Raid en splitboard dans le massif de l’Ubaye

Récit et trace GPS d'un raid de 3 jours en splitboard autour du refuge de Chambeyron dans le massif de l'Ubaye. 3 superbes courses à découvrir...


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Focus Rando :Raid en splitboard dans le massif de l’Ubaye
3 jours +3140 m/-3140 m 34,2 km 4
France Alpes ; Ubaye Pas de transport en commun
Montagne Janvier, Février, Mars, Avril, et Décembre

C’est avec mes deux amis Flo (initiateur FFCAM snowboard-alpinisme) et Jean-Pat (guide de haute montagne) que nous nous donnons rendez-vous à Fouillouse, dernier petit hameau perché à 1900 mètres d’altitude avant de chausser les spatules en direction du refuge de Chambeyron qui est non gardé à cette période de l’année, et où nous avons prévu de passer deux nuits pour ce raid de trois jours en splitboard dans le massif de l’Ubaye. Info pratique, la route pour monter à Fouillouse n’est pas évidente, elle est extrêmement étroite et n’est pas forcément bien déneigée, il est compliqué d’y croiser une voiture, mais elle très belle et vraiment pittoresque. Il est facile de se garer à Fouillouse en allant tout au bout de la route, le parking n’est certes pas très grand mais l’Ubaye n’est pas un massif fréquenté, donc pas de problème de place en général.

J1 : Fouillouse – Couloir NW de Parias Coupa 4.3E3 – Refuge de Chambeyron

 + 1570 m / – 750 m 12 km
[Voir les cotations de ski de rando]

Après avoir fait un point sur le matériel et la répartition de la nourriture pour trois jours en refuge non gardé, nous commençons donc notre randonnée par une douce montée. Le rythme est soutenu, les copains ont bien la pêche !! Nous avons le choix entre deux itinéraires pour aller au refuge de Chambeyron : soit par le vallon des Passets qui ne nous inspire pas car il est raide et orienté SW et qu’il fait déjà bien chaud ; soit en suivant le GRP du Tour du Bec de Chambeyron, orienté Sud mais avec des pentes plus douces et qui surtout nous donnera accès au couloir NW de Parias Coupa.

J’ai choisi d’appelé et d’écrire Parias Coupa arbitrairement par rapport aux données trouvées, car c’est un sommet appelé Parias Coupa (un seul R) sur la carte OpenTopoMap, Parrias Coupa (deux R) sur Skitour, mais dénommé Tête de Cibiroles sur Géoportail 2019 (Parias Coupa existant mais à peine plus au sud), il faut croire que les géographes ne se sont pas encore mis d’accord sur qui est qui et qui est où. Parias Coupa étant le nom le plus communément utilisé par la communauté outdoor.

L’itinéraire n’est vraiment pas compliqué, il suffit de suivre le GRP qui est en pentes douces jusqu’à un replat à une altitude de 2600 mètres sous le Pas de la Couleta, puis le couloir vous apparaitra sur votre droite. C’est ici que les difficultés commencent. Pour nous alléger, nous laissons une bonne partie de notre matériel (je laisse mon sac de couchage SeaToSummit Spark III, mon réchaud MSR Reactor Stove, de la nourriture, et mon pied photo) enfoui sous la neige, assez profond car Jean-Pat qui est du coin nous dit que les choucas sont bien hargneux ici. Nous les récupèrerons au retour. Encore quelques conversions en peaux de phoques et nous chaussons les crampons pour la remontée du couloir, long de 400 mètres. Nous nous relayons bien pour faire la trace car le couloir est vierge.

Petite pause déjeuner au sommet, écourtée par le vent qui nous glace. À la descente, un piolet à la main n’est pas de trop car la neige n’est pas adhérente de partout surtout sur le haut, on ne sait jamais il y a quand même 400 mètres à 40° avec passage à 45°, ce n’est pas le moment de se la coller.

De retour sur le GRP, nous récupérons nos affaires, mangeons notre dessert, et poursuivons tranquillement notre itinéraire vers le refuge. Petite montée en peaux au Pas de la Couleta, courte descente en neige dure derrière, puis nous rechaussons encore les peaux afin de traverser le replat du lac Premier. En cas de doute sur le regel de celui-ci, bien maintenir la rive gauche du replat vous évitera de prendre des risques (je rappelle que rive gauche est dans le sens de l’écoulement de l’eau, donc il faut passer à droite dans le sens Fouillouse-Refuge). Enfin, avant d’arriver au refuge à une centaine de mètres à l’Est de celui-ci, il est possible de trouver de l’eau liquide en creusant un trou dans la neige au dessus de la rivière en amont du lac.

