A 200 km au sud-est de Marrakech, la ville de Ouarzazate sert de point de départ à de nombreux trekkings autour de l’Anti-Atlas marocain et de ses paysages lunaires, qui servent continuellement de décor pour le cinéma international. A condition d’être véhiculé pour rejoindre les points de départ les plus intéressants, situés à 4/5h de Ouarzazate, de nombreux itinéraires – faciles dans leur grande majorité – sont proposés aux trekkeurs, pour des balades de 4/5 jours en moyenne.
Pour venir, il existe un vol hebdomadaire direct Paris-Ouarzazate assuré par Royal Air Maroc et qui, à l’aller, permet d’admirer à l’heure du coucher du soleil l’incroyable paysage qu’offre l’Atlas vu du ciel – dunes rocheuses géantes colorées en vert, bleu, ocre et terre, creusées par les vents et taillées à la serpe, comme si les grands lacs tanzaniens filmés dans The Constant Gardener s’étaient asséchés sans perdre leurs couleurs.
La ville en elle-même présente assez peu d’intérêt mais il suffit de mettre un pied en dehors pour être plongé dans les pierres, dans la poussière du désert, et les petites collines de l’Atlas – qui nous cernent de tous les côtés. On aperçoit des maisons carrées, dont les toits donnent l’impression qu’ils pourraient s’imbriquer les uns dans les autres à la manière de « Légos ». De nombreuses touffes d’herbes parsèment l’espace mais, surtout, on efface assez rapidement toute trace de civilisation – peu de lignes électriques à haute tension, peu de routes mise à part celle sur laquelle nous roulons. C’est d’ailleurs cette virginité de l’espace géographique qui attire autant les réalisateurs du monde entier – Ridley Scott y a tourné Gladiator et Kingdom of Heaven et reviendra, dit-on, tourner son prochain film.
Premiers pas dans le Saghro
Après cinq heures de route au milieu des montagnes de pierre, nous atteignons enfin le massif du Saghro. Nous laissons les 4×4 pour marcher dans la vallée d’Ighazoune, où les amandiers et les figuiers parsèment le paysage. Les villages Ait Atta sont peuplés de familles sédentaires et semi-nomades qui, en Printemps et en Eté, fuient la chaleur écrasante et migrent vers les hauts alpages de l’Atlas depuis le sud du Saghro avec leurs troupeaux. Pendant la saison des treks, entre fin septembre et début avril, aux premières chutes de neige, les villageois migrent dans le sens inverse ; l’occasion de faire un bout de chemin avec eux, et de voir sautiller gaiement des agneaux et des moutons.
Les enfants accourent sur notre passage, sans oublier de nous quémander « bonbons ! Stylos ! » ; et, une fois éconduits, ne rechignent pas à engager la conversation sur tout, sur rien. Pour eux, chaque passage d’une caravane de touristes, chaque étranger sur son vélo ou sur ses pattes, est une attraction ; et ils rient, se moquent gentiment, approchent, curieux, seul ou en groupe, en essayant parfois de vendre les trois babioles qui leur servent de capital, en essayant souvent de tuer un temps qui na varie pas beaucoup jour après jour.
Paysage minéral assourdissant de silence
On arrive en fin de journée à Ighazoune, un joli petit village en terre, niché au milieu des montagnes et flanqué d’un oasis où les femmes travaillent la terre ou lavent le linge pendant que les hommes observent. Les peupliers blancs et leurs feuilles argentées qui se reflètent au soleil, les pierres volcaniques, le basalte noir, l’oxyde de fer et le latérite qui donnent à la terre sa couleur de rouille, sont partout autour de nous. On s’éloigne un peu du village afin de planter nos tentes au milieu de ce décor, sous un ciel somptueusement étoilé ; les chiens errants aboient et puis, le silence – qui empêche certains Parisiens de dormir, peu habitués à un tel environnement sonore.
