- 13 jours – 330 km – +15.000/-15.000m
Le choc culturel est fort. Je crois n’avoir jamais passé une frontière où la différence était si grande entre deux voisins. Si la Slovaquie et la Pologne ont encore des airs d’un passé Soviétique, en Ukraine, j’ai l’impression que rien n’a changé en vingt ans. La ville douanière ne ressemblait à rien. Tout était délabré, abandonné, avec quelques commerces où l’on trouve de tout et de rien avec de vieilles voitures Lada qui circulent dans les rues…
C’est par un train pittoresque que nous regagnons notre itinéraire non loin du village de Лубня (Lubnya). Il n’est qu’à dix kilomètres de là où nous étions en Pologne… Mais ce long détour restera obligatoire tant que la Pologne refusera d’ouvrir sa frontière à Wołosate.
La première partie de l’Ukraine qui nous attend, à travers les massifs des Полонина Рівна (Polonyna Runa), Полонина Боржава (Polonyna Borzhava) et Полонина Красна (Polonyna Krasna), est la partie la plus sauvage et la moins fréquentée. C’est un peu la jungle côté indications. C’est à nous de trouver notre chemin. Heureusement, l’Ukraine est la partie des Carpates où il y a le moins de forêt, la plupart des crêtes sont dégagées. Nous pouvons donc nous orienter plus facilement que précédemment.
Depuis le retour du beau temps, nous essuyons régulièrement de violents orages qui nous obligent à nous abriter. Cette fois, ils sont survenus durant la nuit, trois fois de suite. Je me réveille à cinq heures du matin avec dix centimètres d’eau dans ma tente. Bienvenue en Ukraine…
Nous prenons la direction de la ville d’Ужок (Uzhok) en longeant la frontière avec la Pologne. Au final, nous n’aurons croisé aucune patrouille militaire le long de cette frontière, aussi bien en Ukraine que coté Schengen les jours précédents. Un vrai gruyère cette frontière… Aurions-nous pu finalement passer ? En douce… Nous ne le serons jamais.
Une fois la ville d’Ужок (Uzhok) gagnée, en réalité un village, il n’y a rien. Nous devons nous ravitailler pour les prochains jours, mais les deux épiceries n’offrent que peu de choix. Elles tiennent dans une petite pièce. Les produits se trouvent derrière le comptoir de la vendeuse. Il faut lui indiquer du doigt ce que l’on souhaite, ce n’est pas évident… J’ai un peu l’impression de faire mes achats avec des tickets de rationnement. Quelle sensation horrible… En Ukraine, nous ne pourrons acheter tout ce qu’il nous faut en une fois. Nous prenons donc l’habitude de faire le tour des épiceries à chaque ravitaillement.
Nous atteignons rapidement notre première crête, et là, quelle stupéfaction ! C’est magnifique, magique, plus de vingt kilomètres de crête dégagée s’offre à nous ! Avec en cerise sur le gâteau, des myrtilles ! Il y en a partout, les montagnes en sont complètement recouvertes. Il n’y qu’a se baisser pour en manger, c’est un vrai régal.
Si nous ne croisons quasiment pas de randonneurs, nous sommes loin d’être seuls. Les cueilleurs de myrtilles envahissent les montagnes. Organisés, ils ont même des vieux camions tout terrain pour redescendre les récoltes en fin de journée. Ils nous prennent généralement pour des Polonais, Slovaques ou encore Hongrois, qui sont quasiment les seuls à venir parcourir ces montagnes de temps en temps. Lorsque nous leur répondons que nous sommes Français, ils en sont tout étonnés…
Les journées s’enchainent magnifiquement, dans un panorama de toute beauté que nous dominons depuis cette ligne de crête qui s’étend à perte de vue. Quant aux nuits, elles sont toutes aussi belles, les bivouacs sont de vrai coin de paradis. Les jours et les nuits s’enchainent ainsi… Il n’y a plus de doute, l’Ukraine est mon coup de cœur de l’été ! Entre ses montagnes magnifiques, son dépaysement total et ses Ukrainiens charmants et accueillants, elle a tout pour plaire.
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Nous continuons ainsi, en traversant Воловець (Volovet’s) et Міжгір’я (Mizhgirya). Encore une fois, il est difficile de parler de petites villes séduisantes, pour ces cités de l’ex-Union Soviétique perdues dans le cœur des Carapates… En dehors des églises Orthodoxes, qui sont resplendissantes et bien entretenues, le reste est clairement moche…
Nous quittons les Carpates sauvages. Fini les errances dans les forêts et sur les crêtes, fini les ronces et les orties, fini les demi-tours inutiles… Nous entrons maintenant dans les massifs des Свидівець (Svidіvets) et Чорногора (Chornohora). Plus nous nous rapprocherons de l’Говерла (Hoverla), plus le balisage sera présent et plus nous croiserons quelques infrastructures touristiques et quelques groupes de randonneurs. Mais cela reste très modeste.
