Tour de la Hague

Récit et trace GPS du Tour de la Hague à pied. Une randonnée principalement côtière de 5 jours en Normandie au départ de Cherbourg-Octeville.


Télécharger la "Trace GPS du Tour de la Hague" (491 téléchargements)
Focus Rando :Tour de la Hague
5 jours +1842 m/-1842 m 116 km 2
Randonnée Boucle Chambre d hôtes, Gite d étape, et Hôtel
Normandie Train
Campagne et Littoral Avril, Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre, et Octobre

Récit d’une randonnée itinérante qui fait le tour de la Hague (GR 223 et GRP) dans le Cotentin entre l’estuaire de la Vire et le Mont Saint-Michel où se poursuit plus à l’ouest le GR34. 5 jours de marche en boucle au départ de Cherbourg, sur les bords de mer, entre plages de galets, dunes et falaises escarpées, et l’intérieur des terres à la découverte de hameaux charmants et authentiques. Au centre de l’itinéraire, l’usine de retraitement des déchets de la Hague et la centrale nucléaire de Flamanville qui fait temps débat entre pro et anti nucléaire. Avant et après, passage par des sites prestigieux : Nez de Jobourg, cap de la Hague, Port Racine, réserve naturelle de Vauville, dunes de Biville…

Place au récit de notre Tour de la Hague…

J1 : Cherbourg – Omonville la Rogue

+ 241 m / – 136 m 21,4 km Auberge des Goubelins

12h00. Nous démarrons la randonnée de Cherbourg en longeant la piste cyclable. Nous quittons rapidement le port militaire créé par Vauban et le centre de construction navale de Querqueville où gît l’épave d’un bâtiment militaire.

Au delà du camping, le sentier côtier commence réellement. Si aujourd’hui, une servitude de passage permet à l’ensemble des marcheurs de parcourir les chemins du littoral, il n’en n’a pas toujours été ainsi puisque la loi date de 1976. Dès 1791, le sentier était parcouru par les douaniers pour surveiller et protéger le littoral.

 Une petite bande de bernaches cravants, petites oies trapues noires et blanches, barbote entre rochers et algues de l’anse de Querqueville. On la retrouve sur les côtes françaises l’hiver avant de gagner le Groenland ou le Spitzberg pour nicher. A 100 mètres de là, des blockhaus taggués symbolisent deux époques : celles de la seconde guerre mondiale et d’aujourd’hui.

Au prè de la Mer, un pingouin Torda nage paisiblement dans les eaux calmes de la baie. Ce petit oiseau noir et blanc de la famille des Alcidés. Une population nicheuse relictuelle se maintient tant bien que mal en Bretagne dans la limite méridionale de l’aire de répartition.  L’hiver, il est plus aisé de les observer sur les côtes atlantiques françaises, en Manche, mer du Nord mais aussi en Méditerranée. Cette rencontre m’a rendu joyeux.

Sur la plage d’Urville-Nacqueville, les férus de planche à voile et de kitesurf s’éclatent avec éole. A la pointe de la plage, nous passons devant le manoir de Dur Ecu, jolie bâtisse du 16e siècle admirablement implanté dans un sailli forestier.

Le sentier grimpe sur les falaises. Belle vue sur Landemer et le Havre de Vouy. Le sentier poursuit sa faufilade sur les falaises, passe le bec d’Amont et descend sur la baie de Quervière. Nous quittons le GR 223 pour rejoindre (avec un léger détour) le Manoir du Tourp où un petit hôtel de 7 chambres a élu domicile.

J2 : Omonville la Rogue – Cap de la Hague – Auderville

+ 117 m / – 168 m 17 km Chambre d’hôtes Au Bout du Monde

Nous récupérons le GR 223 à hauteur des ruines de la ferme la Cotentine qui offre un jolie emplacement du bivouac pour les adeptes des nuits sous tente. Sur les hauteurs, un parapente s’élance dans les airs. Le sentier serpente dans la lande roussie, passe un mur de fortification et descend sur le port d’Omonville la Rogue, petite commune charmante de 525 habitants.

