Pendant 5 jours, j’ai marché dans une vallée perdue du nord de l’Inde, la vallée de Miyar dans le Himachal Pradesh, aux confins de l’Himalaya. Un trek dans un décor extraordinaire : une aventure peu commune que j’ai réalisée avec le voyagiste indien Banjara Experiences. À quelque 4 000 m, entourée de hautes montagnes et de splendides glaciers, la vallée de Miyar est inhabitée, difficile d’accès. Mais la rando en soi est plutôt facile.
De part et d’autre, une longue chaîne de montagnes hérissée de sommets effilés, encapuchonnés de blanc. Entre les pointes, presque partout où se pose le regard, des glaciers d’où dévalent des langues de pierre et de redoutables torrents. La rivière, la Miyar -infranchissable- coule, non pas au milieu, mais le long d’un de ces formidables remparts montagneux, sur le côté du plateau. Ici, à plus de 4 000 m, bien sûr pas un arbre. Tout juste un buisson de loin en loin, et encore, seulement à l’entrée de la vallée. La végétation, quelques touffes d’herbe, est rase. Et… personne. Étonnant, non, dans le pays le plus peuplé du monde ? En une semaine, je ne verrai, outre notre groupe de trekkeurs, que deux autres humains : des bergers qui passent là tout l’été, dans des conditions très, très pénibles. Pas d’autres touristes. Ils ne sont pas légion, ceux qui s’aventurent ici, dans cette vallée de la Miyar, inhospitalière avec son rude climat. Et pourtant si belle !
Avec Banjara Experiences, un voyagiste indien, j’y ai marché pendant 5 jours, un aller-retour depuis le dernier hameau jusqu’au glacier de Miyar. Un éblouissement permanent, de la première à la dernière heure.
Avant ce trek dans la Miyar Valley, à la fois pour nous habituer à l’altitude et couper la longue route depuis les environs de Manali, dans la vallée de Kullu, j’ai fait une première escale dans un endroit reculé. Elle se déroule à Gemoor Khar, un lodge appartenant à Banjara Expériences, à un peu plus de 3 000 m. Dans le passé, c’était la résidence d’été du vizir.
Jour 1 : bivouac au pied d’un glacier
+ 330 m / – 138 m 6 kmQuelle solitude ! Le ton est donné bien avant d’entrer dans la Miyar valley, en cette fin de matinée. Plus de réseau téléphonique depuis un moment, déjà une heure ou deux avant même d’arriver au débouché de la vallée. Il faut ensuite emprunter une méchante piste caillouteuse taillée à flanc de falaise. En contrebas rugit un large et impétueux torrent. C’est déjà la Miyar, incroyablement puissante et tumultueuse. Pour avoir fait du kayak pendant un temps, je sais la force des remous et des vagues que je vois là, dans ce défilé rocheux long de plusieurs km. Sans doute que même un Tony Estanguet au meilleur de sa forme ne s’y risquerait pas ! En de rares endroits, le défilé s’élargit pour faire place à quelques maisons entourées de petits lopins de terre cultivés.
A l’arrivée dans la vallée proprement dite, nous attend la caravane : une douzaine de mules. D’un bivouac à l’autre, elles vont porter nos tentes, bagages et victuailles. Chaque soir, une fois débarrassées de leur chargement, elles sont laissées en toute liberté, sans aucune entrave. Un joli spectacle, d’ailleurs. Tout comme de les voir se faire harnacher, ici. Mais on ne s’attarde pas : c’est parti ! Dès le deuxième virage du sentier, apparaît un torrent, puis bientôt un autre encore. Les premiers d’une très longue série… Ceux-là s’enjambent sans coup férir, sur une passerelle.
Un petit stupa, d’un blanc éclatant et orné de guirlandes bariolées, apparaît assez loin, au sommet d’un monticule après le pique-nique. Ce sera le repère pour l’après-midi. Une fois parvenu là, devant ce chorten, j’ai une image plus complète de la vallée de la Miyar. En fait, plutôt un éblouissement devant cette beauté brute, devant ces paysages à nuls autres semblables ! Le premier soir, notre bivouac se déroule ainsi devant une grande moraine déroulant son lit depuis un impressionnant glacier d’un blanc immaculé.
