Après avoir marché de Morlaix à Plouguerneau, bienvenue dans la seconde partie de mon GR34® de Plouguerneau à Brest en 6 jours de marche, et même plus exactement à partir de Lannilis.
Pour en savoir plus sur le GR34, lisez notre guide pratique et lisez nos autres récits de randonnée sur le sentier des douaniers breton.
La vidéo de mes 6 jours sur le GR34 entre Lannilis et Brest
Avant de lire le récit de ces 6 jours de randonnée entre Lannilis et Brest, je vous invite à regarder la vidéo que j’ai réalisée.
Lannilis – Lannilis
+ 189 m / – : 189 m 26 km 6h45Aujourd’hui, la randonnée est une boucle. Elle me mène de l’aber Wrac’h à l’aber Benoit. Aber est un mot celte qui signifie estuaire. C’est une vallée d’un fleuve côtier. Eau douce et eau salée s’y mêlent.
Je retourne sur la rive opposée de l’aber Wrac’h que j’avais atteint la veille où je rejoins le port de l’aber Wrac’h. Le sentier serpente ensuite autour de la jolie presqu’île de Saint-Marguerite. Le paysage change radicalement avec les étapes sauvages qui m’ont mené jusqu’à l’entrée de l’aber Wrac’h. Ici le littoral est plus abrité, la côte est plus sereine, le paysage plus doux.
En me retournant, j’aperçois encore le phare de l’île Vierge. Et ça me fait plaisir. J’aime bien le voir se tenir droit quelque soit la météo. Cela a quelques choses de rassurant. Il tient bien son rôle de repère. Il me permet de voir que j’ai bien avancé.
Le temps se couvre et se dégage à vitesse grand V depuis ce matin mais lorsque j’entre dans l’aber Benoit, c’est enfin un franc soleil qui m’accueille. Je remonte l’aber et fais un arrêt à Prat ar Coum chez la famille Madec, ostréiculteur de génération en génération depuis 1898. J’y déguste une assiette d’huîtres. Élevées dans les abers, elles se nourrissent des marées et de ce mélange d’eau douce et salée. Cela confère aux huîtres un goût tout à fait singulier.
Après cette excellente dégustation, je rejoins Lannilis où j’avais déjà dormi la veille.
Chez Florence Queneherve Les Oliviers : Cuisine gastronomique colorée mélangeant des influences bretonnes et du sud où le chef Grégory Gérard est originaire. En salle, sa femme Gaëlle assure le service avec délicatesse.Pour organiser votre randonnée sur le GR34® de Plouguerneau à Brest, voici les sites à ne pas manquer de visiter, notamment pour réserver vos hébergements (campings, gîtes d’étape, chambres d’hôtes, hôtels) :
- tourismebretagne.com: le site du Comité Régional du Tourisme en Bretagne
- finisteretourisme.com: le site du Comité Départemental du Tourisme dans le Finistère
- brest-terres-oceanes.fr/fr/: le site de l’office de tourisme de la pointe bretonne
Côté orientation, munissez-vous du topo-guide édité par la FFRandonnée : Les Abers, les chemins des phares.
Lannilis – Portsall
+ 252 m / – : 293 m 24 km 6h15Retour sur l’autre rive de l’aber Benoit après avoir enjambé le pont Téglonou. Il pleuvine pendant toute ma progression dans l’aber et ce n’est que lorsque j’en sors que la pluie s’arrête.
Je passe Saint-Pabu et m’arrête à une table de pique-nique pour manger un morceau. J’avais acheté mon déjeuner la veille à Lannilis au Casino juste avant sa fermeture à 19h00.
Trois magnifiques plages se succèdent : Coulouarn et Danvad, 3 moutons et Tréompan. La météo est peu engageante pour se baigner mais presque parfaite pour marcher, les plages sont désertes et j’en suis ravi. J’aime avoir les plages pour moi tout seul, j’ai alors un rapport assez charnel avec elles. J’aime me mettre pieds nus ou prendre le sable dans mes mains pour le laisser couler.
Puis, c’est la pointe de Porsguen ; là je coupe un peu, j’ai mal aux pieds. Je rejoins Portsall par les bourgs. Portsall, tristement célèbre à cause de la marée noire de l’Amoco Cadiz en 1978. « La pire marée noire survenue en Europe » titrait récemment un article du Monde. J’avais 5 ans quand c’est arrivé. Je n’en garde pas de souvenir et dans le paysage, on ne lit plus trace de ce passé et c’est tant mieux !
