Après être venu aux Pays-Bas par l'eurovélo 15, la route du Rhin, je décide de rentrer en France toujours en bikepacking léger par les 1050 km de l'eurovélo 19, la route de la Meuse. Cette eurovélo débute réellement à Rotterdam et comporte donc une partie commune avec celle du Rhin jusqu'à Hoek Van Holland. Je commence donc mon récit à la prise du ferry d'Hoek Van Holland à Maasvlakte.
Les dénivelés entre Hoek Von Holland et Monthermé étant quasi nuls, moins de 100 mètres tous les 100 km, je ne les indiquerai que pour les trois dernières étapes.
Eurovélo 19, la route de la Meuse – Partie hollandaise
J1. Hoek Van Holland – Dordrecht
123 kmÀ Hoek Van Holland je prends un ferry pour Maasvlatke, un quai sur une île en pleine zone portuaire du plus grand port du monde ! Quand on y voit le trafic maritime, on ne peut s'empêcher de penser qu'au moins un de nos objets personnels a dû passer par les containers de ces supertankers.
Je me demandais pourquoi la véloroute de la Meuse pouvait bien passer par là et qu'est-ce qu'il avait bien pu passer par la tête des gens qui avaient choisi le tracé, et pourtant la découverte en bateau, puis en vélo de ce gigantesque port est une belle surprise. Non seulement la visite est très intéressante, mais je lui trouve même un certain esthétisme.
Une fois sorti de cette zone portuaire, je poursuis ma route vers la sublime Brielle, une ville à l'architecture atypique révélée par sa vue aérienne. Ses canaux et sa quiétude seront pour moi un grand coup de cœur !
Je poursuis ma route toujours en bord de Meuse que l'on traverse à plusieurs reprise avec le bac (prévoir entre un et deux euros de monnaie à chaque traversée). En fin de journée, je m'arrête dans un premier camping qui est complet, la gérante me dit qu'elle ne peut pas overbooker à cause du coronavirus malgré que je sois seul avec une toute petite tente, mais elle me conseille un autre camping qui ne ressort pas dans mes recherches Google Maps même si le pictogramme y figure. Encore quelques kilomètres donc avant d'arriver à StayOkay. Ce camping absolument génial en lisière du parc national de Biesbosch, est tenu par des jeunes à la manière d’une auberge de jeunesse : musique, bières, bikepackers ! Une super ambiance, tout est super bien entretenu et ce sera le camping le moins cher de tout mon trip, 8,25 € douche comprise !
J2. Dordrecht – Herpen
129 kmLa journée commence par la traversée du parc national de Biesbosch, que j'avais déjà traversé à l'aller car cette partie est commune avec la véloroute du Rhin. Cela ne me dérange pas de revoir faunes et flores de ce marais car j'avais adoré !
Je poursuis ensuite ma route où la Meuse est de plus en plus utilisée comme voie de navigation commerciale et où les ponts mobiles gigantesques permettent le passage de bateaux tout au moins aussi gigantesques. Je n'avais jamais vu de bateau aussi grand avant, et même si je sais que c'est très polluant, la prouesse technique dont l'Homme est capable est vraiment impressionnante. C'est démesuré !
En fin d'après-midi, c'est au camping De Brug, à Herpen, que je pose ma tente pour un repos bien mérité.
- La Vélobuissonnière d'Alençon à Saumur
- Le canal des deux mers d'Agen à Toulouse
- La ViaRhôna de Seyssel à Lyon
- Les 15 plus beaux itinéraires à vélo en France
- Le récit de la Meuse à vélo par Laurène
- Tour de la Chartreuse en bikepacking
- Comment choisir ses sacoches à vélo ?
J3. Herpen – Ruremonde
140 kmJe me lève tôt pour prendre mon petit déjeuner en route, et c'est à Gennep que je m'arrête par hasard au Babbels. Et quel endroit charmant ! Tenu par deux nanas trentenaires au caractère pétillant et énergique, on s'y sent tout de suite comme à la maison ! Le café est servi avec une liqueur et un biscuit maison, et la planche de charcuteries, rillettes de saumon, œufs, pain constitue mon meilleur et plus gros petit déjeuner du trip ! Gennep est de plus une superbe ville où flâner est un plaisir.