Jour 2 : rencontre avec des bergers
+ 259 m / – 53 m 12,9 kmL’un de mes compagnons de trek piaffe d’impatience, ne veut pas attendre le guide. Il m’entraîne à sa suite dans un départ rapide, bien avant le reste de notre petit groupe. Après tout, pourquoi pas ? Il n’y a qu’une seule direction possible : remonter la vallée, qui n’est pas très large, vers le nord. Aucun risque de se perdre, me dis-je. Eh ben, se perdre, non. Mais trouver le meilleur chemin est une autre paire de manches. Entre les multiples passages à gué des torrents que nous trouvons sur notre chemin, les mamelons qui empêchent de voir très loin, la progression est plutôt erratique ! Au bout d’un long moment, et sans doute pas mal de zigzags, on rentre dans le rang…
En fin de matinée, quelques étangs proches les uns des autres ont bien du mal à fixer mon attention. Les montagnes à droite et à gauche sont tellement impressionnantes qu’elles aimantent le regard. Sans cesse, je ne peux m’empêcher de les admirer, encore et encore. Pourtant, petit à petit, le décor change. Les passages se font plus escarpés, plus difficiles aussi. D’ailleurs la caravane de mulets a préféré passer en bas, sur les rives de la Miyar. Il leur faut se mouiller les pattes, mais voilà qui évite de grimper. Pour nous, rien de bien méchant, c’est sympa et ça pimente la rando.
Je croise deux bergers, entourés d’un imposant troupeau de chèvres, qui n’ont sans doute pas vu âme qui vive depuis longtemps. L’échange verbal n’est pas possible, mais ils m’adressent des sourires éclatants qui parlent d’eux-mêmes. Je les admire : il faut un caractère bien trempé pour vivre ici, dans des conditions aussi rudes. Même dans un tel panorama, décidément grandiose ! Les montagnes sont de plus en plus proches.
Au fur et à mesure que nous arrivons vers le bout de la vallée de la Miyar, le plateau est de plus en plus étroit, encaissé. Plus tard, arrivé sur les lieux du campement, je veux profiter de cette beauté et de cette quiétude, m’en imprégner. Et vais me poser seul sur un rocher, au bord de la rivière. La fin de journée approche, quelques nappes de brume viennent se fondre dans le paysage. Elles viennent ajouter une touche de sérénité presque mystique.
Jour 3 : des passages à gué par dizaines
+ 123 m / – 108 m 20,1 kmComment soutenir I-Trekkings ? En partageant cet article, par exemple, ou en effectuant vos achats chez nos partenaires (Merci de ne pas cliquer pour cliquer. N'achetez que si vous avez un besoin et pensez à accepter les cookies de nos partenaires dès l'arrivée sur leur site). Il y a bien d'autres façons de soutenir I-Trekkings. Pour en savoir plus, c'est par ici.
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C’est la journée des passages de gué. Combien ? Impossible à dire, j’ai arrêté de compter tant il y en a eu. Des dizaines, sûr ! Cela commence gentiment avec les premiers ruisseaux que l’on trouve sur le chemin. Puis, les choses se corsent vite. Quelques minutes plus tard, il faut impérativement se déchausser : l’eau arrive à mi-mollet, comme le constatent les marcheurs de tête. Et elle est glacée ! Littéralement, puisqu’elle arrive en droite ligne des glaciers situés sur les hauteurs. De plus, les galets qui garnissent le torrent sont loin d’être arrondis… Mais le froid anesthésie un peu les pieds. Car chaque passage n’est pas l’affaire de quelques secondes. A chaque fois, il faut franchir quelques mètres dans ces cours d’eau qui vont ensuite jeter dans la rivière Miyar, en contrebas.