Chambre d’hôtes La Demeure Océane : Accueil sympa et décontracté dans cette maison de maître. Crêperie La Chaumine : sur le port de Portsall et à 200 mètres de la chambre d’hôtes. Une adresse souvent bondée, mieux vaut réserver !Portsall – Lanildut
+ 103 m / – : 102 m 19 km 5h00Depuis le port de Portsall, je rejoins la pointe de Guilliguy dont j’avais aperçu la croix en me baladant la veille sur le port. On y trouve aussi un menhir et une allée couverte datant du néolithique. La vue sur Portsall et sa baie est juste dingue.
Je gagne la plage de Trémazan puis Beg ar Galéti et Beg ar Manac’h. C’est beau par ici et ça fait un peu la transition paysagère avec la côte sauvage qui s’ensuit. Pour la première fois depuis que je marche cette année sur le GR34®, la mer n’est pas calme. Allez savoir pourquoi mais je m’attendais à observer une mer déchaînée chaque jour. Le ciel est gris dégageant son flot de crachin à intervalle régulier mais je m’en fous royalement. Je marche tout en regardant les vagues se fracassaient sur la grève et les rochers. Je suis en admiration face à cette mer démontée.
Je fais ma pause déjeuner dans l’anse de Penfoul. C’est un excellent spot de surf à marée basse comme à marée haute. Tout en mangeant ma salade, je regarde les surfers prendre la vague. Il y a même paddle. Le gars maîtrise bien !
Je contourne la plage et rejoins la côte sauvage toujours battue par les vagues. Je m’autorise quelques haltes pour profiter du paysage. Je sifflote plusieurs mélodies d’Alan Stivell. Je trouve que sa musique est emprunte de ce paysage tourmenté.
La pluie me rattrape. A Porspoder, je coupe par les bourgs pour éviter d’être trempé jusqu’aux os. Je passe devant la chapelle Saint-Ourzal avant d’arriver à la chambre d’hôtes.
Incontestablement l’une des plus belles étapes jusqu’ici de mon GR34®.
Chambre d’hôtes Tikleuziou : 17 hent mez ar goff – 29840 Lanildut 06 80 70 66 69 Dîner au pub O’Porsmeur sur le port de Porspoder. Des amis finistériens passent me prendre à la chambre d’hôtes et nous passons la soirée ensemble. Sinon Maryse ou Jean-François de la chambre d’hôtes peuvent vous y emmener.Lanildut – Kerhornou
+ 128 m / – : 119 m 22 km 5h30Ce matin, je rejoins les rives de l’aber Ildut. C’est l’un des trois abers du pays de Léon. C’est aussi le plus petit (3,5 km) et le moins large. Il porte le nom d’un saint gallois, Ildut de Llantwit. L’ambiance est assez mystique avec la brume qui envahit l’aber. Impressions renforcées lorsque je passe devant le moulin seigneurial du Roudouz, le manoir de Bel-Air et même les anciennes carrières de granite.
Au bout de l’anse de Milin an Aod, je délaisse le GR34® pour emprunter un PR et coupe un peu mon étape. J’ai à ce moment là le sentiment que la météo ne va pas se lever.
J’entre dans Porspaul. Un soleil radieux m’accueille. Finalement, la brume a fini par se lever et me donner tord. En Bretagne, la météo change vite, qui plus est sur le littoral finistérien. Je m’installe à une table de pique-nique et mange mes sandwichs.
Je reprends mon GR34® face au parc naturel marin d’Iroise. A la sortie du bourg, je croise un four à goémons. Ce n’est pas le premier. J’en ai croisé souvent sur le parcours. Cette tranchée, creusée dans le sol, était remplie d’algues séchées pour être chauffée à 800°C. C’est à partir des cendres qu’étaient ensuite produits des pains de soude.
Je lève un peu le pas pour profiter du paysage côtier. Je passe devant l’île Ségal accessible à pied à marée basse puis la belle plage naturiste des Charettes.
J’arrive à la pointe de Corsen. C’est la pointe la plus occidentale de la France continentale. Je peux dire que je suis au bout de la Bretagne. Mains dans les poches, je regarde l’océan à perte de vue mis à part Molène et Ouessant qu’on devine à l’horizon. Il ne reste que quelques encablures pour arriver à Kerhornou.
/ Gîte d’étape Blue Idea : 15 lits répartis en chambres de 1 à 5 personnes dans une maison rénovée en 2014. Wifi et cuisine équipée à disposition. En option : dîner galettes/crêpes (10 €/personne) à préparer soi-même et pique-nique sur demande.Kerhornou – Pointe Saint-Mathieu
+ 184 m / – : 130 m 13 km 3h30Comme les matinées précédentes, le temps est tristounet aux premières heures du jour. Brume et crachin sont de la partie. Je longe la côte en essayant de deviner le paysage qui m’entoure : un bout de plage ici, de jeunes surfers et un voilier par là. J’avance ainsi jusqu’au Conquet. Et là comme par magie, la brume se lève sur le vieux port. C’est quand même plus esthétique quand on voit le paysage.
