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Grande traversée des Crêtes du Jura suisse (Jura Hohenweg)

16 jours de marche sur La Grande traversée des Crêtes du Jura suisse (Jura Hohenweg) : Récit, trace GPS et conseils pour le parcourir à votre tour.


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Focus Rando :Grande traversée des Crêtes du Jura suisse (Jura Hohenweg)
16 jours +14000 m/-14000 m 320 km 3
Randonnée Ligne Gite d étape et Hôtel
Suisse Jura Bus et Train
Forêt et Montagne Mai, Juin, Septembre, et Octobre

Le sentier 5, aussi appelé Grande traversée des Crêtes du Jura est le chemin de grande randonnée le plus ancien de Suisse. C'est un itinéraire balisé dès 1905, qui relie Dielsdorf, près de Zurich, à Nyon non loin de Genève. Cette « haute route » passe, ainsi que son nom germanique « Jura Hohenweg » l'indique, par les hauteurs du massif jurassien et trace un arc nord-ouest. Nous avons parcouru ses 320 km de long en deux fois. La première section a été réalisée en toute fin de saison, fin octobre et le parcours finalisé début juin 2024. Les conditions météo, exceptionnellement mauvaises, rencontrées tout au long de ces seize étapes, nous ont privé des panoramas exceptionnels que le tracé offre généralement sur les Alpes et les grands lacs. Mais, nous avons bénéficié d'incroyables ambiances et d'un rare sentiment d'immersion dans les paysages sauvage du massif.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg, tempête
Œil et Plume ©

10 bonnes raisons de partir sur la Grande traversée des Crêtes du Jura suisse

  1. Une aventure facilement accessible et adaptable grâce aux transports en commun performants
  2. Une aventure idéale pour une première grande itinérance
  3. De nombreux points de ravitaillement (commerces, auberges, à la ferme)
  4. Un parcours à composer au gré de ses envies
  5. De nombreuses rencontres avec la faune
  6. Un Jura bi-culturel, méconnu
  7. Les nombreuses possibilités d'hébergement, des bivouacs sauvages ou hôtels tout confort en passant par quelques gîtes
  8. Un bain de nature sauvage et les rencontres avec la faune
  9. Un patrimoine culinaire (röstis, fondues, filets de perche, vins, absinthe et gentiane, …) qui ravira les gourmands
  10. La possibilité de prolonger le séjour par la visite de Genève, située à vingt kilomètres de l'étape finale

J1 – Dielsdorf – Baden

+ 570 m / – 615 m 13 km

La première étape de notre Grande traversée des Crêtes du Jura suisse démarre au joli bourg perché de Dielsdorf, que nous atteignons facilement grâce au car postal, service de transport en commun qui maille le territoire suisse. Après un raidillon offrant un ravissant point de vue sur la tour du château du XIIIe s. nous nous engageons en forêt. Le sentier se transforme rapidement en sente étroite, empruntant la crête aigüe. De part et d’autre du sentier s'étend la forêt de hêtres et d’érables dont les feuillages se teintent des couleurs d'automne. Nous avançons d’un bon pas, profitant du temps légèrement couvert et du vent frais, conditions idéales pour marcher. Dans la descente vers la petite ville de Baden nous prenons le temps d'une bonne pause au bord d’une jolie fontaine circulaire. Un malheureux orvet anesthésié par la fraîcheur somnole au milieu du passage, nous le déposons à l'écart, à l’abri d’un coup de chaussure ou de bâton.

Dielsdorf, Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Vue sur Dielsdorf | Œil et Plume ©

J2 : Baden – Brugg – Herzberg

+ 1055 m / – 365 m 30 km

Nous quittons la jolie ville de Baden et son très beau pont de bois couvert pour une étape entre forêts et passages le long de la rivière Aare. L’ambiance est plutôt à la flânerie et nous prenons le temps d’un long pique-nique au soleil d'automne, et savourons les ambiances forestières, l’odeur des sous-bois, la diversité des champignons. Au cœur de la forêt, une tour de télécommunications a été aménagée pour offrir un panorama à 360° depuis son sommet : 170 marches à gravir pour découvrir Vosges, Alpes et Forêt noire d’un seul coup d’œil ! Le ciel se charge de nimbus sombres, nous atteignons Brugg juste avant que la pluie ne mouille ses jolies ruelles pavées et ses maisons pastel. Notre étape s’arrête ici, mais nous conseillons à celles et ceux se sentant assez en forme de pousser jusqu'à Herzberg. Tout d’abord parce que l'étape est assez facile, mais aussi parce que la première partie de l’étape entre Brugg et Herzberg est un peu monotone, traversant quartiers résidentiels et grandes cultures.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Automne flamboyant, mer de brume et Alpes | Œil et Plume ©