L’un de ces gués est particulièrement mémorable. Le courant est tellement puissant -de plus, l’eau est haute puisqu’elle arrive à mi-cuisse- que l’on décide de traverser, non pas un par un comme jusqu’ici, mais en formant une chaîne humaine. C’est donc bras dessus-bras dessous que notre petit groupe, pas trop rassuré quand même, se lance dans le torrent. A force, on connaît la technique : lever les pieds le moins possible pour garder le plus possible de stabilité. Et les choses se passent bien, sans autre dommage que des pantalons mouillés. Tant mieux, un bain forcé ici… Brr !
Bien sûr, ce n’est pas le seul côté remarquable de la rando. D’ailleurs, cette journée est même la plus belle de la semaine. Le décor, évidemment. Peut-être aussi grâce à ces fleurs roses, des bistortes himalayennes, qui s’épanouissent ici en un véritable tapis. Un peu plus loin, ce sont des potentilles, d’un jaune vif. L’effet est saisissant. En milieu de journée, quelques petits lacs se laissent découvrir entre des éboulis rocheux. De l’autre côté, commence le glacier de Miyar. Il faut le savoir, car il n’y a pas grand-chose à observer. Encadré par des sommets à près de 6 000 m, dont le Castle Peak ou le Marakula Killa, il est long d’une vingtaine de km. De l’autre côté s’ouvre la région du Ladakh. Ici, pour nous, cela signifie faire demi-tour pour revenir au point de départ du trek, plus ou moins par le même chemin. Et, dans un premier temps, revenir au même bivouac que la veille. Volontiers : le décor est éblouissant.
Jour 4 : une couche de blanc sur les sommets
+ 191 m / – 237 m 12,7 kmSachant que le retour se fait, forcément, par le même chemin que l’aller, je m’attendais à éprouver une certaine lassitude. Eh ben non. D’abord, même s’il n’y a pas une grande marge de manœuvre, nos pas ne nous mènent pas forcément sur les mêmes sentiers : il n’y a pas d’itinéraire balisé et tracé. Les perspectives changent. Et, surtout, cette vallée de Miyar est tellement ensorcelante ! Encore plus ce matin. Les intempéries de la nuit ont mis une couche de blanc sur les sommets. La neige crée des reliefs différents, met en valeur la ligne de crête.
J’ai en ligne de mire, au bout de la vallée de la Miyar, les sommets du Tharang, à plus de 6 000 m, et leur glacier, immense. Splendide !
Dans la matinée, je tombe sur un troupeau de churus -le croisement du yak et de la vache, qui se reconnaît facilement à ses grandes cornes- et de vaches. Qui se contentent de me jeter un petit coup d’œil avant de retourner à des occupations autrement plus intéressantes. Au fil des pas, l’altitude décroît insensiblement : le paysage se fait moins rude, l’herbe est plus verte. Maintenant, les ruisseaux sinuent sur le plateau. Ils ne courent plus en ligne droite, se font plus paresseux. En revanche, les canyons, avec presque toujours un torrent dans leur creux, entaillent toujours le paysage de manière aussi spectaculaire. Et la Miyar, elle, ne s’est absolument pas calmée. On s’en approche par moments, j’entends alors son rugissement : toujours aussi féroce.
Jour 5 : des paysans m’offrent leurs légumes
+ 122 m / – 319 m 6 kmCe matin, des bandes de brume flottent sur le plateau, enrobant la vallée de la Miyar d’une atmosphère mystique. Plus que jamais. Et ça lui convient parfaitement ! C’est cette image que je veux garder, car aujourd’hui est le dernier jour de marche. Plutôt court, une demi-journée en fait. Je retrouve les balises qui avaient aimanté le regard au début du trek, le chorten notamment. Mais aussi les cairns, qui maintenant jalonnent les sentiers. Ici, ce sont de vrais repères et non pas des lubies de promeneurs en mal de performance artistique ou que sais-je encore. Même s’il n’y a encore rien de palpable, je sens le lent glissement du retour vers la civilisation.
Puis, avant le premier hameau, apparaissent des murs de pierre. De l’autre côté de ces petits remparts, des paysans s’activent en ligne dans un champ cultivé. Ils récoltent des haricots et des pommes de terre. Tout sourires, ils m’indiquent le chemin à suivre. Car, pour éviter les passages inondés, je me suis beaucoup écarté du sentier et ne sait plus trop vers où me diriger. Avant de reprendre la marche, je les rejoins. L’une des femmes me tend quelques légumes : cadeau ! Je décline, gentiment. Mais cette générosité me va droit au cœur.
