C’est un bout du bout du monde, pourtant accessible, assez facilement en fait. D’abord, prendre un avion puis un second, et c’est Bishkek. Vous êtes au Kirghizstan. En une grosse journée, on peut parvenir au sud du pays, dans la vallée d’At Bashy. Les maisonnettes russes semblent être sorties d’un roman du 19 ème siècle. La fenaison miraculeuse, fait pousser partout des meules obèses. Là, à 2400 m d’altitude, dans les villages, se rencontrent de rudes gaillards, trapus, à la face plate et aux yeux en amande. Leurs chevaux sont petits mais robustes et porteront votre équipement sans rechigner. Si vous n’avez rien oublié, le gaz, les vivres, la pharmacie…il n’y a plus qu’à marcher. Trois jours. Traverser un massif qui ressemble à celui de Belledonne, essuyer quelques orages, franchir un des cols qui, à 4000 m d’altitude, ouvre sur une haute vallée qui devient une steppe impressionnante. Trois jours et vous êtes dans la vallée d’Ak Say.


Cette fois, enfin, c’est la steppe. Un environnement déroutant. Démesuré certes, mais bordé. La vallée est une longue bande de steppe posée là, dans une haute vallée, entre deux puissantes chaînes de montagnes qui courent sur des distances inhabituelles. Au Nord, le massif d’At Bashy culmine à 4800 mètres, tandis que la longue chaîne de Kokshaal ferme l’horizon de cimes englacées oscillant entre 5000 et 7000 mètres. Curieusement pour ces altitudes, la vallée est large, plate et longue. Pas de gorges, ni de torrents furieux. La force tranquille et la sérénité d’une longue étendue herbeuse, verte et rousse, faussement verte d’ailleurs. Car elle est aride cette steppe. Jalonnée de marais, ponctuée de quelques sources, mais globalement aride. Au fond, car il y a un fond, coule la rivière. Paresseuse, elle serpente, décrivant ses larges bras ronds dans la plaine.

Du moins c’est l’impression, de loin. Là encore, il faut oublier ses habitudes. Au plus étroit, cent mètres de large, et un débit qui rend toute tentative de franchissement aléatoire. Ici, les rivières se longent, se contournent, rarement se franchissent. Le grand frère russe a eut la bonne idée de construire un pont pour franchir Ak Say, obstacle de plus de 150 km le long de la sensible frontière chinoise. Grâce aux piles de béton soviétiques, nous enjambons le fleuve avec pour seul souci de capturer la lumière magique sur les remous.

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