J3 : Herzberg – Wisen

+ 600 m / – 500 m 14 km

Nous sommes à présent au cœur du Jura argovien Un paysage de combes perchées se dessine devant nous, dans le brouillard matinal. L’étape est magnifique, le sentier alterne entre prairies et grands massifs de hêtres, d’érables et de tilleuls ponctués de sapins et d'ifs. Au fur et à mesure de notre progression, le relief devient plus montagnard. De grandes bandes de passereaux se rassemblent et nous rappellent que l’hiver approche. Atteignant presque 1000 mètres d'altitude, nous profitons d’une trouée forestière, en bord de falaise, pour savourer la vue sur les Vosges et la Forêt noire. Notre étape s’achève légèrement à l'écart du sentier, dans le charmant village de Wisen. L’auberge traditionnelle, Gasthof Löwen, nous accueille pour une nuit à l’abri de la pluie et un repas typique de la gastronomie régionale composé de rösti, une sorte de galette de pomme de terre et de bradwurst, sorte de gros saucisson cuit. La vieille prune finira de nous réchauffer …

Vosges et Forêt noire depuis la Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Panorama sur les Vosges et la Forêt noire | Œil et Plume ©

J4 : Wisen – Balsthal

+ 1085 m / – 1405 m 25 km

Nous quittons aujourd'hui le cocon de notre chambre pour affronter une météo plutôt chagrine. Une pluie drue nous attend tout au long de cette étape essentiellement forestière. Pic noir et grand corbeaux mettent l'ambiance, le premier de ses cris d’alarme aigus, le second de ses appels graves. Nous grimpons au Roggenschnarz par une volée d’escaliers sacrément raides. La pluie se calme un peu alors que nous atteignons les un peu plus de neuf cents mètres du sommet. Nous en profitons pour faire une bonne pause, sortir le réchaud et nous offrir une boisson chaude. Ce sera la seule vraie pause de la journée, non seulement à cause de la météo mais aussi parce que l’étape est longue et le jour se couche à présent vers 17h. C’est d’ailleurs au crépuscule que nous atteignons Balsthal, gros bourg avec tous services … et le plaisir d'une nuit au chaud et au sec.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Ambiances d'automne | Œil et Plume ©

J5 : Balsthal – Weißenstein

+ 1175 m / – 400 m 20 km

Aujourd'hui, cap sur le plus haut sommet de cette première partie du chemin des crêtes, le Weißenstein qui domine la ville de Soleure et le plateau suisse de ses 1280 m. Le beau temps est revenu et malgré quelques écharpes de brumes, on profite du soleil et des ambiances résolument montagnardes. Les grandes prairies alternent avec des forêts aux teintes chaque jour plus automnales. Les bandes de grives litornes se nourrissent des fruits des sorbiers et des alisiers. Encore une belle étape de plus de 1000 mètres de grimpée et plus de 20 km. La queue de la tempête Ciaran frappe le massif jurassien et avec l'humidité et l'altitude le ressenti est glacial. Bonnet, capuche, doudoune et moufles sont sortis des sacs ! A l'arrivée deux options, dormir à l'hôtel d'altitude ou emprunter le téléphérique pour Soleure. Nous choisissons cette option qui nous permet une balade dans la vieille ville pleine de charme. Cette ville, capitale du canton éponyme, marque le début transition linguistique du switzerdütsch (le Suisse-allemand) vers le français de Suisse romande. Elle a d’ailleurs à la fois un nom germanique, Solothurn et un français, Soleure.