Se retirer du monde à Sonaugi
Avant ou après un trek dans la vallée de Miyar, faites donc une retraite -de luxe- à Sonaugi, l’un des gîtes de charme de Banjara Experiences. Il se trouve dans la vallée de Kullu, au cœur d’une grande forêt de magnifiques et immenses cèdres, à près de 2 000 m. Loin de tout. Jouissant d’une vue plongeante sur la vallée, le lodge se compose de plusieurs constructions basses que l’on distingue à peine dans les trouées d’arbres. J’aurais juré qu’elles se trouvent là depuis très, très longtemps. En fait, non. Mais ces maisons ont été édifiées avec des matériaux anciens, des poutres récupérées çà et là, et des pierres de la région dans le plus pur style himalayen. Ainsi les toits sont recouverts de lauzes de pierre.
Les 10 chambres sont tout simplement magnifiques, décorées avec beaucoup de goût. Et nul besoin de rideaux aux fenêtres, il n’y a pas de vis-à-vis ! Pour ce qui est de la table, le lodge de Sonaugi offre une cuisine régionale, simple et goûteuse. On la déguste devant une immense cheminée traditionnelle, ou sur la terrasse.
Autour de Sonaugi s’offrent quelques belles promenades. Évidemment, aucun sentier n’est balisé. Mais on se fera un plaisir de vous accompagner dans la forêt, où jusqu’au hameau voisin et ses deux petits temples. Un peu plus loin -à une dizaine de km tout de même-, se trouve le village de Naggar. Très touristique durant les mois d’été, il vaut le coup d’être visité : quelques jolis temples, l’ancien château construit vers l’an 1 500, transformé en hôtel ces derniers temps. Et surtout, un peu au-dessus du village, le mémorial Nicolas Roerich. Ce grand artiste russe est venu s’installer avec son épouse ici en 1928, après moult épopées à travers l’Himalaya. Dans sa belle demeure, on admire ses toiles, ou plutôt des reproductions, ainsi que nombre d’objets collectés au fil des voyages. Et, la vue sur la vallée de Kullu -surnommée la vallée des dieux, car chaque village a son propre dieu- est phénoménale.
Avec qui marcher dans la vallée de la Miyar ?
Ce reportage a été réalisé durant un trek organisé par Banjara Experiences, un voyagiste indien qui a pignon sur rue à Delhi. Intitulé tout simplement Miyar Valley, ce circuit dure en fait 8 jours avec les transferts, petits séjours de repos et d’acclimatation (dans deux luxueux hôtels appartenant à Banjara Experiences) et se fait par groupes de 10 personnes maxi.
Tout est compris : l’encadrement, les guides, le transfert de bagages, la pension complète (y compris les goûters et les boissons chaudes), le prêt des tentes, sacs de couchage… Tout !
Banjara Experiences apporte beaucoup de soin à ses circuits. Ainsi le trek se déroule dans les meilleures conditions possibles. Chaque jour, le randonneur trouve sa tente montée, le matelas et l’oreiller gonflés, une bouillotte pour la nuit… Pour ma part, je n’avais encore jamais trekké de manière aussi confortable ! Je n’ai eu qu’à porter mon sac du jour, le plus souvent même pas le repas de midi.
Créé en 1993, Banjara Experiences propose bien d’autres circuits et séjours d’aventure. Le voyagiste possède ainsi pas moins de 10 établissements, de l’hôtel de charme au gîte de montagne, toujours dans de beaux -et parfois très reculés- endroits du nord de l’Inde. Pour ce qui est des circuits, certains sont très engagés, au Spiti ou au Sikkim par exemple. Banjara Experiences met aussi sur pied des circuits photo consacrés au léopard des neiges au Spiti, à l’ours brun au Laddakh ainsi que des circuits à vélo.
Le trek Miyar Valley n’est possible que durant la période estivale.