Je poursuis ma journée, toujours en suivant les panneaux Massroute très fréquents. On ne lésine pas avec le balisage aux Pays-Bas ! Et en traversant la Meuse de nombreuses fois !
Ce troisième jour est bien plus bucolique que les deux autres, entre champs agricoles et digues. Je pose ma tente au camping Velmans à Ruremonde, que je ne recommanderais à personne, le plus cher de mon trip aux Pays-Bas (21€ alors que tous les autres furent entre 8€25 et 11€20) et le moins entretenu. On ne peut pas avoir de la chance à chaque fois.
Bilan sur l'Eurovélo 19 aux Pays-Bas
J'avais déjà adoré rouler sur l'eurovélo du Rhin dans ce pays construit pour les vélos, il en est de même avec l'eurovélo 19 qui est également un itinéraire touristique qui fait de nombreux détours pour vous faire visiter de nombreux points d'intérêts. J'ai adoré !
+ essentiellement sur piste cyclable bitumée d'excellente qualité, le pays tout entier est littéralement construit pour les vélos
+ balisage excellent
+ camping très bon marché
+ les hollandais parlent un excellent anglais
– aucun point d'eau
– camping sauvage interdit
– carte bleue Maestro débit seulement, cartes de crédit VISA/MasterCard/Amex très peu souvent acceptées
Eurovélo 19, la route de la Meuse – Partie belge
J4. Ruremonde – Huy
160 kmDernier bastion hollandais avant d'entrer en Belgique : Maastricht ! Grosse ville mais où le vélo a encore une fois toute sa place. L'architecture y est très belle et il y fait bon vivre.
Une fois la frontière passée, seulement quelques kilomètres de beau bitume et c'est la cata ! Si vous êtes un habitué du Paris-Roubaix vous ne serez pas dépaysé ! Que ce soit en revêtement pavé ou en bitume, il n'y a que peu de différence tant les nids de poules sont fréquents ! Si l'on ne sort pas de la Belgique avec une parkinsonite aiguë c'est qu'on est un miraculé.
La première grande ville belge que je traverse est Liège et je n'aime pas du tout. On sent bien ici la Belgique à deux rythmes. Je poursuis rapidement et c'est à Huy, jolie petite ville, que je crève pour la première fois en 2500 km. Pas étonnant avec l'état des routes belges.
Je finis par me trouver un endroit où poser ma tente en bord de Meuse. En Belgique, le fleuve est très industrialisé et sert énormément de voie maritime commerciale.
Bilan sur l'Eurovélo 19 en Belgique
Une drôle d'expérience que de rouler en Belgique : malgré le bitume il faudrait limite un VTT tant les routes sont défoncées ! Ma seule crevaison en 3200 km de trip au total ! J'ai trouvé les infrastructures horribles en Belgique pour les vélos, heureusement que la Belgique a les habitants parmi les plus sympathiques, et avec qui boire la meilleure bière du monde !
+ balisage excellent
+ bières excellentes
+ les belges sont hyper sympas
– pistes cyclables certes sécurisées mais en piteux état et souvent détournées sur les routes
– aucun point d'eau
– Meuse très industrialisée
Eurovélo 19, la route de la Meuse – Partie française
J5. Huy – Monthermé
151 kmUn dernier effort sur les routes belges avant de revenir au pays, avec la traversée de la belle Namur. Dommage que son fort soit en rénovation avec les façades cachées par les échafaudages. Une fois arrivé à la frontière, je roule à peine quelques kilomètres avant d'entrer dans le Parc Naturel Régional des Ardennes. Le contraste avec l'industrialisation de la Meuse en Belgique est flagrant ! Ici le fleuve est laissé à son naturel et ce n'est pas pour me déplaire. De plus, la piste cyclable, la voie verte transArdennes, est toute neuve, très roulante et sécurisée. Que c'est agréable !
En fin d'après-midi, je fais une longue pause bière au gîte Au bord de Meuse, en plein parc naturel. Son propriétaire me raconte l'histoire de son gîte étroitement liée à celle de la marque d'électroménager Arthur Martin, car c'est en effet ici que les fonderies ont connu leur essor.