Chemin des crêtes du Jura
Marches taillées dans la roche sur la cinquième étape | Œil et Plume ©

J6 : Weißenstein – Frinvilliers

+ 700 m / – 1415 m 24 km

Le lendemain, la météo se dégrade sévèrement. Aux fortes rafales qui nous accueillent au Weissenstein se mêlent rapidement les premiers flocons puis une véritable tempête de neige. A plusieurs reprises, nous hésitons à emprunter un car postal et raccourcir l'étape. Mais la qualité du balisage et la protection des grandes portions forestières nous permettent de poursuivre. L'ambiance est extraordinaire et rappelle que le Jura est une montagne qu'il ne faut pas prendre à la légère. La station météo la plus proche enregistrera ce jour des rafales force 11 ! Et sur certains passages en prairies de crêtes, nous avons bien de la peine à rester debout. Le pique-nique est vite avalé à l'abri d'un rocher, avant d'attaquer la très longue descente vers Frinvilliers. Dans les brumes qui masquent tout à quelques mètres, la silhouette d’un chamois se dessine. À quoi peut penser ce grand mâle ? Comment vit-il ces conditions hivernales et leur violence ?

Peu à peu, en perdant de l'altitude, la neige se transforme en pluie qui tombe sans discontinuer ! Veste imperméable, pantalon également, chaussures de qualité, équipement en sacs étanches dans des sacs à dos couverts d’une housse de pluie et … rien n’y fait. Tout est rincé, trempé, gorgé d’eau. Mais nous ne sommes pas à plaindre, car voici la gare de Frinvilliers qui sonne la fin de notre étape. Nous y croisons une jeune femme, stéphanoise, qui parcourt, en bivouac, ce même chemin des crêtes du Jura et envisageait poursuivre sur les étapes suivantes. Vêtements et sac de couchage trempés, comme nous elle ira profiter de la chaleur de la ville de Bienne, de ses petites auberges où l’on se régale de plats chauds et revigorants. Trempés, mais heureux de cette première partie, nous avons à la fois profité du charme et touché du doigt le risque d'emprunter cet itinéraire en toute fin de saison, savouré les incroyables ambiances d'automne et de début d'hiver mais aussi réalisé le risque de voir sa progression arrêtée par le mauvais temps.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg sous la tempête
La tempête Ciarán nous cueille sur les crêtes | Œil et Plume ©

J7 : Frinvilliers – sommet du Chasseral

+ 1340 m / – 270 m 17 km

Nous reprenons le Chemin des crêtes du Jura tout début juin. La météo n’a guère à envier à celle rencontrée à l’automne dernier et le sommet du Chasseral, que nous visons aujourd'hui, a connu ses derniers flocons de neige il y a à peine quarante-huit heures. De la petite gare de Frinvilliers, le chemin grimpe dans les brumes à l’assaut du relief. Si la température reste fraîche, le printemps est bien là. Le sentier offre à présent un camaïeu de verts, une exubérance de fleurs multicolores et les vaches ont rejoint les prés. Nous avalons sans difficulté les 1300 mètres de dénivelé positif de la journée, alternant passages en forêt et en pré-bois, ces paysages typiquement jurassiens où la limite entre forêt et prairie est peu marquée. Après le pique-nique, la pluie cesse mais à l’arrivée au Chasseral, il faut bien faire son deuil de la vue sur les lacs de Bienne et Neuchâtel qu’on nous a tant vantée, le brouillard masque tout au-delà de quelques mètres.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Peu avant le Chasseral | Œil et Plume ©

J8 : Chasseral – col de la Vue des Alpes

+ 760 m / – 1000 m 20 km
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La météo reste stable et le cycle des précipitations semble devenu immuable ; drôle de printemps, tout de même ! Mais pas de quoi altérer notre moral, au beau fixe. Le spectacle des forêts baignées de brumes, des grands hêtres brillant de mille gouttes est juste magique et nous profitons de rencontres avec la faune rendues plus faciles par la faible fréquentation des sentiers. L’étape du jour est assez facile, une quinzaine de kilomètres, un peu moins de sept cents mètres de montée jusqu'au Mont Amin. Tant pis pour la vue, tant mieux pour le regard qui se concentre sur mille et un détails que nous n’aurions pas même remarqués par beau temps ; comme la profusion d’escargots, d’une incroyable diversité : du grand Bourgogne aux minuscules espèces à coquille hérissée de poils (si, si, ça existe !) ou comme les innombrables rosiers sauvages en fleurs. Le col de la Vue des Alpes porte bien mal son nom aujourd'hui. Nous verrons demain !

