes affutées pour “tailler le chemin” sur une quinzaine de kilomètres. Et quelle taille ! Si le premier tiers du parcours est plutôt très roulant et agréable sur un large chemin, nous évoluons ensuite dans une jungle plus dense.
Une pluie fine s’invite par intermittence, douce et rafraichissante. Et puis nous commençons également à avaler du dénivelé, avec pour objectif 850m plus haut le sommet tant convoité. La majeure partie du second tiers se déroule en forêt plus ou moins dense, puis avant d’atteindre le sommet, le “chemin” disparait complètement pour faire place à un champ de hautes herbes. Nous décidons de faire notre pause casse-croute à quelques dizaines de mètres du sommet, à l’abri. Installés sur des feuilles de bananier apportées gentiment par les deux tailleurs. Nous découvrons nos petits ballotins de pad thaï préparés amoureusement par May la veille. Ce moment en forêt, seuls au monde, sur un chemin improbable… nous le dégustons en même temps que ce repas bien mérité.
La suite est plus… compliquée. Les quelques mètres qui nous séparent du pic sont laborieux mais nous espérons que se dévoile la vallée pendant l’ascension. Malheureusement, nous atteignons le sommet… sans vue ! Et repartons après une courte pause derrière les tailleurs pour entamer la descente. Près d’un kilomètre de broussaille on-ne-peut-plus dense que nous maudissons. Pourtant ce sont les hommes devant qui en pâtissent le plus ! Dans des mouvements vifs et précis, ils taillent, coupent, piétinent pour laisser derrière eux un sillage net. Nous rejoignons enfin la crête qui s’invite en forêt sur un large chemin roulant où nous croisons pour la première fois… un petit serpent ! Le soleil décline peu à peu et la brume se fait plus oppressante. L’ambiance est mystique…
Peu à peu, nous croisons un peu plus de vie, des cabanes, des barrières, un village inhabité puis une moto qui s’engage on ne sait où. L’arrivée est proche. Notre hôte part à la hâte chercher le 4×4 qui doit nous ramener à notre point de départ. La nuit tombe, nous l’attendons à l’abri d’un cabanon proche de la route en terre. Une part d’angoisse et de fascination en entendant la nuit se lever et inviter tous ses bruits étranges… Le 4×4 est là, nous entamons la “descente” par 25 km de piste en terre que la pluie n’a pas épargné. Nos passons à proximité du village Hmong de San Pakhia et c’est déjà le moment de repartir sur Chiang Mai pour un autre trek plus court.
Merci à Sébastien et sa femme May pour cette immersion authentique en terre thaï.
Dans mes montagnes en Haute-Savoie je pratique la randonnée et l’escalade l’été ; ainsi que le ski de rando l’hiver. Ultra-bookée par mes nombreux projets pro, je pars plutôt sur des treks courts, principalement dans les Alpes, du nord au sud, mais aussi en Suisse et en Italie. J’aime découvrir de nouveaux endroits, gagner en autonomie, améliorer le matériel et faire la course au poids, sans sacrifier le confort. ;-)