Nous poursuivons sur les galets qui bordent le rivage pour arriver à l’ancien sémaphore de la pointe de Jardeheu. Le sentier littoral se poursuit le long de criques rocheuses et débouche sur l’Anse Martin. Nous passons la pointe du Nez pour tomber sur Port racine, plus petit port de France qui tient son nom à François Médard Racine, Corsaire né à Hatainville en 1774. Lorsque que François Médard Racine, prend en 1815 le commandement du bateau corsaire nommé L’embuscade, il jette son dévolu sur l’anse St Martin. D’un point de vue stratégique, la baie est un bon refuge pour un corsaire. Le mouillage offre le double avantage d’être abrité et à proximité de la pointe de la Hague. La renverse de la marée permet de passer le Raz Blanchard entrainé par le courant – méthode toujours utilisée par les plaisanciers – pour voguer d’une traite vers l’île de Guernesey. Cela permet de croiser la route des navires marchands doublant le cap pour rejoindre l’Angleterre.

Afin de protéger le navire au mouillage des vents du nord, Racine fait construire une petite jetée submersible de pierres sèches. Le navire ne permettant pas d’abriter les 16 hommes d’équipage faute de pont, une cabane est montée à proximité du mouillage. Pendant une année Racine et ses hommes arraisonneront les navires anglais et leurs précieuses cargaisons.

A la roche Gélétan qui renferme des traces d’habitat de plus de 200 000 ans, nous cassons la croûte avant de passer le sémaphore de la Hague et le phare de Goury. Situé à 800 mètres au large du cap de la Hague (Manche), sur le rocher dit « le Gros du Raz », il signale le « Raz Blanchard », l’un des courants les plus forts d’Europe, et le passage de la Déroute entre le Cap de la Hague et l’île d’Aurigny afin d’éviter les naufrages des bateaux. Goury est connu pour ses nombreux sauvetages en mer. Il suffit de se rendre à la station de sauvetage pour admirer la liste invraisemblable de marins sauvés des eaux. Une croix de granit rend hommage au sous-marin le vendemiaire englouti avec son équipage en 1912 lors d’une manoeuvre militaire.

Auderville n’est plus qu’à 1 km. Nous y passerons la nuit. Le bourg est connu pour être le lieu où se sont déroulés les premiers essais à longue distance de télégraphie sans fil par l’équipe d’Edouard Branly en 1902.

Dîner à la Malle aux épices. Le temps d’un voyage culinaire, nous partons visiter l’Asie. Cuisine raffinée. Nuit en chambre d’hôtes.

J3 : Auderville – Biville

+ 688 m / – 622 m 22,6 km Maison d’hôtes de Biville

Après un copieux petit-déjeuner nous rejoignons le Gr 223 à hauteur du petit village de la Roche. Le vue sur Goury est de toute beauté. Aujourd’hui, la mer est d’un calme plat étonnant. Les habitants du coin ont plus l’habitude d’entendre et d’observer les ressacs des mers dangereuses que cette eau huileuse.

A la sortie du village, le sentier monte sur la falaise et gagne la baie de Sary puis celle d’Ecalgrain. L’air est particulièrement doux ce matin et le vent quasi inexistant. Le début des montagnes russes commencent.

Un peu plus loin, nous arrivons au promontoire du Nez des Voindries. Depuis cette falaise, la plus haute d’Europe avec ses 126 mètres, la vue surplombe la réserve ornithologique du Nez de Jobourg, et embrasse un large panorama découvrant par beau temps les îles anglo-normandes d’Aurigny, Sercq, Jersey et Guernesey. Ce lieu est le plus visité du département de la Manche après le Mont St Michel. Il faut dire que l’endroit est des plus singulier. Au sud du point de vue, le Nez de Jobourg s’avance en mer sous la forme d’un long promontoire rocheux. L’ensemble du littoral est une réserve naturelle, propriété du Conservatoire du littoral. Le Nez de Jobourg est plus particulièrement un nichoir protégé. Une colonie de goélands, mouettes et cormorans profitent de la vue et de l’espace protégé pour y établir leurs nichées. Sur le plan géologique, le Nez de Jobourg est un promontoire rocheux de gneiss datant du précambrien (2 milliards d’années), ce qui en fait la roche la plus ancienne du Cotentin.

Les montagnes russes se poursuivent. Nous passons l’Anse des Moulinets où un accès par la mer rejoint l’usine de retraitement de la Hague. Je n’entrerai pas dans le débat du nucléaire. Pause pique-nique dans la baie de Fontenelle. Face à nous, une mer plate sur laquelle des pêcheurs s’activent à déposer leurs filets. Nous passons la cascade des treize vents et descendons jusqu’à Herquemoulin qui marque la fin des falaises. Nous longeons la plage et les prairies où broutent les vaches.