Rosier des Alpes, Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
A défaut de vue sur les Alpes, nous profitons du rosier des Alpes | Œil et Plume ©

J9 : La vue des Alpes – Noiraigues (val de Travers)

+ 790 m / – 1275 m 20 km

Contre toute attente, pas de pluie et même quelques “menaces de soleil” pour paraphraser l’humoriste suisse Gorgoni. Les brumes masquent encore la vue sur les sommets alpins, mais peu à peu les trouées se font plus importantes. Une rapide et raide grimpée nous conduit à la Tête de Ran, à 1422 m. Pour la première fois depuis longtemps, la vue s’ouvre au loin, jusqu'au Mont Racine. Les métairies, nom donné ici aux fermes d’alpage, accueillent sur ce relief doux, de nombreux troupeaux de vaches allaitantes. L’étape prévue est longue de plus de vingt kilomètres et devrait afficher plus de 700 mètres de dénivelés positifs, presque autant à la descente. Autant dire que les quelques détours qu'il nous faut faire pour éviter les cornes des Simmentals inquiètes pour leurs veaux ne nous arrangent pas. Passé le col de la Tourne et sa jolie auberge, nous changeons complètement d’ambiance. En forêt, flirtant avec la falaise qui domine les gorges de l’Areuse, nous voyons peu à peu se dessiner le lac de Neuchâtel dans notre dos et le mythique Creux du Van, devant nous. C’est le dernier belvédère avant la redescente sur le village de Noiraigues qui nous offrira la plus belle vue sur ce grand cirque rocheux isolé, véritable curiosité géologique jurassienne.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Sommet du Mont Racine | Œil et Plume ©

J10 : Tour du Creux du Van

+ 915 m / – 420 m 13 km

Deux possibilités s’ouvraient à nous pour cette étape. Grimper, depuis Noiraigues, jusqu'au sommet du Creux du Van puis prolonger par une longue étape jusqu'à Sainte-Croix ou prendre le temps de faire tout le tour du cirque. C’est cette seconde option que nous avons choisie, à la fois pour profiter du site et prendre aussi le temps d’un rapide détour en train au village proche de Môtier, pour visiter la Maison de l’absinthe. L’histoire du Jura, et en particulier du Val de Travers où nous nous trouvons, est intimement liée à celui de cet alcool qu’on appelle fée verte et dont l’interdiction marqua l’économie et les mentalités. Mais, nous voici pour l’heure sur le sentier qui quitte Noiraigues. La pente, à l’ubac, est couverte d’une pessière fraîche mêlée de frênes, de peupliers-trembles et de saules. Quatorze lacets grimpent les derniers 350 mètres de dénivelé et nous conduisent à la lèvre ouest du cirque. Le panorama est époustouflant, un à pic de plusieurs centaines de mètres domine un océan de forêts. Dans la falaise, quelques bouquetins et chamois somnolent. Une descente bien raide et glissante permet de rejoindre le cœur du cirque en peu de temps. Sans doute aurions-nous dû préférer la descente plus douce et à peine plus longue qui conduit également à la ferme Robert où nous nous arrêterons boire un verre. Cette ferme offre non seulement des plats typiques, mais abrite un passionnant centre nature et d’interprétation du Creux du Van.

Creux du Van, Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Creux du Van, un cirque rocheux exceptionnel | Œil et Plume ©

J11 : Val de Travers – Sainte-Croix

+ 1200 m / – 800 m 23 km

Le mot Jura serait issu du gaulois jor, qui signifierait « hauteur boisée ». Ce onzième jour de notre chemin des crêtes du Jura ne contredit pas cette origine toponymique. Presque mille mètres de montée nous attendent pour l’essentiel dans de belles forêts. Le soleil est aujourd'hui encore de la partie et nous profitons des températures douces pour tendre les hamacs et se laisser bercer. Un dernier “coup de cul” et nous voici au sommet de l’étape. Le Chasseron et ses 1607 m nous offre un superbe panorama, à l’est sur le lac de Neuchâtel, au sud-ouest sur le Suchet et même les falaises du Mont d’Or, côté français.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg, depuis le Chasseron
Vue depuis le Chasseron, 1607 m | Œil et Plume ©