J6. Monthermé – Haudainville
+ 350 m / – 300 m 161 kmAu petit matin, le froid est saisissant ! On ne se croirait pas du tout en plein mois d'août ! Il fait froid à tel point que je roule bien une heure avec ma doudoune sur le dos ! Au moins je ne l'aurais pas trimballée pour rien car même à la mer du Nord aux Pays-Bas elle ne m'avait pas servi.
Une fois sorti du PNR des Ardennes, les traversées des villes de Charleville-Mézières et de Sedan se font très facilement. La piste est toujours bien sécurisée et la balisage toujours bien présent. Ce n'est qu'à partir de Remilly que je dois rouler sur la route, mais ce n'est pas gênant car celle-ci n'est vraiment pas du tout fréquentée. C'est également ici que commence les premiers mètres de dénivelé. À noter, il n'y a que peu de points de ravitaillement en nourriture, seulement à Leney, Dun-sur-Meuse ou Verdun.
J7. Haudainville – Bourg-Sainte-Marie
+ 760 m / – 670 m 165 kmAlors que je n'avais quasiment jamais quitté les bords de Meuse depuis le début, cette journée est bien différente. Non seulement le tracé de l'eurovélo 19 se trouve fréquemment loin du fleuve, mais il comporte aussi de nombreuses montées et descentes. Peu de kilomètres sur piste cyclable protégée mais les routes empruntées sont vraiment très peu fréquentées. C'est dans un décor agricole que j'évolue maintenant, entre champs et petits villages de fermiers. C'est très charmant, seul problème : l'eau ! La journée est très chaude et avec le dénivelé je dois m'hydrater bien plus que les jours précédents. C'est donc en demandant aux habitants que je me ravitaille.
Le point d'orgue de la journée apparait tout en haut d'une côte juste après Domrémy-la-Pucelle qui est le village natal de Jeanne d'Arc : la magnifique basilique du Bois-Chenu, ou aussi appelée Sainte-Jeanne-d'Arc.
Ainsi après de multiples villages, un habitant de Neuf-Château à qui je demande de l'eau me conseille vivement de m'installer au camping des hirondelles, à Bourg-Sainte-Marie. Encore quelques efforts donc avant d'arriver et d'être accueilli par le couple de gérants atypiques mais Ôh combien sympathiques !
J8. Bourg-Sainte-Marie – Langres
+ 380 m / – 380 m 75 kmDernier jour ! Ou quand Google vélo annonce une trentaine de kilomètres par les grands axes alors que l'eurovélo zigzague sur 75 kilomètres de petites routes ! Un bon petit déjeuner bien matinal pour un départ à la fraîche car il fait extrêmement chaud. Le tracé est très peu ombragé et ne comporte toujours pas de point d'eau.
J'arrive donc bien transpirant à peine avant midi au lac de la Liez pour une bonne baignade juste avant la ville de Langres qui constitue la fin de la véloroute de la Meuse !
Bilan sur l'Eurovélo 19 en France
Si la véloroute du Rhin ne m'avait pas trop plu dans sa partie française, il en est tout autre pour cette véloroute de la Meuse, bien plus adaptée aux vélos et aux décors bien plus bucoliques.
+ balisage excellent
+ mi piste cyclable mi route non fréquentée globalement de très bonne qualité
+ Meuse sauvage
– points d'eau insuffisants
Photo-reporter outdoor, c’est dans les Alpes autour d’Annecy que je passe mon hiver en splitboard ; l’été mon côté globe-trotter m’amène à pratiquer la plongée sous-marine à travers le monde. Aux inter-saisons, trekking, VTT, bikepacking, paddle, alpinisme et via ferrata viennent compléter ma passion pour les grands espaces !
Bonjour, pouvez-vous préciser votre ressenti de « Liège, la Belgique à deux rythmes…? » Merci
Bonjour Pierre,
ce que je veux dire c’est qu’on voit bien les écarts de niveaux de vie à Liège, je trouve plus que dans d’autres villes belges. De même pour les différents quartiers de la ville, on dirait qu’il y en a qui sont malheureusement laissés à l’abandon.
Au plaisir d’échanger.