 

Le sentier rejoint Vauville, village de 363 habitants qui s’étend sur une superficie de 1635 hectares le long de la mer et de l’anse qui porte son nom. le bourg possède un château doté d’un jardin botanique avec la plus grande palmeraie du nord de l’Europe. Les marais de Vauville au statut de réserve naturelle  abritent des prairies humides pâturées et un cordon dunaire de 60 hectares. Plus de 140 espèces d’oiseaux ont été recensés sur la réserve parmi lesquels le Pipit farlouse, leTraquet pâtre et l’Alouette des champs dans la dune, dans les roseaux le Bruant des roseaux est le plus commun. Sur la mare, ce sont principalement les Canards comme le Fuligule morillon et le Canard souchet que l’on peut aisément observer. Batraciens (grenouilles, crapauds et tritons…), reptiles, mammifères (lapins, renards, musaraignes…) et insectes (plus de 450 répertoriés) ne sont pas en reste.

A la sortie du village, le sentier grimpe dans l’intérieur des terres, passe la fontaine du Bienheureux Thomas Hélye et surplombe le marais de Vauville puis les dunes de Biville un des plus remarquables massifs de dunes océaniques de France occupant le quart de la surface de la commune. La dernière ascension fait mal au mollet : la dune est abrupte et le sable alourdit le pas. Au calvaire des dunes, qui atteint 125 mètres d’altitude et permet de découvrir la plage magnifique qui s’étend du Cap de Flamanville au Nez de Jobourg, nous empruntons le large sentier qui rejoint le bourg. Prés de là, l’église dont le choeur date de 1261, abrite les reliques du bienheureux Thomas Hélye, le Saint de la Hague, qui attire les pèlerins. Une châsse d’argent et de verre renferme ses ossements.

J4 : Biville – Les Pieux

+ 384 m / – 378 m 26 km Hôtel Les Pieux En Cotentin

Après une bonne nuit de sommeil, nous retournons au calvaire des dunes pour prendre le GR 223 à gauche. Nous surplombons les dunes de Biville et la mer. Au loin, la centrale nucléaire occupe le cap de Flamanville.

Nous débouchons rapidement sur un route qui mène au centre de Biville. Nous la laissons de côté pour prendre le sentier à droite. près quelques minutes de marche, celui-ci débouche sur un carrefour (de chemins). Premières indications approximatives du balisage ! Le fléchage indique de prendre un sentier sur la gauche. Il y en a deux. Nous décidons de pendre celui qui est le plus au centre. Il descend dans un vallon. Nous rejoignons un bois qui longe le Cotil de la Quèves et débouchons sur une petite route. Cela fait quelques minutes que les traces de GR sont absentes. Mauvais signe !

Nous poursuivons quand même en nous doutant bien que nous ne sommes plus sur le bon chemin. Le problème c’est que nous ne savons pas exactement où nous sommes. Nous traversons un hameau : pas de nom ! Et je suis trop fier pour allé sonner à une porte et demander ma route. Autre erreur de ma part, la carte IGN 1/25 000e est restée à la maison. Elle nous aurait été bien utile. Difficile en effet de se repérer sur la carte du topo-guide de la FFRP. Retour sur nos pas. Après quelques recherches, nous trouvons le sentier dans le bois traversé plutôt. Mieux vaut avoir des yeux derrière la tête pour repérer le balisage.

Le sentier descend dans un vallon forestier et longe le ruisseau des sablons. Au Val es Clochard (je ne l’invente pas…), nous empruntons le large chemin à droite jusqu’à tomber sur une route (encore une…). Le GR est barré à droite et à gauche. Pas de trace en face sur la route. Nous y allons quand même. Je regarde la carte du topo-guide. Elle n’indique pas de route à prendre. Devant tant d’imprécision, je préfère retourner au carrefour pour emprunter le chemin à droite et couper par les dunes. Je préfère y aller à l’orientation que de perdre mon temps à trouver le balisage. (Plus tard, nous comprendrons que nous étions au carrefour du Pont des Sablons ; la carte IGN indique la route d’en face qu’il fallait bien prendre ; pas le topo-guide).