C’est jour de marché. Je déambule un peu au milieu des étales puis m’achète un sandwich et un kouign amann puis reprends ma route. Je mange sur un banc sur les hauteurs de la plage de Portez avec le phare de la pointe de Kermorvan face à moi quand il n’est pas recouvert par la brume.
Le ventre plein, je retourne sur le GR34® mais m’arrête assez vite à la pointe de Penzer. Qu’elle est belle !
Puis, c’est l’arrivée à mon étape : la pointe Saint-Mathieu. J’avais déjà vu de nombreuses photos du site. Mais je me prends quand même une claque. C’est juste un merveilleux site. Pas surprenant que des moines y aient établis une abbaye celtique dès le VIème siècle. Ce qui rend le site si particulier c’est d’avoir érigé un phare sur les ruines d’une abbaye. Pas celle du VIème siècle, entièrement détruite depuis longtemps mais sur les vestiges d’une abbaye romane.
Construit en 1835, le phare de la pointe Saint-Mathieu mesure 37 mètres de haut et se visite l’été ainsi qu’en mai, juin et septembre à des dates particulières. J’ai eu la chance de pouvoir monter au sommet du phare alors que la nuit était tombée. Le phare ouvre ses portes en nocturne 4/5 fois par an. Je suis tombé le bon jour. Renseignez-vous au 02 98 38 30 72. 163 marches plus haut, la vue porte sur l’océan, la presqu’île de Crozon, la pointe du Raz, Molène et Ouessant, le Conquet.
Je suis resté devant le phare au crépuscule pour assister au coucher de soleil. Un gros coup de cœur pour la Pointe Saint-Mathieu !
/ Hôtel de la Pointe Saint-Mathieu : un hôtel 4 étoiles idéalement placé pour découvrir le site de la Pointe Saint-Mathieu. Légèrement en retrait, l’hôtel Vent d’Iroise est une autre option proche du phare.Pointe Saint-Mathieu – Brest
+ 575 m / – : 539 m 33 km 9h00Pour cette dernière journée, il me faut quitter la Pointe Saint-Mathieu sur les coups de 6h00 car la journée est réellement longue. Il est possible de la couper en deux, soit à Trez Hir, soit à Saint-Anne du Portzic. Personnellement, je conseille Trez Hir, ce qui laisse plus de temps encore sur le site de la Pointe Saint-Mathieu.
Comme les jours précédents, le temps est pluvieux ce matin. Je marche tête baissée jusque Trez Hir où la pluie s’arrête. Tant mieux ! Dans l’anse de Bertheaume, j’ai la chance d’observer un groupe de grands dauphins. Même s’ils sont un peu loin, c’est un plaisir de les voir se déplacer et sauter hors de l’eau.
A la grève de Déolen, j’apprends que le site a longtemps était à la pointe des technologies de la communication. En 1879, c’est ici qu’on installa le premier câble sous-marin transatlantique. Après s’être modernisée en 1922, la station ferme ses portes en 1961. Aujourd’hui, on y voit encore des câbles sortir de terre et les bâtiments de l’époque devenus privés.
Je casse la croûte un peu plus loin à la pointe du Grand Minou sur les vestiges de guerre du fort de Toulbroc’h dont les murs sont aujourd’hui envahis par des fresques urbaines.
Un peu plus loin j’arrive au phare de la pointe du Minou. Allumé en 1848, il indique la route aux bateaux désirant entrer dans la rade de Brest. D’une hauteur de 26 mètres, il est très esthétique grâce à son avancée qui serpente. Je n’ai pas le temps de m’y attarder. Dommage. C’est sûr j’y reviendrai un jour !
C’est ensuite une histoire de sites militaires : fort de Mengant, fort du Dellec, fort du Porzic puis le port militaire où j’entre dans le cœur de Brest. Je m’installe à mon hôtel et pars boire un verre en ville avec Mila et Denni du blog Un Monde à vélo. Ils ont pédalé 5 jours sur La Littorale, la Route des Phares à vélo (V45), qui a la particularité de longer le littoral breton. Boire une bière avec des amis. Y avait-il plus belle fin possible pour mon GR34® ?
J’ai pris beaucoup de plaisir à reprendre ma progression sur le GR34®. Au terme des 300 km de Morlaix à Brest, je suis enthousiaste à l’idée de poursuivre cette aventure en 2019. Wait and see 🙂
Hôtel de la rade : un 2 étoiles simple et propre à 15 minutes à pied de la gare SNCF. Le Ruffé : un restaurant qui joue la carte des producteurs locaux en toute convivialité. Une très bonne adresse pour déguster des produits du terroir qui ont du goût !Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.