J12 :  Sainte-Croix – Vallorbe

+ 945 m / – 1260 m 25 km

Nous attaquons tôt cette étape qui promet d’être longue. Elle commence par une bonne grimpée jusqu'aux Aiguilles de Baulmes que nous traversons nord-est / sud-ouest, empruntant le chemin qui zigzague sur l’échine rocheuse et trace son chemin avec la forêt de part et d’autre. Sitôt après le col de l’Aiguillon, nous rejoignons des ambiances plus ouvertes, avec de grandes prairies piquées de grands épicéas columnaires. Cette forme de colonne, avec un branchage presque aussi large à la base qu’en haut du tronc, serait due à une adaptation aux très fortes précipitations neigeuses qui autrefois marquaient le massif. Aujourd'hui, les épicéas peinent à résister à la chaleur, et nous ne comptons pas les grands arbres qui ont perdu la bataille que leur impose notre société. La grimpée au Suchet (1588 m), demande une quinzaine de minutes de marche hors du tracé officiel, mais se serait dommage de se priver de la vue qui embrasse tout à la fois les lacs de Neuchâtel et du Léman. Si la grimpée au Suchet était assez raide, la descente sur Vallorbe est, elle, plutôt douce et nous atteignons rapidement la jolie petite ville et ses terrasses au bord de l’eau, parfaites pour savourer une bonne bière de fin d’étape.

Vallorbe, Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Vallorbe, petite ville pleine de charme | Œil et Plume ©

J13 : Vallorbe – lac de Joux (le Pont)

+ 800 m / – 600 m 14 km

Grimper raide dans les bois, profiter de la vue panoramique depuis le sommet et redescendre tranquillement dans les pâturages. Les journées se ressemblent, mais n’ont pourtant rien de monotone. Le panorama du jour, depuis la Dent de Vaulion, est simplement unique. Dans notre dos, le Suchet et le lac de Neuchâtel qui s’estompent dans les brumes. Au nord, les prairies du Mont d’Or français, devant nous, au sud-ouest, le lac de Joux et le Mont Tendre qui nous attendent. Autour du chalet de la Dent de Vaulion, les troupeaux de vaches paissent tranquillement. Comment décrire la scène sans parler de l’ambiance unique de sonnailles qui nous accompagne sur ce sentier. Cloches de bronze pour les grosses vaches et petites sonnailles d’acier des veaux et génisses tintinnabulent, emplissent l’air. Outre leur charme, elles nous informent de la présence des troupeaux et nous permettent d’anticiper de prudents détours des veaux et de leurs mères au caractère parfois ombrageux. Nous voici déjà au bord du lac de Joux, terme de cette étape. Quelques grèbes huppés cherchent à manger dans les eaux agitées par un vent violent qu’on croirait annonciateur d’orages.

Lac de Joux, chemin des crêtes du Jura
Vue sur le lac de Joux depuis la Dent de Vaulion | Œil et Plume ©

J14 : Lac de Joux – col du Marchairuz

+ 1050 m / – 600 m 21 km

Au lever du jour, le lac et les montagnes semblent avoir disparus, absorbés par les brumes. Peu à peu, le rideau de nuages se lève et découvre le cœur du Parc naturel jurassien vaudois. De combes en crêtes, de pessières en pré-bois, longeant de grands murs de pierre sèche qui délimitent les pâturages, empruntant de grands chemins pastoraux, nous atteignons le Mont Tendre, sommet du jour. Du haut de ses 1679 m, nous dominons la plaine lémanique à l’Est, le lac de Joux et les douces ondulations du relief jurassien à l’Ouest. De ça, de là, quelques clairières accueillent des fermes d’estives étonnamment isolées dans l’immensité forestière. Les prévisions météorologiques ne sont guère fiables depuis notre départ de Biel/Bienne. Mais aujourd'hui, les risques d’orages violents prévus pour quinze heures semblent confirmés par le ciel noircissant. Nous hâtons le pas, passant sans trop nous attarder sur le Grand Cunay pour rejoindre sous les premières gouttes, notre chambre à l’hôtel du Marchairuz. Cet établissement historique plein de charme, offre un sauna bienvenu pour se détendre après l’étape. De sa fenêtre, nous assistons au déferlement de grêle qui s’abat, bien heureux de ne pas être sous tente …

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Mont Tendre avant l'orage | Œil et Plume ©