En arrivant au refuge du Chambeyron, nous sommes les seuls mais nous le trouvons déneigé et chauffé, c’est super agréable ! Nous voyons que d’autres personnes ont laissé leurs affaires, plus aucun doute que nous ne serons pas seuls. Nous nous installons, lisons, mangeons, la nuit est déjà tombée et nous commençons à nous inquiéter pour les personnes ayant laissé leurs affaires. Heureusement, nous voyons pointer leurs frontales au milieu des pentes enneigées.

J2 : Refuge de Chambeyron – Brec de Chambeyron 5.4E4 – Pas de la Souvagea

 + 770 m / – 770 m 9,8 km

Aujourd’hui gros objectif, aller voir comment se trouve le couloir Nord du Brec de Chambeyron, quand même côté 5.4E4 ! Nous avons une alternative par le couloir de Bujon, qui forme un Y avec le couloir Nord, mais tout de même côté 5.1E3.

Nous montons en pentes douces en direction W-NW, itinéraire facile permettant de nous échauffer avant d’entrer dans le vif du sujet. Aujourd’hui c’est moi qui ai la pêche et j’arrive le premier à l’entrée du couloir, manque de bol en étourdi que je suis je laisse échapper mes crampons dans la pente ! Et dans leur housse, ils glissent bien et passent devant Flo et Jean-Pat sans qu’ils ne puissent les rattraper ! Me voilà bon pour passer mon splitboard Salomon Première S-Lab en mode descente, glisser jusqu’au bas de la pente où mes crampons ont terminé leur glissade, repasser mon splitboard en mode montée, et remonter à l’entrée du couloir ! Entre temps, Flo et Jean-Pat sont arrivés à l’entrée du couloir et se sont équipés. La neige dans le couloir est assez dure, de plus en plus en montant, et vraiment béton quand j’arrive à les rattraper au niveau du Y séparant les deux couloirs, où la pente se raidit sérieusement.

À ce moment là, Jean-Pat a déjà délaissé son splitboard, Flo et moi continuons une dizaine de mètres plus haut pour trouver un endroit stable pour laisser les nôtres. Le couloir n’est pas en état pour être ridé, si nous voulons faire le sommet ce sera aller-retour en crampons piolet. Le second couloir est encore pire avec la roche visible, complètement ravagé par le vent. Flo et Jean-Pat décide de poursuivre, je suis personnellement en crampons alu, je préfère renoncer et aller chercher une alternative pas trop risquée car je suis maintenant tout seul. Je chausse tant bien que mal dans ce couloir raide en neige dure, et me voilà quelques courbes plus tard installé au soleil pour étudier la carte et ce que je peux faire. Ce sera le Pas de la Souvagea !

Durant la montée, la descente s’annonce prometteuse, même si la pente n’est pas très raide mes spatules s’enfoncent bien dans la neige, à moi la poudreuse ! Bon ok plaisir de courte durée car l’itinéraire ne fait même pas 250 mètres. Le temps de manger tranquillement et de redescendre au refuge que les copains arrivent peu après, me voilà rassuré sur leurs péripéties ! Une dernière bière tous les trois et nous disons au-revoir à Jean-Pat qui ne peut pas rester pour le troisième jour car il emmène des clients en montagne le lendemain.

J3 : Refuge de Chambeyron – Massour 3.3E2 – Fouillouse

 + 800 m / – 1620 m 12,1 km

Encore une belle météo qui s’annonce pour cette journée où nous irons avec Flo vers un sommet non loin de notre itinéraire de retour vers Fouillouse : ce sera Massour ! Après avoir traversé le lac Premier en sens inverse, petite montée au Pas de la Couleta puis descente en bonne neige jusqu’à une altitude de 2500 mètres où nous nous délaissons encore de nos affaires superflues pour ce sommet.

Une belle montée en crampons mais pas trop raide, et heureusement car la neige est parfois meuble, mais souvent dure. Flo a grave la caisse ! J’ai pourtant un bon rythme, enfin je crois, mais je peine à le suivre ce chamois ! Au sommet, nous faisons une longue pause déjeuner et contemplation, photos au drone pour Flo, et arrive l’heure de redescendre. Belle pente large, mais la neige tantôt dure nous oblige à ne pas trop nous lâcher. Récupération des affaires et nous finissons sur les pentes douces du fond de vallon, sur une neige transformée et collante avant d’arriver aux voitures fatigués, mais heureux !

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