Nous débouchons sur les dunes d’Héauville et les traversons en suivant le cap de Flamanville. Finalement, nous ne serons pas déçus de notre choix car le paysage valloné de dunes se jetant dans la mer est exquis. A hauteur du bois du Grand Drouet, Johanne repère une route qui part des dunes. Elle est indiquée sur la carte du topo-guide et rejoins le GR puis le Pont Langlois. Après celui-ci, nous prenons à gauche et montons sur la colline. Il est temps de manger. 1h30 d’égarement, ça ouvre l’appétit ! Et puis Johanne souffre des pieds. De belles ampoules ont fait leur apparition et lui font terriblement mal.

Plus loin à Siouville, belle église de la fin du XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, son clocher surmonté d’une grande croix de granite flanquée de quatre clochetons de pierre, vu de très loin en mer, servait de repère aux navires. Un peu plus loin, nous rejoignons la plage du Platé et le port Diélette. Situé face aux îles Anglo Normandes, c’est un port en abri en cas de mauvais temps ou une étape avant le Raz Blanchard. Là, de nombreuses maisons face à la mer arborent des banderolles de protestation contre le projet d’extension de l’usine nucléaire de Flamanville. En effet, en 2005, Flamanville est à nouveau choisis pour accueillir l’implantation d’une nouvelle tranche nucléaire. C’est à cet endroit que doit débuter en 2007 la construction d’une tranche EPR (European Pressurised Reactor) de 1590 MW devant être mise en service en 2012.

Petite halte à l’hôtel de la Falaise pour boire un verre et nouveau départ par un chemin qui monte sur la falaise et contourne l’usine de production d’électricité de Flamanville. La centrale dispose de deux réacteurs nucléaires à eau pressurisée de 1300 mégawatts chacun, mis en service en 1986 et 1987. Il faudra donc y ajouter l’EPR…

A l’anse de Quédoy, nous retrouvons le sentier du littoral au delà de la clôture de la centrale. Le sentier s’élève sur la falaise (belle vue sur l’usine) et atteint l’ancien sémaphore reconvertit en restaurant et gîte d’étape. Nous aurions aimé y dormir mais il était complet à notre passage. Nous poursuivons donc jusqu’aux Pieux. Autour du Sémaphore, beaux lieux de bivouac.

Depuis l’anse de Quedoy jusqu’à la plage de Sciotot où nous descendons, les paysages littoraux sont les plus beaux de la journée. Les vues sont splendides et nous prenons plaisir à sillonner cette portion du parcours.

A Sciotot, nous empruntons le GRP et son balisage rouge et jaune pour gravir la colline de la Roche à Coucou d’où l’on peut apprécier la vue du cap de Carteret au cap de Flamanville. Quelques minutes plus tard, nous sommes aux Pieux pour nous installer à notre hôtel. Au centre du bourg, belle église à tour octogonale de style roman.

Le soir, resto à côté de l’hôtel. Nous ne ferons qu’une bouchée de notre pizza !

Une bonne journée de marche.

J5 : Les Pieux – Cherbourg

+ 412 m / – 528 m 28,4 km Ambassadeur Hotel 

Le ciel est couvert au petit matin. Après un bon petit-déjeuner bien avalé, nous reprenons le sentier. Johanne s’est momifier le pied pour protéger ses principales ampoules. Nous sortons des Pieux et passons sous la départementale par un boviduc. Avant le hameau de costil, nous prenons à gauche sur une petite route de campagne (pas de balisage). Elle mène à la D 650. Au rond point, nous suivons la route vers Cherbourg sur environ 200 mètres. Il y a décidément trop de bitume à notre goût depuis le début de la journée et à l’étude du topo-guide, ça ne fait que commencer…

Nous prenons à droite sur une piste qui longe quelques champs de blé et des serres de production de tomates. Nous coupons la D 331 et arrivons face à l’ancienne coopérative de Benoistville. Au second croisement, nous montons par le sentier de terre. Les pieds commencent à chauffer sérieusement… Je sens les ampoules qui arrivent…

Nouvelle traversée de départementale (la D 56) qui rejoint plus loin la D 408 que nous empruntons à droite sur quelques centaines de mètre avant de s’enfoncer sur un chemin qui passe à proximité du château de Sotteville. Construit entre 1593 et 1610, il devait probablement comporter à l’ origine quatre pavillons, dont deux subsistent. Le décor est caractéristique de l’ école cotentinaise (meneaux sans mouluration de section carrée, frontons triangulaires, lucarnes doubles en plein cintre sous frontons triangulaires, bandeaux horizontaux prolongeant les appuis ou les linteaux de fenêtres, etc.).