J15 : Col du Marchairuz – La Cure par le creux de Croue

+ 870 m / – 1160 m 24 km

Le ciel semble avoir été lavé de tout nuage par les averses d’hier et c’est sous un soleil radieux que nous repartons. Le pré-bois étincelle de mille gouttes d’eau qui brillent au soleil. Pas de trace de la renarde observée la veille à la sortie du sauna, mais d’innombrables merles à plastron, bouvreuils, becs croisés et grives nous accompagnent jusqu'au Crêt de la Neuve. Atteindre ses mille quatre cents nonante quatre mètres ne demande pas beaucoup d’efforts. De là, la vue sur le Léman et les sommets jurassiens passés les derniers jours est à couper le souffle ! Un peu plus loin, à la ferme d’estive de Perroude du Vaud, nous décidons de faire une entorse au tracé officiel. Un rapide coup d’œil au site Suisse mobile nous permet d’esquisser un nouvel itinéraire qui nous conduit au Mont Sâla (1511 m) et sa vue unique sur la Dôle et la Haute Chaîne du Jura puis au Creux de Croue. Ce site est une petite merveille, avec son cirque rocheux miniature, sa tourbière aux accents nordiques et sa cabane au toit de tavaillons. De là, nous rejoignons le sommet du Noirmont (1567 m) qui domine le lac des Rousses. Une pause hamac entre les grands épicéas offre un peu de repos aux jambes fatiguées par les jours qui se succèdent. Mais les petits 14°C ambiants ne nous laissent guère la possibilité de prolonger la pause. Quelques kilomètres encore et nous voici à la Cure, village frontière où nous passerons la nuit.

Creux de Croue, Jura suisse
Au Creux de Croue | Œil et Plume ©

J16 : La Cure – Nyon par la Dôle

+ 780 m / – 1400 m 26 km

Nous laissons les prairies et les vaches montbéliardes qui ruminent sous un bosquet de sorbiers pour attaquer la montée de la Dôle. Avec ses 1677 m, c’est le deuxième point le plus haut du chemin des crêtes. Le Mont Tendre lui ravit le podium de deux petits mètres, mais ne peut rivaliser avec le caractère beaucoup plus alpin de la Dôle. Alpin, ne veut pas dire difficile, d’autant que nous grimpons par son versant ouest, indéniablement le plus facile. Quelques chamois nous attendent au sommet. De là, la vue embrasse tout l’arc lémanique et laisse apercevoir la Dent de Vaulion. Les Alpes, pour leur part, restent cachées derrière un rideau de nuages.

Après avoir parcouru l’arc de cercle sommital, nous descendons jusqu'au chalet d’estive à côté duquel nous prenons le temps d’une pause pique-nique. Le temps est au beau fixe et c’est diablement agréable ! D’autant que la journée comprend 1400 mètres de descente et que quelques pauses sont bienvenues pour soulager les pieds et genoux. À la côte 650, la plaine est en vue et la température s’est largement réchauffée. Les derniers épicéas accueillent nos hamacs pour une séance lecture et d’observation des oiseaux. L’immobilité, la quiétude rassure les petits passereaux, sitelles, rouge-gorge, mésanges charbonnière et roitelets huppés qui, curieux, viennent à tour de rôle, vérifier qui sont ces étranges individus. Quelques kilomètres encore à travers champs de blé et vergers et nous atteignons enfin le château de Nyon et les eaux du Léman. Ils marquent la fin de cette magnifique traversée des Crêtes du Jura. 320 kilomètres qui nous auront conduit aux environs de Genève, capitale romande où nous passerons les trois prochains jours à savourer, comme un sas entre la solitude des hauteurs et la frénésie du quotidien, la quiétude des innombrables parcs, les paysages lémaniques, les panoramas sur les montagnes et la douceur … des chocolats.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse
Depuis la Dôle, vue sur la Haute-chaîne du Jura français | Œil et Plume ©

Carnet pratique de la Grande traversée des Crêtes du Jura suisse

Comment y aller ?

La Grande traversée des Crêtes du Jura suisse peut se parcourir dans le sens Zürich – Genève ou à l'inverse. Nous conseillons cependant le premier, plus progressif et avec le jour levant dans le dos. Pour atteindre le départ, se rendre à Zürich, puis Regensdorf en train. On peut commencer à pied de la gare ou se rendre à Dielsdorf, départ officiel du sentier en CarPostal.