Nous trouvons au village de Колочава (Kolochava), une auberge tout confort tenue par un couple de Tchèque et qui est apparemment un point de rendez-vous pour leurs compatriotes. C’est là que nous retrouvons Martine pour la soirée. Martine est Française et elle réalise également un magnifique doublé. Après avoir traversé les Alpes en 2003, elle effectue une traversée des Carpates en deux temps. Cette année elle achève son deuxième tronçon, Ukraine-Slovaquie.
Une vague de mauvais temps nous retombe dessus depuis quelques jours déjà… Nous subissons à nouveau les contrariétés de la météo sur les hauteurs. Le vent souffle en rafales sur les crêtes. Nos ponchos ont refait surface et nous sommes souvent plongés dans le brouillard.
En route pour l’Говерла (Hoverla), point culminant des Carpates Ukrainiennes à 2061 mètres d’altitude, nous effectuons notre dernier ravitaillement à Кваси (Kvasy). Ici, les épiceries sont un peu plus grandes que lorsque nous étions plus au Nord, mais il nous en faudra deux tout de même pour faire le plein de vivre pour quatre à cinq jours. Nous entamons notre dernière ligne droite en Ukraine.
Comme à chaque moment fort de la traversée, le beau temps n’est pas au rendez-vous… Au sommet de l’Ukraine, le paysage est exactement le même que lorsque j’étais sur les hauteurs des Malá Fatra ou des Tatras en Slovaquie. Tout blanc ! Nous ne voyons strictement rien en dehors de l’obélisque qui s’y trouve. Malgré ce temps, nous ne sommes pas seuls. Beaucoup d’Ukrainiens grimpent leur sommet fièrement. D’ailleurs un petit groupe de jeunes vendent sur le sommet des médailles « Говерла 2011 » (Hoverla 2011). Ceux qui font l’ascension aujourd’hui la méritent bien…
Le lendemain, il fait grand beau. Nous pourrions faire le choix de retourner sur le sommet, il est à moins de trois heures de marche. Mais nous avons d’autres projets, atteindre la frontière ! Nous n’avons pas trop idée de ce qui nous y attend et du chemin que nous allons devoir suivre. Il est bien sûr interdit de la franchir. Il faut rejoindre le poste de douane qui se trouve à plus de 80 kilomètres de là afin d’avoir notre tampon de sortie. Mais d’après nos informations, nous ne sommes même pas sûrs de pouvoir la longer. Apparemment, il faudrait un permis spécial, et des patrouilles militaires, qui ne rigolent pas, seraient fort présents de chaque côté de la ligne de démarcation… Bref, il y a de grandes chances que nous nous fassions refouler et que nous soyons obligés de faire un grand détour par la route…
Lorsque nous y arrivons, il n’y a aucun indication de quoique ce soit, du style : « zone interdite », « permis spécial », « zone militaire »… Au contraire, il y a un sentier balisé avec des aires de bivouac… Nous suivons donc ce sentier de douanier sur la crête, où nous ne croisons finalement strictement personne coté Ukrainien …
Quand j’aperçois une brèche dans les arbres qui démarquent la frontière, je décide de tenter le coup. Je m’y faufile, traverse le petit bois, perds un peu d’altitude, et là, j’aperçois un petit calvaire au loin dans un pâturage… C’est la Roumanie, je suis passé ! Je scrute les alentours et ne voit également personne de ce côté-ci. J’appelle Rémi discrètement à venir me rejoindre… Il a un peu les pétoches… De mon côté, je sens l’excitation monter… C’est maintenant ou jamais… Nous voilà de retour dans l’Union Européenne… Comme clandestins !
Voici quelques années, je me suis échappé d’une vie qu’il faut souvent suivre au pas…
Aujourd’hui je déborde d’énergie que je dépense dans la marche afin de parcourir des milliers de kilomètres pour découvrir les merveilles de la nature. Mes terrains de jeux préférés étant les montagnes et les zones désertiques, là où poussent les cairns. Mais je suis ouvert à toute la planète.
Je n’ai ni l’âme d’un écrivain, ni d’un photographe, mais j’ai un grand plaisir à faire partager mes aventures par l’intermédiaire de mes sites afin d’offrir un peu d’évasion.
Simon Dubuis
Carnets d’aventures : www.dubuis.net