Au réveil, un paysage lunaire minéral basaltique qui n’est pas sans rappeler les paysages du Midwest américain. On imaginerait volontiers des Beatniks ou des Easy Riders rouler ici vers la liberté ; mais, au Saghro, seuls nos pieds nous conduisent au travers de ces centaines de pitons rocheux qui évoquent, pour les Aït Atta, des centaines de flèches volcaniques granitées pointant vers le ciel. Ici, les emplacements idéaux de camping sont légions ; mais il faudra impérativement être accompagné, ou du moins véhiculé, pour acheminer au moins les litres d’eau nécessaire à ce trekking où la chaleur ne descend pas en dessous de 30° en journée.
Une mer et des volcans
Ce décor était, il y a peu, une mer, et des volcans. On trouve encore de nombreux fossiles de crustacés, des traces de vie maritime que les villageois alentours essaient tant bien que mal de vendre aux touristes de passage. Les pierres, noircies pas les cendres et par les éruptions volcaniques du passé, dessinent un contraste saisissant avec la rouille et l’ocre ambiant ; et font le bonheur des géologues, pour qui le Saghro représente l’un des plus important gisement d’étude au monde. Côté vie animale, on aperçoit de nombreuses espèces endémiques d’oiseaux mais, sur terre, à part les animaux domestiques, très peu de faune observée.
Nous approchons du cœur du massif – et la porte de Bab N’Ali nous accueille : deux gigantesques pitons qui dessinent deux colonnes entre lesquelles, dit-on, passeraient des géants bienfaiteurs, surveillants les troupeaux et attirant les pluies fertiles. Nous finissons par camper dans la vallée de Bouallouse, près d’un oasis de montagne où les parois font le bonheur des amateurs d’escalade.
Au réveil, départ pour le col de Tazazerte pour une vue panoramique sur tout le massif des Saghro. Certains Ait Atta, flairant le bon filon, ont installé de petites maisons sur le col qui, à l’occasion, peuvent servir d’hébergement sommaire à tout voyageur de passage qui voudrait profiter du paysage …
C’est l’heure du retour. Les 4×4 nous font traverser – ou s’arrêter – dans de nombreux villages berbères où, souvent, toute une communauté vit de la même activité. Poterie, artisanat ; sans oublier le safran, qui ferait vivre, selon notre guide, plus de 200 000 personnes dans la région. D’autres, accueillent les chercheurs de météorites – nombreuses à choir dans la région – ou font part de vagues velléités de développer le tourisme géologique – affaire à suivre, si tant est qu’elle apparaisse un jour …
Information pratiques
Quand y aller ?
Entre début octobre et fin avril. Autrement, les chaleurs sont trop fortes (plus de 40°).
Comment y aller ?
Vol international direct jusqu’à Ouarzazate avec Royal Air Maroc depuis Paris Orly. Pour réserver votre vol, utilisez notre comparateur.
Où dormir à Ouarzazate ?
Berbère Palace (3*) – un petit village où les chambres ressemblent à de petits appartements très propres (chambre, salon, salle de bain, wc et, en option, chambre d’enfants avec lits jumeaux). Wifi, restaurant, bar, piscine, à un prix abordable.
Autour du Saghro, on trouve quelques très petits hôtels au confort très sommaire (ni électricité ni eau courante), tenus par des villageois. Mais le camping reste la meilleure option.
Avec qui partir ?
Allibert Trekking, qui dispose de près de 70 circuits au Maroc toute l’année, propose un itinéraire sur 8 jours avec ascension du point culminant du massif du Saghro, la Kouaouch (2600 m).
Plus d’informations sur le Maroc
Journaliste indépendant, j’écris pour la presse quotidienne nationale et les magazines français d’information générale … sur des sujets souvent déprimants. Sur mon temps libre, je suis bloggueur voyage, afin d’écrire sur des sujets plus réjouissants – de jolis choses de l’étranger, de belles rencontres, de merveilleux treks que j’ai eu la chance de parcourir.