Nyon, fin de la Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Nyon, avec vue sur le Léman. Le départ de la Grande traversée des Alpes, GR5, vous attend juste en face | Œil et Plume ©

Avec qui partir sur le « Jura Hohenweg » ?

Ce trekking est proposé par l'agence Eurotrek qui propose une formule liberté incluant cartographie de l'itinéraire, acheminement des bagages, réservation des établissements, réservation des paniers pique-nique, … Une formule que nous avons adoptée et dont nous avons apprécié la fluidité et la disponibilité de l'assistance lorsque nécessaire. La Grande traversée des Crêtes du Jura suisse ou Jura Hohenweg est un sentier parfaitement balisé qu'il est tout à fait possible d'entreprendre par soi-même. Le guide “La Suisse à Pied ,tome 5 : Chemin des crêtes du Jura” aux éditons Rossolis apporte de nombreuses informations utiles.

Où dormir ?

L'offre d'Eurotrek privilégie les petits hôtels de charme et quelques établissements collectifs. En raison de la fermeture de certains hôtels d'altitude, il peut être nécessaire de prendre les transports en commun pour se rendre dans les petites villes toutes proches pour trouver de quoi dormir. L'itinéraire se prête parfaitement au bivouac, en respectant les recommandations d'usage, demande d'autorisation autant que possible aux propriétaires, bivouac exclusivement de nuit, pas de feux ni déchets et, bien-sûr, strict respect des interdictions pour ne pas compromettre la possibilité de bivouaquer des suivants.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Ferme-auberge dans le Parc naturel du Thal, Jura soleurois | Œil et Plume ©

Quelles difficultés ?

Les journées de marche des étapes proposées par Eurotrek et reprise dans ce récit sont plutôt bien équilibrées. Vous pouvez aisément les modifier et adapter selon votre forme et le temps dont vous disposez. Les sentiers sont en parfait état et le balisage très bien conçu. L’itinéraire ne présente pas de difficultés particulières hormis, pour les personnes très sensibles au vide, quelques passages peut-être plus impressionnants, mais qui restent courts.

Quelles précautions de santé ?

Si vous vous ravitaillez en eau aux fontaines / sources, pensez à utiliser un filtre, les troupeaux sont nombreux sur l'itinéraire. Au printemps et en été, les vaches sont dans les pâtures, certaines sont des veaux. Il est important de bien contourner les troupeaux, de ne jamais passer entre des veaux et des adultes. Les charges de vaches peuvent être assez impressionnantes. Vous rencontrerez également des troupeaux de moutons gardés par des “patous”. Les précautions habituelles s'imposent, passez le plus loin possible des animaux et si le chien vient à votre rencontre, arrêtez-vous, restez calme, ne faites pas de gestes brusques, parlez-lui doucement, ne tentez pas de l’intimider avec bâtons ou cailloux, laissez-lui le temps de vous identifier et reculez tranquillement jusqu’à sortir de “son” périmètre.

La Méningo-encéphalite à tiques (FSME) progresse en Europe, tous les cantons suisses, exceptés Genève et le Tessin sont concernés. Les précautions d’usage sont : porter des vêtements longs, le pantalon dans les chaussettes, s’examiner le soir pour retirer les tiques le plus rapidement possible. Consultez très rapidement un médecin en cas de fièvre ou de l’apparition d’autres symptômes après une morsure. Il existe un vaccin réputé sûr et très efficace, de plus en plus recommandé dans certains pays (dont la Suisse). Plus d'infos sur le site de l’Office Fédéral de la Santé Publique.

Drone view, Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Grande traversée des Crêtes du Jura, en forêt | Œil et Plume ©

Quel équipement prévoir ?

Le traditionnel système trois couches, permettant de vous adapter aux variations météo, ainsi que des chaussures de randonnée adaptées sont indispensables. Pensez au pantalon étanche en fonction de la saison et/ou des prévisions météo. En été, prévoyez un chapeau, des lunettes de soleil et de la crème solaire. Une gourde de bonne capacité vous permettra de tenir entre 2 hébergements, sinon vous trouverez des sources / fontaines très régulièrement pour refaire le plein si nécessaire.

La grande traversée des Crêtes du Jura suisse avec un chien ?

Nous avons rencontré plusieurs randonneurs avec des chiens, impérativement tenus en laisse. Il peut y avoir des restrictions sur certaines portions du sentier, mais aucune interdiction de passage. Il est important de se renseigner en amont sur la réglementation spécifique des réserves naturelles, en particulier celle du Creux du Van. La traversée des troupeaux avec un chien demande encore plus de précautions, car les vaches peuvent venir (massivement) à sa rencontre. Les chiens sont acceptés dans la plupart des établissements.

Comment voyager responsable ?

Déplacements

Les déplacements en transport en commun en Suisse sont très faciles et vous pouvez accéder quasiment partout sans voiture. Le “Swiss Travail Pass” permet de prendre de façon illimitée tous les transports (car, trains et réseaux urbains) dont vous avez besoin sur une période donnée. En prime, vous avez accès gratuitement à certains musées (s’il vous reste de l’énergie)

Escargot sur la Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Escargot sur la Grande traversée du Jura suisse | Œil et Plume ©

Faune, flore

Rester discret, ne pas cueillir la flore sauvage, ne pas approcher la faune, ne pas faire de feux sont des règles de base pour profiter durablement de la nature. Amener avec soi une paire de jumelles pocket accroît les chances d’observations et minimise les interactions négatives.

Déchets

Les établissements ne sont pas encore habitués à ce qu’on apporte nos boîtes de pique-nique pour qu’ils les remplissent, évitant ainsi des emballages inutiles. Pour autant, si de plus en plus de randonneurs en font la demande, cela contribuera à les sensibiliser et à faire évoluer leurs pratiques. Non seulement, on ne laisse aucun déchet derrière nous, mais si en plus on ramasse ceux que l’on trouve en chemin, c’est encore mieux.

Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Devant les aiguilles de Baulmes | Œil et Plume ©

Que faire autour du sentier ?

De nombreuses visites culturelles pourront enrichir votre parcours. Nous vous en avons sélectionné quelques unes, sans prétention d'exhaustivité.

A Zürich, tout d'abord, nous avons aimé nous balader dans sa vieille ville, qui a beaucoup de charme, flâner au bord du lac et visiter le Landesmuseum Zurich (musée national). La veille ville de Soleure, accessible en téléphérique depuis le Weißenstein, vaut le détour pour ses ruelles pleines de charme, son bâti baroque. Quand vous traversez le canton de Neuchâtel, chaque hébergement vous remet un petit carnet de coupons vous permettant de profiter des transports et nombreux musées gratuits à proximité, financés par la taxe de séjour. Nous avons, par exemple, visité la Maison de l’absinthe à Môtiers  dont l'histoire a marqué le Val de Travers et qui influence toute la gastronomie locale. La ville de Nyon mérite qu'on s'attarde autour du château, et qu'on découvre son musée du Léman.

Genève, Grande traversée des Crêtes du Jura suisse, Jura Hohenweg
Veille ville de Genève, Léman et Jura | Œil et Plume ©

Impossible de terminer cet article sans vous parler de Genève, située à quelques kilomètres de l'étape finale de la Grande traversée des Crêtes du Jura suisse. Nous ne pouvons que vous recommander de vous procurer le Choco Pass Geneva. Il permet de parcourir la ville et pousser la porte des meilleurs chocolatiers de Genève pour déguster de délicieux chocolats. Plaisir des papilles assuré ! Certains prennent le temps de vous expliquer l’histoire de leur maison et leurs spécialités. Un régal !

Chocopass
Chocolatier à Genève |© GenèveTourisme, Loris Von Siebenthal

Pour profiter pleinement de Genève, de ses innombrables ressources, vous pouvez acquérir le Geneva city pass. Une solution très intéressante pour accéder à de nombreuses visites et animations et bénéficier des transports urbains gratuitement. Nous avons tout particulièrement aimé la Cathédrale Saint-Pierre et son musée archéologique, le musée de la Réforme, celui d’Art et d’Histoire où l'on découvre notamment quelques représentations du Jura par les artistes genevois. Enfin, une mini croisière en bateau sur le Léman nous a permis d'admirer le relief jurassien d'un point de vue tout à fait original. Nous ne vous parlerons ni des restaurants de röstis, de fondue ou de la spécialité de filets de perche, ni des délicieux verres de Chasselas 😉

Pour en savoir plus ?

L'Oeil et la Plume
Reportages d'itinérances à pied, à la pagaie et à ski-pulka

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